![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali1.png)
REPUBLIQUE DU MALI
INSTITUT AFRICAIN DE MANAGEMENT
COOPERATION DECENTRALISEE ET
DEVELOPPEMENT DURABLE : CAS DE
LA PREFECTURE DE BANDIAGARA
MEMOIRE PRESENTE ET SOUTENU
Par Néné KASSOGUE
POUR L'OBTENTION DU MASTER 1 DE GESTION
SPECIALITE : DEVELOPPEMENT LOCAL
Directeur de mémoire Dr Ali Moussa
DIALLO Directeur des Etudes à l'ESG
Année 2006-2009
1
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali2.png)
DEDICACE
A ma famille, pour lui dire que c'est dans l'unicité
que réside la force et le succès d'une famille, votre
succès à vous, merci pour vos soutiens si constamment
renouvelés qui m'ont permis de comprendre que seul le travail bien fait
est libérateur.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali3.png)
REMERCIEMENTS
Je rends grâce à Dieu ;
Et remercie très sincèrement: La direction de
l'école ;
Tout le corps professoral de l'I.A.M (Institut Africain de
Management) pour la qualité de votre encadrement;
Mon directeur de mémoire, Dr Ali Moussa DIALLO, qui,
malgré ses multiples occupations a accepté de superviser et
encadrer ce travail ;
Les camarades de la promotion 2006-2009 de la filière
"Développement Local" : Sidi Yaya GOITA et Abdoul Salam KEITA ; sans
oublier tous ceux du tronc commun ;
Mon cousin, Dr Salifou TEMBELY, pour ses sages conseils
d'aîné, ayant contribué à la qualité de mon
travail;
Dr Abba Kaba TRAORE, Conseiller électoral (Nations Unies)
pour votre franche collaboration et votre précieuse aide dans la
recherche et la documentation ;
Dr SANGARE Sory Ibrahim, Professeur de DRH à l'I.A.M,
c'est le moment de vous dire merci pour tous les sacrifices consentis ;
Mon amie, Mme Coulibaly Dado DICKO, Directrice
Générale de APTITUDE +, votre soutien et votre apport ont
rehaussé la qualité de mon travail ;
Tous les membres du Rotary Club International et
particulièrement ceux de BAMAKO-AMITIE.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali4.png)
4
SOMMAIRE
Pages
INTRODUCTION 1
PARTIE 1 :
COOPERATION DECENTRALISEE & DEVELOPPEMENT DURABLE
.4
CHAPITRE I : HISTOIRE DE LA VILLE 5
CHAPITRE II : DECENTRALISATION : HISTORIQUE
10
CHAPITRE III : COOPERATION DECENTRALISEE : EVOLUTION
& NOUVEAUX ENJEUX 18
CHAPITRE IV : DEVELOPPEMENT DURABLE : NAISSANCE D'UN
CONCEPT NOUVEAU OU INNOVATEUR 22
PARTIE 2 :
MARAICHAGE POUR UN DEVELOPPEMENT DURABLE DU TOURISME DANS
LA PREFECTURE DE BANDIAGARA 24
CHAPITRE I : METHODOLOGIE DE L'ETUDE .25
CHAPITRE II : DEROULEMENT DE L'ETUDE TOURISTIQUE &
DONNEES STATISTIQUES ..29
CHAPITRE III : MARAICHAGE DANS LA PREFECTURE DE
BANDIAGARA 42
CHAPITRE IV : OPPORTUNITES POUR LE MARCHE DU
DEVELOPPEMENT DE L'ECHALOTE 55
CHAPITRE V : ANALYSE DE L'ETUDE 66
CONCLUSION GENERALE .69
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali5.png)
INTRODUCTION
La coopération décentralisée s'inscrit
aujourd'hui au coeur des défis de notre époque et
revêt une importance capitale pour le développement
durable. Les collectivités locales sont inscrites dans une vision de
portée plus générale : du développement
économique à l'aménagement des
territoires, de la culture à l'aide sociale et humanitaire... il
y a eu un élargissement des champs. Cela touche
aux grands enjeux civilisationnels: la pauvreté, la
santé, l'éducation, les rapports Nord-Sud, le sous-
développement.
Par ailleurs, dans le cadre d'une coopération
décentralisée, le territoire constitue un facteur clé dans
le cadre du développement durable, souvent trop
négligé, mais il doit être
perçu comme un territoire pour l'homme, à
aménager de façon telle qu'il
respecte la culture des populations en s'y enracinant
vraiment. Il ne faut pas qu'il s'en tienne à de
simples aspects traditionnels car il s'agit de
dépasser, pour la viabilité du développement local, les
clivages classiques moderne/traditionnel,
économie/culture, social/ technique, sciences/culture,
endogène/exogène.
Enfin, il s'agit de comprendre où et
quand apparaissent des facteurs de blocage et
pourquoi et comment ceux- ci constituent des noeuds
d'étranglement qui ne permettent point un
développement soutenable et peuvent même aller
jusqu'à générer des
comportements de résistance ou de rejet à sa mise en
oeuvre. Pour l'essentiel, ces coopérations sont des actions d'appuis
financiers, techniques et méthodologiques.
Les projets de coopération décentralisés
contribuent à l'amélioration des conditions de vie des
populations. Les différents appuis doivent déboucher sur des
réalisations simples et visibles, répondant aux besoins
identifiés de la population.
La problématique traitée est de savoir : en quoi
la culture d'oignon et le tourisme peuvent être une source ou un facteur
de développement ? Un des fondements est de faire du tourisme et du
maraîchage, le creuset de ce développement à travers la
coopération.
C'est pourquoi le présent mémoire permet :
- de développer une nouvelle forme de coopération
dans le souci de valoriser les potentialités économiques,
culturelles et touristiques de la collectivité locale ;
- de susciter un dynamisme, dans l'exécution des projets
de développement durable.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali6.png)
L'objet de ce mémoire est d'encourager et de sensibiliser
les populations à une plus grande implication dans les projets de
coopération en tant qu'acteur et non spectateurs.
L'amélioration des conditions de vies de la population
du pays dogon peut se faire sur la base d'un développement durable du
maraîchage qui soutiendra le tourisme, véritable pôle
économique de développement.
Nous avons choisi d'orienter notre réflexion sur le
thème suivant : « Coopération décentralisée et
le développement durable: cas de la Préfecture de
Bandiagara».
L'objectif général de la présente
étude est de contribuer à une amélioration durable des
conditions de vie des populations de Bandiagara dans leur domaine de
coopération avec les partenaires au développement. Comment cette
politique de décentralisation permet-elle d'être un facteur de
cohésion et de creuset du développement local ? Cette question
constitue un des aspects fondamentaux de cette étude sur le
développement économique local et au-delà le
développement au pays.
A cet effet, nous nous sommes assignés comme objectifs
spécifiques :
- de participer à une prise en charge des besoins de la
population garantissant leur survie ;
- de contribuer à l'atteinte de l'autonomie de la
population garantissant leur sécurité et leur stabilité
interne et externe ;
- d'impulser le développement du maraîchage pour
soutenir le tourisme ;
- de traduire le maraîchage et le tourisme en axes de
développement durable.
Pour atteindre ces objectifs, nous avions recensé les
facteurs limitant le développement
durable dans la préfecture de Bandiagara pour faire des
propositions.
Le mémoire s'articulera autour de deux grandes parties
à savoir :
- La première partie « la coopération
décentralisée et le développement durable de Bandiagara
», sera divisée en quatre chapitres. Le premier chapitre parlera de
l'histoire de la ville, le second de l'historique de la
décentralisation, le troisième de la coopération
décentralisée : évolution et nouveaux enjeux et le
quatrième du développement durable : évolution d'un
concept nouveau ou innovateur.
-La seconde partie « le maraîchage pour un
développement durable du tourisme de la Préfecture de
Bandiagara», est scindée en 5 chapitres.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali7.png)
7
Le chapitre 1 présente la méthodologie, le
chapitre 2 le déroulement de l'étude tourisme et données
statistiques, le chapitre 3 le maraîchage dans la préfecture de
Bandiagara, le chapitre 4 les opportunités pour le marché du
développement de l'échalote et le chapitre 5 une analyse de la
dynamique de développement.
Enfin, nous proposerons des solutions pour une
amélioration durable des conditions de vie des populations de Bandiagara
aux acteurs du développement durable et formulerons des recommandations
à l'attention des collectivités locales et de la
société civile.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali8.png)
LA COOPERATION DECENTRALISEE ET LE DEVELOPPEMENT
DURABLE DE BANDIAGARA
PREMIERE PARTIE :
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali9.png)
9
Illustration 1 : Carte du pays dogon Source : Wikipédia
a) Aperçu Historique
L'histoire du cercle commence en partie avec celle de la ville
de Bandiagara fondée par Nangabanou TEMBELY1. Par la suite,
le cercle connut de grands évènements historiques intimement
liés à l'histoire nationale. Défaits par les Peulh du
Macina, les
Toucouleurs furent acceptés et vengés par leurs
hôtes Dogon.
Colonisée ensuite en 1893 par les Français sous
la conduite du colonel ARCHINARD, la ville de Bandiagara devint chef-lieu de
circonscription administrative en janvier 1903 tandis que Bandiagara fut
érigé en cercle groupant les actuels cercles de Bankass, Koro,
Douentza et même Ouahigouya du Burkina Faso.
Le Conseil de cercle devient collectivité
décentralisée par la loi N°95/034.
1 La date de la fondation de Bandiagara se situe vers
l'an 1770. Le grand chasseur NANGABANOU YOROBOUGUE TEMBELY du village de
Gandakiléma partit vers cette date à la recherche de sa soeur
SABERY disparue depuis plusieurs hivernages. Nangabanou installa son hangar
à un carrefour de routes reliant la falaise à la zone
inondée et se livra à coeur joie à la chasse. Les
habitants de Doucombo et les nombreux voyageurs qui allaient ou revenaient de
Sagan chargés de sel, profitèrent largement des activités
de Nangabanou. Chez Nangabanou la viande était toujours abondante, de
bonne qualité et bon marché. Pour quelques cauris,
l'éminent chasseur vous donnait le contenu d'une grande écuelle
en bois. En Dogon, grande écuelle se dit « Bagna gara ». Le
lieu finit par s'appeler Bagna Gara qui par déformation devient
Bandiagara.
CHAPITRE I : HISTOIRE DE LA VILLE
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali10.png)
Le cercle comprenait jusqu'en 1999, 08 arrondissements. Avec
l'avènement de la décentralisation, le cercle a été
érigé en collectivité décentralisée avec 21
communes dont deux urbaines et 402 villages.
Les communes du cercle sont : Bandiagara(urbaine), Bara Sara,
Borko, Dandoli, Diamnati, Dogani Beré, Doucoumbo, Dourou, Kendé,
Kendié, Lowol Guéou, Métoumou, Ondougou, Pélou,
Pignari, Pignari Bana, Sangha(urbaine), Ségué Iré, Soroly,
Timiri et Wadouba.
Selon les résultats du dernier recensement (RHP-1998),
la population totale du cercle est de 227.580 habitants dont 110.996 hommes et
116.584 femmes. Le taux de croissance y est de 2%.
La population du cercle est majoritairement composée de
Dogon agriculteurs et éleveurs. On y rencontre aussi des Peulh
éleveurs, des Soninké, Bambara, Bobo, etc.
L'économie du cercle est essentiellement basée
sur l'agriculture avec comme principales spéculations le mil, le sorgho,
le riz, l'arachide, le wandzou, le fonio, le sésame. Le maraîchage
excelle avec la culture de l'échalote.
b) Patrimoine culturel: L'architecture
traditionnelle
b.1 Les constructions toloyou
prétellem:
Les fouilles pratiquées sur le rebord de la Falaise de
Bandiagara, à la hauteur de Sangha, par l'Université d'Utrecht
(Pays Bas) ont permis de mettre en évidence plusieurs périodes
d'occupation distinctes (Bedaux et Lange 1983 ; Bedaux 1991 ; Bedaux et
Raimbault 1993).
La plus ancienne phase est baptisée «toloy»
du nom du couloir où furent découverts pour la première
fois les vestiges de cette culture. Les datations obtenues à ce jour la
situent entre le 3ième et le 2ième siècle av. J.C.
Les greniers construits dans les failles de rocher par les
populations qui ont habité la région ont été
préservés jusqu'à nos jours.
b.2 Les constructions tellem
:
Nous réservons ici l'appellation de culture tellem aux
premières populations remplaçant les toloy. L'origine de ces
Tellem est actuellement inconnue.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali11.png)
Comme pour de nombreux peuples de cette région, ils
sont dits être « originaires du Mandé » (Dieterlen 1967,
35), racines relevant probablement du mythe seul.
Les habitants des populations tellem sont mal connus. Leur
présence est signalée par un ensemble d'abris sous roche
utilisés comme sépultures collectives ou lieux de culte. Ceux-ci
sont construits en briques séchées aux profils losangiques,
modelées à la main, disposées en rang selon un agencement
alternativement oblique et horizontal.
« Les constructions tellem ne peuvent pas être des
habitations, du fait de leur taille extrêmement réduite,
même pour des pygmées.»
b.3 L'architecture dogon : La fondation des
villages :
Les traditions permettent de décrire le scénario
de dispersion des Dogon à partir de Kani-Na (sud des falaises), point
d'arrivée de leur migration.
L'architecture vernaculaire dogon est à l'origine
composée de quatre éléments essentiels: le toguna
(hangar), la gin `na (maison patrilocale indivisible), la forge et la yapunon
ginè (case des femmes pendant leur période de menstruation).
A ceux-ci s'ajoutent d'autres bâtisses également
importantes telles les maisons de Hogon 2 (ogoginè), les
autels et sanctuaires de famille, de village ou de clan (pegu, ommolo, binu,
Ama ...), etc.
Ces différentes constructions sont essentiellement en
terre même si dans plusieurs régions leurs soubassements sont en
pierre.
L'architecture des gin'na et d'autres constructions en terre
(greniers notamment) sur le plateau et dans les falaises est impressionnante du
fait qu'elle est faite de terre et dans des formes remarquables.
L'organisation de l'espace habité des gin'na permet
d'affirmer que ces maisons ont été des «sphères de
transmission du patrimoine », parce que tous les membres du groupe
familial restent liés à la gin'na en ce qui concerne leur vie
sociale, économique et culturelle.
2 Le Hogon est le plus vieil homme du village... ou
désigné comme tel, vu les incertitudes de l'Etat-civil. Il habite
dans une maison spécifique qui lui est réservée. Il
devient un chef religieux : c'est d'abord le prêtre du
Lébé, le Serpent,
qui se rend chez lui la nuit, et lui lèche le corps pour
lui redonner la force de vivre, la force de la parole. C'est pourquoi le Hogon
ne doit pas se laver. Il est au dessus de tous les autres, une sorte de
roi-prêtre des Dogons.
Il a de très lourdes responsabilités :
prospérité du territoire dogon, protection contre les
épidémies, expansion des naissances
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali12.png)
Dans cette optique les travaux d'entretien courants de
l'édifice mobilisent en principe tous les membres de la gin `na. Ils ont
permis jusque-là la conservation des gin `na et leurs styles
architecturaux classiques.
Parmi les édifices rituels en pays dogon, il faut citer
le Temple du Hogon d'Arou3 qui est un sanctuaire tout à fait
imposant à cause de son style architectural monumental et de sa fonction
sociale et rituelle pour beaucoup de dogon. Son entretien est annuel (au mois
de mai ou de juin) et mobilise tous les descendants du clan Arou, au cours
d'une fête rituelle dénommée « Bulo » ou «
Butu » (Fête des semailles). Au cours de cette fête qui dure
trois jours au moins, l'édifice est réparé et
crépis à l'argile ; les représentations symboliques sont
reprises et tous les sacrifices rituels effectués sur les
différents binu à Arou.
b.4 Le patrimoine naturel :
D'un point de vue géomorphologique, le pays dogon est
un territoire assez vaste composé de quatre éléments
essentiels le plateau, les falaises, la plaine du Séno-Gondo et une zone
de dunes.
Les sites et monuments naturels sont constitués par des
grottes pittoresques, les abri-sous roche, des bosquets et des points d'eau
tels les mares sacrées.
Tous ces éléments jouent un rôle important
dans la composition de l'habitat et de l'habitation dogon, l'intégration
entre patrimoine culturel et patrimoine naturel en pays dogon est très
harmonieuse ; pour cette raison la préservation de l'un peut
déterminer celle de l'autre.
C'est le lieu de rappeler que Bandiagara est le pôle
touristique le plus connu et le plus prisé du Mali, son site est
classé « Patrimoine national du MALI » et « Patrimoine
mondial par l'UNESCO » en raison de la richesse et de la qualité de
ces patrimoines cités plus haut.
En plus, les dogons constituent un peuple-type, qui, en Afrique
Noire, a le mieux conservé son homogénéité, ses
moeurs et coutumes particulières et ses croyances séculaires.
3 C'est le représentant du dieu Amma et
responsable de la prospérité et du maintien de l'ordre sur
terre
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali13.png)
CHAPITRE II : DECENTRALISATION : HISTORIQUE
Au plan international, la décentralisation fait
désormais partie intégrante des recettes de bonne gouvernance
promues par les institutions comme la Banque mondiale et les Nations unies. Cet
intérêt est fondé sur l'idée que la
décentralisation favorisera la démocratie participative,
introduira un système de prestation de services plus adapté aux
besoins, fera progresser les droits des citoyens et favorisera
l'égalité des sexes, profitant donc aux femmes. Toutefois,
l'expérience commence à montrer ses limites. La transformation
sociale ne suit pas forcément le processus de décentralisation et
l'autonomie accrue dont jouit l'administration locale peut même conduire
à certaines régressions.
2.1 Concept et essai de définition
La décentralisation s'oppose à la centralisation et
la déconcentralisation à la concentralisation. Dans la pratique
ces deux concepts se combinent. Décentralisation et
déconcentralisation constituent des opérations de transfert de
pouvoirs de l'Etat à des collectivités territoriales
juridiquement distinctes de lui ; alors que la déconcentration
correspond à un transfert de décisions de l'administration
centrale vers ces relais locaux ou régionaux.
La notion de décentralisation est fortement liée
à l'organisation de l'Etat en tant que personnes morales uniques, une
entité souveraine définie comme un tout avec un territoire, un
peuple, un pouvoir organisé.
L'Etat peut déléguer ces pouvoirs à travers
2 modalités : la déconcentralisation et la
décentralisation.
2.1.1 Distinction
décentralisation/déconcentralisation/centralisation
La décentralisation est un mode qui constitue à
renouveler la personnalité juridique à des communautés
d'intérêts (régions, cercle ou commune) ou à des
activités de services publics (approvisionnement en eau et
électricité) puis à les confier un pouvoir
décisionnel en certaines matières.
Quant à la déconcentralisation, elle
débouche sur une redistribution du pouvoir de décision au sein
d'une même institution. Le pouvoir détenu par les autorités
administratives les plus élevées dans la hiérarchie
interne d'une institution (les ministres) est transféré en partie
à des autorités qui leur sont subordonnées (les
préfets ou encore les commissaires de police).
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali14.png)
La centralisation politique est le système
appliqué dans un ensemble placé sous l'autorité d'un
même consentement, d'une même législation et d'une
même organisation judiciaire, s'oppose-t-il au
fédéralisme.
Il est important de ne pas confondre ces deux notions. La
différence essentielle entre elles, est d'ordre politique et tient au
statut des organes qui bénéficient de la redistribution du
pouvoir. Dans le cas de la décentralisation, on l'a vu ces organes ont
leur identité propre et dispose d'une véritable autonomie
vis-à-vis de l'Etat. En revanche, dans le cadre de la
déconcentralisation, les organisations qui bénéficient de
certaines compétences ne sont que les agents du pouvoir central.
L'autorité déconcentralisée est donc sous la
dépendance d'une supériorité hiérarchique aux
ordres duquel elle doit se conformer et qui détient le pouvoir d'annuler
ces décisions. La déconcentralisation ne constitue donc qu'un
mode pratique d'aménagement de la centralisation.
2.1.2 La décentralisation : une politique de
transfert des compétences administratives de l'Etat
La décentralisation constitue une réponse possible
à la question de la répartition des fonctions administratives
entre l'Etat et les autres collectivités publiques. Tandis que la
centralisation choisie de concentrer la gestion de l'ensemble des affaires
administratives d'un pays aux mains des services de l'Etat. La
décentralisation revient à transférer certaines
attributions du pouvoir central au profit d'autres personnes administratives
territoriales.
Ainsi, la mise en oeuvre de la décentralisation
répond obligatoirement à trois conditions à savoir :
- Il faut tout d'abord isoler parmi les besoins auxquels
l'administration doit pourvoir, ceux
qui présentent à titre principal un
caractère local. C'est à propos de ceux-ci que le transfert de
compétence pourra s'opérer ;
- Il est exclu, en effet, de voir l'Etat renoncer à son
pouvoir décisionnel sur des questions intéressantes l'ensemble de
la population où qui relève de ces attributions
régaliennes (en
matière de défense par exemple) ; il convient
ensuite de doter les collectivités de la personnalité juridique
et d'une autonomie financière afin de leur permettre de disposer de
ressources propres nécessaires à leurs actions ;
- Il faut enfin que les organes exécutifs de ces
collectivités soient élues en leur sein et non
désignés par l'Etat du pouvoir central.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali15.png)
On peut donc estimer que la décentralisation mise en
oeuvre dès lors que la loi accorde à des organes élus par
une collectivité personnalisée un pouvoir de décisions sur
les affaires locales.
Cette considération appelle à établir un
parallèle entre la décentralisation et la pratique de la
démocratie locale d'une part et de l'autre la décentralisation et
le développement.
2.2 Plan mondial (cas général)
Au cours des deux dernières décennies, la
décentralisation des pouvoirs publics a suscité
l'intérêt de nombreux pays dans le monde entier. Les efforts de
décentralisation se sont multipliés, alors que des pays à
la fois développés et en voie de développement remettent
en question le monopole des gouvernements centraux en matière de prise
de décisions.
Dans le monde occidental, la décentralisation constitue un
outil efficace de réorganisation du gouvernement en vue de la prestation
de services publics économiques à l'ère de «
l'État post-Providence » (Bennett, 1990; Wildasin, 1997).
Les pays en voie de développement, pour leur part, se
tournent vers la décentralisation pour échapper aux
écueils d'une gestion inefficace et inefficiente, de
l'instabilité macroéconomique et d'une croissance
économique inadéquate (Bird et Vaillancourt, 1999).
« En Amérique latine, la
décentralisation découle des pressions politiques exercées
par la population en faveur de la démocratisation (Rojas, 1999), tandis
qu'en Afrique, elle a servi de voie vers l'unité nationale (Banque
mondiale, 1999). »
La diversité des facteurs expliquant
l'intérêt porté à la décentralisation
reflète les différences institutionnelles entre les pays. Des
facteurs institutionnels comme les conditions politiques, sociales, juridiques
et économiques sont généralement importantes pour
l'analyse des questions de finances publiques, mais ils le sont
particulièrement pour l'analyse de la décentralisation
fiscale.
2.3 Cas du Mali
La décentralisation est une réforme majeure en
cours. Elle vise à transférer des compétences aux
collectivités territoriales afin que les affaires locales soient
gérées au plus près des populations.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali16.png)
Cette réforme a pour base une refonte complète du
découpage territoriale hérité de l'administration
coloniale et se distingue par le processus de consultation populaire qui a
permis la création des communes sur la base de regroupements volontaires
de villages et de fractions suivant des critères bien définis.
Envisagée et annoncée depuis l'indépendance
de la République du Mali, en 1960, la décentralisation est
devenue une revendication de la population, exprimée à la base
lors de la Conférence nationale de juillet août 1992. La
rébellion touareg au nord n'a fait que souligner encore plus la
nécessité de décentraliser pour pouvoir organiser un
développement équitable et pour maintenir l'unité
nationale en mettant en place des collectivités locales et
régionales dotées d'une autonomie administrative fixée par
la loi.
Au Mali
, la décentralisation doit être comprise comme un
véritable processus
impliquant un réel transfert de pouvoirs, de
responsabilités et de moyens financiers à des autorités
locales démocratiquement élues et soumises au contrôle
démocratique. Cette décentralisation est le point d'ancrage d'une
approche qui part de la base à l'opposé d'une simple
déconcentration de fonctions de l'État central.
La décentralisation, définie comme une
modalité d'organisation de l'Etat dont le fondement repose sur la
délégation de pouvoir entre 2 entités autonomes a un
caractère historique propre à chaque peuple. Pour mieux asseoir
la décentralisation, il est important de capitaliser l'expérience
des traditions de chaque pays à la matière.
Le Mali a une expérience de la décentralisation qui
s'est faite aussi bien sous les différents empires que sous la
colonisation avec l'Etat moderne français et qui s'est consolidé
après l'indépendance, mais dont le couronnement sera
consacré avec les autorités de la 3ème République.
L'expérience de la décentralisation au Mali se résume en 4
temps :
- La perception traditionnelle à travers les
sociétés royales (Empires du Ghana, du Mali, Songhoï)
;
- L'urbanisation et décentralisation depuis la
colonisation jusqu'à nos jours ;
- L'organisation du territoire et la décentralisation ;
- Le dispositif juridique et institutionnel du processus de
décentralisation.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali17.png)
2.3.1 Les expériences féodales de la
décentralisation au Mali
Le Mali pré-colonial qui a vu se succéder en nombre
impressionnant d'empires et de Royaumes, a été le
théâtre de l'émergence de l'Etat sous diverses formes. En
effet, les Etats médioviques de Ghana, Mali, Songhoï ont mis au
point au fil des siècles, des systèmes politiques très
élaborés qui ont fait les preuves en matières
d'administration des communautés et de leur territoire.
L'organisation territoriale de ces états
médiévaux : provinces ou régions (JAMANA), cantons
(MARABOLO ou KAFO), village (DUGU), du moins dans ce qu'on peut qualifier
d'anciennes ères culturelles : Marka, Mandé, Songhoï et
Peulh, ainsi structurées étaient des plus performantes à
cette époque de l'histoire des peuples.
Ces entités territoriales ont été
successivement soumises au fil de l'histoire à des formes de domination
variées suivant la nature des Etats et celle des liens qui les unissent
au pouvoir central. Elles pouvaient donc temporairement jouir d'une relative
autonomie de gestion où au contraire subir une indépendance
totale en matière d'administration ou même parfois se situer en
dehors des heures d'influence de ces systèmes par le hasard de
l'histoire, cause de considération géopolitique complexe.
Les systèmes d'administration précoloniaux
faisaient preuve de beaucoup plus de souplesse dans leur application que
l'organisation coercitive de l'administration coloniale qui c'est
incrustée dans la mémoire collective et à estomper dans
les esprits le souverain des systèmes d'administration
précoloniaux.
C'est en ce sens que la décentralisation actuelle est
différente des formes antérieures puisqu'elle instaure le pouvoir
du contrôle et de sanction sur les administrateurs grâce à
un système collectif.
2.3.2 Le dispositif juridique et institutionnel du processus
de décentralisation
Le Mali a adopté une démarche originale dans le
choix de l'approche en créant une structure souple appelée
mission de décentralisation (rattachée au ministère de
l'administration territoriale puis au service de la primature) avec comme
mission l'élaboration des instruments juridiques, règlementaires
et législatifs indispensable à la mise en oeuvre de la
décentralisation. Cette mission consiste à la mise en oeuvre
d'une politique de décentralisation mettant en synergie l'Etat, les
collectivités et les représentants de la société
civile.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali18.png)
C'est en effet, le décret
N°92-008/PN/RM qui fixe le mandat de la mise en
oeuvre des mesures nécessaires à cette politique. L'organisation
et le fonctionnement de la structure sont fixés par
l'arrêté
N°93-096/MATS-CAB du 02
Mars 1993.
- Le décret N°95-210/P-RM
du 30 Mai 1995 détermine les conditions de
nomination et les attributions des représentants de l'Etat au niveau de
la collectivité. Il précise la tutelle de l'Etat
représentée au niveau régional par un Haut-Commissaire
(Gouverneur) nommé par décret pris en conseil de ministre ;
- Le décret N°96-084/P-RM
du 20 Mars 1996 déterminant la mise à
disposition des collectivités décentralisées des services
déconcentrés de l'Etat. Il fixe les conditions d'assistance par
l'Etat des collectivités ;
- La loi N°96-050/P-RM
du 16 Octobre 1996 portant principe de Constitution
et de gestion du domaine des collectivités territoriales ;
- La loi N°96-051/P-RM du
16 Octobre 1996 déterminant les ressources
fiscales des communes à l'exception des communes du district de Bamako,
elle s'applique à toutes les autres ;
- La loi N°96-059/P-RM du
04 Novembre 1996 portant création des
communes. Elle parachève la réorganisation territoriale conduite
par la mission sous le thème de découpage territoriale qui a
abouti à la création de 703
communes.
2.4 Les enjeux de la décentralisation au
Mali
Pourquoi allons-nous vers la décentralisation ?
En 1996, intervenait la réorganisation
territoriale qui a donné naissance aux 703
communes rurales et urbaines du Mali. Pour parvenir à ce
résultat, la mission de la décentralisation lors de la
réorganisation territoriale a opté pour le regroupement
volontaire des villages et fractions en communes et rejetée le principe
de la simple transformation des arrondissements en communes. Ce qui a
été une preuve d'originalité dans la sous-
région.
L'optimisme qui a conduit au processus dans son ensemble a vu
l'élaboration du cadre législatif et réglementaire ainsi
que la création des principaux instruments nécessaires à
la réalisation du processus. On peut alors affirmer que les populations
ont répondu à l'appel et ont participé objectivement au
choix de leur destin.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali19.png)
Cependant, les vraies questions demeurent toujours posées
quant à l'avenir du processus surtout dans la phase
opérationnelle qui va aboutir à la mise en oeuvre des
entités décentralisées par l'élection du personnel
des collectivités territoriales et le transfert du pouvoir du sommet
à la base. Les enjeux sont ainsi multiples et variés tant les
contraintes de survie et viabilité des communes restent la
problématique majeure. Globalement, nous pouvons retenir deux (2) enjeux
que sont : les enjeux de gouvernance locale (qui prend les différents
aspects de la thématique) et les enjeux du développement
local.
2.4.1 Les difficultés de mise en place d'instances
locales, fonctionnelles
Cette attitude de faire de la décentralisation un mode
à suivre se traduit par un manque de volontarisme nécessaire pour
exécuter les réformes indispensables à sa mise en
oeuvre.
Dans ce contexte, la décentralisation se conforme à
deux (2) problèmes dont les effets se conjuguent pour allonger les
détails requis pour rendre opérationnelle les instances
locales.
Premier problème d'ordre culturel est le refus de
considérer les pratiques oculaires existantes alors qu'elles constituent
en sorte de véritables richesses culturelles que la
décentralisation devrait savoir porter. Pour ce qui est de l'exemple des
pratiques féodales, leur marginalisation ne facilitera pas à
terme la résolution de l'épineuse question foncière
appelée à s'aggraver dans les décennies à venir.
Mieux cette marginalisation les a transformé en force rampante
réussissant à gripper le fonctionnement de l'Etat le groupe. Et
bientôt la conséquence de cette marginalisation sera encore
néfaste sur le fonctionnement des instances locales à peine mise
en place ;
Deuxième problème est que la démocratisation
généralement entamer dans les pays comme le Mali reste dans un
Etat inachevé voir contenu par des raisons objectives telles que la
pauvreté, l'absence de culture démocratique, l'impunité,
etc.
Dans ce contexte institutionnel, la décentralisation court
le risque de s'étouffer et de devenir un mythe, un processus.
En matière de décentralisation, il n'existe pas
d'ensemble de règles s'appliquant à tous les pays. La notion
revêt des formes différentes d'un pays à un autre, selon
les objectifs propres à chaque pays.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali20.png)
2.4.2 Forces et faiblesses de la
décentralisation
Mise en oeuvre depuis l'époque féodale, elle
répond au souci d'étendre le pouvoir et de rapprocher davantage
l'administration des citoyens.
La décentralisation s'est en particulier traduite par
une multiplication considérable des équipements collectifs
locaux. De 2001 à 2003, l'effort d'investissement de l'Agence Nationale
d'Investissement des Collectivités Territoriales (ANICT) en direction
des collectivités territoriales représentait plus de vingt-cinq
milliards.
Le bilan du dispositif d'appui est largement positif. La
maîtrise d'ouvrage assurée par les collectivités a permis
de tirer la presque totalité de leurs droits de tirages et de
créer, pendant les cinq dernières années, de nombreuses
infrastructures dans les domaines entre autres de l'éducation, de la
santé, de l'hydraulique et de la sécurité alimentaire.
La décentralisation a permis l'émergence d'un
nouveau type d'acteurs dans la détermination et la conduite des
politiques : l'élu local. Aussi, les collectivités territoriales
sont devenues des acteurs majeurs de la vie économique, sociale et
culturelle. Avec elles, l'action publique s'est enrichie et la
démocratie a progressé.
L'aspect le plus marquant est surtout le processus de
planification participatif et itératif qui s'est établi en amont
et qui a drainé des milliers de citoyens à s'exprimer, proposer,
décider pour que chaque collectivité, à partir de la
vision propre de ses dirigeants, soit dotée de programme de
développement de soutenir la décentralisation.
Toutefois, ces avancées du processus de la
décentralisation se sont heurtées à des difficultés
persistantes.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali21.png)
CHAPITRE III : COOPERATION DECENTRALISEE : EVOLUTION
ET
NOUVEAUX ENJEUX
La coopération décentralisée englobe toutes
les relations d'amitié, de jumelage ou de partenariat noué entre
les collectivités locales.
La coopération décentralisée est une
coopération qui se fait de territoire à territoire. Les
préoccupations des territoires, et leurs compétences,
étant différentes, les objets de cette coopération ne
seront par conséquent pas les mêmes.
3.1 Origine et évolution de la
coopération décentralisée
3.1.1 La coopération décentralisée, de
l'approche juridique à la pratique
La notion de coopé ration décent ralisée
recouv re des significations di verses. Des coopé rations conduites sous
la responsabilité d'associations qui
bénéficient d'une subvention d'une
municipalité lui sont souvent assimilée s. Toute fois la pleine
responsabilité des choix et méthodes d'actions
appartient aux collectivités concernée s.
Au Mali, diverses lois, principalement les lois 93-008
déterminant la libre administ ration des collectivités terri
toriale s, 95-034 portant code des collectivités terri toriales
en République du Mali, complétée par la loi 96-056 du
16 octobre 1996 ouv rent également la possibilité aux
collectivités terri toriales de conclu re des coopé rations avec
des collectivités étrangè res. Cette derniè re loi
stipule que « les collectivités territoriales peuvent
entreprendre des actions de coopération avec leurs homologues de pays
étrangers sous le contrôle de l'État ».
Ces textes, pour impor tants qu'ils soient, ne
définissent pas un cadre politique préci s. Ils laissent de
larges marges d'appréciation aux acteu rs de la coopé ration
décent ralisée pour définir l'objet de leur relation.
Pour certaines collectivité s, la coopé ration
décent ralisée est un moyen de
« rapprochement entre les hommes», une
« école de solidarité», « un espace
de rencontre interculturelle »;
Pour d'aut res enfin , la coopé ration décent
ralisée est avant tout une
c oo p éra t ion au développement. «
Coopération de proximité, elle réalise des actions
concrètes qui répondent aux besoins des populations» ;
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali22.png)
Pour les institutions nationale s, en charge de la
décent ralisation et de la coopé ration décent
ralisée au Mali, les deuxième et troisième approches sont
les plus impor tante s.
« La coopération décentralisée
doit être considérée comme un processus de changement des
maniè res traditionnelles de mettre en oeuvre la coopération au
développement. Il s'agit plutôt d'une approche, d'un mode de faire
différemment la coopération au développement permettant
d'offrir des réponses adaptées aux évolutions et aux
initiatives locales »
3.1.2 Les avantages de la coopération
décentralisée
En effet, la coopération décentralisée,
plus qu'un lieu d'échange et de dialogues entre des
sociétés différentes, elle est une opportunité de
discussion au sein même des collectivités impliquées dans
une coopération de territoire à territoire.
Les échanges qui ont nécessairement lieu entre
les élus et les populations permettent la mise en place de
stratégies de développement qui prennent réellement en
compte les préoccupations des gens, même si les sources de
financement sont limitées. Ils favorisent aussi la reconnaissance et
l'émergence des potentialités locales de même que la
participation de partenaires issus des territoires concernés.
Il va sans dire que la diversité des partenaires ouvre
la porte à des initiatives qui auront des portées
différentes mais qui sont tout de même essentiel au
développement de la collectivité. De plus, les relations humaines
qui se tissent dans le cadre de la coopération
décentralisée renforcent le caractère durable de cette
coopération ainsi que celui des résultats qui en sont issus. Cet
avantage est rarement possible dans la coopération bilatérale,
les programmes étant souvent inscrits dans le court terme, sans que ne
soient pris en compte un mécanisme de pérennisation des
activités. Avec la coopération décentralisée, les
acteurs de la coopération étant également les
bénéficiaires, cette pérennisation est possible.
Il convient de noter que la coopération
décentralisée exige des partenaires une participation soit
physique, soit matérielle. Elle place donc les partenaires sur un pied
d'égalité dans les négociations, ce qui n'est pas le cas
de la coopération bilatérale.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali23.png)
On peut même dire que c'est plutôt le contraire
dans la mesure où les accords de coopération bilatérale
exigent, le plus souvent, qu'un des partenaires se plient à certaines
exigences de nature commerciale ou pouvant affecter ses politiques.
Dans la coopération décentralisée, les
partenaires sont des territoires au sein desquels existent différents
types de partenaires capables d'enrichir la coopération. Il s'agit,
entre autres, des institutions d'enseignement, des hôpitaux, des ONG et
associations, des entreprises, etc.
Ce faisant, nous pouvons occuper une place véritable
d'acteur dans le processus de mondialisation qui, si souvent semble nous
échapper.
La coopération décentralisée est aussi un
moyen qu'ont les collectivités territoriales d'acquérir une
véritable autonomie envers l'État, tout en jouant pleinement le
rôle que leur confèrent les textes législatifs. Elle
s'inscrit aussi dans une vision de la gestion
démocratique des collectivités territoriales et
participe de l'éducation au développement des populations, du
Nord comme du Sud.
3.2 Les enjeux et les défis
3.2.1 Enjeux:
Il est à noter, que nous avons relevés deux sortes
d'enjeux à savoir : démocratique et économique.
La commune constitue l'encrage de la démocratie qui au fil
de l'évolution politico - administrative devient au niveau local un
enjeu très important. Elle devient le lieu d'expression des
réalités sociales culturelles et historiques. Elle renforce le
processus de démocratisation en créant les conditions et les
modalités d'une participation directe des citoyens au processus de prise
de décision locale .Les citoyens de la commune redeviennent les acteurs
de la commune et les vrais partenaires de l'Etat.
La commune étant le centre d'intérêt de
développement, les citoyens partagent la responsabilité du
développement économique avec l'Etat.
Elle un lieu de rencontre et d'insertion des individus comme
sujets acteurs et non comme objet de grand politique de développement
initié au sommet. C'est au niveau local qu'il devrait être
possible d'envisager et construire des projets intégrés et d'en
évaluer l'impact sur les populations.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali24.png)
3.3.2 Les Défis :
Le défi du développement communal nous interpelle
tous en terme d'acteurs, et nécessite l'auto évaluation de nous
tous dans le cadre de notre participation aux actions de développement.
Cependant, le défi se justifie dans la personnalité juridique des
collectivités qui leur confère le droit de prendre des
décisions dans une relative autonomie et de gérer un patrimoine
propre (applicable à être sujet de droit). Cette
responsabilité juridique incarne l'intérêt
général des collectivités, et constitue un encrage
très important de la démocratie pouvant être défini
comme un système qui fonde le pouvoir politique sur la volonté du
peuple (population). La démocratie étant l'expression de la
volonté du peuple, auquel il est lui-même soumis et à
partir duquel, li doit porter son jugement de valeur, nécessite
l'implication de tous les acteurs dans le processus afin d'assumer au mieux,
les rôles et les objectifs de développement de sa commune.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali25.png)
CHAPITRE IV : DEVELOPPEMENT DURABLE : NAISSANCE D'UN
CONCEPT NOUVEAU OU INNOVATEUR
Le concept de développement durable est pour la
première fois consacré dans le " rapport Brundtland ",
intitulé " Notre avenir à tous ". Il donne la définition
suivante du développement durable : " un développement qui
répond aux besoins des générations présentes sans
compromettre la capacité des générations futures de
répondre aux leurs ". Cette nouvelle approche du
développement est fondée sur l'équilibre entre croissance
économique et écosystèmes.
Deux concepts sont inhérents à cette notion : le
concept de " besoins ", et plus particulièrement des besoins essentiels
des plus démunis, à qui il convient d'accorder la plus grande
priorité, et l'idée des limitations que l'état de nos
techniques et de notre organisation sociale impose sur la capacité de
l'environnement à répondre aux besoins actuels et à
venir.
4.1 Problématique de renouvellement des
ressources
L'environnement apparaît en effet à partir des
années 1970 comme un patrimoine mondial essentiel à transmettre
aux générations futures et le philosophe Hans Jonas a
exprimé cette préoccupation dans son livre le Principe
responsabilité en 1979.
La définition Brundtland, axée prioritairement sur
la préservation de l'environnement et la consommation prudente des
ressources naturelles non renouvelables, sera modifiée par la
définition des « trois piliers» qui doivent être
conciliés dans une perspective de développement durable : le
progrès économique, la justice sociale et la préservation
de l'environnement
Le développement durable s'articule autour de trois
piliers majeurs et interdépendants :
* le progrès économique : mettre
en place une coopération internationale avec les pays en voie de
développement, lutter contre la pauvreté , modifier les modes de
production et de consommation, favoriser le commerce équitable entre le
Nord et le Sud, intégrer les paramètres du développement
durable dans les processus de décisions... ;
* la préservation de l'environnement :
diminuer les rejets polluants l'atmosphère, lutter contre le
déboisement, la désertification et la sécheresse ,
protéger la biodiversité, les forêts et les montagnes,
promouvoir une agriculture respectueuse de l'environnement et de la
santé, protéger les océans et les ressources halieutiques,
promouvoir les énergies renouvelables...
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali26.png)
* la justice sociale : garantir l'accès
à la santé et de l'éducation, lutter contre la
pauvreté et la faim, améliorer les conditions de vie, lutter
contre l'exploitation des enfants, renforcer les groupes sociaux à
travers les syndicats, les associations et les ONG (populations locales,
femmes, enfants, travailleurs...)
4.2 Les limites et dérives du concept
Comme tous les concepts, le développement durable
trouve aussi ses limites. En effet, la société capitaliste, dans
laquelle nous sommes, a su redistribuer les dividendes de la production
à l'économie et au social pendant toute son existence.
Comment prendre en compte l'environnement dans cette balance
alors que l'équilibre entre le social et l'économique est
déjà dans une impasse ?
Le concept de développement peut aussi dériver
vers une vision malthusienne de notre société. Pourquoi les pays
riches, maintenant développés, imposeraient-ils aux pays en
développement une vision limitative de leur développement ?
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali27.png)
27
DEUXIEME PARTIE
LE MARAICHAGE POUR UN DEVELOPPEMENT DURABLE DU TOURISME
DANS LA PREFECTURE DE BANDIAGARA.
CHAPITRE 1 : METHODOLOGIE DE L'ETUDE
Pour être efficace et fiable, toute démarche
scientifique se doit de suivre une méthodologie. C'est pourquoi, dans le
cadre de notre étude, nous avons effectué dans un premier temps
une revue et dans un second temps, une enquête et des entretiens avec
les
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali28.png)
différents responsables des communes afin d'émettre
une proposition de projet et de plan d'action pour la préfecture de
BANDIAGARA.
La détermination de la population cible nous amène
à identifier les personnes directement concernées par notre
étude. Elle est composée des catégories suivantes :
- le préfet ;
- la Mairie;
- les chefs traditionnels et coutumiers
- conseils des chefs de quartier ;
- la mission culturelle de Bandiagara ;
- les gérants des hôtels et campements
- les ONG de promotion et du développement communautaire
de la commune. Compte tenu du nombre élevé de ces personnes, nous
avons fait une sélection par le procédé de
l'échantillonnage.
1.1 Techniques d'étude
a) Revue et Exploitation Documentaire
A ce niveau, nous avons fait une recherche d'exploitation
documentaire qui a consisté en la consultation d'ouvrages de
référence, de mémoires, de rapports dans les centres de
documentation et bibliothèques et la recherche sur Internet où
nous avons consulté quelques moteurs de recherches tels que
«Google» et «Yahoo».
b) L'Enquête
C'est la collecte d'informations auprès des
autorités sur la base d'un questionnaire. Le questionnaire est une
technique de collecte de données qui consiste à interroger les
personnes ciblées à l'aide d'un formulaire comprenant une
série de questions.
Il est rempli à volonté souvent sous anonymat;
ce qui favorise la liberté d'opinions aux répondants. C'est
à travers cette enquête que nous pourrons vérifier nos
hypothèses de départ.
c) L'Entretien
A ce niveau, un guide d'entretien a été
élaboré. Nous l'avons utilisé comme technique de collecte
de données auprès des responsables des structures ci-dessus
citées.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali29.png)
d) Collecte et présentation des
données
L'étape de la collecte des données est suivie de
celle de la présentation des données collectées.
L'identification de la population et l'échantillonnage nous conduiront
à la réalisation de l'enquête et à
l'énumération des difficultés rencontrées au cours
de notre enquête.
1.2 - Stratégie d'identification de
l'étude
a) Stratégie d'approches
L'instrument premier de collecte réalisée est le
questionnaire (joint en annexe). Il a été adressé aux
intéressés. Le second instrument de collecte est le guide
d'entretien (joint en annexe).
Précisons que nous avons fait valider notre
questionnaire et guide d'entretien par le directeur de la mission culturelle et
le maire pour nous assurer qu'ils nous permettront d'obtenir les données
dont nous avons besoin afin d'atteindre les objectifs de notre étude. Le
questionnaire comprend un volet tourisme et un volet maraichage.
Au cours de cette étude, certaines stratégies ont
été utilisés dont voici les principales :
a.1 Approches communautaires et méthode
participative
Il y a eu deux approches distinctes de la participation
communautaire dans les projets de développement :
- l'approche communautaire est l'approche classique du sommet
à la base où l'organisme de développement identifie le
projet et invite la communauté à y prendre part;
- la méthode participative, permet à la
communauté d'identifier le projet et invite l'organisme de
développement à constituer un partenariat d'égal à
égal avec elle pour élaborer des projets. La communauté
reste primordiale à tous les stades du cycle du projet, depuis
l'identification jusqu'à la mise en oeuvre et l'achèvement du
cycle.
a.2 Participation de l'organisme d'aide aux projets
communautaires
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali30.png)
Les membres de la communauté prennent les
décisions majeures et les mettent en oeuvre avec l'aide de leurs
dirigeants. Les motivations à adhérer sont grandes lorsque la
participation est réelle.
La communauté et leurs dirigeants ont un
intérêt personnel dans la réussite d'une activité
car ils ont été associés à son processus de
conceptualisation et de décision.
Les dirigeants communautaires sont issus du même
contexte socio-économique que les membres et représentent donc
les mêmes types d'intérêts. Ceci renforce la
solidarité.
Cela encourage également les membres à exercer
une surveillance sur leurs dirigeants pour qu'ils ne confondent pas leur
rôle de direction communautaire et l'appropriation du projet.
La participation couvre un large spectre de la communauté:
jeunes et vieux, hommes et femmes, agriculteurs propriétaires,
agriculteurs métayers, sans terres, indépendamment de la tribu,
la religion et autres croyances. L'organisation se focalise sur des
thèmes qui suscitent un intérêt universel par opposition
aux thèmes sectoriels.
a.3 Participation Communautaire aux projets de
l'organisme d'aide
Lorsque des communautés sont invitées à
participer à une initiative d'un organisme d'aide qui a
généralement été déjà
identifiée et conçue les résultats non participatifs
suivants sont à prévoir:
Les dirigeants de l'élite prennent la plupart des
décisions et les membres les exécutent. Il y a très peu
d'incitations à la participation active. Les membres jouent un
rôle passif ou ne sont pas associés du tout aux phases des
activités de l'organisation, et sont simplement priés
d'exécuter.
Les membres ne ressentent aucun intérêt pour le
succès de l'activité, et ont donc le sentiment que leurs propres
intérêts sont laissés de côté, ce qui pose un
problème de continuité au fur et à mesure que
l'enthousiasme de départ décline.
1.3 - Echantillonnage de la Population
a)
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali31.png)
L'Echantilonnage
Selon le dictionnaire Essentiel Hachette,
l'échantillonnage est un ensemble d'individus choisis comme étant
représentatif d'une population.
Autrement dit, c'est une fraction représentative d'une
population ou d'un groupe ayant les mêmes caractéristiques de base
à partir de laquelle on peut apprécier l'ensemble de la
population considérée.
b) Difficultés liées à la Collecte
des données
Ces difficultés concernent :
- Le retard qu'a connu notre insertion dans la structure
d'accueil;
- Le difficile accès aux centres de documentation à
des ouvrages généraux.
- L'indisponibilité par moment des personnes ressources
qui ont bien voulu se prêter à nos préoccupations et ceci
pour motif de missions ;
- L'ignorance de certains agents des communes sur la question
;
- La rétention d'informations due au caractère
confidentiel de certaines données.
Malgré ces difficultés que nous venons
d'énumérer, nos enquêtes nous ont tout de même permis
d'aboutir à des résultats qui s'inscrivent dans un plan de
développement durable (filières économique). C'est
pourquoi, le tourisme et le maraîchage ne doivent pas se substituer
à l'activité économique de base mais de contribuer
à son développement.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali32.png)
CHAPITRE 2 : DEROULEMENT DE L'ETUDE TOURISTIQUE &
DONNEES STATISQUES
Illustration 2 : Masque dogon Source : Wikipédia
Le touriste s'intéresse généralement
à la culture ou à la nature des lieux qu'il visite.
Cette pratique a été longtemps l'apanage de gens
fortunés qui pouvaient se permettre de voyager en touristes, pour voir
des constructions remarquables, des oeuvres d'art ou goûter d'autres
cuisines.
Selon l'Organisation Mondiale du tourisme, le tourisme se
définit comme une activité de personnes voyageant vers des
endroits à l'extérieur de leur milieu habituel et
séjournant dans ces endroits pendant moins d'une année
consécutivement à des fins de loisir, d'affaires ou à
d'autres fins.
Le tourisme s'organise généralement avant tout
par rapport aux infrastructures liées aux voyages de masse:
aéroports internationaux bien reliés et réseaux routiers
permettant de rayonner à partir de la capitale en direction des centres
d'intérêts.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali33.png)
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali34.png)
Les résultats ne se sont pas fait attendre. En effet,
selon les chiffres de l'OMT (Organisation Mondiale du Tourisme), le Mali a
accueilli quelque 143 000 visiteurs internationaux en 2005.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali35.png)
Entre 2004 et 2005, la fréquentation touristique a
augmenté de près de 27% (contre 4,5% pour l'ensemble du tourisme
mondial et 10,8% pour l'Afrique subsaharienne en 2006).
Cette phase ascendante du tourisme malien est largement
confirmée par les statistiques nationales publiées
récemment, et qui le créditent de 300 000 visiteurs pendant la
période 2002-2007.L'effervescence de l'industrie touristique nationale
s'appréhende mieux à travers les ressources
générées par le secteur. En effet, celles-ci sont
estimées à quelque 100 milliards de nos francs en 2006.
La « ruée » des touristes pour la destination
Mali a eu comme impact l'accroissement du parc hôtelier national. Les
promoteurs du secteur ont épousé les contours de la tendance en
investissant dans la construction d'hôtels, de motels, campements ainsi
que d'autres types de structures d'accueil. Au bout du compte, le parc
hôtelier est passé de 218 en 2002 à 308
établissements en 2006, soit une augmentation de 41,3%. Ce mouvement
s'est traduit logiquement par l'augmentation du nombre de lits disponibles dont
la taille est passée de 5 349 en 2002 à 7 259 en 2006, soit une
hausse de 35,7%. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le tourisme malien a
le vent en poupe.
L'offre touristique a su s'adapter au goût des visiteurs
par la très grande diversification des produits proposés. Les
destinations classiques qui ont fait la réputation du Mali
(Djenné, Tombouctou, Pays Dogon, Gao...) continuent de faire recette.
Mais les autorités maliennes sont convaincues que tout
le pays est touristique ; pour elles, il s'agissait simplement d'avoir un peu
d'imagination pour déceler d'autres sites. C'est ce qu'elles firent.
Section 1 : Nuitées touristiques
1.1 Nuitées
Notre étude recouvre l'ensemble du plateau dogon. Plus de
7000 kilomètres ont ainsi été parcourus en voiture et
à pied, couvrant l'essentiel du phénomène spatial. En
regard de l'absence ou du manque de crédibilité des
éléments statistiques au Mali et à plus forte raison au
pays dogon, il nous a fallu élaborer une méthode de collecte des
données qui soit originale, efficace et à la portée des
propriétaires de campements, des maraîchers et de nos contacts.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali36.png)
34
Interprétation graphique :
Ces chiffres montrent une évolution quantitative
très dépendante de la situation politique, notamment celle en
rapport avec la rébellion touareg.
Lorsqu'en 1990, le conflit se déclenche suite à
l'attaque d'un poste de police à Ménaka près de la
frontière du Niger, les deux tiers du Mali, dont les territoires de
Tombouctou, Kidal et Gao, sont déclarés zones interdites par les
autorités, entraînant la chute du tourisme au Mali.
Nous avons imaginé un système de registres pour le
tourisme dans lequel seraient consignées les nuitées
touristiques, la nationalité des visiteurs ainsi que leur mode de
voyage, par agences ou individuel, un autre système de registre pour les
maraîchers.
Les données récoltées donnent une
appréciation journalière du phénomène touristique
dans 29 campements villageois.
Graphique.1 Arrivées et nuitées touristiques au
Mali, 1990-1998
Sources : WHO
200000
150000
100000
50000
0
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998
Nuitées
Nuitées
Arrivées
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali37.png)
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali38.png)
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali39.png)
Jusqu'en 1995, la situation se détériore du fait de
la guerre. La reprise touristique, en 1996, coïncide avec la dissolution
des différents fronts rebelles touareg, maures et songhaï.
Aujourd'hui, même si le tourisme est en croissance, un
certain banditisme au nord de Tombouctou, affecte cette croissance, citons
entre autre le décès de trois touristes néerlandais
à Tessalit en mars 2000 et de nombreux enlèvements
d'européens de 2002 à nos jours.
1.2 Arrivée touristique
Le tourisme au pays dogon extrêmement dépendant des
conditions saisonnières qui règnent en zone sahélienne.
Celle-ci est caractérisée, nous l'avons vu, par l'alternance
d'une saison des pluies, appelée hivernage en Afrique
subsaharienne, dont la durée est très variable d'une année
à l'autre mais qui peut s'étendre de juillet à septembre
et d'une saison sèche qui occupe le reste de l'année, soit
d'octobre à juin.
Graphique 2 : nombre de nuitées à
l'hôtel du Kambary de Bandiagara en 2008
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali40.png)
(Source: Enquêtes NENE- Novembre 2008 Le
Kambary)4.
Les statistiques que nous avons produites nous permettent de
connaître l'évolution des nuitées touristiques pour chaque
jour de la période considérée.
Nous observons que le nombre des nuitées augmente de
manière constante mais non linéaire jusqu'à atteindre un
premier maximum du 17au 22 décembre, suivi
d'une brusque diminution.
4 A partir des enquêtes réalisées
sur le site
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali41.png)
Les premiers jours de janvier voient la diminution constante du
nombre de nuitées. La fin du mois de janvier et le mois de
février totalisent des nuitées moyennes qui évoluent de
manière non linéaire: de légers creux de
fréquentation alternent avec des pics, sans qu'une
régularité puisse être mise en évidence.
L'interprétation de cet histogramme est à mettre
en relation avec les périodes de vacances, surtout celles qui concernent
les touristes français, qui représentent plus de 40% du total,
ainsi qu'avec les arrivées des vols internationaux à Bamako ou
Gao. Ainsi s'expliquent les pics de fin décembre et du début du
mois de février.
En ce qui concerne la brusque chute du nombre de
nuitées entre le 28 et le 31 décembre, nous pensons qu'il est
possible que les touristes planifient leur départ juste avant ou
après le Nouvel An. Aucune régularité hebdomadaire n'a pu
être remarquée, principalement parce que les circuits
touristiques, même s'ils dépendent des vols internationaux, sont
organisés dans plusieurs sens.
Non seulement les revenus ne sont assurés que sur trois
ou quatre mois de l'année, mais en plus, à l'intérieur de
ces périodes touristiques, le nombre de clients peut fluctuer de
manière très significative.
Au niveau socioculturel, le phénomène touristique
est donc limité pour les villageois qui, neuf mois par année, ne
fréquentent pas de touristes.
Le tourisme correspond à la période de repos
agricole et permet à certains, moyennant des investissements peu
coûteux en cellule familiale, d'assurer un revenu.
Quant aux arrivées touristiques en 2007, le Mali a
reçu 221 328 touristes et en 2008 ce chiffre est passé à
490 000 touristes dont 57 000 venus de France qui se positionne aujourd'hui
comme le 1er émetteur de touristes du Mali et depuis 2008, le
Mali fait partie désormais des 100 premières destinations
préférées des français, le 2e en Afrique
de l'Ouest derrière le Sénégal.
Au niveau du Pays Dogon, les chiffres officiels disponibles sont
rares et disparates. Actuellement, au Mali, personne n'est en mesure de dire
précisément combien de touristes visitent la région,
quelles sont les nationalités les plus représentées et
quelle est la durée moyenne du séjour.
La majorité des hôteliers est extrêmement peu
concernée par l'établissement de données et il semble bien
que ce soit essentiellement par crainte de l'Etat.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali42.png)
Il existe une culture de la dissimulation autour de tout ce qui
se rapporte aux activités économiques, lesquelles restent dans
l'informel.
Graphique 3: Répartition des nationalités des
touristes dans les 29 campements de la Falaise de Bandiagara, du 11.12.2008 au
15.02.2009
France 42 % Italie 12 % USA 10 % Holland e 10 %
Suisse 5 % U K 4 %
Belgique/Lux 4 %
Espagn e 3 % Allemagn e 3 %
Canad a 2 % Divers 1 % Autre s Europ e 1 %
Australi e 1 % Japo n 1 % Mali 1%
Source : NENE Décembre 20095
En outre, à la lecture de ces chiffres, on peut
remarquer que 83 % des nuitées sont réalisées par des
touristes en provenance d'Europe occidentale, ce qui est considérable.
La forte proportion de nuitées de touristes d'origine américaine
s'explique certainement par l'attrait que représente la ville de
Tombouctou aux USA.
En effet, une forte proportion des nombreux touristes
américains qui se rendent au Mali pour visiter la "ville
mystérieuse", passent aussi par le pays dogon.
Remarquons qu'il n'existe presque pas de "tourisme africain"
au sens où les africains visiteraient leur continent de manière
touristique. Les nuitées touristiques provenant de maliens
représentent moins d'un pour-cent des nuitées totales.
Si les données statistiques sont rares et incertaines pour
quantifier le phénomène touristique au Mali, elles n'en marquent
pas moins l'émergence d'une destination spécialisée, ainsi
que la nécessité actuelle d'une étude quantitative plus
approfondie.
5 source obtenue à partir des recherches de
terrain
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali43.png)
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali44.png)
Section 2 : Plateau dogon une destination
attractive
Le pays est doté d'un éventail important de
ressources historiques, culturelles et naturelles qui correspondent bien
à l'évolution des préférences dans l'industrie du
tourisme, qui n'est plus une activité passive, mais une entreprise
fondée sur des activités plus aventureuses et riches en
expériences.
Le Mali offre des possibilités d'aventure et
d'expériences culturelles qui sont parmi les plus intéressantes
d'Afrique et du monde entier.
Plusieurs des actifs touristiques maliens figurent dans la
liste des sites du patrimoine mondial de l'UNESCO ; c'est le cas en particulier
du pays dogon et des villes de Gao, Djenné et Tombouctou.
Durant toute la saison, les manifestations se suivent à
travers tout le pays mais ne se ressemblent pas. Entre le tourisme d'aventure,
les séjours culturels, le tourisme solidaire, les voyages d'affaires,
l'écotourisme, le tourisme durable... le visiteur n'a que l'embarras du
choix.
En définitive, le tourisme malien se structure
davantage pour mieux se positionner comme une destination attractive. La
visibilité des circuits touristiques et des agences de voyages est de
plus en plus nette. Ces dernières se professionnalisent pour les besoins
d'une activité très pourvoyeuse d'emplois et de devises. Et
même les guides touristiques naguère très
décriés par certains visiteurs prennent conscience du parti
qu'ils ont à tirer du secteur.
Considéré aujourd'hui comme l'un des joyaux de
l'Afrique de l'Ouest, le pays dogon est une région du Mali qui accueille
chaque année de nombreux touristes venant admirer le spectacle
magnifique de ses paysages vertigineux et découvrir l'une des cultures
les plus fascinantes d'Afrique.
Son site classé au patrimoine mondial de l'Unesco à
double titre, pour la richesse de sa civilisation et le caractère
exceptionnel de son site naturel. Les Dogons sont réputés pour
leur art, en particulier leurs masques spectaculaires qui correspondent
à des rites complexes, et leurs danses envoûtantes. La
région est splendide, et de nombreux voyageurs s'y rendent durant la
saison hivernale où les températures sont agréables pour
randonner de village en village.
2.1 La sous exploitation du secteur
Malgré une croissance rapide à partir d'une base
étroite au cours des dernières années, l'industrie
touristique reste modeste au regard des normes internationales. Ce secteur
d'activité n'en demeure pas moins important pour l'économie
nationale, puisqu'il représentait non moins de 5% du PIB en 2007, ce qui
équivaut à 15% pour les marchandises, 59% pour les services et 2%
de l'emploi en 2005.
Les recettes touristiques ont bondi de 91 millions de dollars
en 2001 et 142 millions de dollars en 2004, entrant pour 11% dans les
exportations et n'étant surpassées que par l'or (522 millions de
dollars) et le coton (257 millions de dollars).
Entre 2000 et 2005, le nombre des visiteurs internationaux est
passé de 87000 à 143 000 mais les touristes ne
représentaient que 10 à 20% de cet effectif.
Plus de la moitié des visiteurs venaient d'Europe et un
quart d'autres pays d'Afrique. On voit donc que même si le Mali peut
devenir une destination touristique importante, le nombre des touristes qui
visitent le pays à l'heure actuelle reste modeste et la base du
marché est étroite.
2.2 Des obstacles
Du côté de la demande, des obstacles très
importants freinent l'augmentation des touristes et l'expansion de la base sur
laquelle repose le marché.
A l'heure actuelle, il n'existe pas de stratégie
élaborée de marketing et de promotion pour le secteur du
tourisme, bien que l'OMATHO ait fait des progrès en participant à
divers salons touristiques internationaux et régionaux, une approche
plus ciblée sera nécessaire pour développer les
marchés touristiques hautement prioritaires.
Pour le moment, le pays est pour l'essentiel une destination
d'affaires. La majorité des voyageurs font du tourisme d'affaires et le
tourisme de loisir est assez restreint.
La stratégie à adopter éventuellement
pour promouvoir le Mali devra tenir compte de cette réalité
actuelle. En outre, l'offre des produits touristiques est relativement
restreinte pour un touriste qui voudrait visiter le pays.
Pour que le Mali devienne une destination touristique plus
importante, il faudra créer un éventail de produits touristiques
tout en continuant à mettre l'accent sur la richesse de son patrimoine
culturel, historique et naturel.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali45.png)
S'il améliore son infrastructure, son
accessibilité et la qualité de ses produits, le Mali pourra
commercialiser plus facilement ses attractions touristiques en exploitant un
marché touristique plus large.
Un autre obstacle du côté de la demande freine le
développement du tourisme : le coût des visas et la politique de
délivrance des visas. Les visas coûtent chers et le processus de
délivrance peut être long et compliqué. Le coût des
visas varie aussi de façon substantielle d'un pays à l'autre.
Il faudrait aussi harmoniser le coût des visas d'un
marché touristique à l'autre. Du côté de l'offre, le
coût du transport aérien devient un handicap important au
développement du secteur touristique dans le pays.
Les autres fournisseurs de produits et services touristiques
incluent notamment les hôtels, les restaurants, les voyagistes, les
agents de voyage et d'autres entreprises de transport comme la location de
voitures.
En général, les options offertes aux touristes
par ces opérateurs sont peu diversifiées. En dehors de Bamako, il
est difficile de trouver des hôtels et des restaurants qui
répondent aux normes internationales.
La qualité des services est très variable en
raison du manque de transparence des réglementations. Rares sont les
voyagistes qui offrent des voyages d'aventure à forfait, et les
entreprises de location de voitures sont peu nombreuses.
En dehors des possibilités limitées qu'offrent
les transports aériens et les entreprises de location de voitures, les
touristes ne disposent d'aucun moyen pour rayonner à partir de Bamako
vers d'autres attractions touristiques. Au plan opérationnel, les
prestataires de produits et de services se heurtent à différents
problèmes.
Le manque de personnels qualifiés est le
problème le plus important signalé par l'ensemble des
opérateurs privés du secteur. Il affecte la qualité des
services offerts aux touristes, de même que la productivité et
l'efficience.
La disponibilité des terres ne concernent pas
directement le tourisme mais l'influence. Les banques locales deviennent certes
plus actives, mais les prêts aux entreprises du secteur touristique
demeurent très limités.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali46.png)
Les régies rigoureuses qui s'appliquent, qui incluent
notamment le dépôt d'une garantie pouvant atteindre 50% de la
valeur du prêt, constituent un obstacle déterminant.
Section 3 : Impact touristique
Les impacts socioculturels du tourisme sont visibles ; le
tourisme apporte beaucoup à la région, mais il participe
également à sa destruction. Afin de sensibiliser les touristes
à la pratique d'un tourisme responsable, et améliorer les
conditions de vie des populations locales, il convient de mettre en place des
stratégies pour un développement durable et local de la
communauté.
Une enquête menée auprès de la population a
prouvé que les dogons sont en très large majorité
favorables au tourisme et qu'ils en perçoivent des
bénéfices directs ou indirects qui participent à
l'amélioration de leurs conditions de vie.
Toutefois, le tourisme a engendré de nouveaux
comportements, parmi lesquelles la mendicité des enfants et la
difficulté d'avoir un rapport non marchand avec la population. On
constate donc, que le tourisme qui devrait être un produit d'exportation
facteur de croissance économique pour ces pays, grâce aux revenus
et aux emplois qu'il génère, devient dans certaines conditions,
un facteur de déséquilibre et d'appauvrissement.
En effet, ces populations peuvent être exposées
à des risques, notamment lorsqu'elles sont confrontées à
des situations inhabituelles (climats extrêmes, maladies tropicales,
épidémies, etc.). Les accidents de la route représentent
également des risques importants, surtout dans des pays où les
structures sanitaires sont précaires. Par ailleurs, il est
constaté que les professionnels du tourisme sont particulièrement
exposés aux risques d'accidents et de maladies, étant
donné leurs conditions de travail
Nous constatons malheureusement, que les retombées
positives du tourisme sur le bienêtre des populations en
développement, demeurent faibles, aléatoires et à court
terme, alors que les effets négatifs risquent d'hypothéquer pour
longtemps l'avenir du tourisme de ces pays et de les priver ainsi des bienfaits
de ce formidable outil de développement humain. Les principales causes
de la détérioration du potentiel touristique, de la
déstabilisation sociale et des risques pour la santé des
populations des pays récepteurs, proviennent principalement :
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali47.png)
· des comportements des touristes du type
prédateur plutôt que découvreur ou partageur ;
· de la persistance des endémies locales et de la
propagation des maladies transmissibles, mal maîtrisées par manque
de moyens, autant de fléaux aggravés par l'accroissement des flux
de population ;
· Le tourisme émet les mêmes pollutions que
n'importe qu'elle autre industrie : pollution de l'air, de l'eau, bruit,
déchets solides et liquides, produits pétroliers et
résidus chimiques, pollution esthétique (visuelle ou
architecturale.) ;
· Le tourisme associé à la marchandisation
entraîne des transformations des cultures locales notamment les rituels
religieux, les rites ethniques traditionnels, des manifestations
coutumières et les festivals: ils sont souvent réduits ou
folklorisés ;
· Les manifestations culturelles perdent aussi de leur
authenticité lorsqu'elles s'adaptent au goût et aux plaisirs
éphémères des touristes ;
· Les artisans locaux font évoluer la conception de
leurs produits artisanaux pour les adapter au goût de leurs nouveaux
clients.
3.1 Difficultés de conservation du patrimoine
Le patrimoine immobilier en pays dogon connaît un certain
nombre de problèmes qui ne facilitent pas sa conservation. Les raisons
essentielles à cet état de fait sont les suivantes :
3.1.1 Raisons sociales et
culturelles : l'intrusion de religions nouvelles (islam
et christianisme) a joué un rôle dans le changement des traditions
sociales et culturelles ancestrales, entraînant du coup un changement
dans le comportement des individus vis à vis de certaines pratiques
telles les cérémonies rituelles qui assurent à certains
édifices leur survie et leur pérennité.
3.1.2 Raisons
économiques : la sécheresse qui a
frappé la région sahélienne au cours des années
1970, a entraîné l'abandon total ou partiel de certains villages
du plateau et des falaises, à cause de la famine et de la disette que
vécurent leurs habitants. L'exode massif consécutif à
cette sécheresse a favorisé la dégradation de certaines
maisons traditionnelles dont l'entretien s'avère difficile à
cause de leur accès souvent pénible.
3.1.3 La protection du
patrimoine: ce point nous semble le plus important
parce que la gestion du site ne peut être efficace sans l'observation,
même partielle, des effets du classement tant au regard de la
législation nationale que dans l'esprit de la Convention de 1972 de
l'UNESCO.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali48.png)
D'autres mutations sociales et culturelles presque
irréversibles telle l'aspiration au « modernisme » des jeunes,
la mondialisation et les effets pervers d'un tourisme culturel mal
maîtrisé constituent un frein à la conservation durable et
harmonieuse du patrimoine immobilier sur le site de la falaise de
Bandiagara.
Nous pensons que la conservation des biens culturels du site de
la falaise est un atout sûr pour un développement harmonieux et
durable des communautés locales.
Dans notre approche de conservation des éléments
du patrimoine immobilier du site, nous voulons faire du tourisme culturel un
axe majeur de la stratégie économique, en visant les objectifs
opérationnels suivants :
- La mobilisation des communautés villageoises dans une
campagne de
préservation et de mise en valeur du patrimoine physique
;
- L'augmentation des infrastructures adaptées et la
valorisation des attractions
habitat et formules d'hébergement traditionnelles ;
- Au niveau central, confier la gestion du site à la
population détenteur et gardien
pour une meilleure visibilité des ressources dans ce
domaine et pour la rentabilité gestionnaire du patrimoine.
Conclusion de l'étude touristique
:
Le mémoire a pour objectif d'accroître
l'investissement dans le secteur du tourisme plutôt que le nombre des
entrées du tourisme. Il fait une large place à l'instauration
d'un environnement porteur pour les entreprises afin d'attirer des
investissements privés axés sur le développement de
produits et de services touristiques au Mali, et de promouvoir
l'investissement.
Pour mettre en oeuvre un tourisme florissant, le Mali doit
adopter une méthode d'approche par étapes, avec des objectifs
ambitieux mais réalistes basés sur les ressources disponibles
pour appuyer ces objectifs.
Il va de soi que le financement est d'une importance
déterminante, mais les efforts pour mobiliser les opinions en faveur de
ce secteur d'activité et en faire une activité viable doivent
venir des autorités maliennes. Ce n'est qu'avec un tel engagement que le
tourisme aura des chances de développement.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali49.png)
Le caractère saisonnier du tourisme a aussi pour
conséquence de procurer une activité complémentaire
à celle des travaux agricoles. Pour la quasi-totalité des
hôteliers, l'hébergement ne se pratique pas de manière
continue sur l'année, même si leurs campements restent ouverts en
cas d'arrivée de touristes en morte-saison. Ces hôteliers, comme
l'ensemble de leur personnel, développent alors des activités
annexes dans le commerce, l'artisanat et surtout l'agriculture.
Pour les hôtels situés dans la ville de
Bandiagara ou à Sangha, la période creuse qui commence dès
mars est synonyme de ralenti des activités et de pertes
financières, alors que pour les hôteliers des campements de la
falaise, elle signifie la reprise des travaux agricoles. Pour les guides
touristiques, c'est le moment de vivre de leurs économies.
Le développement du tourisme a des retombées
non négligeables pour la population car il procure du travail aux
ressortissants du terroir, ce qui contribue d'une part à la
réduction de l'exode rural et d'autre part à la création
de richesses. Ainsi le tourisme engendrerait une sédentarisation de la
population de l'île et donc une augmentation des besoins en eau et
produits maraîchers, augmentation qui pourrait être
compensée par un enrichissement. De plus, les promoteurs ont
réalisé diverses actions dans le domaine social : appui
financier, équipement des calèches, aide matérielle aux
écoles,... Il ne faut toutefois pas oublier les revers que peut avoir le
tourisme : augmentation des déchets, pression et spéculation
foncière, prolifération des MST/SIDA, dégradation de
l'écosystème,...
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali50.png)
CHAPITRE 3 : MARAICHAGE DANS LA PREFECTURE DE
BANDIAGARA
La présente étude a été
menée dans 22 villages dogons de la préfecture de Bandiagara. Les
sols sont pauvres et fortement exposées aux facteurs d'érosion :
un tiers de la région se compose de roc vif et un autre tiers consiste
en des sols dont la couche ne dépasse pas 10 cm en profondeur. La
pression démographique est élevée avec environ 25
habitants par km2 et pour subsister la population n'a que 48.000 ha
de terres cultivables (6,3% du total).
Ceux qui ont accès aux parcelles d'oignons peuvent
générer des ressources financières pour aider à
combler le manque des céréales. Le maraîchage est
pratiqué un peu à travers toute la région. Il
intéresse principalement les populations du Plateau Dogon et celles des
zones péri-urbaines des cercles de Mopti, Djenné,Ténenkou
et Douentza. Les cultures sont faites, surtout au niveau des petits barrages de
retenue d'eau dans le plateau dogon, autour des puits et forages et aux abords
du fleuve et de certaines mares. Les producteurs dogon ont su s'adapter
à des conditions agro-écologiques difficiles : peu de terres
arables (environ 10 % de la surface du plateau dogon) et des cours d'eau
temporaires qui ne durent pas plus de cinq mois.
La saison sèche, de novembre à avril, est
caractérisée par une pluviométrie inexistante. Elle se
décompose en une saison fraîche (novembre à janvier),
durant laquelle la température moyenne est de 25°C, et une saison
chaude, avec des pics de température qui peuvent dépasser les
45°C. La saison des pluies, de mai à octobre, connaît une
pluviométrie de 300 à 700mm, inégale d'une année
à l'autre, et concentrée principalement sur les mois de juillet
et août.
Graphique 4 : Répartition mensuelle des pluies Source :
Nations Unie
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali51.png)
46
Graphique 5 : Pluviométrie du Plateau Dogon Source :
Nations Unies
Section 1 : Méthode de Collecte et
données statistiques
Les différentes étapes du déroulement de
l'étude ont été les suivantes :
- échanges et collecte de données au niveau de
la coordination régionale du PCDA ;
- conception de guide d'entretiens pertinents avec les
acteurs clés de la filière ;
- distribution du questionnaire aux personnes ciblées
intervenant dans le secteur ;
- contacts/échanges avec les principaux intervenants
(acteurs clés) de la filière aussi
bien publics (IER, Secteur Agriculture, Projets/Programmes
publics...) que privés
(producteurs, transformateurs, transporteurs,
commerçants, ONG, fournisseurs
d'intrants, ...) sur leurs visions, leurs stratégies
et leurs suggestions en matière de développement de la
filière échalote/oignon à court, moyen et long termes ;
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali52.png)
Graphique 6 : production maraîchère de
Bandiagara pendant la campagne 2008-2009
Source : SLACAER Bandiagara 2008
Illustration : Ce graphique retrace l'ensemble des
productions maraîchères pratiquées dans la
préfecture de Bandiagara entre 2008/2009. Il ressort de cette
étude que la culture d'échalote est la plus cultivée avec
45.000 tonnes suivie de celle de l'aubergine.
C'est pourquoi l'échalote mérite toute notre
attention et, cela pour plusieurs raisons
entre autres :
· Aptitude relative à la conservation et au
transport à l'état frais ;
· Aptitude à la substitution au gros oignon (Allium
cepa) dans toutes les spécialités culinaires ;
· Aptitude à une large gamme de techniques de
transformation tant traditionnelles (écrasée-
séchée, pilée mise en boules et séchées
etc.) qu'artisanale (Echalote séchée en tranche ) ;
· Aptitude à une gamme variée de
possibilités d'utilisation jusque-là inexplorées.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali53.png)
L'opinion la plus répandue attribue la meilleure
qualité à l'échalote du plateau pour son arôme et
son goût piquant (meilleur goût organoleptique). En effet, les
utilisations faites de ce produit restent encore essentiellement culinaires.
Section 2 : L'échalote
Illustration 3: Echalote Source : Wikipédia
L'échalote est un légume-condiment très
utilisé dans nos cuisines. Comme l'ail et l'oignon, elle fait partie de
la famille des liliacées. Elle a des propriétés
très bénéfiques sur le système cardio-vasculaire.
Par ailleurs, l'échalote améliore la fluidité du sang et
aide à lui assurer une teneur en sucre modérée. En outre,
elle a des vertus antiallergiques et antimicrobiennes.
Il existe trois principaux bassins de production de
l'échalote au Mali: la zone Office du Niger, le pays dogon et la zone
périurbaine de Bamako (Kati, Koulikoro).
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali54.png)
Graphique 7 : Production annuelle d'échalotes au Pays
Dogon et dans l'Office du Niger (2002-2010) Sources : Office du Niger et
Secteur de l'Agriculture de Bandiagara
Depuis 2003, la production d'échalote au pays dogon reste
relativement stable, autour de 40 000t/an, alors que les volumes produits dans
l'Office du Niger connaissent d'importantes fluctuations, au gré des
aménagements de canaux en contre-saison qui empêchent des zones
entières de l'ON de cultiver l'échalote durant une campagne.
Au pays dogon, les producteurs sont relativement bien
organisés en groupements intervenant dans l'approvisionnement en
intrants, la transformation et la commercialisation des produits.
Cela a favorisé la mise en place d'un cadre de
concertation qui leur permet de fixer un niveau minimum de prix garanti aux
producteurs et de mettre en place un système efficace de
commercialisation et de transformation de l'échalote.
En raison des bas prix de l'échalote fraîche
préjudiciable au producteur, un nouveau produit, substitut de
l'échalote fraîche a été mis au point: il s'agit de
l'échalote séchée en tranche (EST). Cette forme respecte
les conditions d'hygiène et conserve les caractéristiques de
l'échalote fraîche (arôme et substances nutritives).
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali55.png)
Ce type de transformation a connu un développement
important dans la zone du plateau dogon (8 Kg d'échalote fraîche
donnent 1Kg d'échalote séchée).
Pour ce qui est de la commercialisation, environ 80% de la
production est destinée à la vente. Le reste est réparti
entre les pertes (15%), les semences et l'autoconsommation. Les marchés
les plus importants sont Bamako et Sikasso d'où sont exportées de
faibles quantités vers la Côte d'Ivoire et la Guinée
Conakry. La production étant saisonnière et compte tenu des
difficultés de conservation du produit, les prix varient selon les
périodes. En période d'abondance, ils sont les plus bas (moins de
100 FCFA/Kg), en période intermédiaire mai - juillet ils varient
entre 150 et 200 F CFA/Kg. En août- décembre le prix du kilogramme
atteint 300/ 500 FCFA. L'échalote séchée en tranches varie
entre 1100 et 2250 FCFA le Kg. Plus de 90% de la production est
consommée au Mali. Si la dynamique de production se poursuit au rythme
actuel, il y a un risque, à terme, d'une saturation du marché
intérieur.
On note également la méconnaissance des
opportunités réelles des marchés d'exportation sous
régionaux. Le développement de la filière
échalote/oignon doit être basé sur le renforcement de la
consommation intérieure en rendant le produit disponible toute
l'année. Cela n'est possible que par l'intensification de la production
et de la transformation, notamment, au moyen du séchage.
La conception du projet de la filière des
échalotes s'était fortement basée sur le
développement des groupements de production. Les paysans
maîtrisent également les techniques culturales même s'il
reste encore d'importants efforts à fournir pour améliorer
davantage les systèmes de production actuels. Il s'agit aussi de
favoriser un climat de concertation continue entre les acteurs de la
filière, de vulgariser des variétés tardives afin de mieux
étaler la production sur toute l'année.
Il y a exigence de promouvoir les unités de
séchage semi-industrielles et de promouvoir le produit sur les
marchés importateurs de la sous- région.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali56.png)
Tableau 1: Coûts de transformation d'1kg
d'échalote fraîche en échalote séchée
:
NATURE DU
PÉRIODES prix à la recolte/production
PRODUIT
J F
BKO
BGARA.
PRODUCTEUR
M
A M J J A S O N D
ECHALOTE FRAICHE 2006
225
125
100
300 300 400 400
125 150 150 200
11
90
5
10 0
45 0
ECHALOTE
250
150
125
350
150 200 300
125
125
125
90 11
FRAICHE 2007
10 0
400 50
0
5
ECHALOTE
500
200
150
200 225
20 0
15 0
250 300 350 350 500 600 80
0
15 0
FRAICHE 2008
ÉCHALOTE SÉCHÉE
2750
1500
2006
- 1275
110
0
190 0
190 0
190 0
190 0
150 0
130 0
195 0
(EST)
2000
1400
2007
- 1275
125
120
110
0
200 0
180 0
180 0
160 0
130 0
0
0
135 0
-
-
-
-
-
150 0
2250
1275 1500
2008
150 0
135 0
Sources : FAC/GEST, SLACAER Bandiagara
Commentaire:
Ce tableau donne un aperçu des fluctuations du cours
du marché selon la saison. La saisonnalité du prix de
l'échalote fraîche est très marquée par les
fluctuations de l'offre cf tableau.
Tout comme pour l'échalote fraîche, les prix
2010 sont plus soutenus que ceux des saisons précédentes. Sachant
que les producteurs dogon transforment leurs échalotes une fois que le
prix du frais atteint un plancher situé autour de 125F CFA/kg , il
s'agit de vérifier quelle est la rentabilité des produits
transformés vis-à-vis du frais.
D'après les producteurs, il faut 7 à 8kg
d'échalotes fraîches pour obtenir 1kg de produits
transformés selon les méthodes traditionnelles (boules
d'échalotes écrasées et échalotes
écrasées séchées).
En revanche, il faut 8kg d'échalotes fraîches pour
obtenir 1kg d'EST (du fait que les échalotes sont
épluchées).
51
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali57.png)
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali58.png)
Graphique 8 : Production d'échalote
séchée de 1985 à 2008
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali59.png)
Sources : FAC/GEST, SLACAER Bandiagara
Illustration :
L'exécution de cette phase pilote a abouti à une
production abondante de l'échalote. La production d'échalote a
augmenté de 5000 t à 45.000 t entre 1985 et 2008.
Il apparaît à travers les très faibles
taux de transformation améliorée présentés dans le
graphique que les importants volumes de production annuelle d'échalote
fraîche constituent une opportunité évidente pour le
développement de technologies de valorisation de ce produit.
De plus, la transformation nécessite de la main d'oeuvre.
D'après FAC-GEST, il faut :
· 10 à 12 hommes-jours pour transformer une tonne
d'échalotes fraîches en boules,
· 0,57 homme-jour pour les échalotes
écrasées séchées,
· 25 à 30 hommes-jours pour l'EST.
A priori, le rapport entre le prix des produits
transformés et celui de l'échalote fraîche devrait
être d'au moins 6 à 7 pour les formes de transformation
traditionnelle et de 8 pour l'EST. Or, ces rapports ne sont jamais atteints,
sauf en ce qui concerne l'EST sur environ cinq mois de l'année.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali60.png)
Graphique 9 : Évolution saisonnière du rapport
de prix entre les boules d'échalotes écrasées et
l'échalote fraîche
Se pose alors la question de l'intérêt des
producteurs dogon à transformer leurs échalotes fraîches. A
priori, ni la matière première ni la main d'oeuvre ne semblent
être correctement rémunérés vis-à-vis de
l'échalote fraîche. Il semblerait donc que les producteurs
prennent la décision de transformer pour des raisons qui ne sont pas
uniquement liées au prix des produits : leurs motivations peuvent
être liées à la facilité de conservation des
produits transformés et/ou à la volonté de réduire
les volumes d'échalotes fraîches sur le marché en
période de récolte afin de diminuer l'offre et tenter de contenir
la chute des prix du frais.
2.1 Résultat de nos enquêtes au pays dogon sur
la culture d'échalote
La présente étude donne une analyse de la
situation actuelle de la filière échalote au pays dogon en
prenant en compte toutes les composantes de la filière, qui va de la
production à la commercialisation.
2.1.1 Au niveau de la production :
- l'inexistence d'une structure de production et de
commercialisation des semences d'échalotes ;
- l'insuffisance des superficies cultivables pour la production
d'échalote ; - l'inexistence de groupements féminins pour la
production collective;
- l'inexistence de critères de qualité formelle
pour les échalotes destinées à la
conservation longue durée;
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali61.png)
- la non-maîtrise des relations entre les
itinéraires techniques, les facteurs climatiques et la qualité
des échalotes.
2.1.2 Conservation/stockage :
- l'inexistence de maisons de conservation appropriées
;
- la faible maîtrise des conditions de conservation ;
- la perte relativement importante (20 à 25 %) durant la
conservation des échalotes dans les cases de conservation actuelles;
- manque de moyens financiers pour 42 % des producteurs ;
2.1.3 Transformation
- la faible diversification des techniques de transformation ;
- l'inexistence de techniques améliorées de
transformation des échalotes ;
2.1.4 Commercialisation
- le manque d'un marché spécifique pour
l'échalote dans les grands centres commerciaux : Sikasso, Ségou,
Bamako etc...
- l'inexistence d'associations de producteurs
d'échalotes chargées d'identifier les circuits de
commercialisation, l'évolution des prix sur les marchés et
l'établissement des relations entre l'offre et la demande.
Après les grandes sécheresses des années
«70», le Mali lança un programme de construction de petits
barrages au pays dogon.
L'objectif immédiat du projet était l'utilisation
rationnelle et économique des eaux des barrages à des fins
agricoles.
Le projet s'adressait à un groupe cible vivant dans la
zone d'influence des barrages en vue du développement de la production
alimentaire en général et maraîchère en
particulier.
Etant donné que l'échalote est produite partout au
même moment, l'écoulement et la conservation posaient
d'énormes problèmes.
Après le retrait du projet en juin 1998, suite aux
propositions des groupements de séchage et des autres intervenants est
ressortie la nécessité d'un appui/accompagnement permanent.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali62.png)
Dans le but de sauvegarder et améliorer le
système mis en place est créée « l'Association pour
la formation et l'appui/conseil des groupements de séchage
d'échalotes en tranches » du plateau dogon FAC/GEST. Il s'agit
d'une association de l'ensemble des groupements de séchage du
plateau.
Il appui entre autres la structuration adéquate des
groupements, l'élaboration des demandes de financement des prêts
BNDA et, en général, joue le rôle d'orientation et
d'intermédiaire entre les producteurs et les partenaires.
2.2 Les forces et faiblesses de la filière
2.2.1 Les forces : de la filière sont :
- Qualité conforme aux normes de la clientèle ;
- Forte demande (de 1990 à nos jours l'offre est toujours
inférieure à la demande) ;
- Stabilisateur de prix des autres formes d'échalote
(fraîche, écrasé, boule) ; - Existence d'organe
faîtier
2.2.2 Les faiblesses sont :
- Indisponibilité financière à temps
opportun ;
- Faible capacité institutionnelle et organisationnelle
;
- Emergence de circuit parallèle de commercialisation
dû au manque de
disponibilité financière ;
- Insuffisance dans la promotion et le marketing de l'EST.
2.3 Impact culture maraichère
Le maraîchage constitue une importante activité
de contre-saison. Le secteur est aujourd'hui stimulé par une demande
locale à tendance nationale. En l'espace de quelques années,
profitant des potentialités climatiques, agricoles et humaines de la
zone, la population a fait de l'activité maraîchère, un
facteur de développement économique passant ainsi d'une
économie domestique à une vraie économie de marché,
où se côtoient divers acteurs de la commercialisation.
Un potentiel peu exploité et non valorisé.
Cependant, le maraîchage à Koutiala, comme dans la plupart des
zones de production de légumes de notre pays, reste encore avant tout
une activité génératrice de petits revenus. Le potentiel
est immense mais s'avère sous-exploité.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali63.png)
L'échalote du pays dogon fait apparemment l'objet de
quelques phénomènes d'usurpations. Première production
historique d'échalote au Mali, elle bénéficie d'une
certaine réputation auprès des consommateurs, qui connaissent
également son mode de production « naturel », avec un
très faible recours aux intrants chimiques.
La filière actuelle se caractérise par un
éclatement important de la production au sein de très nombreuses
petites exploitations familiales, qui ne mettent en culture que quelques ares
d'échalotes. Il y aurait ainsi plus de 10 000 producteurs
d'échalotes sur le plateau dogon. Comment opérer un
contrôle au sein d'un si grand nombre ? La seule solution est de
procéder à un regroupement des productions, au niveau de chaque
village par exemple. Ce ne serait alors que les productions de la centaine de
villages de producteurs d'échalotes répertoriés qui
devrait être contrôlées et tracées. Les Groupements
EST mis en place dans un certain nombre de villages pourraient servir de bases
pour ces organisations.
Or, le bilan que l'on peut faire sur le dispositif
organisationnel et institutionnel actuel du système de production
d'échalotes sur le plateau dogon est nécessairement
mitigé. D'une part, l'analyse historique montre, on l'a vu, de nombreux
échanges de savoir-faire, des interactions et une capacité
collective d'innovation. Mais d'autre part, plusieurs facteurs viennent
interroger la capacité d'action collective :
- Tout d'abord, l'organisation de la filière repose sur
une organisation avant tout familiale, en ce qui concerne la production, mais
également la commercialisation, effectuée comme on l'a vu par des
réseaux familiaux présents dans les zones de production jusqu'aux
zones de consommation finale (Bamako) ;
- Ensuite, l'intervention de nombreux organismes de
développement divise le plateau en plusieurs « territoires de
projet », et peut aller jusqu'à la mise en opposition
d'organisations locales.
Conclusion sur la culture
maraîchère :
En effet, le maraîchage est devenu avec le temps l'un
des recours essentiels des gens du plateau dogon. La production du jardin
complète de plus en plus énergiquement celle du champ de mil et
pour quelques personnes la culture maraîchère est une source de
revenus fiable et garantie.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali64.png)
Nous estimons que la recherche agro-alimentaire doit orienter des
travaux sur les possibilités éventuelles d'utilisation de
l'échalote dans l'industrie agro-alimentaire (biscuiteries, pâtes
alimentaires, conserves agro- alimentaires etc...).
Il en est de même pour la recherche pharmaceutique,
puisque la tradition dans beaucoup de pays africains prête à
l'échalote des vertus thérapeutiques diverses. L'échalote
contient de la quercétine, une molécule de la famille des
flavonoïdes, qui aide à fluidifier le sang et à
réduire le taux de "mauvais" cholestérol. Elle aurait même
des propriétés antiallergiques et anti-inflammatoires.
Malgré l'importance apparente du séchage dans le
développement de la filière échalote, il se fait dans une
toute petite proportion. Seulement 2% de la production d'échalote est
séchée. Cette petite quantité d'échalote que l'on
sèche s'explique par la forte pression de la filière dans une
zone de très grande pauvreté. On se rappelle que les frais de
santé, de l'éducation des enfants, de la nourriture et la
quasi-totalité des autres dépenses de la famille sont
supportés par les gains de cette activité. De ce fait, même
si l'aide au développement contribue, le besoin pressant de ressources
oblige les producteurs (hommes/femmes) à vendre le produit frais.
En plus, des producteurs, généralement en
nécessités d'argent, vendent directement aux commerçants.
Cette pratique est appelée « ventes parallèles ». Elle
provoque un manque à gagner énorme chez les groupements qui
finiront par n'avoir plus les moyens de constituer leurs fonds d'amortissement
et donc de procéder au renouvellement de leurs équipements de
séchage.
Cela aboutira certainement (si les mesures ne sont pas vite
prises) à la baisse de revenus des producteurs suite à la
cessation du séchage.
Ce sera un retour au statu quo : inondation des marchés
de produits frais au moment des récoltes et la vente du kilogramme
à 15 ou 25F CFA ou le produit périt systématiquement entre
les mains des producteurs car ils vendront à des prix de moins en moins
rémunérateurs aux commerçants qui sont entrain de se doter
des matériels de séchage et d'implanter des unités de
transformation avec des capacités d'action.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali65.png)
CHAPITRE 4 : LES OPPORTUNITÉS POUR LE
DÉVELOPPEMENT DU MARCHÉ DE L'ÉCHALOTE
Il est plus que jamais temps pour l'Afrique de tirer toutes les
leçons des expériences de développement menées
depuis les indépendances ainsi que des tentatives de trouver sur le
marché mondial la place qui lui revient de droit aux produits africains
dans le cadre d'un commerce équitable à l'aurore de cette
ère de mondialisation.
Les chances d'une percée significative des produits
agricoles africains sur le marché mondial passent à notre avis
par l'émergence, le développement et la consolidation de
marchés régionaux et continentaux à travers
l'identification et l'appui à la compétitivité (tant
quantitative que qualitative) des filières porteuses à
l'échelle africaine en priorité.
La présente réflexion ciblée sur les
opportunités que le Mali offre pour le développement du
marché des échalotes dans l'espace UEMOA est à ce titre
une piste pertinente qui mérite une attention particulière parmi
tant d'autres dans la sous- région.
Section 1 : les différentes possibiités
offertes pour le marché de l'échalote
1.1 L e d é v e l o pp e m e n t d u m a rc h
é
Avant d'aborder cette réflexion, nous nous faisons le
devoir de donner notre compréhension des concepts «
opportunité » et « marché ». Ainsi admettons :
· qu'une opportunité est une situation dont
l'exploitation est favorable (profitable) ou présumée comme
devant ou pouvant l'être ;
· qu'un marché est l'état de l'offre et de la
demande d'un produit dans un espace géographique donné. Il va
s'en dire que cet état sera fonction de la conjoncture.
Développer un marché consistera donc à
susciter un état favorable de l'offre et de la demande et ce, de
façon durable dans un espace donné (local, national,
régional, continental, mondial) en stimulant et en organisant l'offre
(production) en amont et la demande (consommation) en aval.
C'est ainsi, que les puissances coloniales en soutenant et
développant les cultures de leurs filières industrielles en
Afrique ont détourné progressivement les paysans du continent de
leurs cultures vivrières traditionnelles, créant une situation de
dépendance alimentaire des populations africaines, favorable à
leurs produits.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali66.png)
Ainsi, l'Afrique produit ce qu'elle ne consomme pas avec des
moyens qu'elle ne produit pas (intrants, matériels et équipement)
et elle consomme (ou est obligée de consommer) ce qu'elle ne produit
pas.
L'une des meilleures stratégies pour y parvenir
consistera à transcender les orgueils de souveraineté en
suscitant et en développant les marchés régionaux
africains qui permettront à l'Afrique de produire et de manger en
priorité ce qu'elle produit. C'est pourquoi, une démarche dans un
cadre sous régional s'impose et se présentera comme suit :
> Identifier les principales filières de production
à l'échelle sous régionale ;
> Etudier les filières identifiées:
potentialités (production, consommation, contraintes, zones de
production) et zones de consommation, possibilités actuelles et
potentielles de promotion et de valorisation de la production etc....
> Choisir les priorités dégagées sur la
base des opportunités objectivement établies par les populations
;
> Elaborer et mettre en oeuvre de programmes régionaux
et sous régionaux de développement des filières ainsi
ciblées.
Notre réflexion qui s'inscrit dans cette logique doit
être considérée comme un simple exemple de piste et
démarche pour le développement d'un marché autour de la
filière échalote dans l'espace de la préfecture de
BANDIAGARA.
De l'état des lieux présenté, les
opportunités que nous nous efforçons de dégager
ci-après pour le développement du marché des
échalotes qu'offre Bandiagara découlent à la fois des
potentialités et des contraintes.
En effet si une potentialité peut être
considérée comme une opportunité d'emblée
évidente, la solution d'une contrainte équivaut aussi à
une offre d'opportunité étant entendu que seule la
rentabilité de l'opportunité attire et justifie
l'investissement.
1.2 P r o du c t ion d ' éc h a l o t e « made
in M a l i »:
Le développement des productions
maraîchères en général et de l'échalote en
particulier est le résultat des efforts de l'État avec l'appui
des partenaires (coopération multilatérale et bilatérale,
ONG etc....) en vue de stimuler les productions de contre
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali67.png)
saison pouvant permettre aux populations de pallier les effets de
la pauvreté.
Ces efforts ont porté sur :
· Un vaste programme de valorisation des eaux de surface
à travers la conception et la mise en oeuvre de projets de construction
de petits barrages dans les régions les plus touchées en offrant
les meilleures conditions techniques ;
· Une campagne intensive de sensibilisation des populations
pour la pratique des cultures maraîchères partout où la
disponibilité de l'eau le permettait ;
· La prise en compte par les Opérations de
Développement Rural (ODR) des cultures maraîchères
parallèlement à leurs objectifs sectoriels prioritaires ;
Ainsi, de nos jours, les cultures maraîchères sont
pratiquées dans toute la préfecture de BANDIAGARA.
· L'échalote est un ingrédient alimentaire de
grande consommation dans presque tous les pays de la sous-région ;
· Aptitude à plusieurs cycles de production par
campagne (au moins 2 à 3 cycles et plus selon la disponibilité de
l'eau) avec un rendement moyen très intéressant (15 à
30T/ha) ; une opportunité de gagner plus d'argent en périodes
creuses du tourisme ;
· En raison de son mode de multiplication
(végétatif par semis de bulbe), l'échalote est à
l'abri de toute dégradation génétique ;
· Inexistence de problème phyto - parasitaire ou
phyto - sanitaire majeur.
1.3 V alorisation de l'ingéniosité DOGON
En effet, en raison du relief montagneux et de la nature
rocheuse des terres (les roches nues constituent 34,8% de la superficie
totale), les agriculteurs ont mis au point une technique ingénieuse dite
« technique de la terre apportée » pour la mise en valeur des
barrages situées pour la majorité sur la roche nue loin des
terres exploitables.
Elle consiste à aménager les étendues de
roche par la construction de petites planches avec des lignes de pierres
cassées et transportées sur le site, à transporter dans
des paniers la terre et la fumure organique qui sont déposées
dans les planches pour constituer le substratum pour les cultures.
Sur les périmètres ainsi constitués, en
fonction de la disponibilité de l'eau, ils
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali68.png)
réalisent de 1 à 3 ou 4 cycles de production
d'échalote avec des rendements moyens de 25 à 30 tonnes à
l'hectare.
En raison des contraintes d'écoulement dans les
périodes de grande production (pour les raisons suivantes entre autres:
enclavement des sites de production, éloignement du principal
marché national d'écoulement, concurrence de la production de
Ségou, mauvaise organisation des producteurs etc.), les producteurs
dogons ont encore mis au point des techniques traditionnelles de transformation
consistant à :
· Piler et transformer les bulbes frais
d'échalote en boules qu'ils font sécher au soleil. Ces boules
séchées d'échalote «jabakuruni » (en langue
Bamanankan) sont une marchandise bien connue dans la sous- région et sa
présentation a valeur de « marque déposée » ou
« Brevet » traditionnel du plateau dogon. Elle est même connue
dans certains foyers d'immigrés Ouest- Africains d'Europe.
· Mise au point à partir de 1989, d'une technique
artisanale de séchage amélioré de l'échalote.
· Le produit de cette nouvelle technologie
baptisé. « Échalote séchée en tranche »
(EST) est de très bonne qualité et apte à tous les usages
culinaires de l'échalote fraîche et de ses différents
dérivées issus des techniques traditionnelles de
transformation.
Il est à signaler que l'EST, n'a pas
bénéficié d'une vulgarisation et d'une promotion à
hauteur de souhait et d'attente des producteurs de la zone. C'est ainsi que
l'embryon de filière suscité autour de ce produit est aujourd'hui
menacé de péril, faute d'appui et de soutien
conséquents.
1.4 L e M a l i, p ô l e d ' a pp r ovi s io nn e m
e n t d e l a s o u s- r é gion e n éc h a l o t e :
Au regard des volumes de production et des
potentialités tant naturelles, il apparaît de toute
évidence que le Mali pourrait être considéré comme
un important pôle d'approvisionnement de la sous- région.
Les acteurs actuels qui assurent cet approvisionnement sont des
commerçants traditionnels et évoluent dans un cadre quasi
informel.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali69.png)
De ce fait, il existe déjà un marché
important qui a besoin d'être étudié, mieux organisé
et suivi dans l'intérêt de l'économie de la
sous-région. Ceci constitue à notre avis la plus importante
opportunité.
Les autres découlent des contraintes de l'optimisation de
la production et de sa valorisation.
1.5 D iv e r s i f i c a t ion d e s m a r c h é
s
Il est établi que face à la surproduction
saisonnière, producteurs et commerçants sont confrontés
à d'énormes contraintes de conservation (période de grande
production).
Pendant que les consommateurs, alternent des périodes
d'abondance avec des prix très bas et des périodes de
rareté avec des prix très élevés, la meilleure
solution d'étaler l'offre de ce produit (estimé être de
grande consommation) se trouve dans l'intensification de la recherche dans le
domaine des techniques et technologies de conservation et de transformation.
Aussi, en vue d'une valorisation optimale de la production, est-il opportun
d'entreprendre des recherches sur d'autres possibilités d'utilisation
notamment dans les industries agro-alimentaires et en pharmacie.
D'autre part, la tradition dans beaucoup de nos
sociétés africaines prêtant à l'échalote des
vertus thérapeutiques, il ne nous paraît pas stupide de
suggérer que les recherches prennent en compte les possibilités
d'utilisation dans les industries pharmaceutiques et/ou cosmétiques car,
« qui n'a pas cherché n'a pas le droit de conclure
» dit-on.
1.6 Le d é v e l o pp e m e n t d e s i ndu s t r i
e s a g r o - a l i m e n t a i r e s , ph a r m a ce u t i qu e s e t c o s m
é t i qu e s :
Conditionnée aux résultats des recherches, si
elles étaient concluantes, cette opportunité est à long
terme. Pour autant, elle ne constitue pas une éventualité
à écarter.
Nous nous limiterons aux domaines d'opportunité
potentielle ci-dessus présentés qui, à notre avis sont les
plus importants sans être exhaustifs. En effet, en considérant ces
opportunités comme des objectifs stratégiques, ont peut deviner
aisément les impacts de leur réalisation en terme de
création d'emplois et de richesses.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali70.png)
Nous nous sommes efforcés, tout au long de cette
réflexion de livrer notre analyse des différents aspects tout en
formulant les suggestions qui nous ont paru utiles.
En effet, nos pays qui n'ont jamais eu les moyens de la
conception et de la mise en oeuvre de leurs projets de développement
sans recourir à des aides financières (le plus souvent
coûteuses au regard des intérêts appliqués entre
autres), se plaisent aujourd'hui à engloutir des sommes astronomiques
dans des élections (aux résultats contestés souvent
sources de conflits sociaux si ce ne sont pas des guerres) et des institutions
(dont l'opportunité et la pertinence restent à établir)
nées de cette démocratie sous prétexte que la
démocratie a un coût qu'il faut supporter.
Section 2 : Principales contraintes de la production
de l'échalote
Malgré les immenses potentialités dont dispose
le Mali, le développement de la production et de la filière de
l'échalote se heurte à un ensemble de contraintes dont les
principales se présentent comme suit :
2.1 Au niveau du m a i llon de l a p roduc t i on
· Faible disponibilité et coût
élevé des semences en début de campagne
maraîchère, difficultés d'accès au crédit
;
· Qualité douteuse et coût élève
des engrais. Les engrais disponibles sont généralement de
formulation destinée aux céréales et cultures
industrielles, les petits commerçants qui en assurent la distribution
sont des non professionnels de surcroît analphabètes (ignorant
provenance et formules etc.) ;
· Surproduction saisonnière ;
· Sous-équipement des producteurs, manque et/ou
insuffisance de formation, de suivi et d'appui conseil ;
· Insuffisance de personnel d'encadrement et manque de
moyens de travail au niveau des services techniques ;
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali71.png)
·Dégradation et difficultés d'entretien
des infrastructures hydro agricoles (cas du plateau Dogon) d'où
réduction du temps de la disponibilité d'eau ;
· Inexistence ou insuffisance d'aménagements dans
beaucoup de zones propices ;
· Manque d'organisation des producteurs, le
maraîchage étant une activité essentiellement individuelle
etc....
2.2 Au niveau du m ai ll on c o n s e r va t io n / t r a
n s f o r m a t ion
· Inexistence d'infrastructures performantes et
adaptées de stockage et de conservation ;
· Très mauvaise qualité hygiénique et
sanitaire des produits issus des techniques traditionnelles de transformation
;
· Inexistence de technologies performantes et
adaptées de transformation / valorisation, ce qui aurait
contribué logiquement au développement de la production en amont
;
· Faible niveau d'organisation des producteurs /
transformateurs ;
· Faible niveau d'encadrement des producteurs/
transformateurs ;
2.3 Au niveau du maillon de la commercialisation
Il constitue à notre avis le maillon le plus important de
la filière. En effet, il est le trait d'union entre besoin (demande) et
offre (production). Il contribue donc au développement de ces deux
pôles constituant ses centres d'intérêt
(intérêt bipolaire).
Les principales contraintes au niveau de ce maillon sont :
· Inexistence de commerçants
spécialisés exclusivement dans la filière. En effet, s'il
existe de nombreux commerçants expérimentés dans la
filière traditionnelle de l'échalote (écoulement de
l'échalote fraîche et des produits de sa transformation
traditionnelle), en raison du caractère saisonnier et sensible
(périssable) de la production, son commerce ne constitue
l'activité principale continue d'aucun d'entre eux. Ceci est une
contrainte réelle à la fidélisation desdits
opérateurs saisonniers souvent opportunistes (n'étant
intéressés que lorsque le marché leur est favorable) ;
· Engorgement saisonnier des marchés engendrant
l'effondrement des prix ;
· Insuffisance d'infrastructures adaptées de
stockage au niveau des principaux centres de collecte et d'écoulement
des produits ;
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali72.png)
·Éloignement, dispersion et /ou enclavement
des sites de production et des points (centres) de collecte. Ceci alourdit les
charges de commercialisation au détriment des producteurs en particulier
(bas prix aux producteurs) ;
· Insuffisance d'organisations au niveau des producteurs.
Il en découle une atomisation des offres au niveau des points primaires
de collecte (marchés hebdomadaires des zones de grande production) ;
· Sous-équipement des producteurs en moyens de
transport et défectuosité des pistes d'accès (quand elles
existent) aux points de collecte ;
· Méconnaissance des informations relatives aux
différents marchés d'écoulement (évolution des prix
des différents produits échalote sur les marchés nationaux
et sous régionaux évolution des stocks et de la demande par
nature de produit etc..) ;
· Inexistence d'une stratégie de régulation
du marché (réguler l'offre en fonction de la demande pour une
stabilisation optimale du prix) ;
· Inexistence d'un système adapté et
opérationnel de collecte et de diffusion d'information relatives aux
marchés nationaux et sous régionaux au profit des acteurs de la
filière ;
· Inexistence d'un cadre de concertation en vue de
l'instauration d'un partenariat loyal dynamique entre les différents
acteurs de la filière tant au niveau des principales zones de grande
production, qu'au niveau national et sous régional ;
· Inexistence d'emballages appropriés à un
bon marketing des produits échalotes et à leurs bonnes
conservations pendant le transport ;
· Inexistence d'un système de labellisation pouvant
permettre aux consommateurs d'apprécier la qualité et la zone de
provenance des différents produits etc. 2.4 Contraintes
inhérentes à tous les maillons
Certaines contraintes sont inhérentes à la
production, à la commercialisation, au transport et à la
recherche :
2.4.1 Difficultés d ' a ccê s à u
n cr é d i t a d a p t é :
« L'argent est le nerf de la guerre » dit un dicton.
En effet, aucune activité économique ne saurait se
développer sur un fond de contraintes financières.
2.4.2 Les p r o du c t e u r s :
paysans généralement pauvres, désorganisés et
analphabètes ont besoin d'intrants (importés et coûteux)
pour produire, d'équipements
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali73.png)
et d'argent pour transformer et conserver, l'accès au
crédit leur est difficile ou impossible.
2.4.3 Le s c o m m e r ç a n ts :
Producteurs/commerçants pour la plupart et analphabètes, ils
n'ont pas une couverture financière suffisante. C e qui les oblige
à utiliser généralement la collecte des produits à
crédit auprès des producteurs qui devront attendre la vente
desdits produits (cas très répandu sur le plateau). Ceci est de
nature à aggraver la situation de précarité des
producteurs.
2.4.4 Le s t r a n s p o r t e u r s : L'utilisation de
véhicules vétuste constamment en panne avec les produits et la
pratique de transport mixte sont des indicateurs éloquents d'un manque
de moyens financiers de ces acteurs, mais aussi d'une attitude de « non
regard » ou de négligence des autorités vis-à-vis du
secteur des transports.
2.4.5 La r ec h e r c h e : Moteur
et phare de tout secteur de développement, la recherche est une
activité très coûteuse et de longue haleine que nos
États peuvent difficilement soutenir individuellement à hauteur
de souhait sans appuis extérieurs.
Malheureusement la disponibilité des partenaires
extérieurs à apporter ces appuis est liée à
l'intérêt que leurs industries pourraient tirer des
retombées des programmes de recherche à financer.
Donc, le développement des marchés africains au
profit des économies africaines et des peuples africains passe par une
conjugaison des efforts des Etats africains dans les domaines des
filières porteuses (à identifier et prioriser) par la
création de « fonds africain de recherche ».
Un tel fonds devra être ouvert aux industriels et
opérateurs économiques. Ainsi, on peut imaginer par exemple
« Le fonds Ouest Africain de Recherche » pour l'Espace CEDAO en vue
de financer des programmes de recherche pour le développement des
filières pertinentes et opportunes pour le marché sous
régional.
Section 3 : Les potentialités pour un
développement durable du maraichage
Elles ont déjà été suffisamment
évoquées. Si les chiffres de production présentés
sont des indicateurs éloquents des potentialités dont dispose le
Mali, il convient, en
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali74.png)
raison de la batterie de contraintes évoquées
qu'ils engendrent une certaine sous- estimation des potentialités
réelles.
Si au Mali, à l'exception des zones des Offices, les
producteurs souffrent aujourd'hui du manque d'encadrement en raison des
contraintes déjà évoquées plus haut, des efforts
sont en cours en direction de certaines filières jugées porteuses
dont celle de l'échalote.
Conclusion sur l'étude
maraîchère
Cette étude a fait l'état des lieux de
l'échalote de la région de Mopti (potentialités,
contraintes, atouts et faiblesses, opportunités).
À la lumière de ce qui a été
développé tout au long de cette réflexion, nous pouvons
affirmer que les opportunités de développement du marché
de l'échalote à Bandiagara sont nombreuses. Il reste une
volonté politique réelle de les identifier, les étudier,
les sélectionner, les concevoir et mettre en oeuvre de véritables
programmes sous- régionaux de leur valorisation au profit des
populations et des économies des pays de cet espace.
Pour susciter cette volonté politique au niveau des
différents États, une véritable campagne de plaidoyer doit
être menée en direction de tous les acteurs clés du
développement:
- dirigeants politiques, institutions financières
nationales et /ou régionales, institutions de recherche et
universités, industriels etc....
Un consortium d'ONG à audience bien établie
pourrait être d'une grande utilité pour une telle entreprise qui
ne sera pas certainement des plus aisées.
3.1 Les enjeux
Les 5 (cinq) enjeux définis sont indiqués
(à titre indicatif) comme suit :
· la dynamisation du cadre de concertation Régional
(CCR) existant ;
· L'amélioration de la productivité et de la
production à travers un meilleur accès aux facteurs de production
;
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali75.png)
· L'amélioration de la commercialisation de
l'échalote/oignon de la région ;
· La régulation du marché en période
de grande production via une meilleure conservation et transformation du
produit frais ;
· Le renforcement organisationnel des acteurs clés
à la base.
Si le PCDA à travers les actions initiées est
un exemple digne de louanges, à notre avis, il n'est pas à l'abri
de critiques si on le soumet à une analyse approfondie (le plus
tôt serait le mieux pour le faire).
Ainsi parmi les nombreux points de critiques on peut
dégager:
3.1.1 U n e a pp r o c h e t r op l o c a l i s
é e à c i b l age d i s c u t a b l e
Au plan national, la région de Mopti ne
représente que la 2ème zone de production
d'échalote avec seulement 19,3% de la production après celle de
Ségou (68%) qui est la principale zone de concurrence avec une situation
nettement plus avantageuse (voir conditions de productions et facilités
d'écoulement).
Dans ces conditions, on est en droit de douter des chances de
succès d'un « plan de développement stratégique de la
filière de l'échalote » d'une telle région, comme
s'il était possible de développer un marché national rien
que pour l'échalote de Mopti.
Ceci nous conduit à craindre que le PCDA n'ait
raté son départ en ce qui concerne la filière
échalote si cette filière n'est pas associée au
tourisme.
3.1.2 U n e i n ce r t i t ud e q u a n t a u x m oy e
n s e t a c t e u r s d e l a m i s e e n oe u v r e :
Au regard de la multiplicité, de la complexité
des contraintes identifiées (dont beaucoup et non les moindres
dépassent le cadre de la région de Mopti) sur la seule
filière échalote, de l'ambition affichée à travers
les enjeux définis et les autres filières embrassées par
le PCDA, il est permis de s'inquiéter :
- De la disponibilité des moyens (financiers et humains
du programme) ;
- De l'engagement des acteurs (producteurs, commerçants,
transporteurs, ONG etc....) chargés de la mise en oeuvre.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali76.png)
CHAPITRE 5 : ANALYSE DE L'ETUDE
Ce mémoire se veut d'être un moteur pour le
développement économique, social et culturel du plateau dogon.
Pour cela, il convient d'appuyer les efforts des habitants qui s'organisent
pour changer et améliorer leur cadre de vie par le maraîchage et
le tourisme.
Le Cercle de Bandiagara a connu d'énormes
difficultés provoquées entre autres par :
· le déficit pluviométrique chronique ;
· le faible niveau de production ;
· la dégradation des écosystèmes et la
baisse de la fertilité des sols ;
· les dégâts causés par les
déprédateurs sur les cultures ;
· les difficultés d'approvisionnement en intrants
agricoles ;
· le sous équipement des producteurs ;
· le faible encadrement des paysans dû à
l'insuffisance du personnel des services agricoles;
· la mauvaise gestion des fonds alloués aux
différents programmes de sécurité alimentaire ;
· la faible prise en charge des questions de
sécurité alimentaire dans les PDESC ; etc.
Face à ces préoccupations de plus en plus aigues
et qui annihilent tout effort de développement, il urge pour le cercle
d'identifier et de mettre en oeuvre des stratégies tendant à
atteindre l'objectif de la problématique posée pour
l'amélioration durable des conditions de vies pour les populations.
Dans un contexte de décentralisation, ces
stratégies doivent être réfléchies à la base
pour prendre en compte les déshydratas des masses populaires et les
spécificités locales. Elles doivent
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali77.png)
être traduites en activités économiques dont
l'objectif sera d'apporter une contribution et une valorisation des
activités locaux développés par la population
elle-même.
La problématique traitée était de savoir :
en quoi la culture d'oignon et le tourisme pouvaient être une source ou
un facteur de développement ?
En effet, au cours de notre étude, nous avons
démontré que la culture d'oignon à travers
l'échalote et le tourisme constituent les principales sources
d'activités économiques, en cela, un facteur de
développement. Certes, l'activité maraîchère et
touristique contribue à l'amélioration des conditions de vies
meilleures pour la population, ce qui contribue d'une part à la
réduction de l'exode rural et d'autre part à la création
de richesses. Cependant, il ne faut toutefois pas oublier les revers que qu'ils
peuvent aussi engendrer.
Les Maliens sont en effet d'importants consommateurs
d'échalotes et de ses produits dérivés, qui entrent dans
la composition de toutes les sauces accompagnant le riz. L'échalote
dogon présente un aspect physique proche des autres échalotes
maliennes, mais est connue pour son goût sucré, aromatique et
piquant. Des tests de dégustation ont permis, d'une part, d'attester de
cette différence de goût vis-à-vis des autres
échalotes maliennes, et, d'autre part, de dresser le profil sensoriel de
l'échalote dogon.
Cette qualité supérieure n'est toutefois pas ou
peu mise en avant sur les marchés, et ne permet donc pas aux producteurs
de percevoir un premium par rapport à l'échalote de l'Office du
Niger. L'arrivée de cette dernière sur les marchés
urbains, à partir du mois de février, fait chuter les prix,
jusqu'à obliger les producteurs dogon à retirer leurs
échalotes du marché pour les transformer or les prix des produits
transformés issus de l'échalote ne rentabilisent ni la
matière première, ni la main-d'oeuvre. Il s'agit donc d'une
stratégie visant à mieux conserver les produits. Concernant
l'échalote fraîche, les Dogon se sont ainsi positionnés sur
un créneau saisonnier (octobre-janvier) qui leur permet d'être en
quasi-monopole sur le marché, même si d'autres régions
remettent maintenant en cause cette exclusivité. Cependant, pour
parvenir à mettre leur échalote sur le marché avant que
n'arrive celle de l'ON, les Dogon ont tendance à la récolter
avant maturité.
Aussi, même si la réputation de l'échalote
dogon est partagée par les commerçants dogon, ainsi que certains
non-dogon, et par une part des consommatrices, d'autres lui attribuent des
caractéristiques de piètre qualité, liés justement
à ce premier cycle récolté précocement. De plus,
certaines consommatrices qui connaissent (ou pensent connaître) les
échalotes dogon
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali78.png)
s'appuient sur des garanties de l'origine peu fiables (origine du
vendeur, lieu de vente), ce qui les amène à lui conférer
des attributs qui correspondent plutôt à l'échalote de
l'ON.
Les producteurs dogon partagent des pratiques spécifiques
liées à leur adaptation à leur milieu : terre
rapportée, paillage, pépinière pour optimiser
l'utilisation des ressources en eau temporaires, fertilisation par compost,
transformation en boules d'échalotes écrasées.
L'homogénéité de ces pratiques à travers le plateau
dogon démontre que l'échalote et son mode de culture et de
transformation se sont répandus par le biais de nombreuses interactions
entre les producteurs.
De nos différentes rencontres avec les autorités
communales et les autorités coutumières, et suite au
dépouillement de nos questionnaires, nous avons pu établir des
objectifs prioritaires à atteindre et les activités opportunes
pour un meilleur développement de la préfecture de Bandiagara.
L'appropriation du développement touristique local doit
nécessairement passer par l'identification, la planification et la mise
en oeuvre de programmes endogènes.
Ceux-ci peuvent émaner des communautés en tant que
groupes sociaux structurés ou d'initiatives individuelles
privées. Il est toutefois primordial d'accepter que l'administration du
site doit requérir la participation communautaire et la prise en compte
de la dimension de l'économie locale.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali79.png)
72
CONCLUSION GENERALE
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali80.png)
Le plateau Dogon représente aujourd'hui une destination
« à la mode » pour les projets de coopération. La
densité d'acteurs appelle quelques pistes de travail relevant d'une
culture de réseau. L'attrait touristique nous a permis de mieux
comprendre que la gestion durable d'un site comme celui du pays dogon doit se
faire dans un cadre de concertation qui réunit les acteurs du tourisme,
du patrimoine et les communautés locales qui doivent être au
début et à la fin de tout le processus. Le tourisme repose sur
les valeurs culturelles et naturelles locales qui doivent être
entretenues et transmises aux générations futures ; cette mission
cardinale est d'abord celle des habitants de site, détenteurs et
gardiens du patrimoine.
Par ailleurs, il est à noter que le tourisme n'apporte
pas de solution aux problèmes rencontrés par les populations
(eau, santé, éducation,....) mais peut contribuer à
l'amélioration des conditions de vie. Ainsi, le tourisme doit s'inscrire
dans un plan de développement durable (filières
économique) et non être un regard sur une « réserve
».Le tourisme n'est pas simplement une mystification marketing
exploitée par certains, mais est un perturbateur de
l'écosystème.
Aujourd'hui, l'islamisation, la délocalisation des
villages dans la plaine, le tourisme et l'arrivée du monde moderne ont
pour conséquence l'abandon progressif des coutumes et des croyances. Les
Dogon ont jusqu'alors réussi à résister à tous les
envahisseurs et à garder, jusqu'au plein coeur du XXe siècle, une
culture intacte.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali81.png)
La menace persiste et existe bien. Une évolution est
inévitable. Nul ne peut prédire s'ils sauront, au cours du
siècle qui s'ouvre, relever le nouveau défi qui se
présente à eux : conserver leur identité.
Les vieux sages dogon restent cependant optimistes et sont
persuadés que leur culture est immortelle : « Notre culture pourra
maigrir mais jamais elle ne mourra ». De par le mystère de son
origine, la culture dogon est unique en son genre. Peut-être nous
réserve-t-elle encore des surprises?
De plus, le développement implique le changement et
cela concerne des êtres humains qui doivent être concernés
par le processus de changement. Dans le processus de développement
où l'action joue un rôle important, la relation entre le
patrimoine et la communauté ne doit pas être ignorée. Il
est donc important, à la fois pour la conservation des valeurs d'un site
et pour l'amélioration des processus de développement local,
d'élaborer des stratégies dans lesquelles conservation dynamique
et action sont étroitement liées.
Il importe donc que cette approche soit
intégrée au sein d'une véritable politique de
développement durable de l'Etat. Ces changements d'attitude sont aussi
nécessaires dans le guide de l'ensemble des acteurs de la
décentralisation, qui devront impérativement faire des efforts
pour adapter leurs comportements et leurs structures à cette nouvelle
coopération.
De cette étude, nous invitons les autorités
à une plus grande prise en charge de certains paramètres,
à prendre en compte dans leur prise de décisions.
Concernant le concept des actions, leur vision doit se
résumer au fait que : « Les actions de coopération
décentralisée intéressent des domaines variés qu'on
peut articuler autour de trois axes majeurs :
· Elle participe à la résolution partielle de
problèmes vitaux des populations et à l'amélioration de
leur cadre de vie ... aménagements hydrauliques de surface et
souterrain, interventions dans le domaine de la santé et dans le domaine
scolaire ;
· Elle participe à l'impulsion d'une dynamique de
développement...
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali82.png)
· Elle favorise l'évolution des mentalités
vers l'auto développement et s'impose comme une véritable
école de la décentralisation. »
Concernant leur concept des dispositifs de leur vision doit
intégrer le repérage des facteu rs limi tant:
· « La maîtrise d'ouvrage encore largement
exercée de manière unilatérale par les partenai res
français freine la responsabilisation des partenaires malien s »
;
· La coopération décentralisée tend
à délaisser l'implication des autorités et des services
techniques. Elle n'offre pas toutes les opportunités de concertation que
l'on pourrait attendre et limite, par là même, son impact sur les
dynamiques de rapprochement entre populations et services de l'État
malien ;
· Le manque de connaissance des réalités
socioculturelles maliennes par les partenaires étrangers conduit parfois
à des blocages et des gaspillages (lorsque, par exemple, les projets
sont portés par des personnes d'abord soucieuses d'acquérir une
notoriété locale, ou pour une réélection)...
»
Concernant le renforcement de la coopération
décentralisée préconisé par l'étude insis
tait en particulier sur le besoin :
· De « clarifier le concept et la
problématique, notamment par rapport au processus de
décentralisation » ;
· « D'une plus grande responsabilisation des
partenaires maliens (collectivités) en matière de maîtrise
d'ouvrage » .
Nos recommandations s'articulent autour de sept axes
suivants :
> Préservation du patrimoine culturel et
naturel : Préserver l'architecture
traditionnelle sous toutes formes ; préserver tout ce
qui contribue à la culture locale (tradition outils et instruments de
musique artisanat ...) ; associer patrimoine culturel et patrimoine naturel
(Flore, faune, géologie...) pour une meilleure prise en compte de la
dimension environnementale ;
> Structures d'accueil touristique :
améliorer les structures hôtelières ;
favoriser l'utilisation des installations villageoises ;
favoriser l'utilisation des productions vivrières locales ;
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali83.png)
que les touristes viennent avec des guides professionnels et se
fassent accompagner par des guides locaux.
> Economie locale maraîchère :
promouvoir des activités économiques
génératrices de revenus pour les populations
connexes au maraîchage ; agir pour que les populations soient mieux
associées au développement maraîcher et à ses
retombées financières ; l'activité économique due
au tourisme ne doit pas se substituer à l'activité
économique de base mais au contraire contribuer à son
développement.
> Pour un maraîchage durable : la
promotion de l'économie locale par le
tourisme et le maraîchage ; l'implication des
collectivités locales dans la mise en oeuvre de politiques et plans de
développement culturel, maraîcher et économique. Pour
combler les attentes des collectivités maliennes nous recommandons :
· des actions au niveau de l'ensemble de leur espace terri
torial ;
· de f édé rer les dynamismes locaux et
contribuer au développement ;
· Répond re aux « besoins du quotidien »
de leur population ;
· Prend re en compte l'existence et les demandes des
groupes sociaux minori taires.
La coopé ration décent ralisée , doit a p p
o r te r :
· Des financements pour réaliser les
équipements qui leur incombent et répond re ainsi aux attentes
des habi tant s ;
Des échanges et des appuis institutionnels en terme de
:
· Organisation des collectivité s ;
· Collecte et de suivi de l'information sur la situation de
la commun e ;
· Une multiplication des échanges et une ouvertu re
sur l'extérieur pour comp rendre les évolutions qui les
touchent.
Répond re à ces attentes change la natu re des
appuis à apporte r. Avec la multiplication des échanges entre
société s, l'appui institutionnel devient une composante pleine
et entiè re de la coopé ration décent ralisée ; les
appuis
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali84.png)
techniques et financie rs en sont des corollai res.
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages
Mission de décentralisation et des réformes
institutionnelles : Lois et Décrets de la décentralisation, 4e
édition, mars 1999, 103 p.
Recueil 2000. Codes et textes usuels de la république au
Mali, Tome I, édition imprimerie du Mali, 568 p. TOE Richard : la
décentralisation au Mali. Ancrage historique et dynamique
socioculturelle, imprimerie COLOR, Bamako, 1997,37 p.
«Maître et possesseur de la Nature» Descartes, le
discours de la méthode, 1637
DEHOUMON P. (2006) : « La décentralisation entre
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« La coopération décentralisée : les
collectivités locales dans la coopération Nord-Sud »
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Bedaux et Lange 1983 ; Bedaux 1991 ; Bedaux et Raimbault 1993
Bedaux 1983, 16-17
Dieterlen 1967, 35
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Dieterlen 1941, Paulme 1940, réed.1988
Documents tirés sur Internet
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali85.png)
HOLMAN Claire (2002-2003), « la
coopération décentralisée : réflexion sur les
enjeux, limites et perspectives d'avenir ? »
mémoire de DESS en management du secteur public :
collectivités et partenaires (M.S.P.C.P) à l'Institut d'Etudes
Politiques de Lyon, 99p,
(1998) « Identifier un partenaire et
engager une démarche de coopération
décentralisée »,
http://www.resacoop.org/boite
outils/fiches
Techniques/identifier partenaire.asp
http://tcdc.undp.org/tcdcweb/knowledge_base/bapa_french1.html
Mémoires
Thèse de Boutaud, le développement durable, penser
le changement ou changer le pansement, 2005, pp.67-79
BAKARY Afissou (2003) « Dynamique de la coopération
Sud-Sud : cas de la coopération bénino-arabe libyenne »
FADESP
Rapport d'activité 2003-2004 de la DRCC
LISTE DES TABLEAUX/GRAPHIQUES/ILLUSTRATIONS
GRAPHIQUES
Graphique 1 : Arrivées et nuitées touristiques au
Mali, 1990-1998
Graphique 2 : Nombre nuitée à l'hôtel du
Kambary de Bandiagara 2008
Graphique 3 : Répartition des nationalités des
touristes dans les 29 campements de la Falaise de Bandiagara
Graphique 4 : Répartition mensuelle des pluies
Graphique 5 : Pluviométrie du plateau dogon
Graphique 6 : Production maraîchère de Bandiagara
pendant la campagne 2008-2009 Graphique 7 : Production annuelle
d'échalotes au pays dogon et dans l'ON (2002-2010) Graphique 8 :
Production d'échalote séchée de 1985-2008
Graphique 9 : Evolution saisonnière du rapport de prix
entre les boules d'échalotes écrasées et fraiche
TABLEAUX
Tableau 1 : Coûts de transformation d'1kg d'échalote
fraîche en échalote séchée
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