B. Matrice de comptabilité sociale
Selon Decaluwé, et al. (2001), il est très
difficile de donner une définition générale des matrices
de comptabilité sociale tant la construction de celle-ci dépend
d'abord et avant tout de l'objectif poursuivi par ses auteurs, mais aussi des
données
Pour Cogneau et Roubaud (1992): ((elle représente une
construction statistique servant à la modélisation
macroéconomique. Elle correspond simplement à un cadre comptable,
permettant d'enregistrer les flux qui se produisent dans une économie au
cours d'une période de temps donnée (le plus souvent
l'année). Elle est de surcroit, basée sur le même principe
que la comptabilité à double entrée.» Ce
dernier point permettant de bien refléter le fait que les chiffres qui y
sont inscrits sont à la fois des recettes lorsqu'ils sont inscrits en
ligne et des dépenses lorsqu'ils sont mis en colonne.
Cette modélisation obéit donc à une
règle principale qui est l'obligation de voir l'ensemble des recettes
égales à l'ensemble des dépenses à travers le
compte accumulation de capital.
Mathématiquement cette relation se traduit de la
manière suivante :
j = i
Où : tkj représente l'ensemble des
recettes du compte K (j indice des colonnes) tki
représente l'ensemble des dépenses du compte K (i
indice des lignes)
La MCS est utile à plus d'un titre, car l'individu est
mis au centre de l'économie. Ceci par la ventilation ou la
désagrégation de marchés qui y est ici grandement
facilitée comme le souligne Fofana (2007). Ainsi, le marché
travail peut se subdiviser en marché qualifié et non
qualifié et devenir par la suite, un marché de travail
qualifié, semi-qualifié et non qualifié. La matrice de
comptabilité sociale utilisée dans le cadre de ce mémoire
respecte tous ces principes. L'année de référence pour la
matrice construite dans le cadre du modèle BCST (2011) est 2006. Comme
souligner plus haut, les auteurs du BCST (2011) partent d'un TES à 18
secteurs. Par la suite, lors de la construction de la MCS le secteur du
jatropha sera ajouté et le secteur de l'énergie sera
quant à lui subdiviser en deux nouveaux secteurs que sont :
> Le secteur de l'énergie fossile
> Le secteur des biocarburants
Ceci a pour effet principal de centrer l'analyse sur ces deux
nouveaux secteurs en particulier.
Entre autres avantages, «la MCS offre une
présentation cohérente des transactions qui prennent place dans
une économie déterminée, qu'il s'agisse d'un pays, d'une
région, ou encore d'un ensemble de pays ou de régions et, d'autre
part, elle fournit aux décideurs de la politique économique la
base comptable d'un cadre analytique susceptible de faciliter leur
choix.» (Decaluwé et al. 2001). La MCS est un outil
utilisé pour être associé entre autre, à des MEGC
permettant de procéder inter alia à l'analyse de
politiques économique, des programmes de réduction de la
pauvreté, des chocs exogènes.
La désagrégation est le principal avantage
qu'offre la MCS. Un avantage qui a été utilisé par les
auteurs du BCST (2011) dans la construction de leur propre matrice. La
prochaine section présente les aspects généraux des
MEGC.
C. Modèle d'équilibre general calculable
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Le MEGC sera l'outil analytique que nous utiliserons pour
procéder aux différentes simulations retenues et pour tester la
sensibilité et la robustesse du modèle BCST (2011). Le
modèle a pour principal avantage de donner des indications sur les
effets attendus non seulement au niveau de variables macroéconomiques,
des branches des différents marchés, mais aussi, et surtout des
agents, ceci par l'intermédiaire des prix et des variations
d'agrégats comme la consommation, le revenu agrégé du
pays, les salaires, etc.
Les MEGC sont généralement
élaborés dans le cadre d'économie ouverte, cependant, des
modèles existent pour les économies fermées. Dans les MEGC
à économie ouverte, le consommateur ne fait aucune distinction
entre les différents produits (pays, région, origine).
L'économie est preneuse de prix (price taker) et ne peut
influencer le cours des prix sur le marché (Dervis et al. 1982). Il en
découle que les prix mondiaux décident des prix domestiques.
Dans les modèles qui sont orientés vers le
commerce, le problème de répartition entre bien domestique et
bien étranger est déterminé par le ratio de prix entre,
biens domestiques et biens étrangers (le prix relatif). Cette
hypothèse est partagée par d'autres types de MEGC. La
problématique s'accentue lorsqu'on y intègre la
substituabilité entre les différents biens et l'influence des
élasticités.
L'équilibre partiel ne s'attarde que sur
l'équilibre d'un seul marché. Par conséquent, il y a un
ensemble d'interactions ou de rétroactions qui sont oubliées voir
ignorées. L'équilibre général
a donc pour principal avantage de prendre en compte l'ensemble
des interactions et rétroactions pouvant se produire dans une
économie suite à un choc exogène ou une simulation de
politique économique.
De plus, un ensemble d'autres arguments militent
également en faveur de l'utilisation des MEGC. Pour Beaumais et al.
(1999), ce qui justifie l'utilisation des MEGC, en ce qui a trait au
développement de problématiques spécifiques à
l'environnement ou à des domaines connexes comme les biocarburants, peut
se résumer en trois points principaux :
· Les modèles d'équilibre
général calculables possèdent des relations qui
appliqués à l'environnement, établissent des liens
explicitement adaptées aux traitements de problématiques
environnementales.
· Leur méthode de construction permet de
s'affranchir en partie des insuffisances de données qui ont
freiné grandement le développement de modèles basés
sur l'économétrie.
· Les MEGC les plus récents sont dynamiques, ce
qui leur permet de caractériser non seulement le nouvel état de
long terme consécutif à une modification structurelle de
l'économie, mais également le sentier de transition vers ce
nouvel état.
L'équilibre général n'a cependant pas que
des avantages puisqu'il requiert le recours à des données sur
l'ensemble de l'économie d'un pays. De plus, l'écriture d'un MEGC
passe par la maitrise d'un langage informatique qui lui est propre et qu'il
faut maitriser, qui est bien plus complexe qu'un modèle en
équilibre partiel, comme nous pourrons le voir avec la
présentation du BCST (2011).
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