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Diagnostic financier d'un SFD (Système Financier Décentralisé ). Cas de Wages (Women and Association for Gain both Economic and Social ) au Togo

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par Schardanazaire GABA
Centre africain d'études supérieures en gestion de Dakar  - Master 2011
  

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INTRODUCTION GENERALE

Selon un article publié par le Mixmarket, l'une des récentes problématiques en microfinance est la croissance non maitrisée qui provoque la baisse des performances notamment la qualité de portefeuille de crédit (Gonzalez, 2010). L'étude dans ses résultats, précise tout de même que seuls les pays connaissant des hausses annuelles de portefeuille de crédit de 125% subissent une détérioration remarquable de la qualité de leur portefeuille ; et que certains pays connaissant entre 64% et 84% de croissance du nombre d'emprunteurs globalement verront leur ratio de perte sur créances accroître. La croissance non maîtrisée ne saurait être la seule cause de la baisse des performances dans le secteur de la microfinance ces derniers temps. La crise financière débutée en fin 2007, en est une autre cause. La crise des subprimes aux États Unis en question, a interpellé bon nombre d'acteurs du système financier sur la question de la maîtrise des risques liés à l'activité des banques et établissements financiers. En ce qui concerne la microfinance qui dépends de plus en plus du marché financier globalement pris, la préoccupation liées à la maîtrise des risques surtout ceux découlant de la croissance s'est amplifiée au niveau des établissements de crédit que des institutions de microfinance dont la chute serait plus amèrement ressentie par la grande majorité des populations vivant dans des économies vulnérables, où la microfinance entre autres, constitue une véritable alternative pour le développement à la base.

Les Nations unies célébraient, en 2005, l'année internationale du microcrédit. Quelques mois plus tard, le professeur d'économie Bangladesh Muhammad Yunus et son organisation, la Grameen Bank, recevaient en 2006 le prix Nobel de la paix, pour avoir inventé la microfinance « moderne ». Au fondement de ce double sacre, la même conviction : une révolution économique sans précédent était en cours. La microfinance se répandrait comme une potion magique et sortirait de la pauvreté les 80 % des familles des pays en développement toujours exclues des services bancaires. Le monde pouvait dormir tranquille, il avait enfin trouvé la bonne réponse à la question de la pauvreté. Depuis, l'enthousiasme du secteur s'est tassé. L'heure est à la prudence. La « mode est retombée ». La crise des « subprimes » aux États-Unis, a bousculé beaucoup d'acteurs du développement dans leurs certitudes. À travers cette crise, est née pour les IMF, la préoccupation de disposer d'une solide structure financière et d'acquérir une meilleure maîtrise des risques liés à leurs activités. Cette préoccupation s'est avérée partagée dans tout le secteur de la microfinance, et

s'accentue plus ces derniers temps en raison de certains événements dans certains pays. La crise de liquidité des IMF au Maroc et en Bosnie issue d'une détérioration de la qualité de leurs portefeuilles devenus moins liquide (le PAR de Zakura dépassait les 30% en 2008 et Al amana les 10%) en est un exemple. Il devient dores et déjà primordiale de non seulement rappeler mais d'insister plus encore sur les deux types de dispositions exigées aux IMF.

Ces deux dispositions concernent les performances financières et sociales. Performances financières :

En ce qui concerne cet aspect, les promoteurs du concept d'inclusion financière (comme le CGAP, la Banque Mondiale, le GTZ etc...) exigent, des SFD d'être rentables pour pérenniser leurs services aux pauvres du monde. Parallèlement, les partenaires financiers nationaux et internationaux quant à eux exigent des SFD, en plus d'une bonne transparence financière, des performances financières soutenues surtout un niveau de solvabilité et de rentabilité rassurant.

Performances Sociales :

Les performances sociales rassemblent les normes qui cadrent les opérations d'une IMF afin de la maintenir dans son domaine d'activité propre. Ceci contribue principalement à écarter les risques de dérive de mission et à accroitre la satisfaction des clients.

Ces exigences poussent les praticiens de microfinance à développer de nouvelles approches dans le management des structures de microfinance. Le fait est qu'aucune IMF n'arrive à répondre efficacement à cette double exigence à moins d'intégrer à son mécanisme interne de création de valeurs un système de réflexe orienté en permanence vers la réalisation des objectifs fixés. Et beaucoup encore n'arrivent pas à répondre efficacement à ces exigences.

Selon le dernier rapport du « microcrédit soumit », parmi les 3500 IMF que comptent le monde, seulement une centaine aurait atteint l'équilibre (Laman, 2009). Il en résulte une limitation de l'accès des IMF aux sources de financement. De même le dernier rapport sur les véhicules d'investissement dans la microfinance (MIV) révèle que les actifs aux IMF dans le portefeuille des MIV, qui sont en baisse continuelle, ont seulement accru de 22% en 2009 contre 71% en 2007 (MicroRate, 2010) ; alors qu'en réalité les besoins en financement des IMF demeurent croissants. Il révèle également, que les entrées dans le capital d'autres IMF (Compatamos au Mexique par exemple) ont accru de 12,8% à 17,6% en 2009.

Pour véritablement attirer de financement, les institutions de microfinance doivent témoigner d'une santé financière capable de garantir un retour sur investissement, une assurance de solvabilité et la maîtrise des risques. Ces capacités sont évaluées le plus souvent par des analyses et disséquassions effectuées par des compétences externes.

Les agences de notation sont les principales compétences habilitées à conduire les missions de disséquassions et d'analyse financières qui aboutissent à l'évaluation effective des capacités cidessus citées. Leur activité a donné naissance à une notation spécialisée dans le secteur de la microfinance. Des méthodologies et outils spécifiques pour le diagnostic financier et l'évaluation des performances des institutions de microfinance en sont ressorties. Ces diverses méthodologies et outils (PEARLS, GIRAFE, CAMELS) toutes dérivées des cadres définis par le SEEP NETWORK et le Rating Fund (2010) . Le secteur de la notation en microfinance compte plusieurs agences de notation dont MicroRate, Microfinanza, Planète Rating, Mcrill et autres. La dynamisation du cadre de la comparaison des performances rendues possible par le MIX MARKET, et l'outil SPI pour l'évaluation des performances sociales, viennent renchérir ce cadre méthodologique de la profession d'analyste en microfinance. En effet, l'analyse des performances, permet de mesurer la structure financière, la qualité du dispositif de maîtrise de risque mis en place par l'IMF, le niveau de risque, l'évolution des opérations et le risque de son environnement. Depuis lors, les institutions de microfinance dont celles africaines particulièrement, se questionnent régulièrement sur leur solidité financière et leur niveau de maîtrise de risque aussi bien pour les nécessités d'une quête de financement que pour des évaluations internes en vue de la définition d'orientations stratégiques.

La crise financière a engendré pour les IMF africaines une diminution de financements des bailleurs extérieurs. Cette situation amène les IMF africaines à s'orienter vers les partenaires financiers privés pour leurs besoins de financement. En 2008 les financements reçus par les SFD de la région représentaient 69% de l'ensemble des financements totaux reçus (MIX a, 2009). L'accès à ces financements est souvent conditionné à des exigences de performance plus ou moins élevés pour les IMF. La situation a affecté la capacité de mobilisation de ressources des institutions de microfinance africaines suite au renforcement des conditions de sélection. A cela s'ajoute l'augmentation du niveau de risque général des activités de microfinance dans la région de l'UEMOA, qui se traduit par la détérioration de la qualité du portefeuille et l'augmentation du risque de liquidité ainsi que la baisse de rentabilité. Cette baisse de performance remet en question la solidité financière des SFD africaines et leur capacité à résister aux chocs externes éventuels.

WAGES, entendu Women and Association for Gain both Economic and Social, occupe la

deuxième position dans le secteur de la microfinance au Togo, 141ème pays plus pauvre au monde et comptant plus de 524 IMF (Planet rating, 2005). WAGES s'est assigné pour objectif de devenir une IMF modèle dans la sous-région. C'est donc cette motivation qui a amené les dirigeants de l'institution en 2003, à revoir sa mission, en ajoutant de nouvelles catégories de cibles à savoir les hommes et les PME (petites et moyennes entreprises) et à y adapter la gamme de produits offerts. L'encours de crédit ainsi que le nombre d'emprunteurs ont accrus en conséquence : plus de 14 654 clients actifs (WAGES, 2009). Les besoins en ressources financières ont également accrus considérablement. L'institution a plus que senti donc la nécessité de multiplier ses demandes de financement ainsi que ses partenaires financiers aussi bien au niveau local qu'international. La collaboration et l'acceptation de ses demandes restaient sujettes à un certain nombre d'éléments qui inspirent confiance et donnent un niveau de garantie acceptable aux différents partenaires sollicités.

Depuis 2008, WAGES a amorcé une nouvelle phase de croissance sans précédent avec une extension de son réseau d'agences au cours des deux dernières années et l'augmentation du personnel. De nouveaux, les besoins en financements ont plus que doublés. Les responsables de l'IMF ont bien conscience qu'il faille prendre un certain nombre de dispositions face à cette croissance en vue de préserver et améliorer les éléments qui constituent des critères de sélection des partenaires financiers en l'occurrence la structure financière et la solvabilité mais aussi pour s'assurer une bonne solidité à l'égard des nouveaux enjeux. Ces préoccupations devraient être prises en compte dans le nouveau plan d'affaire qu'entends élaborer WAGES en 2010 pour le compte des 5 années suivantes.

L'expansion enclenchée par l'IMF s'est traduit par l'évolution du nombre de clients, un fort accroissement de l'encours de crédit et des besoins de refinancements plus importants. Malheureusement les ressources financières obtenues effectivement auprès des partenaires financiers, n'ont pas évoluées au même rythme que les besoins. En plus de cela, le rythme de l'évolution de ces besoins financiers a bouleversé le mécanisme interne et l'ordre d'allocation des ressources financières, constituées de dépôts des membres, des dotations de bailleurs et surtout les emprunts sur le marché financier local et international etc..., provoquant ainsi de fréquentes tentions de liquidité, et une baisse de rentabilité. En réponse aux besoins du marché et des partenaires, il est opéré une baisse du taux d'intérêt sur les produits offerts. Cette situation amène les responsables de WAGES à s'interroger sur l'état de solidité actuel de

l'institution et sur sa capacité à leur assurer une garantie et une confiance toujours croissante auprès des partenaires financiers, mais aussi sa survie à long terme. Aussi remettent-ils en question sa capacité à amortir d'éventuels choques qui pourraient découler de l'évolution même des activités. De ces interrogations devenues préoccupantes avec la baisse des performances en 2009 (WAGES, 2009); les responsables de l'institution en veulent une analyse approfondie; qu'ils voudraient bien mettre à l'avant de l'élaboration d'un nouveau plan d'affaire pour le compte des 5 prochaines années à compter de 2011.

De toute évidence, une baisse de solidité dans une institution financière se caractérise par une détérioration de la qualité de la structure financière, une baisse de sa solvabilité à long et à court terme, un accroissement de sa vulnérabilité aux chocs externes, et une baisse des performances en gestion et maîtrise des risques.

Alors que la baisse de la structure financière pourrait être une résultante d'un mauvais endettement ; et que la baisse de solvabilité peut être causée par une mauvaise allocation des ressources et ou une détérioration de la qualité de portefeuille ou une baisse de rentabilité ; une augmentation de la vulnérabilité d'une institution de microfinance pourrait être provoquée par une prise d'ampleur des risques de son environnement et une faiblesse des mesures et dispositifs mis en place par ladite institution pour leur gestion.

Ne pouvant se contenter des rapports d'audit et inspection, WAGES s'est rendu compte qu'il lui faut trouver des solutions durables à ses problèmes pour assurer une solidité parfaite et digne d'une IMF exemplaire qu'elle envisage de devenir dans le paysage financier sous régional. Pour cela il lui faut comprendre les causes profondes des constats sur ses performances. Quelles que soit les solutions envisagées, l'institution se veut de les intégrer dans le cadre du plan d'action étendu sur les cinq prochaines années.

Pour renforcer la structure financière et la solvabilité d'une IMF, gage d'une meilleure attraction de ressources financière, on pourrait soit renforcer les fonds propres pour faire baisser le levier de dette à travers une augmentation du capital ou des emprunts subordonnés, soit réduire les dettes ou opter pour celles plus stables ou encore optimiser l'allocation des ressources financière. Une performante gestion financière axée sur l'optimisation et la maîtrise des risques de liquidité contribue à amoindrir si non palier aux tensions de trésorerie. Le renforcement de la solidité face aux risques (ou la diminution des vulnérabilités) passe par un réajustement et un renforcement des dispositifs et mécanismes de gestion et de maîtrise des

risques adaptés à la taille et l'ampleur des activités à risques.

La meilleure façon que proposent les normes de gestion en la matière serait de procéder à une analyse en profondeur de la situation financière, sa solidité et la maîtrise des risques actuels auxquels l'institution fait face pour aboutir à un ensemble de mesures permettant de relever le niveau de solidité financière et l'éradication de la vulnérabilité aux risques.

Cette étude dont le thème est « Diagnostic financier d'un SFD : cas de WAGES » se penchera sur ces préoccupations et s'efforcera de résoudre la question principale suivante :

Quel est l'état financier de WAGES et qu'en est-il de la viabilité financière et de la pérennité de ses activités?

Pour répondre à cette dernière d'autres questions spécifiques seront posées :

Quels sont les critères de mesure de la solidité financière d'une IMF et sa maitrise des risques ?

WAGES est-elle financièrement assez solide et dispose-t-elle des capacités de maîtrise des risques liés à sa croissance actuelle ?

L'étude qui se penchera sur ces questions a pour objectif principal d'émettre une opinion sur l'état financier de WAGES en comparaison aux normes et meilleures pratiques, et son degré de vulnérabilité globale face aux risques de son environnement et de son niveau de croissance. Cet objectif principal se décline en objectifs spécifiques :

· S'approprier de la notion et la démarche méthodologique du diagnostic financier pour les IMF.

· Relever et analyser les forces et faiblesses de WAGES sur base méthodologique et de benchmark en comparaison à ses paires

· Proposer des solutions éventuellement

L'institution pourra trouvera des éléments d'appréciation sur sa santé financière, ainsi qu'une analyse profonde des forces et faiblesses et des causes cachées de la baisse des

performances et des tensions de liquidité observés. Elle connaitra aussi son degré de vulnérabilité aux risques actuels et futurs. Une proposition de pistes de solutions sera éventuellement faite. Elle contribuera à améliorer sa rentabilité et ses performances d'une manière générale et aussi à renforcer sa structure financière. Les différents partenaires techniques et financiers de l'institution trouveront des éléments de base pour mieux orienter leurs appuis au profit de l'institution.

Cette étude rentre également dans le cadre de la finalisation de ma formation de niveau Master, en Micro finance.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon