INTRODUCTION GENERALE
Selon un article publié par le Mixmarket, l'une des
récentes problématiques en microfinance est la croissance non
maitrisée qui provoque la baisse des performances notamment la
qualité de portefeuille de crédit (Gonzalez, 2010).
L'étude dans ses résultats, précise tout de même que
seuls les pays connaissant des hausses annuelles de portefeuille de
crédit de 125% subissent une détérioration remarquable de
la qualité de leur portefeuille ; et que certains pays connaissant entre
64% et 84% de croissance du nombre d'emprunteurs globalement verront leur ratio
de perte sur créances accroître. La croissance non
maîtrisée ne saurait être la seule cause de la baisse des
performances dans le secteur de la microfinance ces derniers temps. La crise
financière débutée en fin 2007, en est une autre cause. La
crise des subprimes aux États Unis en question, a
interpellé bon nombre d'acteurs du système financier sur la
question de la maîtrise des risques liés à
l'activité des banques et établissements financiers. En ce qui
concerne la microfinance qui dépends de plus en plus du marché
financier globalement pris, la préoccupation liées à la
maîtrise des risques surtout ceux découlant de la croissance s'est
amplifiée au niveau des établissements de crédit que des
institutions de microfinance dont la chute serait plus amèrement
ressentie par la grande majorité des populations vivant dans des
économies vulnérables, où la microfinance entre autres,
constitue une véritable alternative pour le développement
à la base.
Les Nations unies célébraient, en 2005,
l'année internationale du microcrédit. Quelques mois plus tard,
le professeur d'économie Bangladesh Muhammad Yunus et son organisation,
la Grameen Bank, recevaient en 2006 le prix Nobel de la paix, pour avoir
inventé la microfinance « moderne ». Au fondement de ce double
sacre, la même conviction : une révolution économique sans
précédent était en cours. La microfinance se
répandrait comme une potion magique et sortirait de la pauvreté
les 80 % des familles des pays en développement toujours exclues des
services bancaires. Le monde pouvait dormir tranquille, il avait enfin
trouvé la bonne réponse à la question de la
pauvreté. Depuis, l'enthousiasme du secteur s'est tassé. L'heure
est à la prudence. La « mode est retombée ». La crise
des « subprimes » aux États-Unis, a bousculé
beaucoup d'acteurs du développement dans leurs certitudes. À
travers cette crise, est née pour les IMF, la préoccupation de
disposer d'une solide structure financière et d'acquérir une
meilleure maîtrise des risques liés à leurs
activités. Cette préoccupation s'est avérée
partagée dans tout le secteur de la microfinance, et
s'accentue plus ces derniers temps en raison de certains
événements dans certains pays. La crise de liquidité des
IMF au Maroc et en Bosnie issue d'une détérioration de la
qualité de leurs portefeuilles devenus moins liquide (le PAR de Zakura
dépassait les 30% en 2008 et Al amana les 10%) en est un exemple. Il
devient dores et déjà primordiale de non seulement rappeler mais
d'insister plus encore sur les deux types de dispositions exigées aux
IMF.
Ces deux dispositions concernent les performances
financières et sociales. Performances financières
:
En ce qui concerne cet aspect, les promoteurs du concept
d'inclusion financière (comme le CGAP, la Banque Mondiale, le GTZ
etc...) exigent, des SFD d'être rentables pour pérenniser leurs
services aux pauvres du monde. Parallèlement, les partenaires financiers
nationaux et internationaux quant à eux exigent des SFD, en plus d'une
bonne transparence financière, des performances financières
soutenues surtout un niveau de solvabilité et de rentabilité
rassurant.
Performances Sociales :
Les performances sociales rassemblent les normes qui cadrent
les opérations d'une IMF afin de la maintenir dans son domaine
d'activité propre. Ceci contribue principalement à écarter
les risques de dérive de mission et à accroitre la satisfaction
des clients.
Ces exigences poussent les praticiens de microfinance à
développer de nouvelles approches dans le management des structures de
microfinance. Le fait est qu'aucune IMF n'arrive à répondre
efficacement à cette double exigence à moins d'intégrer
à son mécanisme interne de création de valeurs un
système de réflexe orienté en permanence vers la
réalisation des objectifs fixés. Et beaucoup encore n'arrivent
pas à répondre efficacement à ces exigences.
Selon le dernier rapport du « microcrédit soumit
», parmi les 3500 IMF que comptent le monde, seulement une centaine aurait
atteint l'équilibre (Laman, 2009). Il en résulte
une limitation de l'accès des IMF aux sources de financement. De
même le dernier rapport sur les véhicules d'investissement dans la
microfinance (MIV) révèle que les actifs aux IMF dans le
portefeuille des MIV, qui sont en baisse continuelle, ont seulement accru de
22% en 2009 contre 71% en 2007 (MicroRate, 2010) ; alors qu'en
réalité les besoins en financement des IMF demeurent croissants.
Il révèle également, que les entrées dans le
capital d'autres IMF (Compatamos au Mexique par exemple) ont accru de 12,8%
à 17,6% en 2009.
Pour véritablement attirer de financement, les
institutions de microfinance doivent témoigner d'une santé
financière capable de garantir un retour sur investissement, une
assurance de solvabilité et la maîtrise des risques. Ces
capacités sont évaluées le plus souvent par des analyses
et disséquassions effectuées par des compétences
externes.
Les agences de notation sont les principales
compétences habilitées à conduire les missions de
disséquassions et d'analyse financières qui aboutissent à
l'évaluation effective des capacités cidessus citées. Leur
activité a donné naissance à une notation
spécialisée dans le secteur de la microfinance. Des
méthodologies et outils spécifiques pour le diagnostic financier
et l'évaluation des performances des institutions de microfinance en
sont ressorties. Ces diverses méthodologies et outils (PEARLS, GIRAFE,
CAMELS) toutes dérivées des cadres définis par le SEEP
NETWORK et le Rating Fund (2010) . Le secteur de la notation en microfinance
compte plusieurs agences de notation dont MicroRate, Microfinanza,
Planète Rating, Mcrill et autres. La dynamisation du cadre de la
comparaison des performances rendues possible par le MIX MARKET, et l'outil SPI
pour l'évaluation des performances sociales, viennent renchérir
ce cadre méthodologique de la profession d'analyste en microfinance. En
effet, l'analyse des performances, permet de mesurer la structure
financière, la qualité du dispositif de maîtrise de risque
mis en place par l'IMF, le niveau de risque, l'évolution des
opérations et le risque de son environnement. Depuis lors, les
institutions de microfinance dont celles africaines particulièrement, se
questionnent régulièrement sur leur solidité
financière et leur niveau de maîtrise de risque aussi bien pour
les nécessités d'une quête de financement que pour des
évaluations internes en vue de la définition d'orientations
stratégiques.
La crise financière a engendré pour les IMF
africaines une diminution de financements des bailleurs extérieurs.
Cette situation amène les IMF africaines à s'orienter vers les
partenaires financiers privés pour leurs besoins de financement. En 2008
les financements reçus par les SFD de la région
représentaient 69% de l'ensemble des financements totaux reçus
(MIX a, 2009). L'accès à ces financements est souvent
conditionné à des exigences de performance plus ou moins
élevés pour les IMF. La situation a affecté la
capacité de mobilisation de ressources des institutions de microfinance
africaines suite au renforcement des conditions de sélection. A cela
s'ajoute l'augmentation du niveau de risque général des
activités de microfinance dans la région de l'UEMOA, qui se
traduit par la détérioration de la qualité du portefeuille
et l'augmentation du risque de liquidité ainsi que la baisse de
rentabilité. Cette baisse de performance remet en question la
solidité financière des SFD africaines et leur capacité
à résister aux chocs externes éventuels.
WAGES, entendu Women and Association for Gain both Economic and
Social, occupe la
deuxième position dans le secteur de la microfinance au
Togo, 141ème pays plus pauvre au monde et comptant plus de
524 IMF (Planet rating, 2005). WAGES s'est assigné pour objectif de
devenir une IMF modèle dans la sous-région. C'est donc cette
motivation qui a amené les dirigeants de l'institution en 2003, à
revoir sa mission, en ajoutant de nouvelles catégories de cibles
à savoir les hommes et les PME (petites et moyennes entreprises) et
à y adapter la gamme de produits offerts. L'encours de crédit
ainsi que le nombre d'emprunteurs ont accrus en conséquence : plus de 14
654 clients actifs (WAGES, 2009). Les besoins en ressources
financières ont également accrus considérablement.
L'institution a plus que senti donc la nécessité de multiplier
ses demandes de financement ainsi que ses partenaires financiers aussi bien au
niveau local qu'international. La collaboration et l'acceptation de ses
demandes restaient sujettes à un certain nombre d'éléments
qui inspirent confiance et donnent un niveau de garantie acceptable aux
différents partenaires sollicités.
Depuis 2008, WAGES a amorcé une nouvelle phase de
croissance sans précédent avec une extension de son réseau
d'agences au cours des deux dernières années et l'augmentation du
personnel. De nouveaux, les besoins en financements ont plus que
doublés. Les responsables de l'IMF ont bien conscience qu'il faille
prendre un certain nombre de dispositions face à cette croissance en vue
de préserver et améliorer les éléments qui
constituent des critères de sélection des partenaires financiers
en l'occurrence la structure financière et la solvabilité mais
aussi pour s'assurer une bonne solidité à l'égard des
nouveaux enjeux. Ces préoccupations devraient être prises en
compte dans le nouveau plan d'affaire qu'entends élaborer WAGES en 2010
pour le compte des 5 années suivantes.
L'expansion enclenchée par l'IMF s'est traduit par
l'évolution du nombre de clients, un fort accroissement de l'encours de
crédit et des besoins de refinancements plus importants. Malheureusement
les ressources financières obtenues effectivement auprès des
partenaires financiers, n'ont pas évoluées au même rythme
que les besoins. En plus de cela, le rythme de l'évolution de ces
besoins financiers a bouleversé le mécanisme interne et l'ordre
d'allocation des ressources financières, constituées de
dépôts des membres, des dotations de bailleurs et surtout les
emprunts sur le marché financier local et international etc...,
provoquant ainsi de fréquentes tentions de liquidité, et une
baisse de rentabilité. En réponse aux besoins du marché et
des partenaires, il est opéré une baisse du taux
d'intérêt sur les produits offerts. Cette situation amène
les responsables de WAGES à s'interroger sur l'état de
solidité actuel de
l'institution et sur sa capacité à leur assurer
une garantie et une confiance toujours croissante auprès des partenaires
financiers, mais aussi sa survie à long terme. Aussi remettent-ils en
question sa capacité à amortir d'éventuels choques qui
pourraient découler de l'évolution même des
activités. De ces interrogations devenues préoccupantes avec la
baisse des performances en 2009 (WAGES, 2009); les responsables de
l'institution en veulent une analyse approfondie; qu'ils voudraient bien mettre
à l'avant de l'élaboration d'un nouveau plan d'affaire pour le
compte des 5 prochaines années à compter de 2011.
De toute évidence, une baisse de solidité dans
une institution financière se caractérise par une
détérioration de la qualité de la structure
financière, une baisse de sa solvabilité à long et
à court terme, un accroissement de sa vulnérabilité aux
chocs externes, et une baisse des performances en gestion et maîtrise des
risques.
Alors que la baisse de la structure financière pourrait
être une résultante d'un mauvais endettement ; et que la baisse de
solvabilité peut être causée par une mauvaise allocation
des ressources et ou une détérioration de la qualité de
portefeuille ou une baisse de rentabilité ; une augmentation de la
vulnérabilité d'une institution de microfinance pourrait
être provoquée par une prise d'ampleur des risques de son
environnement et une faiblesse des mesures et dispositifs mis en place par
ladite institution pour leur gestion.
Ne pouvant se contenter des rapports d'audit et inspection,
WAGES s'est rendu compte qu'il lui faut trouver des solutions durables à
ses problèmes pour assurer une solidité parfaite et digne d'une
IMF exemplaire qu'elle envisage de devenir dans le paysage financier sous
régional. Pour cela il lui faut comprendre les causes profondes des
constats sur ses performances. Quelles que soit les solutions
envisagées, l'institution se veut de les intégrer dans le cadre
du plan d'action étendu sur les cinq prochaines années.
Pour renforcer la structure financière et la
solvabilité d'une IMF, gage d'une meilleure attraction de ressources
financière, on pourrait soit renforcer les fonds propres pour faire
baisser le levier de dette à travers une augmentation du capital ou des
emprunts subordonnés, soit réduire les dettes ou opter pour
celles plus stables ou encore optimiser l'allocation des ressources
financière. Une performante gestion financière axée sur
l'optimisation et la maîtrise des risques de liquidité contribue
à amoindrir si non palier aux tensions de trésorerie. Le
renforcement de la solidité face aux risques (ou la diminution des
vulnérabilités) passe par un réajustement et un
renforcement des dispositifs et mécanismes de gestion et de
maîtrise des
risques adaptés à la taille et l'ampleur des
activités à risques.
La meilleure façon que proposent les normes de gestion
en la matière serait de procéder à une analyse en
profondeur de la situation financière, sa solidité et la
maîtrise des risques actuels auxquels l'institution fait face pour
aboutir à un ensemble de mesures permettant de relever le niveau de
solidité financière et l'éradication de la
vulnérabilité aux risques.
Cette étude dont le thème est « Diagnostic
financier d'un SFD : cas de WAGES » se penchera sur ces
préoccupations et s'efforcera de résoudre la question principale
suivante :
Quel est l'état financier de WAGES et qu'en est-il de la
viabilité financière et de la pérennité de ses
activités?
Pour répondre à cette dernière d'autres
questions spécifiques seront posées :
Quels sont les critères de mesure de la solidité
financière d'une IMF et sa maitrise des risques ?
WAGES est-elle financièrement assez solide et
dispose-t-elle des capacités de maîtrise des risques liés
à sa croissance actuelle ?
L'étude qui se penchera sur ces questions a pour
objectif principal d'émettre une opinion sur l'état financier de
WAGES en comparaison aux normes et meilleures pratiques, et son degré de
vulnérabilité globale face aux risques de son environnement et de
son niveau de croissance. Cet objectif principal se décline en objectifs
spécifiques :
· S'approprier de la notion et la démarche
méthodologique du diagnostic financier pour les IMF.
· Relever et analyser les forces et faiblesses de WAGES sur
base méthodologique et de benchmark en comparaison à ses
paires
· Proposer des solutions éventuellement
L'institution pourra trouvera des éléments
d'appréciation sur sa santé financière, ainsi qu'une
analyse profonde des forces et faiblesses et des causes cachées de la
baisse des
performances et des tensions de liquidité
observés. Elle connaitra aussi son degré de
vulnérabilité aux risques actuels et futurs. Une proposition de
pistes de solutions sera éventuellement faite. Elle contribuera à
améliorer sa rentabilité et ses performances d'une manière
générale et aussi à renforcer sa structure
financière. Les différents partenaires techniques et financiers
de l'institution trouveront des éléments de base pour mieux
orienter leurs appuis au profit de l'institution.
Cette étude rentre également dans le cadre de la
finalisation de ma formation de niveau Master, en Micro finance.
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