b. De la garde et de la conservation du
matériel:
Si l'on peut se cacher derrière l'insuffisance ou de la
manque de crédits alloués aux entretiens de véhicules
comme origines de la situation précédente, celle-ci par contre
est un autre problème. Quelles explications pouvons-nous avancer face
à cette situation (photo ci-dessous) ? On dirait que celle-ci est une
finalité voulue de la situation précédente. Les
véhicules en pannes et qui sont gardés dans des garages publics
deviennent « réservoirs des pièces de rechanges ».
Où sont passés le moteur, le tableau, les pneus, les globes et
d'autres pièces ?
Intérieur du Kangoo N°5513 AD, situé
dans le garage de l'ex-Province de Toamasina (enceinte de la Maison
Rouge)
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Garage de l'Ex- Faritany (enceinte de la Maison
Rouge)
En revenant sur le cas des Kangoo sus-évoqués,
après moins de 10 ans de mise en circulation, toutes les pièces
motrices à l'intérieur et aussi à l'extérieur ont
été presque dérobées. C'est dans ce sens que le
sentiment d'attachement aux biens publics joue un rôle important dans la
gestion des matériels. Effectivement, dans une telle situation, on ne
peut pas admettre que les « dérobeurs » ne se rendent pas
compte de l'illégalité de ses actes : c'est une
volonté de chercher un avantage particulier en pillant les biens
communs. Quelles étaient les mesures prises par l'administration
devant ce ravage des biens publics? Les responsables sont-il ignorants ou
complices ?
Pourtant, plusieurs alternatives sont possibles. La
première et la plus simple consiste à faire une cession à
des services qui en ont besoins des matériels roulants et disposant de
crédits suffisants pouvant les entretenir. C'est le cas par exemple des
établissements publics nationaux... Mais, la concurrence entre les
différents services publics est interprétée autrement, et
par voie de conséquence, on ne veut pas que notre pair se
développe par notre propre appui et notre soutien. Une deuxième
alternance est la condamnation des objets et matériels
c. De la condamnation du matériel:
Celle-ci est une procédure légale et figure
parmi les attributions des acteurs en comptabilité des matériels
en service. Cependant, 100% des services où on a effectué nos
recherches n'ont jamais procéder à la condamnation. Pour quelle
raison? Pourtant, « lorsqu'il est présumé que des
matières (...) ou objets (...) en service ne peuvent plus servir sous la
désignation avec laquelle ils figurent dans les écritures, il en
est dressé un état par les soins du (...) dépositaire
comptable. Cet état est remis au chef de service qui convoque la
commission ordinaire des remises, laquelle opère en qualité de
commission de condamnation 16». En fait, les raisons sont
multiples: un circuit de procédure lourde et couteux en temps,
l'ignorance de textes, l'absence du personnel apte à la matière,
ou d'une simple négligence (car une grande majorité des
services
publics ne dispose même pas de
ladite commission de remise)...
Pour ces raisons, plusieurs
matériels figuraient toujours dans les
écritures comptables, tout en étant inutilisables. Ce Land
rover appartenant au Ministère des Finances par exemple
restait toujours dans l'enceinte du garage administratif de Toamasina et
continue
16 Instruction Générale du 22 juillet
1955, Art.206
59
à garder dans les écritures comptables, sa
valeur initiale. Cependant, on est tous conscient qu'en le gardant dans cet
état, on ne fait qu'accélérer sa dégradation. En
étant conscient de la situation, une procédure de condamnation
des matériels roulants est actuellement, en cours (depuis 2010), pour
l'ensemble de la Direction Régionale du Budget Atsinanana, et dont ce
land rover fait partie. Il en est de même pour le cas de la Direction de
l'Inspection d'Etat à Toamasina. L'autre land rover sur la photo
suivante appartient à cette direction. Un véhicule qui ne sera
peut être fonctionnelle, mais continue à occuper l'espace du
garage
administratif de Toamasina. Pourquoi ne pas les condamner pour
faire gagner au moins quelques
recettes à l'Etat ? Plus, on les garde, plus ils
perdent de leur valeur. Si on s'est rendu compte dès
le départ, la situation pouvait être autrement.
Pour ce dernier, la situation est autrement : la comptabilité des
matériels est encore centralisée à la direction centrale.
Selon quelques interviews, la direction régionale a
déjà entamé la procédure de condamnation (en 2010),
suite à une mobilisation faite par le service régional du
patrimoine de l'Etat Atsinanana, mais, pour de multiples raisons (qui ne nous
ont pas été dévoilées), reste en instance. Les
responsables devraient faire preuve d'une gestion exemplaire, car la bonne
gestion ne se décrète pas, il se construit en commun. Pour les
malgaches qui ont toujours respect à leurs « raiamandreny
», c'est surtout l'action et la volonté de ces derniers qui
déterminent en grande et en majeure partie de leur «
comportement professionnel ». Dans le cas contraire, les mauvais
exemples ne cesseront de se répandre. N'est-il pas le cas du
fléau de la corruption actuelle ? Les pillages sous différentes
formes des richesses nationales (trafic du bois de roses, pierres
précieuses...), les détournements des deniers publics à
travers des « commissions » qui varient de 10 à 20%,
et qui allant même jusqu'à 30% des crédits accordés
aux ordonnateurs des dépenses publiques sont encore un autre combat.
Mais pour revenir à notre sujet, le mode de gestion des ressources
humaines n'influe pas sur le comportement et la mentalité de ses acteurs
?
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