11,2,9,6, Finan cement du système de sante en
RDC
Le financement de la santé doit permettre la
mobilisation des ressources nécessaires à la mise en place des
mesures de prévention et de prise en charge médicale
répondant au besoin des populations.
L'amélioration de la santé des individus est le
véritable moteur qui guide la conception des interventions dans ce
domaine53.
En RDC, Le financement du système
sanitaire repose sur trois sources principales : les
ménages, les aides extérieures et le budget de
l'Etat.
Durant l'époque coloniale (1885
à 1960), le financement de la santé était
assuré par trois composantes à savoir l'Etat
colonial, les confessions religieuses et le secteur
privé animé par les sociétés dites à charte.
A cette époque=là
déjà, les bénéficiaires des soins
de santé payaient eux=mêmes leurs factures des
soins. Toutefois, l'Etat subventionnait les
soins en les rendant financièrement accessibles à tous. Le budget
des dépenses ordinaires pour les services médicaux se chiffrait
en cette période à environ 10% du budget ordinaire total du
Congo54.
Au moment de l'indépendance
(1960), le Congo avait le système de santé le
mieux organisé et parmi les plus performants de
l'Afrique. Mais suite aux
difficultés budgétaires apparues à partir de
1960, aggravées par les troubles et les
rebellions,
53 M. AUDIBERT et alii, Le financement de
la sante dans les pays d'Afrique et d'Asie a faible revenu,
éd. Karthala, Paris, Septembre, 2003.
54 M. LUTUTALA et alii,
Op.cit,
le financement de la santé à
l'instar de celui des autres secteurs de la nation devint
aléatoire55.
Au cours des 30 dernières années,
le poids du financement s'est transféré
graduellement sur les ménages avec comme conséquence non
seulement la diminution de la fréquentation des services de
santé, mais aussi la dégradation de
l'Etat de santé des populations qui a atteint des
niveaux alarmants.
Dans les années 80,
l'Etat prenait en charge la
rémunération des employés du système ainsi que les
coûts récurrents des niveaux centraux et intermédiaires.
Les bailleurs de fonds pourvoyaient principalement aux besoins
d'investissement. Enfin les frais de consultations
étaient censés couvrir les coûts récurrents et la
maintenance au niveau local, d'où le
concept d'autofinancement des ZS).
Cependant depuis les années 90, le
financement repose sur les ménages. En effet, avec la
décroissance des revenus de l'Etat dans les
années 80, les dépenses publiques ont
été allouées en priorité au paiement des salaires.
La diminution des aides extérieures à partir de 1992 a
affecté les dépenses d'investissement.
Actuellement, la situation est marquée
par un très fort désengagement de l'Etat dans le
financement du système de santé = en grande
partie du fait de la faiblesse des revenus fiscaux. La part des dépenses
de santé dans les dépenses totales du Gouvernement est ainsi
passé de 2,5% en 1972 à moins de 1% en
2002, répartis de la manière suivante:
62% pour les salaires des fonctionnaires, 14% en
dépenses de fonctionnement, 13% en investissements et
11% en budgets annexes et divers. Ceci correspond à environ
0,22$ par habitant, soit une baisse en termes
réels d'à peu près 50% durant la
période 1991=2002.
Ces trois dernières années, la
part du budget de l'état allouée au secteur de
la Santé a augmenté (en partie grâce à
l'initiative PPTE) pour atteindre 7,2% du
budget national en 2004. Toutefois la majeure partie du budget couvre les
salaires et la répartition géographique est nettement en faveur
de Kinshasa. Le budget est présentement alloué aux institutions
publiques sur des bases historiques et ad hoc sans tenir toujours compte de la
performance ou des besoins. Enfin, il existe un écart
important entre le budget et les dépenses réelles tant au niveau
du volume (taux d'exécution estimés de 75% en
2002, 89% en 2003) que de l'allocation.
55 M. LUTUTALA, Op.cit.
Tableau 06 : Quelques chiffres sur le territoire de
Nyiragongo56
Descriptions Quantités
|
Territoire de
Nyiragongo
|
Total
Nord=
Kivu
|
Part relative
en %
|
Moyenne provinciale
|
Production manioc en T
|
1,00
|
337650
|
0,0002
|
=
|
Production maïs en T
|
15,00
|
36800
|
0,0400
|
=
|
Production haricot en T
|
5,00
|
57210
|
0,0090
|
=
|
Production patate douce en T
|
31,00
|
17696
|
0,1800
|
=
|
Production pomme de terre en T
|
75,00
|
39848
|
0,1900
|
=
|
Production sorgho en T
|
1,00
|
3158
|
0,0300
|
=
|
Production banane en T
|
420,00
|
454140
|
0,0900
|
=
|
Superficies emblavées en Ha
|
7442,00
|
1894961
|
0,3900
|
=
|
Cheptel bovin en têtes
|
1953,00
|
31856
|
6,1300
|
=
|
Cheptel caprin en têtes
|
1420,00
|
445301
|
0,3200
|
=
|
Cheptel ovin en têtes
|
160,00
|
100545
|
0,1600
|
=
|
Cheptel porcin en têtes
|
170,00
|
61800
|
0,2800
|
=
|
Basse cour en têtes
|
5020,00
|
2664275
|
0,1900
|
=
|
Elèves H en première primaire
|
852,00
|
140015
|
0,0060
|
=
|
Elèves F en première primaire
|
427,00
|
81220
|
0,0050
|
=
|
Taux brut de scol. Primaire H
|
32,13
|
=
|
=
|
58,78
|
Taux brut de scol. Primaire F
|
15,18
|
=
|
=
|
30,13
|
Taux brut de scol. secondaire H
|
7,89
|
=
|
=
|
26,00
|
Taux brut de scol. secondaire F
|
1,93
|
=
|
=
|
13,62
|
PIB/habitant (USD)
|
53,30
|
=
|
=
|
119,96
|
% de personnes vivant avec moins de 1 USD par jour
|
99,70
|
=
|
=
|
92,31
|
Taux de mortalité infantile
|
5,90
|
=
|
=
|
4,41
|
Population
|
75318
|
5477994
|
0,0137
|
=
|
Superficie en Km2
|
163,00
|
23475
|
0,6900
|
=
|
Source : G. SEMACUMU et P.
SENZIRA, Les indicateurs économiques et
sociaux de la province du Nord-Kivu de 1996
à 2005, UNIGOM,
Inédit.
Légende :
- T = tonne ;
- H et F = respectivement homme et femme
;
- Scol. =
scolarisation.
Ce tableau qui reprend ce
qu'était le
profil
socio-économique dans
le territoire de
Nyiragongo en 2005 traduit une
situation qu'on
qualifierait de
déplorable. En
effet, pour une population
qui vit
essentiellement de
l'agriculture et du
petit commerce (comme celui
de la braise ou de la
farine de sorgho « importée
» du territoire de
Masisi), la
production agricole et
d'élevage ne dépasse pas
généralement 1% du
56A. SONGOLO, Pauvrete et Demande
d'Education Primaire dans le territoire de Nyiragongo,
Mémoire Inédit, L2 économie rurale,
UNIGOM, FSEG, 2008=2009, pp.33=34.
total
provincial.
Ceci ne serait pas étonnant
si l'on rapportait cette
production à la
superficie arable
disponible
invariable,
mais aussi et surtout à
la taille de la
population qui croît
naturellement vite mais
faible à
l'échelle
provinciale,
0,0137% du total
provincial.
Néanmoins,
cela ne suffit pas pour
justifier une
situation catastrophique
où le territoire de
Nyiragongo est le petit
poucet et le mauvais
élève dans tous les
domaines. Par
exemple, le
PIB/habitant ne dépasse pas
la moitié de
la moyenne
provinciale et
le taux
d'alphabétisation
moyen est de 22,5% contre 55,5% pour toute
la province. Le taux de
mortalité infantile
est supérieur de plus
d'un et demi point de
pourcentage à la moyenne
provinciale.
Fait important, le
régime foncier
appliqué aux
exploitations
agricoles
traditionnelles reste
particulier. Les
petits exploitants aux
estimations de 64% ne sont pas
propriétaires des
parcelles qui leur sont
concédées selon
l'attribution
coutumière en fonction de redevances
à verser. Environ 30%
jouissent de la forme
d'occupation par fermage,
métayage ou même des occupations
illégales, sources de
plusieurs conflits.
Environ 6% seulement sont
propriétaires
terriens.
|
|