Introduction
Dans l'objectif de minimiser le risque et/ou maximiser le
rendement, les investisseurs appliquent le principe de la diversification. En
effet, au niveau national, la théorie de portefeuille de Markowitz
(1952,1959) stipule que la constitution d'un portefeuille composé de
titres peu corrélés réduit amplement le risque total.
Quant aux stratégies de la diversification à l'international et
les bénéfices qui s'y rattachent, elles ont été
élucidées grâce aux travaux des précurseurs Grubel
(1968), Lévy & Sarnat (1970) et Slonik (1974). Ces travaux ont
démontré la faible corrélation entre les mouvements du
prix des titres dans différents pays qui selon Roll (1992) pourrait
résulté de la disparité des structures industrielles.
Néanmoins, le contexte économique international
actuel est caractérisé par le phénomène de la
globalisation financière qui a imposé plus de réformes sur
les systèmes financiers nationaux. Ces réformes ont conduit
à des transformations drastiques et ont ouvert la voie au processus
d'intégration et de rapprochement des mouvements globaux des
marchés. Cette situation se manifeste par une augmentation des
corrélations entre ces marchés ainsi qu'une grande
volatilité des actifs.
Le secteur financier, a subi l'impact de la
libéralisation caractérisée par la levée
progressive des barrières à l'investissement direct
étranger par l'ouverture à l'international des institutions
financières et l'orientation vers des nouveaux produits et instruments
financiers. Ces mutations sont la résultante de l'instauration des
principes de déréglementation, désintermédiation et
décloisonnement des marchés ainsi que des innovations dans le
domaine des nouvelles technologies de l'information et des
télécommunications. Les places boursières sont devenues
plus liées, ce qui a suscité l'intérêt des
universitaires et des praticiens vu les conséquences de cette forte
corrélation sur les stratégies de la diversification
internationale de portefeuilles.
En effet comme le souligne la théorie
financière, les bénéfices substantiels
espérés de la diversification internationale de portefeuilles
dépendent du niveau des rendements et des volatilités
inhérents aux marchés ciblés. Chacun de ces marchés
ciblés est déterminé par différents facteurs de
risque. Dans le cas d'une intégration parfaite du marché, ce sont
les facteurs mondiaux du risque qui déterminent la rentabilité.
À l'opposé, dans un marché strictement segmenté, ce
sont les facteurs domestiques qui prédominent. La
réactivité des actifs financiers aux facteurs internationaux est
étroitement liée au degré d'intégration d'un
marché financier au marché mondial. Les fluctuations des cours,
les attitudes des opérateurs et les effets de transmissibilité et
de contagion sont les sources de cette réactivité aux facteurs
globaux de risque.
L'intégration financière suppose donc que deux
ou plusieurs marchés évoluent d'une manière
agencée. En d'autre expression, des marchés sont
intégrés si et seulement si des actifs ayant le même risque
et qui s'échangent sur plusieurs marchés génèrent
le même rendement.
Paradoxalement, si l'intégration financière des
marchés nationaux s'est développée et s'est
intensifiée dans le cadre de la globalisation rendant d'un coté
la stratégie de diversification internationale plus consistante en
facilitant le libre passage d'un marché à un autre, d'un autre
côté, cette même intégration financière
contribuerait à l'augmentation des corrélations entres les
marchés financiers domestiques comme le soulignent Login & Solnik
(1995) ce qui compresserait les gains liés aux stratégies de
diversification internationale. Ainsi, l'impact de processus de
l'intégration financière internationale sur le rendement des
stratégies de diversification à l'international serait
douteux.
C'est dans cette perspective que ce travail tentera de mesurer
l'évolution des gains de la diversification internationale en rapport
avec le degré d'intégration ou de segmentation des marchés
financiers retenus dans notre échantillon.
Concrètement, l'ambition de notre présent travail
est de soulever les questionnements suivants et d'en fournir les
réponses :
> Comment un gestionnaire de portefeuille peut-il
reconnaître les marchés les plus segmentés ?
> Et ce que le gestionnaire de fonds pourrait classer les pays
(marchés) sur la base de leurs scores de segmentations ?
> L'apparition de nouveaux joueurs sur les marchés des
capitaux (pays émergents à fort potentiel) rend- elle la
diversification à l'international plus profitable ?
> La diversification géographique des actifs devient
elle plus mitigée avec la libéralisation des économies, la
globalisation des marchés, le développement des nouvelles
technologies de l'information et de télécommunication qui
contribuent intuitivement à renforcer l'intégration des
marchés ?
Pour explorer l'ensemble de ces champs d'investigation nous
nous inspirons, dans un premier temps d'une technique de mesure de
l'intégration financière basée sur la version non
conditionnelle du MEDAF développée par Akdogan (1996). Puis nous
utilisons une technique robuste basée sur une extension
asymétrique du modèle GARCH multivarié de De Santis &
Gérard (1997). Elle est fondée cette fois sur une version
conditionnelle du MEDAF, dans la perspective de mesurer l'évolution des
gains additionnels de la diversification internationale en rapport avec le
degré d'intégration des marchés financiers choisis. Ceci
nous permettra d'apporter un éclairage aux interrogations
précédentes.
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