VII.2.3- Feux De véGéTATion
Les feux de végétation peuvent être
d'origine involontaire, intentionnelle ou criminelle. Les plus courants sont
les feux de culture, de nettoiement et de pâturage qui ont un certain but
social (us et coutumes des populations malgaches) et économique. Nous
pouvons aussi ajouter les feux de protestation et les feux
<<Malasoïques» destinés à effacer les traces d'un
délit.
Le zébu malgache est à la fois un signe
extérieur de richesse, un symbole de puissance, de sagesse et d'espoir
en l'avenir pour certains groupes ethniques. Les savanes apparaissent aux yeux
des éleveurs comme le domaine indispensable au parcours de grands
troupeaux. En conséquence, celles de Maromiandra sont la cible des feux
de pâturage. L'objectif des éleveurs est d'offrir à leur
bétail de jeunes pousses tout en supprimant les vieilles herbes coriaces
à la consommation. Si elles ne sont pas supprimées par le feu,
elles empêchent les jeunes pousses d'émerger et le zébu
piqueté par ses extrémités refuse le pâturage. Ce
sont ces feux qui se transforment dans la plupart des cas en feu sauvage,
grignotent les lisières, détruisent les jeunes ligneux et
empêchent les forêts de se reconstituer.
On estime que les superficies ravagées à
Maromiandra et à Behompy varient de 200 à 1400 ha/an et la
fréquence des feux de brousse est de 12 par an (PCD, 2001). La commune
de Maromiandra dispose à elle seule de 1570 ha de savane arborée
et 1877 ha de savane herbeuse (FTM, 2004). Dans la province de Toliara, la
superficie incendiée en 2000 est de 18347 ha (Source MEF, 2002
in ONE/T.B.E., 2003)
Ces savanes connaissent une dégradation. <<
Les feux ne les entretiennent pas mais, au contraire, ils contribuent avec
les facteurs climatiques, à l'appauvrissement du sol » (ROGER,
1988). Les feux tardifs sont les plus redoutables car ils laissent des sols
dénudés au moment des fortes pluies. Une fois devenus
répétitifs, ils finissent toujours par déclencher un
phénomène de steppisation, stade ultime de la dégradation
végétale. Ces feux sont considérés dans ce cas
comme << un mal nécessaire ». Malgré leurs
méfaits, ils sont indispensables en agriculture comme en
élevage.
VII.2.4- Le sysTème D'élevAGe
Deux types d'élevages sont retenus dans cette zone :
- un élevage hautement extensif : le troupeau est
surveillé mais non gardé rationnellement ; - un élevage
semi-extensif : les zébus sont gardés dans le parc ou parfois
libérés, on dénombre au maximum 10 têtes par
famille.
Cependant, quel que soit le système d'élevage, les
mêmes types de conséquences sont enregistrées :
réduction et appauvrissement de la flore. Seulement, leurs degrés
varient.
VII.2.4.1- Les méfaits de l'élevage
extensif
La pratique de l'élevage extensif et l'extension des
zones de transhumance occasionnent petit à petit la dégradation
des terres et de la végétation. Les pressions varient suivant les
saisons. Dès la fin des récoltes, les herbivores
fréquentent les collines en toute liberté. Sur sols limoneux
à argileux, le piétinement exagéré des
pâturages provoque un tassement de l'horizon supérieur du sol en
période de pluies. Cela affaiblit les possibilités de
régénération des graminées.
L'éleveur malgache est un « sédentaire
». Les pâturages naturels ne sont en repos à aucun
moment de l'année. De ce fait, il n'a aucun souci de rotation ou de la
charge des pâturages (MORAT, 1973 - KOECHLIN et al., 1974).
Les troupeaux ne connaissent pas de frontière. Ils
interviennent dans les clairières ouvertes par les défrichements
(photos 12 et 14). Ensuite, ils Pénètrent facilement dans les
formations ligneuses dégradées par le biais des lisières
et des sentiers. Les plantes broutées quotidiennement sont les souches
herbeuses, les plantules, les rejets et les basses branches ou les jeunes
rameaux. Ce broutage sélectif renforcé par la divagation s'oppose
à la reconstitution buissonnante qui aurait évolué vers
une formation secondaire. Les caprins font plus de dégâts sur les
espèces ligneuses. Ils broutent en coupant les rameaux de jeunes
plantes, parfois même, ils les arrachent jusqu'aux racines et se
nourrissent de leur écorce.
La disparition de la couverture végétale par
les agissements de l'Homme et de son troupeau n'est pas à discuter.
HOERNER (1986) souligne qu'avant la colonisation, l'élevage de
zébus était bien développé dans la plaine du delta
de Fiherenana. En ce temps, une famille aurait disposé jusqu'à
100 têtes de zébus. Dans son ouvrage de 1976, le même auteur
avance l'idée que les agriculteurs sédentaires du Bas-Fiherenana
ont des bovins qui faute de pâturage doivent rester sur les plateaux
intérieurs. Il ressort de cela que jadis, la plaine de Toliara
était couverte d'une végétation naturelle suffisante pour
faire paître les grands troupeaux. Aujourd'hui, l'extension de ce
bétail est réduite à cause de problème du
pâturage et de l'eau, l'espace floristique est petit à petit
converti en espace cultural ou dégradé par les ruminants.
|