Au terme de la législation en vigueur, « un
défrichement est la suite des opérations destinées
à permettre la mise en culture d'un terrain préalablement
recouvert d'une végétation ligneuse et qui consiste à
l'abattage de tout ou d'une partie de cette végétation, suivi ou
non
d'incinération, dans le but de procéder
à des plantations ou semis d'ordre agricole » (in
NOURDDINE et ONINTSOA NIRINA, 2003). « Dès son
arrivée, l'homme possédait la hache et le feu, outils redoutables
quand ils sont employés pour défricher une
végétation fragile en équilibre précaire
» (MORAT, 1973).
Ces défrichements ont commencé à la
périphérie des points d'eau et du Fiherenana. Ensuite, les
peuplements situés à proximité des villages sont
élimés et enfin, la phase actuelle consiste à s'attaquer
aux milieux naturels isolés des villages.
Dans la vallée du Fiherenana, les forêts
galeries sont dégradées constamment pour les cultures. Sur le
plateau calcaire, le défrichement a favorisé la présence
de plusieurs clairières. Au niveau de la plaine, depuis Miary jusqu'au
pont de Belalanda, la partie Sud du fleuve est entièrement
défrichée. Derrière le paysage botanique du Nord du
Fiherenana, de nombreux camps de défrichement émergent. La
culture itinérante sur brûlis pour le maïs est montrée
du doigt.
Une étude réalisée en 2005 a
démontré que la production de maïs destinée à
l'exportation et à l'autoconsommation met en péril les
forêts épineuses dans le Sud-Ouest de Madagascar. « En
l'espace de dix ans, entre 1990 et 2000, la culture du maïs a
détruit directement 500 Km2 des forêts
épineuses » (Source : WWF). Dans la province de Toliara, le
taux de défrichement s'élève à 11380 ha/an pendant
cette même période.
En 1973, MORAT a estimé que ces cultures
traditionnelles n'étaient pas un grand facteur de
déséquilibre de la végétation. KOECHLIN et al.
(1974) ont ajouté qu'elles sont établies sur les sols sableux et
dans les alluvions et que la végétation sur les sols....calcaires
ou autres étant pratiquement respectée. Désormais, les
choses ont changé, la flore sur sol calcaire subit une
élimination liée aux cultures de maïs (photos 12, 13, 14,
15). Culture vivrière à l'origine, le maïs est devenu une
culture principalement commerciale. La forte demande du produit sur le
marché national et celui de l'île de la Réunion pousse les
paysans à élargir leur exploitation. Par contre, la chute de la
production après la troisième année (moins de 500 kg par
hectare après cinq à six années de culture) les incite
à partir à la recherche d'une terre vierge. Le terrain restera en
jachère (« Monka ») durant 8 à 10 ans. Sa reprise
interrompt le retour au plésioclimax, le bush à Euphorbes «
ne se reconstitue qu'au bout d'une vingtaine d'années »
(BATTISTINI, 1964).
La destruction de la flore suit les étapes suivantes :
La coupe et l'abattage se portent sur les fourrés, les
forêts ripicoles, les forêts
denses,...
Le brûlage : les arbres non abattus meurent sous l'effet de
la chaleur. Les branches sont ramassées et mises en tas pour être
brûlées.
Le semis s'effectue sur les nouveaux défrichements.
En résumé, cette pratique culturale diminue le
patrimoine naturel et certaines espèces botaniques endémiques
disparaissent. Elle mène inéluctablement la région, voire
même le pays vers la ruine définitive, car elle a réussi
à désertifier plusieurs hectares du sol (photo 15). RABOTOARISON
in
Armee.Com (2006) a estimé que la
survie des trois quarts des plantes médicinales venant des zones arides
du Sud-Ouest de Madagascar est menacée par la désertification de
la région. L'attachement à la tradition encourage les
défricheurs : « selon les règles ancestrales, la terre
appartient à celui qui la défriche ».