VI.2- Relation socio-phytogéographique
VI.2.1- IMpoRTAncE écoLogiquE
Dans ce secteur déjà peuplé, il est vrai
qu'il est difficile de trouver des formations végétales
dénuées de toute intervention humaine. Mais loin des hameaux et
des villages, l'intérêt écologique de la flore est
indéniable. Les forêts denses sèches et
sclérophylles abritent plusieurs espèces ligneuses
endémiques malgaches. Elles fournissent un abri adéquat à
une faune menacée. Les milieux sacrés en constituent des
échantillons représentatifs ou des corridors. Sur les littoraux,
les mangroves hébergent une faune importante ainsi que des algues. Elles
servent aussi de zones de frayère et de refuges pour de nombreuses
espèces, en particulier les crabes, les poissons, les crevettes et sont
des zones de nidification pour les oiseaux. A part la prédation, le
réseau trophique commence à partir de la phytocénose
(communauté de plantes) et de ses débris organiques.
VI.2.2- IMpoRTAncE géogRAphiquE
Géographiquement, le rôle des plantes est
très important, il suffit d'observer l'orientation de la forme de leur
couronne pour détecter la direction du vent dominant ou les organes
aériens (feuilles, fruits, fleurs) pour distinguer les saisons. Les
quatre points cardinaux peuvent être repérés facilement
dans un fourré à Didierea Madagascariensis ou «
Sony ». Celui-ci pointe toujours sa direction vers le Sud. En suivant un
catena (chaîne de végétation), chaque changement de
formation végétale évoque soit un changement
microclimatique, soit un changement pédologique, ou soit un changement
du niveau de la nappe phréatique ou du taux de salinité....
VI.2.3- inTéRêT EThnoboTAniquE
Dans notre vie quotidienne, les plantes présentent une
multitude d'usages, en voici quelques exemples.
VI.2.3.1- Moderation du climat local
La présence de la végétation permet de
modérer le climat local en fournissant de la fraîcheur à
l'ombre ; celle du « Kily » ou Tamarindus indica est la plus
recherchée. La végétation réduit les pollutions
(CO2) sous forme de poussière, de fumée en provenance de la
carbonisation, des feux de brousse... et rejette de l'oxygène. L'exemple
de RAMAMPIHERIKA (2006) illustre qu'un espace couvert de 100.000 m2
de surface de feuilles d'arbres bénéficie d'une réduction
nette de CO2 de 220 tonnes/an et d'une production nette d'O2 de même
valeur.
VI.2.3.2- Plantes médicinales et
médico-magiques
A Madagascar comme dans d'autres pays tropicaux, rituels et
médication par les végétaux se complètent. La
maladie, pour le malgache d'autre fois, est un châtiment envoyé
par les ancêtres ou par les esprits. Elle peut aussi résulter des
pratiques maléfiques de nature magique. La forêt est le monde des
esprits, du monde magique. C'est là où l'on trouve les plantes
connues par les devins guérisseurs ou << Ombiasy» (DEMETTE,
1990). Ces plantes ont un triple avantage : elles guérissent ou
préviennent les maladies, elles sont d'un accès facile et
remplacent les médicaments coûteux. Le traitement dépend de
l'ampleur des maladies, il peut être personnel ou se faire par la
consultation des guérisseurs. L'usage de ces plantes peut être
multiple ou spécifique mais parfois elles s'avèrent
inefficaces.
- Exemples de quelques plantes médicinales
:
· << Katrafay » (Cedrelopsis grevei)
: la décoction de l'écorce est utilisée comme toilette
intime chez les femmes, pour lutter contre les fatigues, les douleurs de la
colonne vertébrale. Sa solution est aussi bue pour traiter les maux du
ventre.
· << Ambilazo » (Dichrostachys sp.),
<< Vaovy » (Tetrapterocarpon geayi), le patient boit le
décocté des feuilles et des tiges pour atténuer la toux.
Le second sert aussi à traiter les maux de tête par le même
procédé thérapeutique.
· << Vaho » (Aloe divaricata) : ses
feuilles sont bourrées de substance visqueuse utilisée pour le
traitement des yeux, des maux de tête, de contusion. Les feuilles sont
broyées et macérées .La décoction est bue pour
enlever les impuretés dans l'organisme,...
· << Tain-jazamena » (Commiphora
brevicalyx) : la décoction sert à réduire
l'hémorragie avant accouchement, après cela d'autres plantes
comme<< Ranga » (Cynanchum nodosum) sont utilisées
pour donner de l'appétit, lutter contre les fatigues,...
· Les feuilles et/ou les tiges de << Karimbola »
(Erythroxylum sp.) sont utilisées par la femme en couche comme
cicatrisant et anti-inflammatoire.
· << Votoposa » (Achyrantes sp.), ses
feuilles sont utilisées pour guérir les plaies.
· << Andrarezo » (Trema orientalis),
<< Hazombalala » (Suregada sp.) traitent
du paludisme.
· << Monongo » (Zanthoxylum decaryi) :
arbre dont l'écorce bouillie est utilisée contre les maux de
dent,...
· << Totonga » (Aristolochia acuminata)
: herbe grimpante qui est un bon vermifuge.
- Exemple de quelques plantes médico-magiques
:
· << Mamiaho » (Secamone ligustrifolia)
pour aider une personne à avoir un compagnon ou une compagne,
· << Hompy » il est utilisé comme
talisman chez les Masikoro,
· << Totonga » (Aristolochia acuminata)
sert à jeter un mauvais sort à quelqu'un d'indésirable,
· << Andrarezo » (Trema orientalis) :
arbuste utilisé contre la foudre,
· << Soazanahary » très utilisée
par les devins-guérisseur,
· << Hazombalala », << Kifafa »,
<< Fihamy » (Ficus sp.) sont aussi utilisés en
sorcellerie,...
Bon nombre de plantes ont contribué au
développement de la médecine traditionnelle et ont servi des
repères de recherches orientées vers la médecine moderne.
BENOIT, dans l'atelier, Biodiversité et Environnement tenu à
Toliara en 2005, cite : << Le Grand Sud malgache est une source
d'espoir et d'avenir pour de nouveaux médicaments isolés à
partir des plantes
médicinales ». Du côté
traditionnel, les << ombiasy » protègent cette vertu
curative, en nous affirmant : << tout ce qui est sacré est
secret ».
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