V.2.5- LE pâturagE
Sur le plateau, après la récolte, les
éleveurs font paître leurs bêtes dans les exploitations
(photo 14). Aucun signe de surpâturage n'est observé dans ce
milieu. Quels en sont donc les motifs ?
En examinant les résultats des enquêtes
réalisées auprès des éleveurs avec ceux des
inventaires, nous aboutissons à des raisons hydrique (manque de points
d'eau, infiltration rapide des eaux dans les roches calcaires),
saisonnière (jaunissement des savanes durant la période
d'observation) et d'appétibilité.
Pour les éleveurs, parmi les graminées, <<
Ahidambo >> : (Heteropogon contortus), << Ahipoly
>>, << Kidressy >> (Cynodon dactylon), <<
Ahidaly >>,...constituent de bons fourrages pour les zébus.
Tongolakata (Andropogon sp.) et Pitsipitsiky (Pennisetum
polystachium) ne sont cités qu'occasionnellement. Pourtant, ce sont
les espèces qui dominent dans nos sites d'inventaire.
Quoi qu'il en soit, les travaux de MORAT (1973) et ROGER
(1986) nous donnent la conviction d'être sur une savane à
faible pâturage. En effet, ces deux auteurs ont su prouver que
les grandes régions d'élevage à Madagascar sont toutes
situées sur les savanes à Heteropogon contortus qui sont
considérées comme des << fire climax >> ou
climax du feux. Ce type de savane se rencontrerait à 40 km au Nord de la
commune de Maromiandra dans les
Fokontany de Mamery et Manamby et le nombre de zébus qui y
pâturent est plus élevé par rapport à celui des
collines de Behompy. Les recensements ont fourni pour :
- Maromiandra : 3000 testes (source : FTM, 2004),
- Behompy : 2000 testes (source : PCD, 2001
et M.AMODALY, 2005),
- Belalanda : 2328 testes (source : Commune Rurale de
Belalanda, inventaire de 2005)
En résumé, la hauteur des savanes (50-80 m)
donnée par MORAT (1973) est vérifiée pour la commune de
Maromiandra (Mamery et Manamby) mais aussi à Andranohinaly (Quartier de
Befoly). A chaque fin de la saison sèche, ces savanes
surpâturées sont en proie à des feux de brousse. La hauteur
de 1,75 m relevée sur les savanes de Behompy est justifiée par le
faible pâturage et l'absence d'Heteropogon contortus (chaume de
20 à 75 cm de haut) : «Ahidambo ou Danga », Aristida
rufescens (chaume de 50 à 1 m de haut) : « Kifafa »...
qui sont des graminées de petite taille. L'évolution de cette
savane ou jachère à Andropogon est donc cyclique avec
une série de phases en perpétuel renouvellement.
- Pauvreté floristique :
L'étude quantitative de la végétation
laisse voir une savane floristiquement pauvre. L'assèchement climatique,
l'action des feux et du bétail,...favorisent la domination
graminéenne. Bénéficiant d'une extension rapide, les
racines graminéennes épuisent l'humidité du sol et
empeschent en ce sens la prolifération des autres espèces, en
particulier les ligneux. Cette pauvreté floristique a été
déjà soulevée par PERRIER DE LA BATHIE (1921) puis
confirmée par MORAT (1973) comme étant un trait commun
pour toutes les savanes de Madagascar.
Après avoir étudié la forest dense
sèche secondaire ou épineuse et la savane, il nous a paru
nécessaire de pousser notre analyse jusque dans la lisière
forest-savane. Ceci permettra d'avoir des idées complètes sur
l'évolution de la matrice végétale.
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