10.2. LA STRUCTURE.
La densité, la surface terrière et le volume de
l'arbre moyen sont déterminants pour cerner la notion de structure mais
c'est le premier paramètre qui est prépondérant et
utilisable pour toutes les strates quand aux deux autres ils ne concernent que
la strate arborescente. La notion d'espace vital est importante pour la
structure afin d'expliquer la distribution des principales espèces les
unes par rapport aux autres.
Les principaux paramètres descripteurs de la physionomie
et de la structure sont :
Tableau 54 : Principaux paramètres de physionomie et de
structure
Paramètres physionomiques
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Paramètres structuraux
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1- Présence
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1- Densité
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2- Hauteurs: dominante et moyenne
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2- Surface terrière (par arbre, hectare)
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3- Stratification
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3- Espace vital (pour les principales espèces)
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4- Constance floristique
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4- Volume (par arbre, hectare, accroissement moyen)
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5- Taux de recouvrement
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5- Forme (port, élagage, relation houppier-racines)
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10.3- PROCESSUS DE DEGRADATION
Le processus de dégradation dépend de la nature
et de l'intensité des différentes pressions qui s'exercent
individuellement ou simultanément sur les groupements
végétaux. La description de ce mécanisme et la
structuration de sa forme sont des notions indispensables pour mettre au point
des techniques de préservation, de conservation et de traitement des
peuplements forestiers ou tout simplement pour dicter des mesures permettant
d'enrayer ce mécanisme, de tenter de le stopper ou arriver à
renverser le processus pour sauver les formations végétales
menacées.
10-3.1. LE DYNAMISME VEGETAL.
C'est une notion primaire car étant le reflet de tout
être vivant, dicté par le principe de l'évolution qui est
le propre de toute population, une fois cernée et ses paramètres
et son mécanisme identifié et schématisé il est
alors possible de comprendre les interactions positives ou négatives
entre les individus composant les groupements végétaux
étudiés.
OZENDA (1982) cite à propos du dynamisme
végétal: " Les associations végétales ne sont pas
des états indéfiniment stables; à moins qu'une cause
particulière (érosion permanente du sol, vent, surpâturage,
action de l'homme) ne contrarie leur évolution, elles présentent
en général une transformation spontanée et lente, au cours
de laquelle des groupements végétaux différents se
succèdent en chaque point: cette transformation a été
appelée dynamisme de la végétation". C'est de cette notion
de dynamisme qu'est née la série de végétation qui
est l'ensemble d'un climax, des groupements végétaux qui y
conduisent par évolution progressive et de ceux qui en dérivent
par dégradation. Il ne faut pas confondre ce dynamisme avec les
changements de végétation provoqués par des modifications
de milieu dues à d'autres causes. GODRON (1984) quand à lui
envisage la notion de succession comme une suite de stades, qui
s'éloignent de plus en plus de la plus grande stabilité
possible.
L'évolution progressive ou régressive,
paramètre déterminant du dynamisme, des formations
végétales dans la région centrale tellienne occidentale
comme sur l'ensemble du bassin méditerranéen est régie par
deux éléments majeurs:
- la lutte pour la survie (concurrence pour l'eau et la
lumière),
- l'intensité et le type de pression qui s'exerce.
« Aspects physionomico- structuraux de la
végétation forestière ligneuse face à la pression
anthropozoogène dans les
monts de Tlemcen et les monts de Dhaya (Algérie
occidentale)
Face à la première contrainte qui est naturelle
et à laquelle le végétal est adapté par une
morphologie et une physiologie lui permettant de supporter des conditions
climatiques et édaphiques peu favorables. Ce comportement naturel fait
que les espèces à tempérament vigoureux, à
croissance plus ou moins rapide et à régénération
plus ou moins facile et possible imposent à la formation
végétale une composition floristique et une structure qui leur
est propre. Cependant face à la pression anthropozoogène et
à son impact les espèces végétales les plus
coriaces n'ont pu développer un comportement physiologique et
physionomique nouveaux leur permettant de faire face à ce redoutable
facteur de dégradation. Cela entrave davantage la compréhension
du processus évolutif rendu complexe également par une
hétérogénéité et une instabilité de
la présence des espèces dominantes et déterminantes dans
les formations végétales.
Quoique l'homme ait déjà existé au cours
de la période glaciaire, son impact sur son environnement par ses
diverses activités dont l'agriculture et l'élevage ne s'imposent
qu'à partir du Néolithique. Le dynamisme végétal a
été mis au point par la palynologie où des successions de
formations végétales ont été identifiées. Le
paysan du néolithique défrichait la forêt et y laissait
courir son bétail, ces deux faits favorisaient la croissance de plantes
herbacées, la forêt étant éclaircie.
L'activité agricole de cette époque, sans engrais et sans
jachère épuisait rapidement le sol conquis par le
défrichement. Le défrichement par le feu et abandon des terres
épuisées étaient également la règle
générale d'exploitation des zones à faible densité
de population, hors d'Europe jusqu'au siècle actuel. (KUHNELT, 1969).
Le dynamisme de la végétation est imposé
par la notion de succession des espèces et des groupements
végétaux sous l'effet de divers facteurs. Il est souvent
difficile de définir cette notion, c'est CLEMENS (1973) qui
définit assez clairement ce concept. L'étude de la
végétation selon DEBUSSCHE (1978) sous l'angle de son dynamisme
qui doit exprimer l'organisation spatiotemporelle des espèces
végétales les unes par rapport aux autres est l'un des meilleurs
préalables à l'analyse de la structure et du fonctionnement des
écosystèmes. Dans ce concept le milieu est ou sera modifié
ou perturbé et chaque espèce montre vis à vis des
modifications du milieu un comportement propre déterminé par son
autoécologie.
Différentes conception du dynamisme s'affrontent et il
est difficile d'opter pour une définition claire. La seule
réalité sur le phénomène des successions qui semble
acceptable par toutes les écoles est qu'elle concerne la modification de
la végétation. Ces modifications, ce dynamisme, sont
orientés et l'on passe d'un certain état de la
végétation à un autre. L'ensemble de ces passages au cours
d'une succession, dénommés" mécanismes de successions",
fait l'objet, également, de nombreuses théories résume
MEDERBAL (1992) sur ce point.
CLEMENS (1973), OZENDA (1982), GODRON (1984) parmi ceux qui se
sont intéressés au dynamisme de la végétation en
Afrique septentrionale sont tous d'accord que pour connaître la dynamique
de la végétation, il faut aller au delà de la description
et chercher les forces qui gouvernent cette évolution. La force qui
guide et oriente la succession est la modification des facteurs
déterminants du milieu par les communautés
végétales qui facilitent l'implantation et la croissance de
successeurs. Chaque espèce a des effets particuliers sur son habitat et
sont de ce fait des espèces successionnelles ou climatiques capables de
se développer et de maintenir dans l'environnement qu'elles
façonnent.
Les règles fondamentales du dynamisme de la
végétation impliquant une succession de groupements ou
d'espèces sont selon OZENDA (1982):
- une sélection écologique (adaptation),
- une sélectivité sociologique (concurrence),
- une sélection géographique.
Un facteur important est à signaler, c'est un
élément du dynamisme déterminant car dans un temps
relativement réduit il arrive à créer des successions
suite à des perturbations: c'est les facteurs dégradants
d'origine anthropique. (BENABDELI, 1980, 1983). GRIME (1977) parle de "stress"
et de "perturbation", le premier vise les contraintes extérieures
(température, eau, sol, lumière ...) et le second des
mécanismes limitant la biomasse par sa destruction (incendies,
124
« Aspects physionomico- structuraux de la
végétation forestière ligneuse face à la pression
anthropozoogène dans les
monts de Tlemcen et les monts de Dhaya (Algérie
occidentale)
coupes, pâturage ...). LEPPART et ESCARRE (1983)
considèrent qu'une succession s'enclenche dés qu'un facteur
dégradant perturbe partiellement ou totalement un
écosystème préexistant. PICKETT (1980) quand à lui
atteste que la perturbation est un fait continu faisant partie
intégrante de la biosphère à l'origine de la dynamique des
communautés végétales.
PONS et al (1990) montrent à travers des analyses de
spectres des restes des anciens groupements végétaux que c'est
l'action de l'homme qui est à l'origine de la perturbation puis de la
modification de la composition floristique et de l'appauvrissement des
écosystèmes et leur remplacement par des espèces plus
résistantes depuis 15 à 25.000 ans.
Les groupements végétaux subissent en
général une transformation lente et spontanée
entraînant une succession de groupements végétaux
différents. L'action de l'homme et celles de ses animaux domestiques
ainsi que les engins mécaniques et certains travaux sylvicoles
inadaptés ou mal faits ont le plus souvent pour effet de perturber cette
évolution et parfois de provoquer un retour de la
végétation à un stade antérieur entraînant le
groupement végétal dans une évolution régressive
où la finalité peut se concrétiser par une disparition
totale de toute végétation ligneuse.
En plus de l'intérêt théorique
évident, l'étude de l'évolution de la
végétation a un intérêt pratique certain car elle
permet de prévoir l'état probable de la végétation
au bout d'un certain temps et de déterminer judicieusement le traitement
à appliquer pour obtenir des résultats donnés ou
fixés.
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