9- LA STRUCTURE.
La notion de structure d'un écosystème est une
propriété qui reste stable et hors d'atteinte car elle n'est que
difficilement perturbable complètement. Pour apprécier la notion
de structure utilisant ce paragraphe à MARGALEF (1963): " Les
écosystèmes ont une structure, en ce sens qu'ils sont
composés de différents éléments ou parties, ceux ci
arrangés en une configuration déterminée. Les
interrelations entre les éléments constituants sont la base de la
structure. Dans le même sens DUVIGNEAUD (1980) note: "La
communauté a aussi une structure définie; les organismes sont
distribués dans l'espace de manière à utiliser au mieux
les conditions offertes par le milieu abiotique...Au sein de strates
s'établit une division du travail où chaque espèce remplit
une fonction déterminée." PIGNATI (1980) quand a lui formule deux
énoncés sur l'uniformité floristique et structurale:"- les
communautés sont identifiables grâce à des combinaisons
d'espèces-une combinaison définie d'espèces dépend
des conditions écologiques actuelles et de l'évolution
floristique à long terme".
Les structures floristiques sur l'ensemble du pourtour
méditerranéen des forêts, des matorrals, des maquis et des
garrigues sont très diversifiées même si elles
obéissent à un schéma relativement identique.
L'hétérogénéité des facteurs climatiques sur
des surfaces relativement restreintes comme pour les facteurs édaphiques
commandent des structures très mobiles et donc peu stables. C'est des
formations essentiellement sempervirentes issues de stades de
dégradation de forêts, elles sont pauvres en diversité
d'où une dominance de l'uniformité caractérisée par
la présence d'espèces résistantes aux pressions
anthropiques et aux aléas climatiques. Ces espèces stables que
nous aurons à identifier constituent des stades régressifs qu'il
faut maîtriser.
Selon THIEBAUT (1976) l'observation des plants le long d'une
ligne montre que la structure horizontale est d'autant plus accentuée
que la répartition des espèces et des individus est
irrégulière ou hétérogène. En calculant la
quantité d'information liée à cette
hétérogénéité la structure horizontale peut
être estimée et chiffrée. Le même auteur
précise en 1884:" Quand on arrive à établir un
parallèle entre le climat et le comportement de la
végétation, il ne faut pas conclure trop hâtivement
à une relation de cause à effet. D'autres facteurs du milieu
peuvent intervenir dans le même sens que le climat et avoir un rôle
important (histoire, action humaine ...)".
La structure floristique sur l'ensemble du pourtour
méditerranéen est concentrée essentiellement sur des
formations sempervirentes issues de stades de dégradation de
forêts jadis en équilibre. Pauvres en diversité d'où
une dominance de l'uniformité caractérisée par la
présence d'espèces résistantes aux pressions anthropiques
et aux aléas climatiques.
La structure d'une formation végétale, au
même titre que la physionomie, permet de comprendre son comportement
dynamique et surtout d'apprécier l'agencement de toutes les
espèces et les strates la composent. Quelque soit les paramètres
et les qualificatifs utilisés pour décrire une formation
végétale, la disposition des espèces les unes par rapport
aux autres est
« Aspects physionomico- structuraux de la
végétation forestière ligneuse face à la pression
anthropozoogène dans les
monts de Tlemcen et les monts de Dhaya (Algérie
occidentale)
ignorée. Souvent l'utilisation d'indice de description
de la végétation tel que le taux de recouvrement, le coefficient
d'abondance-dominance et sociabilité, la vitalité, la
périodicité ne permet pas de donner des informations
précises en matière de structure, de physionomie et
d'arrangements spatiaux et la prépondérance de certaines
espèces. Pour faire face à cette carence dans le domaine
architectural de la végétation ligneuse certains
paramètres permettent de quantifier la structure, les plus
déterminants à notre sens sont : la densité et
l'espacement, la hauteur et le diamètre, la surface terrière,
l'âge et ses relations avec la biomasse et le volume.
DEVAUX et al (1976) pour étudier la structure
comparée de peuplements de pin d'Alep dans l'île de Port-Cros a
fait appel aux paramètres suivants: densité des sujets selon leur
forme, la surface de la placette, nombre d'arbres par hectare, surface
terrière à l'hectare, surface terrière de la placette et
la circonférence moyenne. En analysant les indices
dendrométriques, il a retenu l'âge, la densité, la hauteur,
la circonférence et le volume. GODRON (1976) note dans son ouvrage
relatif à l'échantillonnage phytoécologique l'importance
de la stratification dans la structure de la végétation et qui se
base sur les éléments suivants: type physionomique de la
végétation, la première espèce dominante, la
deuxième et la troisième.
9-1. LA DENSITE.
C'est un paramètre en liaison directe avec la
structure, la densité est en étroite relation avec les conditions
du milieu. Elle agit directement sur la hauteur et le diamètre des
sujets et contribue à la fluctuation du volume de bois comme l'ont
démontré plusieurs chercheurs spécialisés en
dendrométrie (PARDE, 1988).
La densité est dépendante de la qualité
du sol, de la pluviométrie, des opérations sylvicoles
entreprises, du type de formation végétale et de la composition
floristique (type d'espèces principales). C'est une notion fondamentale
qui permet de comprendre l'action d'une espèce dans une
phytocénose, son agencement et sa distribution dans l'espace.
Selon l'âge et les autres facteurs déterminants
énumérés précédemment agissant sur la
densité, des mesures ont été effectuées sur les
placettes d'observations représentant les divers types de formations
nous a permis d'avoir des données essentiellement pour la strate
arborescente (Tableax annexe n°72 et 73).
Tableau 44 : Densité maximale et minimale des principales
espèces
|
Etage semi-aride
|
Etage subhumide
|
Genre et espèce
|
Densité min.
|
Densité max.
|
Densité min.
|
Densité max.
|
Pinus halepensis
|
118
|
7.100
|
281
|
5.100
|
Tetraclinis articulata
|
54
|
217
|
28
|
295
|
Juniperus oxycedrus
|
17
|
109
|
56
|
113
|
Quercus rotondifolia
|
18
|
221
|
63
|
471
|
Quercus coccifera
|
2
|
34
|
7
|
89
|
Quercus faginea
|
=
|
=
|
217
|
1.226
|
Quercus suber
|
=
|
=
|
66
|
375
|
C'est les espèces qui atteignent facilement la hauteur
de 4 m et un tronc individualisé de plus de 1,50 m qui présentent
les densités les plus élevées. Ces densités
confirment l'hétérogénéité des formations
où la strate arborescente joue un rôle déterminant sur la
structure et sur la physionomie. En fonction de la densité moyenne la
plus fréquente par espèce le classement suivant a
été fait et priorise leur impact sur la structure (détail
dans le Tableau 73):
Tableau 45 : Densité moyenne des principales
espèces
Espèces
|
Densité
|
Espèces
|
Densité
|
|
SEMI-ARIDE
|
|
SUBHUMIDE
|
114
« Aspects physionomico- structuraux de la
végétation forestière ligneuse face à la pression
anthropozoogène dans les
monts de Tlemcen et les monts de Dhaya (Algérie
occidentale)
|
1996
|
|
|
Pinus halepensis
|
349
|
Quercus faginea
|
545
|
Tetraclinis articulata
|
89
|
Pinus halepensis
|
394
|
Juniperus oxycedrus
|
55
|
Quercus suber
|
175
|
Quercus rotondifolia
|
54
|
Quercus rotondifolia
|
90
|
Quercus coccifera
|
50
|
Juniperus oxycedrus
|
71
|
|
|
Tetraclinis articulata
|
45
|
|
|
Quercus coccifera
|
30
|
Selon le type de végétation, la densité
varie dans l'étage semi-aride de 320 à 665 et dans le subhumide
de 445 à 870 sujets par hectare en moyenne toutes espèces
arborescente confondues. La densité est un facteur déterminant
pour la structure, dés qu'une espèce a la plus forte
densité (si elle présente des capacités morphologiques
pour atteindre les dimensions requises de la strate arborescente) elle arrive
à façonner d'abord la physionomie en agissant sur la hauteur, sur
la stratification, la stabilité et le taux d'occupation du sol. La
densité agit directement sur la structure car elle imprime à la
formation végétale un agencement particulier et guide la
répartition des espèces dans l'espace et influe sur le volume.
9-1.1. La strate arbustive.
Elle a un impact certain sur la structure et la physionomie au
regard de sa diversité et de son taux élevé d'occupation
de l'espace. Elle est constituée à plus de 60% d'espèces
de la strate arborescente qui transitent par cette strate obligatoirement et
souvent elles séjournent pendant un temps assez long, induit par des
conditions écologiques et anthropiques souvent rudes, entravant un
passage normal d'une strate à une autre.
L'importance de cette strate est déterminante car elle
constitue une ossature permanente jouant un rôle clef dans la
physionomie, la structure et la composition des écosystèmes
forestiers. Toutes les espèces qui constituent cette strate sont
dotées d'une faculté de rejeter et de résister aux
changements de conditions édaphoclimatiques et aux multitudes pressions
qui s'y exercent induisant des perturbations.
La densité moyenne par hectare qu'occupe chaque
espèce dans les différentes formations étudiées
permet de faire la hiérarchisation suivante:
Tableau 46 : Densité moyenne par hectare
Etage semi-aride
|
Etage subhumide
|
Genre et espèce
|
Densité
|
Genre et espèce
|
Densité
|
Quercus rotondifolia
|
3.483
|
Quercus rotondifolia
|
6.914
|
Phillyrea angustifolia
|
2.500
|
Phillyrea angustifolia
|
2.000
|
Pistacia lentiscus
|
1.800
|
Pistacia lentiscus
|
1.100
|
Pinus halepensis
|
968
|
Quercus faginea
|
1.050
|
Quercus coccifera
|
810
|
Quercus coccifera
|
966
|
Tetraclinis articulata
|
215
|
Pinus halepensis
|
850
|
Arbutus unedo
|
150
|
Arbutus unedo
|
378
|
Cytisus triflorus
|
146
|
Tetraclinis articulata
|
300
|
Juniperus oxycedrus
|
137
|
Juniperus oxycedrus
|
181
|
|
|
Cytisus triflorus
|
173
|
|
|
Erica arborea
|
24
|
En dehors des espèces qui évoluent naturellement
vers la strate arborescente et qui sont en prééquilibre avec les
conditions du milieu à savoir: Quercus rotundifolia, Quercus
faginea et Pinus halepensis dans l'étage subhumide et
Pinus halepensis, Tetraclinis articulata et Quercus rotundifolia
dans le semi-aride, la densité des autres espèces
arbustives diffère sensiblement d'un
« Aspects physionomico- structuraux de la
végétation forestière ligneuse face à la pression
anthropozoogène dans les
monts de Tlemcen et les monts de Dhaya (Algérie
occidentale)
étage à l'autre. Ces valeurs expliquent
l'évolution comparée et similaire de toutes les espèces
quelque soit les conditions écologiques puisque les pressions qu'elles
subissent sont sensiblement identiques.
Dans la structure de la végétation
analysée, hormis la densité de la strate arborescente, les
paramètres de la strate arbustive ne peuvent être
déterminants à cause de leur ressemblance tant numérique
que physionomique. Les mêmes espèces caractéristiques des
types de végétation rencontrés reviennent dans une
constance presque permanente (Quercus rotundifolia, Pinus
halepensis, Arbutus unedo, Phillyrea angustifolia et Pistacia lentiscus)
et ne peuvent être retenus comme éléments
significatifs.
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