INTRODUCTION
Le couvert végétal forestier est en
régression constante malgré le développement et la
multiplication des matières synthétiques pouvant remplacer le
bois dans une gamme variée de ses utilisations. La multiplication et
l'intensification des espèces végétales fourragères
peuvent également subvenir aux besoins en nourriture des animaux
domestiques et épargner l'utilisation des forêts comme terrain de
parcours. Dans les pays développés existe déjà une
crise assez grave de l'environnement due à plusieurs facteurs dont la
destruction de la couverture végétale est significative. Cette
crise est présente dans les pays du tiers monde et s'accentue encore
plus par le biais de la poussée démographique alarmante car mal
maîtrisée. Notre pays ne peut échapper au processus de
dégradation du milieu naturel et plus particulièrement des
écosystèmes forestiers. Toutes les mesures prises
s'avèrent insuffisantes et la végétation est en constante
régression et dépréciation sous l'effet conjugué de
l'homme et de ses animaux. Quelques exemples à travers le monde montrent
la gravité de ce phénomène et alertent les
spécialistes sur son importance et les dégâts qu'il peut
causer:
- les forêts tropicales ont régressé de
60%,
- le Brésil a perdu plus de 40% de ses forêts,
- le taux de boisement en Chine n'est que de 9%.
Au moment où la forêt dans, son sens le plus
large possible, devient une nécessité vitale pour le
développement équilibré d'un pays, pour l'homme avec
toutes ses contraintes sociales et psychologiques; elle devient de plus en plus
menacée dans notre pays. Même en tant que source de vie par ses
rôles de poumon à oxygène, lieu de loisirs, protectrice du
sol, régulatrice du régime des eaux; le modernisme de l'homme la
condamne.
En Algérie la déforestation est importante, un
aperçu sur l'évolution des surfaces le confirme:
- la superficie forestière initiale de l'Algérie
est estimée par plusieurs auteurs et forestiers à 7
millions d'hectares avant 1800, en 1830 elle n'était
que de 4 millions d'hectares, en 1953 seulement 3.298.000 et en 1967
prés de 2.233.000 hectares. En prenant en considération les
broussailles et les maquis bas dégradés dont la superficie est
estimée à 720.000 hectares notre couverture
végétale forestière est de l'ordre de 2.953.000 hectares.
Cette situation permet les remarques suivantes:
- sur les 2.380.000 hectares de forêts (chiffre
récent) plus de 780.000 sont considérés comme
ruinés et à un stade régressif irréversible,
- en 1983 la couverture végétale forestière
est estimée à 2.400.000 hectares dont 1.800.000 de maquis.
Les chiffres ne coïncident pas entre eux, ce qui
reflète la dynamique régressive et les agressions constantes que
supportent les écosystèmes forestiers. Les pressions qui s'y
exercent sont toutes dues aux activités humaines volontaires ou
planifiées.
L'archéologie confirme, par les gravures rupestres
représentant des éléphants et des buffles, que le milieu
forestier était à un stade d'évolution remarquable
caractérisé par un équilibre proche du climax. La
littérature confirme également l'existence de fauves dans nos
massifs forestiers il y à peine un siècle! Nos forêts ont
subi d'énormes dégâts notamment lors des crises
économiques durant les deux guerres mondiales et pendant celle de la
libération du pays. ZERAIA (1977) note: " On a accusé l'arabe et
la chèvre d'être à l'origine de la dégradation de
nos forêts. Cette affirmation mensongère et raciste, est à
détruire, aucun troupeau quel que soit son ampleur n'est en mesure de
détruire une forêt si celle-ci n'a déjà
été largement pillée et dégradée. Quant
à l'arabe il s'agit de ce fellah spolié de ses terres, de ses
biens, de sa culture que BUGEAUD voulait refouler jusqu'au fond du
désert."
La dynamique de la végétation n'a
été abordée en Oranie que vers les années 1888 par
CLARY dans sa publication intitulée: Le catalogue des plantes
observées à Dhaya. Sur ce document ALCARAZ (1982) note: "L'auteur
y situe très approximativement les diverses essences
forestières
« Aspects physionomico- structuraux de la
végétation forestière ligneuse face à la pression
anthropozoogène dans les
monts de Tlemcen et les monts de Dhaya (Algérie
occidentale)
dont le pin d'Alep, le chêne vert, le genévrier
oxycèdre et le thuya, les unes par rapport aux autres."
En 1906, FLAHAUT in ALCARAZ (1982) en analysant ses travaux
d'herborisation sur l'Oranie souligne: " J'ai quelque peine à me faire
à l'idée que c'est bien le pays où, il y a 22 ans, on ne
me permettait d'herboriser qu'armé et que les panthères hantent
encore les montagnes voisines." L'évolution de la forêt est quant
à elle appréhendée en 1909 par MATHEY dans sa publication:
" Un coin de l'Oranie, maquis, broussailles et forêts." Il donne une
physionomie de la forêt de pin d'Alep et il y distingua
déjà trois étages de végétation
superposés. " La forêt se présente sous l'aspect
jardiné, et le massif plus ou moins dense offre trois étages de
végétation superposés. Le premier est constitué par
les pins; le second par le thuya, le chêne vert, l'oxycèdre et la
variété de chêne kermès désignée sous
le nom de faux kermès; le troisième enfin, par les formes
buissonnantes des espèces précédentes, auxquelles s'ajoute
l'arbousier, le lentisque, le filaire, le nerprun faux, l'olivier, le
calycotome épineux, le baguenaudier, le genêt tricuspide,
l'anagyre fétide, le cytise arborescent, la coronille de Valence, le
ciste polymorphe et le ciste de Montpellier." Puis il aborde un aspect
évolutif ayant trait au dynamisme ".. .. Et nous avons toujours vu la
régénération du pin s'opérer sûrement,
exclusivement parmi les lentisques, arbousiers, filaires et autres
végétaux de sous-bois. En détruisant ce dernier, on
détruira forcément la forêt ". Sur la notion de
dégradation, à cette époque l'auteur remarque "...
l'extension des futaies de pin d'Alep et le retrait des futaies de chêne
vert marque une dégradation lente et sûr du climat montagnard...si
la dégradation du climat favorise la propagation du pin d'Alep, elle ne
suffit cependant point à expliquer la disparition de ces vieilles
futaies de chêne vert." La remarque de TRABUT (1949) à ce sujet
est intéressante: » Ces massifs de chêne vert
s'éclaircissent tous les ans et aucun rejet ne part des souches qui
périssent de vieillesse, si bien que ces arbres séculaires
parfois très beaux, sont les derniers que doit nourrir un sol
brouté à outrance". Pour MATHEY les causes de la disparition de
la forêt sont résumées dans cette citation : " les
chèvres et les moutons ne se contentent pas de ronger les flancs de
l'Oranie et d'envoyer son sol à la mer, ils creusent aussi le gouffre
sans fond où s'engloutiront ses revenus et ses ressources. Contre ce
fléau un seul remède: substituer, dans le Tell, le gros au petit
bétail. "
En 1926 une oeuvre de base remarquable revient au docteur
MAIRE, c'est la carte phytogéographique, particulièrement
précieuse où les principales formations végétales
sont localisées et décrites, il subdivisa l'Algérie en
régions, domaines et secteurs qu'il décrit sommairement. En 1926
TINTHOIN avec: - Le tapis végétal du Tell oranais, sa
modification par l'homme - aborda directement le problème de l'action de
l'homme sur la végétation. Il décrit l'état de la
végétation de cette époque tout en essayant de
reconstituer les associations primitives à partir de certaines archives.
En 1948 avec son ouvrage intitulé: - Les aspects physiques du Tell
oranais -, nous retiendrons surtout les précisions historiques sur
l'état ancien de la végétation.
L'ouvrage de BOUDY (1948-50): -Economie forestière
nord-africaine -; permet d'avoir une monographie forestière assez
complète. A ce sujet ALCARAZ (1982) note: " On y relève des
remarques intéressantes sur l'écologie, le tempérament, la
régénération et les divers types de peuplements
végétaux." Des renseignements utiles sont donnés par cet
auteur sur les points suivants:
- formation et évolution de la végétation
forestière,
- constitution, consistance et volume des peuplements,
- action du milieu humain sur la végétation.
En 1977 QUEZEL aborde le problème de la valeur
historique de la flore et de la végétation orophile nord
africaine. En 1958 SANTA publie son essai de reconstitution des paysages
végétaux quaternaires d'Afrique du Nord. QUEZEL et SANTA (1963)
avec la nouvelle flore d'Algérie et des régions
désertiques méridionales recensent et localisent les
espèces. Les travaux d'ALCARAZ (1982) donnent une description de la
végétation de l'ouest algérien. BENABDELI (1983) identifie
les facteurs dégradants de la végétation et leur
évaluation. KADIK (1983) apporte des informations
1996
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« Aspects physionomico- structuraux de la
végétation forestière ligneuse face à la pression
anthropozoogène dans les
monts de Tlemcen et les monts de Dhaya (Algérie
occidentale)
complémentaires sur le pin d'Alep. MEDERBAL (1994) aborde
le dynamisme de la végétation en utilisant un outil nouveau pour
le pays: la télédétection aérospatiale.
« Aspects physionomico- structuraux de la
végétation forestière ligneuse face à la pression
anthropozoogène dans les
monts de Tlemcen et les monts de Dhaya (Algérie
occidentale)
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