5-2. NOUVELLE APPROCHE
La formation végétale est une notion importante
puisqu'elle permet d'identifier la physionomie qui a un aspect de premier ordre
pour comprendre le comportement et la dynamique des divers groupements
végétaux. Une formation végétale est un ensemble de
plantes ligneuses ayant sa propre physionomie découlant de la
fréquence de certaines espèces présentant le même
aspect.
Une autre expression est à utiliser et connaître,
qui malgré sa précision n'a pas connu un large usage : c'est le
type de végétation. En 1955 TROCHAIN donne la définition
suivante de cette expression: " Les types de végétation sont les
grands ensembles végétaux qui impriment au "paysage une
physionomie particulière qui résulte de l'accumulation
espèces végétales spécifiquement variées
mais appartenant en grande majorité, à une même forme
biologique qui est ainsi dominante".
Des difficultés apparaissent lorsque l'on commence
à nommer les types de végétation, parce que la langue
française set pauvre en terme généraux dans le domaine
forestier. Nous faisons allusion aux termes de forêt naturelle, de
forêt issue de reboisement, du matorral, du maquis, de la garrigue, de la
steppe, de la lande, de l'erme, de la garrigue ; des termes utilisés
pour des formations restreintes, particulières et localisées qui
se sont vus généralisés dans leur utilisation avec une
altération de leur vrai sens. Il convient de se mettre d'accord pour
dénommer les principaux types de végétation, il n'y aura
ensuite aucun inconvénient à décrire et identifier la
végétation. La végétation de l'Algérie
occidentale tellienne fait partie intégrante de la
végétation méditerranéenne, elle est
particulière par son aspect, sa composition, sa structure et sa
physionomie. Cette végétation se présente donc sous
diverses formes d'où l'importance d'une
« Aspects physionomico- structuraux de la
végétation forestière ligneuse face à la pression
anthropozoogène dans les
monts de Tlemcen et les monts de Dhaya (Algérie
occidentale)
clarification dans les définitions des différentes
formations qui ne sont qu'un ensemble de végétaux ligneux dont
les formes et le disposition donnent un aspect déterminé.
5-2.1. La forêt
Les définitions sont nombreuses et différent
selon les pays et les auteurs; l'absence de travaux précis par zone
biogéographique fait que toutes sont acceptables à divers
degrés. Généralement on défini la forêt comme
une formation arborescente dense, il faut s'entendre sur les qualificatifs
d'arborescent et dense. Ce type de végétation est défini
sur la base de deux critères: la taille et la densité. Sachant
que dans la région les arbres participant massivement à la
formation de ce type de végétation n'ont qu'une faible hauteur,
généralement entre 5 et 10 m, et que leur peuplement est rarement
continu et serré. Cette situation est une résultante des
conditions tant climatiques, édaphiques qu'anthropiques. Si on venait
à appliquer avec rigueur les critères de classification
européens ou d'Afrique inter-tropicale, rares sont les formations
végétales de la région qui peuvent être retenus dans
la définition de forêt. Les individus végétaux
constituant la majorité de nos formations seraient trop bas et de faible
densité pour former une forêt au sens des définitions
usuelles. Une forêt est un ensemble d'arbres (donc dont la hauteur est
supérieure à 7 m) et qui se concurrence soit par leur houppier ou
leurs racines.
MOLINIER (1971) précise à ce sujet: " La
définition de la forêt répond à un quintuple
critère: la taille élevée, forme définie,
densité suffisante des éléments qui la constituent,
étendue assez grande couverte par l'ensemble et pérennité;
c'est un espace à cinq dimensions au moins: hauteur, forme, surface,
volume et temps ". Ainsi les paramètres déterminants pour
définir une forêt sont:
- la taille: le botaniste
GATIN (dictionnaire de Botanique) in MOLINIER (1971) précise: " l'arbre
est un végétal ligneux à tige simple et unie dont la
taille atteint au moins 7 mètres " alors le domaine de la forêt
méditerranéenne s'amenuiserait car peu de peuplements forestiers
atteignent cette taille.
- la forme: définie
généralement par un tronc simple et dégagé à
la base, généralement nos principales espèces
présentent une tige souvent rameuse. On rencontre dans le vocabulaire
français les termes d'arbrisseaux et d'arbustes. Arbrisseau:
végétal ligneux dont la tige est rameuse dés la base et
dont les dimensions atteignent 1 à 7 m. Arbuste: végétal
ligneux dont la taille n'est pas plus grande que celle d'un arbrisseau mais
dont la tige, est à la base unie et simple. Généralement
ces deux termes sont confondus dans la strate arbustive.
- l'étendue: à
l'idée de forêt s'attache celle d'une grande étendue sans
aucune autre précision, le plus souvent c'est au -delà de 100
hectares qu'on considère qu'on est en présence d'une forêt
car ses effets peuvent être ressentis (amplitude thermique, microclimat,
écosystème etc.)
- la densité: ce paramètre
souffre également du manque de précision, c'est la notion de
concurrence qui est utilisée soit par les houppiers soit par les
racines, donc le sous-bois est déterminant et cette notion devient
très subjective et aléatoire.
- la pérennité:
la forêt par définition est une formation qui se
caractérise par une pérennité car sa durée de vie
est normalement illimitée grâce à sa faculté de
régénération.
Selon toujours le même auteur, l'un des éminents
spécialiste de la forêt méditerranéenne: " Tous ces
termes (forêts, bois, arbres, arbustes, arbrisseaux) tendent à
exprimer essentiellement des physionomies différentes et des rapports de
dimension ou de durée, et n'admettent aucune autre limite dans leur
définition, que celle que leur consacre l'usage local ".
De ces faits est exclus du terme de forêt:
- toute formation végétale ligneuse fermée
trop basse (hauteur inférieure à 7 m),
- toute formation arborescente trop ouverte dont la
densité ne permet pas une des deux concurrences citées
précédemment.
Au sujet de la hauteur des différentes strates en
Algérie occidentale ALCARAZ (1982) précise:" Précisons
cependant que la taille minimale de 7 mètres pour définir les
arbres d'une forêt ne nous paraît pas toujours adaptée
à l'Oranie". BACHTARZI (1984) dans ses réflexions sur les
aménagements dans les forêts du massif de Télagh (monts de
Dhaya ) note la présente d'une
59
« Aspects physionomico- structuraux de la
végétation forestière ligneuse face à la pression
anthropozoogène dans les
monts de Tlemcen et les monts de Dhaya (Algérie
occidentale)
strate arborescente dans la forêt de Khodida de 5 m et
une strate arbustive dont la hauteur se situe entre 1 à 2,5 m. DJEBBAR
(1983) avance la hauteur de 4 m de hauteur pour la strate arborescente pour la
première fois en Oranie quand il a étudié la relation
climat série de végétation sans aucune justification mais
basée sur des observations. C'est en tout cas la hauteur moyenne la plus
fréquente rencontrée dans cette zone assez représentative
des conditions écologiques et phytogéographiques de la
région étudiée. BENABDELI (1994) notait à propos d'
hauteur des strates: "Certains maquis hauts, pouvant dépassés les
4 m à 5 m, ... par leur extrême densité, rendent impossible
l'installation à leur niveau d'essences forestières typiques ".
JENIK (1979) donne la définition suivante de la forêt:" Le plus
souvent le nom de forêt est réservé à un biome dans
lequel les arbres dépassent 5 mètres de hauteur, couvre une
surface d'au moins un are et occupent de leurs houppiers au moins un tiers de
cette surface". Le critère décisif pour déterminer s'il
s'agit d'une forêt, selon JENIK (1979) est de savoir si le couvert
arborescent forme déjà un milieu particulier (climat local, sol
propice à l'existence de plantes et d'animaux typiquement
forestiers).
Le terme de forêt serait presque inexistant dans notre
région où les conditions écologique particulières
font que la strate arborescente est de faible hauteur même si
morphologiquement les individus végétaux sont des arbres. Les
paramètres déterminants de hauteur et de densité
utilisés pour identifier une forêt ne doivent pas s'appliquer dans
de telles données de milieu. Un critère morphologique serait plus
acceptable et la définition du terme de forêt serait: " toute
formation dont les individus ligneux qui la composent se distinguent par un fut
et un houppier individualisés avec une hauteur minimale de 4 m, les
individus pouvant se concurrencer soit par leur houppier ou leurs racines ".
Avec cette définition le type de végétation le plus
évolué et en équilibre avec son milieu correspond
logiquement au terme le plus optimal qu'est la forêt car il est
impossible de dissocier la formation et ses caractéristiques de son
environnement et de remettre en cause par une simple restriction
l'équilibre que la végétation n'a retrouvé qu'
'après plusieurs dizaines d'années.
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