3-7. CARACTERISTIQUES DES FORETS RETENUES
Les principales caractéristiques de ces forêts
demeurent leur composition floristique et leur structure qui présentent
des particularités en liaison avec les facteurs du milieu. Les trois
grands ensembles géographiques sont différents par la nature du
substrat, le climat, la végétation mais ce qui est remarquable
c'est que les formations végétales qui les composent se
ressemblent étrangement essentiellement dans leur physionomie qui n'est
autre que le reflet et la résultante des agressions que ces formations
subissent. Pour chaque forêt nous allons résumer ses principales
caractéristiques nous permettant par la suite de comprendre le processus
de dégradation des groupements végétaux dans leur ensemble
et de déterminer leur réaction par une description de leur aspect
physionomico-structural (tableau annexe 4).
Forêt de Béni
Boussaïd: assez intéressantes par sa composition
floristique où domine le chêne vert, le thuya et le
genévrier oxycédre qui concurrence cette dernière
grâce à sa forte résistance aux agressions et aux
conditions climatiques extrêmes. Elle représente dans son ensemble
un stade de dégradation assez avancé d'une forêt climacique
de chêne liège et de chêne vert. Le taillis de chêne
vert fortement exploité arrive à se maintenir en se
régénérant remarquablement et facilement malgré la
forte pression anthropozoogène. Le chêne vert au stade de vieille
futaie est présent et témoigne de l'importance de cette
espèce qui a connu le stade climacique dans des conditions tant
climatiques qu'édaphiques très proches des présentes mais
sans aucun doute une absence d'agressions.
Forêt de Hafir: sol
gréseux et profond, les conditions particulièrement favorables du
point de vue climatiques sont à l'origine d'une végétation
diversifiée et bien venante à l'exception du groupement
végétal de chêne liège qui est menacé de
disparition par une absence de régénération naturelle. De
ce fait le chêne liège est concurrencé par l'une des trois
espèces suivantes: le chêne vert, le chêne zeen et
même le thuya dans des conditions particulières. Le chêne
zeen occupe totalement toutes les expositions nord et nord-ouest ainsi que les
zones fraîches et est arrivé à éliminer le
chêne liège et même le chêne vert.
Représentative des séries de végétation du
chêne liège et du chêne zeen cette forêt est soumise
en partie à une agression, est très intéressante pour
appréhender le comportement de ces deux dernières
espèces.
Forêt d'El Khémis:
toujours dans la série du chêne vert mais en présence de
conditions climatiques, édaphiques et des activités humaines
différentes et surtout moins favorables que les
précédentes, cette forêt offre grâce à son
vieux taillis de chêne vert accompagné de genévrier
oxycédre des stades ultimes de dégradation.
Forêt des Azaïls:
située dans des conditions presque similaires à la forêt
d'El Khémis, cette forêt se caractérise par sa
fragilité puisque même le pin d'Alep a cédé sa place
au genévrier oxycédre; l'alfa a entièrement envahi le
sous-bois. Le chêne vert demeure encore espèce dominante et
témoigne de son adaptation aux conditions écologiques et
anthropiques les plus difficiles.
Ces quatre forêts des monts de Tlemcen dans leurs
versants nord et sud sont assez représentatives des conditions tant
écologiques qu'anthropiques de la zone et permettent de donner des
informations crédibles sur la série du chêne vert avec les
principaux groupements rencontrés : Chêne vert, Chêne vert
et genévrier, oxycédre, Chêne vert et chêne
liège, Chêne liège et chêne zeen
Forêt du Djebel Ouargla: avec
ses reliques de forêt de chêne vert associé au thuya et ses
taillis dégradés, elle présente des formations
intéressantes où se développent deux espèces
écologiquement adaptées: le chêne vert et le thuya
auxquelles s'associe le pin d'Alep. Ensemble s'étant bien que mal
adapté aux différentes agressions, il arrive à se
maintenir et assurer un rôle écologique convenable.
« Aspects physionomico- structuraux de la
végétation forestière ligneuse face à la pression
anthropozoogène dans les
monts de Tlemcen et les monts de Dhaya (Algérie
occidentale)
Forêt de Toumiet: c'est un
amalgame espèces forestières assez bien représentatif de
la végétation naturelle de la région; le pin d'Alep
demeure espèce dominante, il est accompagné du thuya, du
chêne vert et du chêne kermès. La végétation
forme des groupements individualisés où la
régénération naturelle (semis et rejets) est
présente pour toutes les espèces. Malgré les agressions
tant humaines qu'animales qui s'exercent en permanence sur cette forêt,
les formations végétales présentent une physionomie et une
structure remarquables.
Forêt de Touazizine:
l'altitude au même titre que l'exposition jouent un rôle
déterminant sur la composition floristique, le pin d'Alep est
espèce dominante mais éprouve des difficultés à se
maintenir face aux conditions climatiques hivernales et à la concurrence
du chêne vert. Cette dernière espèce arrive à
constituer des formations pures en altitude et en exposition nord et nordouest.
Forêt offrant l'avantage d'être exploitée donc permettant
d'étudier le comportement de diverses formations après
intervention planifiée de l'homme. Elle présente également
une multitude de faciès de dégradation pour les principaux
groupements: le pin d'Alep, le pin d'Alep et le chêne vert, le pin d'Alep
et le genévrier oxycèdre, le chêne vert et le
genévrier oxycèdre.
Ces trois forêts représentent la partie
mitoyenne, centrale, de transition entre les monts de Tlemcen et les monts de
Dhaya; elles sont couvertes par des formations végétales
ligneuses intéressantes par leur composition floristique, leur structure
et surtout leur physionomie qui répond à une pression
quasi-permanente.
Forêt de Béni Mathar:
en bordure des hauts plateaux elle est à dominance de pin d'Alep et
chêne vert, très dégradée, elle subit les actions
conjuguées du climat, du sol et de la pression anthropozoogène.
Elle offre un avantage, pour l'étude que nous entreprenons, de
présenter les conditions écologiques et anthropiques les plus
difficiles. Connaissant un impact intense et permanent du parcours, du
défrichement, de l'exploitation et de l'absence totale d'intervention
restauratrice, cette forêt est le label représentatif d'un
ensemble de formations forestières en voie de disparition.
Forêt de Zégla: c'est
la plus grande forêt de la région, aire de prédilection de
la pinède où la régénération naturelle est
présente sous des conditions particulières assurant une
pérennité au pin d'Alep. Située à la limite des
hauts plateaux, au même titre que la forêt de Béni Mathar,
elle présente une certaine adaptation aux conditions difficiles du
milieu où le pin d'Alep, le chêne vert, le thuya et à un
degré moindre le chêne kermès constituent avec les
espèces secondaires du matorral et de la garrigue une ossature puissante
conférant à cette forêt une certaine résistance aux
multiples agressions.
Les principaux groupements végétaux présents
sont: le pin d'Alep et le thuya, le pin d'Alep et le chêne vert et des
formations dégradées (stades de dégradation des formations
précédentes).
Forêt de Fenouane: très
représentative des groupements thermophiles de l'Oranie dominé
par le pin d'Alep et le thuya avec cependant un remarquable sous-bois
broussailleux qui joue un rôle non négligeable dans la
régénération du pin d'Alep et dans l'atténuation
des effets du parcours. Constituée de formation à base
essentiellement espèces arborescentes et arbustives très
xérophiles et à forte capacité de rejeter, la principale
formation rencontrée à différents stades
d'évolution régressive ou progressive est le pin d'Alep et le
thuya.
Forêt de Doui Thabet:
malgré les exploitations, les incendies et le parcours
c'est l'aire du pin d'Alep avec le thuya dans des conditions climatiques plus
favorables que celle de la forêt de Fénouane. Le taux de
recouvrement est appréciable avec une régénération
assurant à nos jours une pérennité de la couverture
végétale.
III-6.1 Identification de ces forêts (Tableau annexe
2)
Les forêts présentées offrent une
diversité représentative de l'Oranie occidentale tellienne et il
est possible d'avoir un aperçu sur toutes les formations
végétales forestières soumises à diverses
conditions écologiques et à une gamme variée d'agressions
d'origine animale et humaine. Localisées dans une région qui se
distingue par des conditions particulières, la pluviosité est
relativement faible et concentrée essentiellement en automne et en
hiver, les températures sont basses pendant la saison humide et
élevées le reste du temps jouent de ce fait un rôle
particulier
35
« Aspects physionomico- structuraux de la
végétation forestière ligneuse face à la pression
anthropozoogène dans les
monts de Tlemcen et les monts de Dhaya (Algérie
occidentale)
dans la répartition et le développement de la
végétation ligneuse, les sols sont superficiels à
très faible teneur en matière organique sujets à
l'érosion, des activités humaines multiples faisant partie
intégrante de la forêt et de son environnement.
Relevant du climat de l'étage
méditerranéen semi-aride et aride, la pluviométrie moyenne
annuelle oscille entre 300 et 600 mm. Du point de vue géologique et
physique, la région appartient à la division occidentale du Tell
et en particulier sur la Meseta oranaise, zone peu plissée comme l'Atlas
tellien elle se présente sous une contrée tabulaire.
C'est comme le souligne BOUDY (1955):" Une véritable
région de Causses appartenant aux Hauts Plateaux par son relief et au
Tell par son climat". Cette bande montagneuse colonisée par une
végétation naturelle particulière comprend essentiellement
les monts de Tlemcen et les monts de Dhaya. Elle offre une grande
homogénéité géologique où on observe un
parallélisme certain entre les formations géologiques et la
localisation et l'étendue des formations végétales.
La zone d'étude où ont été
sélectionnées les onze forêts est relativement assez bien
boisée, elle a même l'un des plus forts taux du pays: 28%. Elle
est suffisamment couverte de forêts, de matorrals, de maquis et de
garrigue où dominent tantôt des espèces arborescentes
tantôt des espèces arbustives ou buissonnantes. La
végétation appartient au domaine Mauritanéen
Méditerranéen, secteur oranais, sous-secteur de l'Atlas tellien
selon le découpage de QUEZEL (1963). Les principales associations
végétales rencontrées et dominantes sont:
- Pinetum halepensis
- Quercetum illicis
- Callitricetum quadrivalvis ( ou Tetraclinetum
articulata )
- Juniperetum oxycedrus (à
confirmer)
- Quercetum faginea
- Quercetum suberis
Il serait plus correct de parler de séries de
végétation pour être en accord avec l'objectif
assigné à ce travail; on en distingue cinq:
- Série du chêne vert
- Série du pin d'Alep
- Série du thuya
- Série du chêne liège
- Série des formations mixtes.
|