2- Méthode ECRIS8
La méthode ECRIS
(Enquête Collective Rapide d'Identification des Conflits et
des Groupes Stratégiques...) est un canevas
d'enquête collective multi-sites, qui a été mis en oeuvre
à l'occasion de divers travaux récents en Afrique9.
Cette méthode a été mise au point en 1995 par le
LASDEL (Laboratoire d'Etudes et Recherche sur les Dynamiques
Sociales et le Développement Local) qui est un centre de
recherche en Sciences Sociales basé à Niamey(Niger) et
dirigé par Jean Pierre Olivier de Sardan et
Thomas Bierschenk10. De nombreux chercheurs font
mention des avantages de l'enquête collective sur l'enquête
individuelle. L'enquête collective permet, dans certaines conditions, une
confrontation des interprétations de terrain, une plus grande
explicitation des problématiques, une triangulation mieux
assurée, une meilleure prise en compte des contre-exemples, une plus
grande vigilance dans la rigueur empirique. Mais elle ne saurait être une
recette-miracle. Une recherche en équipe suppose en fait des alternances
de phases collectives et de phases individuelles.
Le canevas ECRIS voudrait simplement
optimiser les avantages d'une recherche en équipe, et réguler
cette alternance. Il suppose un savoir-faire professionnel et ne saurait en
dispenser. Il ne substitue en aucune façon à la nécessaire
vigilance du chercheur sur le terrain, mais voudrait en permettre l'exercice
dans un cadre collectif. Il voudrait faciliter la mise en oeuvre des
compétences anthropologiques au sein d'une équipe s'attaquant
à certains types de chantiers empiriques comparatifs. Il suppose
toujours, après la phase collective, une phase individuelle
d'enquête approfondie et d'observation participante. ECRIS ,
n'est donc pas un nouveau « produit » à placer sur le
marché aujourd'hui en expansion des études rapides, des
enquêtes pressées et des évaluations au pas de course.
C'est plutôt un canevas de travail pour une recherche
socio-anthropologique comparative multi-sites, menée en
équipe, avec une phase collective « rapide »
précédent une phase de « terrain » classique, laquelle
reste indispensable et réclame une investigation individuelle
relativement intensive et donc relativement prolongée. Si la phase
collective est rapide, l'enquête complète ne l'est pas, et le
travail d'équipe passe par des recherches individuelles
coordonnées.
8 Un exposé approfondi de la méthode
ECRIS se trouve dans la partie Annexes de notre
mémoire.
9 Des enquêtes s'appuyant sur le canevas
ECRIS ont été menées sur les pouvoirs locaux, au
Bénin (cf. Bierschenk&Olivier de Sardan eds, 1998), en Centrafrique
(cf. Bierschenk&Olivier de Sardan, 1997b), au Niger (Olivier de Sardan
1999, Moussa 2003, Hahonou, 2003, Elhadji Dagobi 2003, Mohamadou 2003), au Mali
(Kassibo, éd. 1998) ;sur la corruption, au Niger, au Bénin et au
Sénégal (Blundo & Olivier de Sardan, 2001) ;sur la
santé, au Niger, au Mali, au Sénégal, en Guinée et
en Côte d'Ivoire (cf.Jaffré&Olivier de Sardan,2001) ;
10 T. Bierschenk, professeur à
l'Université de Mainz, Allemagne, est chercheur associé au LASDEL
et membre de son conseil scientifique.
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