b- Techniques utilisées
Nous avons choisis quatre techniques qui ont contribué
à collecter une quantité importante de données
qualitatives. Ces techniques sont :
L'observation
Peu importe si l'expression, souvent contestée, est
heureuse ou non. Ce quelle connote est relativement clair. Par un séjour
prolongé chez ceux auprès de qui il enquête (et par
l'apprentissage de la langue locale si celle-ci lui est inconnue),
l'anthropologue se frotte en « chair et en os » à la
réalité qu'il entend étudier. Il peut ainsi l'observer,
sinon de l'intérieur au sens strict, du moins au plus près de
ceux qui la vivent, et en interaction permanente avec eux. Le but d'une telle
manoeuvre, vise chez le chercheur à devenir « membre » de la
dite communauté et à ne plus être considéré
comme un étranger. L'observation participante devient dès lors un
stratagème, utilisé par le chercheur pour se familiariser avec
ses hôtes afin de comprendre du dedans le sens que les acteurs
eux-mêmes donnent à leurs actions quotidiennes. Ces séjours
prolongés à Bidjouka et à Ngoyang, nous ont permis de
collecter des informations utiles et essentielles auprès de nos
informateurs ; Car ce n'est qu'après avoir vécu dans le
méme environnement pendant plusieurs mois qu'on peut approfondir sa
connaissance de la communauté et qu'on peut obtenir des données
supérieures, non seulement en quantité, mais surtout en
qualité.
Entretien
L'entretien ou interview a été défini par
Bingham et Moore comme
étant une conversation avec un but.11 On distingue
classiquement trois types : l'entretien non directif ou libre, l'entretien
semi-directif et enfin l'entretien de type directif ou standardisé,
technique proche du questionnaire à questions ouvertes, qui vise
à explorer un domaine d'étude.
L'entretien peut être plus ou moins directive selon que
l'on cherche à contrôler un type d'information (c'est le cas de
l'entretien de type directif), à vérifier une situation ou un
domaine donné (entretiens semi - directif et directif), à
l'approfondir (entretien non directif et semi - directif) ou à
l'explorer (non-directif). Tout ceci reste fonction des objectifs à
atteindre et des hypothèses adoptées.
La photographie
La photographie est de plus en plus utilisée en sciences
humaines et sociales. Il est
11 Bingham et Moore cité par R. Ghiglione et al
in Les enquêtes sociologiques (Théories et pratiques),
Paris, A. Colin, 1991, p.11
devenu très facile de prendre des photographies sur un
terrain de recherche. Mais, rares sont encore les travaux qui donnent à
l'image un rôle aussi important que celui conféré par
exemple à une analyse statistique. La photographie est souvent
cantonnée dans le rôle de simple illustration d'un propos
construit hors d'elle et sans elle. Pourtant, l'image photographique
recèle des possibilités argumentatives très importantes.
Voilà pourquoi, François LAPLANTINE affirme :
La photographie, qu'on l'utilise ou non, nous donne une
leçon irremplaçable d'écriture. Elle nous apprend que l'on
peut faire varier la profondeur du champ visuel entre le gros plan et l'infini,
que la luminosité elle-même est l'objet d'une accommodation, qu'il
n'existe jamais une seule vision possible, mais une vision distincte et une
vision trouble[. .]Bref, la photographie permet à l'écriture
ethnographique(instrumentée ou non) d'éviter les pièges et
les illusions de la pensée dogmatique, dont le propre est d'être
affirmative, univoque et en quelque sorte monofocalisante12
.
Imagination
En ethnologie, nous pouvons créer des conditions
expérimentales par le truchement d'une technique malheureusement peu
exploité : l'imagination. On dit de
Galilée et d'Einstein qu'ils ont révolutionné la physique,
non pas à partir d'expériences réelles qui, en fait,
auraient été impossibles à cause de la technologie de leur
temps, mais bien à partir d'un travail réflexif qui leur a permis
de percevoir des phénomènes familiers sous un jour nouveau. Par
la pensée, on peut transformer les conditions démographiques,
économiques ou écologiques, et demander à des personnes ce
qui se passe ou se passerait dans de telles conditions. On apprend davantage en
enquêtant sur ce qui n'existe pas que sur la raison d'être de ce
que l'on observe. Toute préparation n'est d'ailleurs jamais
complète puisque l'imprévisible, l'inattendu, l'accidentel
représentent autant de facteurs qui nécessitent des orientations
nouvelles et font appel à l'imagination créatrice de
l'observateur.
c- Instruments de collecte de données
Pour collecter nos données, nous avons utilisé
des protocoles d'entretien. Les thèmes à débattre
étaient fixés à l'avance. Nous nous sommes servi d'un
dictaphone pour recueillir les informations. Afin d'explorer de nouvelles
pistes d'informations au cours des prochaines rencontres, nous nous efforcions
de transcrire à la fin de chaque journée d'enquête les
12 LAPLANTINE François., 1996, La
description ethnographique ; Paris: éditions Nathan, coll. «
128 : sciences sociales » no 119, 128 p.
enregistrements qui avaient été
réalisés. Un appareil photo numérique et un
caméscope nous ont permis d'immortaliser des scènes, des
personnages, des évènements, des cérémonies, etc.
Tout ce travail photographique nous aura donné l'opportunité
d'avoir des données de première main et de rendre
fidèlement compte de la réalité que nous avons
observée ou vécue sur le terrain.
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