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Construction des infrastructures sociales pour les Bakola/ Bagyelli et incidence sur la coexistence avec les Bantou: contribution à  une ethno- anthropologie du conflit

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par Bernard Aristide BITOUGA
Université de Yaoundé I Cameroun - Master en anthropologie 2011
  

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II- PROBLEME

L'histoire migratoire donne à retenir que les Bakola/Bagyelli entretiennent avec leurs voisins bantous des rapports très anciens. Leur étroite parenté linguistique avec les Kwassio (Ngoumba, Mabéa) laisse penser que leur histoire est plus ou moins liée aux migrations ancestrales de ces derniers. Longtemps basée sur un système d'échanges déséquilibrés et motivée par une réelle subordination, la coexistence des Bakola/Bagyelli avec les Bantou était marquée par la domination et l'assujettissement des Pygmées par les Bantou qui sont devenus leurs « maîtres »4. De ces rapports de forces inégales, sont nés des conflits qui ont permis la structuration des rapports de coexistence entre « Grands Noirs » et Pygmées. La venue de la modernité a contribué à l'évolution du mode de vie des Pygmées qui s'est mué au fil des années du nomadisme au semi-sédentarisme pour aboutir au sédentarisme. Le corollaire de ce processus de sédentarisation fut l'apparition progressive d'habitats précaires et permanents

3 Gauchotte, P. 1992, Le pragmatisme, Que sais-je ? Paris, P.U.F.

4 NGIMA M.G ; 1993 Le système alimentaire des groupes pygmées Bakola de la région de Campo ; Thèse de Doctorat, Paris.

parfois proches, voire carrément au bord d'une piste, et à proximité d'un village bantou. Cette transition a eu comme conséquence l'émancipation des Bakola/Bagyelli qui les a conduit à aspirer à l'amélioration des conditions de leur vie. Cette mutation a amené les Pygmées à vouloir s'affranchir de la domination de leurs anciens « maîtres-protecteurs ».

Ces aspirations à l'autonomisation ont été mal perçues par les Bantou qui, à partir de ce moment, ont multiplié des stratagèmes pour briser cet élan de libération. Dès lors, sont apparus des conflits qui ont grandement contribué à la détérioration des rapports de coexistence entre Bantou et Pygmées. Le passé récent de la cohabitation entre Ngoumba et Bagyelli à Bidjouka d'une part, et Ewondo et Bakola à Ngoyang d'autre part, révèle la permanence des conflits entre ces communautés. Du vol de nourriture dans les champs des Bantou par les Pygmées, à l'exploitation abusive des Bakola/Bagyelli par les Bantou, les conflits n'étaient pas déjà, dans la majorité des cas, à négliger. Car, on signale méme le décès d'un Ngyelli en 1996 à Bidjouka des suites d'une raclée qui lui avait été administrée par certains habitants du village qui l'avaient accusé de vol des régimes de banane-plantain dans leurs champs. Très souvent, les heurts jusqu'alors signalés à Bidjouka et à Ngoyang étaient de faible ampleur et se soldaient toujours par une issue pacifique.

La construction de logements par les partenaires au développement (GRPS, SAILD/APE et CBCS) a été initiée pour promouvoir l'autopromotion des Pygmées dans leur environnement. Cette prise en compte de la cause pygmée visait, autant que faire se peut, à recaser les Bakola/Bagyelli vivant sur la ligne du tracé du pipeline (Doba-Kribi) et à les inclure dans le processus de développement global de leur localité. Force est de constater que la construction de ces infrastructures sociales est venue non seulement accroître l'intensité des tensions et des conflits qui existaient entre ces différentes communautés, mais aussi et surtout créer une nouvelle forme de conflit : l'acceptation par les Bantou que les Bakola/Bagyelli habitent des maisons mieux construites que les leurs. Or, les Bantou se sont toujours considérés comme des Etres supérieurs aux Pygmées. Ils vivent et conçoivent mal le fait que les ONG préfèrent construire des maisons à leurs « serviteurs » qu'à eux. Larvés et anodins qu'ils étaient par le passé, ces conflits sont devenus en 2007(Ngoyang) et 2008(Bidjouka) ouverts, entraînant comme conséquence la détérioration des rapports de cohabitation entre Ngoumba versus Bagyelli de Bidjouka et Ewondo et Bakola de Ngoyang.

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