VII. Productivité de différents types de
ruches
Depuis l'exécution dans la zone Quest du projet
FAQ/PNUD/Gouvernement du Burkina Faso de « développement et de
vulgarisation de l'apiculture améliorée en milieu paysan »,
la pratique de l'apicultu re moderne s'est répandue sur tout le
territoire avec l'utilisation de plusieurs types de ruches dont les plus
connues sont la ruche kenyane, la ruche Dadant et la ruche rectangulaire
à cadres (Fig.10).
Il est vrai que la productivité d'une ruche est
fonction de la force de la colonie d'abeilles et de la flore mellifère
qui l'environne. Mais lorsque ces conditions sont réunies (des colonies
fortes installées dans un même rucher), la production
dépend d'autres facteurs que sont le type de ruche utilisée et
les facilités de manipulation de ces ruches. La comparaison de la
production de trois types de ruches (kenyane, rectangulaire à cadres,
Dadant) montre une faible production de miel du Dadant (3,900 kg) alors que
celle des deux autres est moyenne (respectivement 8,000 kg et 8,800 kg) (Tab.
VII). Les difficultés d'utilisation sont importantes au niveau du Dadant
(Tab. VII).
La technique d'extraction qui permet d'apprécier le
rendement de chaque technique donne un taux d'extraction de 62% pour la
technique d'égouttage, tandis que la centrifugation donne une valeur
(66%) (Tab. VII).
Tableau VII : Quantité de miel obtenu et les
difficultés d'utilisation par type de Ruches et le taux d'extraction
Type de ruche
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Moyenne de production (kg)
|
Difficultés de manipulation
|
Taux d'extraction
|
Egouttage
|
Centrifugation
|
Dadant
|
3,9
|
+++
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62%
|
66%
|
Rectangulaire
|
8
|
++
|
Kenyane
|
8,8
|
+
|
a) La faible quantité de miel de la ruche Dadant (Tab.
VII) s'explique par l'absence de stock de miel dans les hausses au moment de la
récolte. Or le stock de miel dans le corps de ruche est destiné
à l'alimentation de la colonie et ne doit pas être
récolté. Avec un volume intérieur total équivalent
à celui de la ruche rectangulaire à cadres (Tab. II) qui,
pourtant, a une production en miel supérieure, on peut penser que la
ruche Dadant et, en général, les ruches à hausses, ne
semblent pas être adaptées à l'apiculture locale. De plus,
leur utilisation est difficile et demande une technologie appropriée
(chasse abeille, soufflet etc). Cette difficulté d'utilisation pourrait
avoir une influence sur la qualité de récolte et par
conséquent sur la production de miel. Lorsque le couvercle est
enlevé, tous les «bee-space» (77 mm d'espace au total) se
retrouvent libres et des abeilles y sortent massivement pour se ruer sur
l'apiculteur.
b) La ruche rectangulaire à cadres, à extension
horizontale, fournit une moyenne de production comparable à celle
trouvée par Villières (1987 b) au Bénin. De plus les
rayons de miel soutenus aux quatre côtés sont solides et
l'extraction du miel peut se faire par centrifugation. Ce qui permet d'avoir un
miel de bonne qualité et des cadres avec des rayons vides, intacts qui
peuvent être retournés à la ruche. Cette ruche peut donc
être recommandée pour un programme de production de miel à
large échelle. Mais elle présente tout de même quelques
difficultés lors de sa manipulation. Les cadres avec leurs angles
supérieurs prolongés par des pointes (Fig. 10, b) sont
très fragiles et une fois recouvertes de propolis, les pointes peuvent
s'arracher pendant la manipulation entraînant la
détérioration des cadres. De plus, les longueurs de ces pointes
devant réaliser les «bee-space» au niveau des parois des
ruches sont difficiles à respecter surtout par les fabricants locaux de
ruches.
Cela conduit les abeilles à construire leurs rayons de
travers, rendant difficile la récolte. Enfin lorsqu'une planc hette (13
cm), est enlevée, elle libère 4 cadres et 5 «bee-space»
par lesquels s'échappent des abeilles pour se ruer sur l'apiculteur.
c) La ruche kenyane est facile à manipuler car ses
barrettes sont jointives et lorsqu'une barrette est enlevée, l'espace
correspondant (3 cm) est facile à contrôler. Elle semble donc
pratique pour les abeilles tropicales trop agressives (Villières, 1987
a; Adjaré, 1990; Hertz, 1994). La seule difficulté est que
l'extraction du miel se fait par égouttage, ce qui entraîne
surtout la perte d'une quantité non négligeable de miel
resté dans les brèches et du temps (au moins 24 heures). Le
pourcentage de miel obtenu par centrifugation (66 %) est supérieur
à celui obtenu par égouttage (62%) . L'idéal serait donc
de transformer les barrettes de la ruche kenyane en cadres
trapézoïdaux adaptés à l'extraction par
centrifugation. Ces « ruches kenyanes améliorées » avec
des cadres trapézoïdaux sont en cours d'expérimentation dans
les ruchers du Laboratoire de Biologie et Ecologie Végétales de
l'Unité de Formation et de Recherches en Sciences de la Vie et de la
Terre (UFR/SVT) de l'Université de Ouagadougou.
En somme, les principales ruches utilisées
présentent un volume intérieur sensiblement identique. Elles
présentent des difficultés d'utilisations variables. La technique
d'extraction par centrifugation donne un bon rendement et un miel de
qualité. Elle permet une économie de temps aussi bien pour
l'apiculteur que pour les abeilles.
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