Les festivals de musiques actuelles en milieu rural en France: simple fonction culturelle ou vecteur de développement?( Télécharger le fichier original )par Léa Vauxion ICART - Institut des carrières artistiques - Licence european bachelor au titre de " médiatrice culturelle " 2012 |
Table des entretiensProfessionnels 1/ Entretien avec Sean Bouchard, fondateur du
label Talitres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
163 Artistes français 1/ Entretien avec le groupe Stuck in the Sound
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. . 171 Entretien par email avec Sean Bouchard, le 15 avril 2012 Sean Bouchard est le fondateur du label Talitres, créé en 2000 et implanté à Bordeaux. Découvreur infatigable et exigeant, il est le premier producteur de The National et aligne des références de premier rang: Swell, Emily Jane White, The Organ ou Idaho. Il a accepté de collaborer à ce mémoire en apportant ses connaissances professionnelles relatives a l'Industrie musicale. D'après vos connaissances de l'Industrie musicale, et de l'actuelle crise qu'elle traverse, qu'elle est l'importance de la production scénique pour les artistes ? De plus en plus fondamental. On sait depuis longtemps que la presse fait malheureusement peu vendre. Il reste fondamental de mener une promotion dite « classique » lors de la sortie d'un album, promotion qui passe par la presse, radios nationales ou locales, télévision et internet. Il s'agit d'un premier point d'accroche, d'une première tentative de développement et d'exposition. Mais face à une industrie musicale en crise, et ce dans tous les secteurs, il est indispensable de relayer cette promotion par une présence scénique d'un groupe. La scène offre une nouvelle exposition, un autre biais pour diffuser un groupe. Au sein du label, nous gérons bien souvent en interne le booking de nos artistes. Outre le fait de développer un nouveau secteur d'activité, cela nous permet de réfléchir plus stratégiquement, soit coordonner des dates en fonction d'un certain nombre de critères. Pour des groupes en développement, j'ai toujours privilégié la plus grande exposition scénique au dépend de la plus grande énumération financière. Certes l'idéal est de pouvoir conjuguer les deux, mais pour un artiste jouer en première partie d'un groupe de plus grande renommée (et ainsi bénéficier de son public) est une opportunité non négligeable. Il faut savoir agir par étape, en étant ambitieux mais en restant également réaliste. En outre la scène fait 'vivre' un disque. En magasin les rotations sont de plus rapides, les espaces se réduisent drastiquement. Faire vivre un disque c'est lui offrir l'exposition la plus durable possible, le faire durer. La scène permet cela, elle permet une actualité autour du projet et donc une remise en avant d'un album donné, voire d'un catalogue. Enfin une tournée est aussi l'occasion de mener une promotion plus spécifique, auprès de certains radios pour réaliser des interviews et sessions acoustiques, auprès de certaines chaînes TV et plus localement auprès de la presse régionale et des radios locales. Ce qui fait vendre, c'est une multiplication d'impressions visuelles, un nom qui se propage, des concerts permettent cela. Pour illustrer cette question, citons Ewert and the Two Dragons, qui est le groupe phare de votre label Talitres en ce moment. Est-ce que leurs représentations scéniques (leur tournée en France uniquement) contribuent de manière importante à la vente de leur album « Good Man Down » en CD, vinyle ou téléchargement ? Oui bien évidemment. Une tournée est un élément fondamental d'une stratégie de vente. C'est également un argument essentiel pour développer une nouvelle campagne de promotion: à l'occasion de la tournée d'Ewert and The Two Dragons de nombreuses choses se sont confirmées: session sur France Inter, émission Ce Soir Ou Jamais, bel article dans M le magazine du Monde. Une tournée fait donc doublement vendre: 1 / car elle permet une autre exposition médiatique qui génère assez naturellement de nouvelles ventes. 2 / de par les concerts en eux-mêmes. Soit directement avec la vente de merchandising (CD, vinyle, etc...) soit en magasin (remise en avant du disque avant une date dans une ville donnée, vente après la date). Je suis de plus en plus persuadé que plus un groupe est diffusé plus il est diffusé. On réalise que la réussite commerciale d'un groupe passe énormément par le bouche à oreille, par le relai de fan sur Internet. Une bonne prestation scénique permet de développer ces nouveaux canaux de diffusions. En outre, j'informe au quotidien mes distributeurs physiques et numériques des tournées et concerts à venir; leur travail consiste à négocier de nouvelles mises en avant en fonction: facing en magasin, home page sur les sites de vente en ligne, etc. Enfin, pensez-vous que les festivals de musiques actuelles contribuent et/ou sont indissociables à la promotion des artistes émergents et des pratiques artistiques en amateur ? Les festivals de musiques actuelles sont effectivement très importants pour la promotion d'un artistes émergent et / ou un disque donné. Il reste que ces dits festivals connaissent eux aussi une crise certaine : réduction de la fréquentation pour certains, baisse (voire rupture) des subventions pour d'autres, notamment les petits festivals ruraux. On ne peut alors que constater le fait qu'il est plus difficile qu'avant pour un tourneur ou un label de réussir à programmer un artiste émergent dans un festival relativement important. Encore plus qu'avant ces festivals ont la nécessité de penser à leur programmation en fonction de la notoriété d'un groupe. Plus que jamais les têtes d'affiche sont privilégiées et grignotent une grosse partie du budget artistique d'un festival, ce qui laisse parfois que quelques miettes aux autres groupes. On assiste à une plus grande concentration: beaucoup de festivals proposent la même programmation, ou tout du moins les mêmes artistes phares, et ces artistes, pour compenser la chute de leur royauté émanant de la vente d'albums, ont tendance à demander un cachet bien plus important chaque année. Soit la dérive connue dans la programmation de certaines salles de musiques actuelles atteint désormais les festivals. Il faut également noter qu'il y a bien plus de groupes en tournée qu'auparavant, car là encore l'idée est de développer d'autres revenus, de toucher d'autres canaux de diffusion, la concurrence est donc bien plus importante. Au sein de Talitres, j'ai la chance actuellement d'avoir un groupe (en l'occurrence Ewert & The Two Dragons) qui a bénéficié d'une bonne exposition médiatique, et qui a eu des retombées très positives suite à quelques-unes de leurs prestations live dans des festivals professionnels. Je gère directement le booking du groupe et peux donc que constater qu'il est plus facile de solliciter les salles pour un tel groupe que pour certains autres projets chez Talitres. J'en suis ravi, en un sens cela me permet de confirmer plusieurs festivals cet été, de pouvoir réfléchir avec plus de recul aux prochaines dates de tournées, de contacter aussi les salles plus en amont et donc de bénéficier des meilleurs cachets possibles. Certes c'est louable, mais il faut que je garde à l'esprit que cette opportunité n'est que ponctuelle. En ce qui concerne les pratiques amateurs, on rencontre toujours une inadéquation entre la réglementation actuelle (un musicien sur scène = un cachet) et la réalité financière des choses. Certains artistes amateurs sont programmés dans quelques festivals ruraux, et je pense qu'il est effectivement important que ces festivals puissent privilégier les artistes du cru, mais l'exposition ne sera ici que ponctuelle et locale, elle permet rarement une réexposition d'un disque au niveau national. * * * Entretien téléphonique avec Bastien Perez, le 27 avril 2012 « Bastien Perez fait partie de la première promotion des diplômés de l'Icart Bordeaux. A sa sortie de l'école, il a rejoint l'équipe du Festival Musicalarue a Luxey, en tant que programmateur et Directeur Technique artistique. »* D'après vous, est-ce que le festival de Musicalarue se positionne comme un festival d'animation et d'attraction touristique ? Tout d'abord il faut savoir que Musicalarue est une fête de village qui a bien tournée. L'association existe depuis 40 ans environ. A la base, il s'agissait d'une animation pour les jeunes du village, créée vers la fin des années 1960 environ. Pendant une vingtaine d'années l'association promouvait les pratiques amateures. Une manifestation gratuite était organisée pour la fête du 15 août, afin d'offrir une occupation, une animation aux jeunes luxois. Les premiers acteurs étaient donc les familles du village. Non loin du village résidait Bernard Lubat, un jazzman ayant remporté une Victoire du jazz. Par son statut, il a aidé l'association a se professionnaliser. La fête du 15 août s'est ainsi transformée dans les années 1990 pour devenir le festival Musicalarue. Il faut vraiment prendre conscience que contrairement a d'autres festivals du même genre, Musicalarue a une véritable histoire rurale. Cette année sera la 23ème édition du festival. [...] Il est vrai que pas mal de politique ont plus de moyens pour mettre en place un festival dans le but de renforcer l'identité locale, alors qu'ici il s'agit d'un cas avec un historique plus lointain. Aujourd'hui la manifestation a plus un rôle d'animation du territoire. En parallèle l'association organise des manifestations tout au long de l'année et développe ainsi une animation pour tout le territoire. Depuis 4, 5 ans, Musicalarue a vu sa programmation se transformer, pour que les villageois et autres populations locales reviennent. * Source : PEDEZER Aimée, rubrique entretien anciens élèves, http://www.icart.fr En effet depuis la professionnalisation de l'association et par sa qualité artistique, le lieu attire de plus en plus de monde. Il ne s'agit pas d'un débordement mais par le fait qu'il y ait de plus en plus de festivaliers, les locaux se sentaient comme dépossédés de la manifestation, ce n'était plus leur festival. Depuis six ans on remédie à cela, la programmation s'adapte plus au milieu rural. En tant que programmateur, ma ligne directrice est la chanson française, puis après je m'ouvre a d'autres disciplines (rock, électro, etc.). La programmation s'adresse au festivalier lambda, aux touristes de passage qui sont là sur une semaine, etc. mais aussi à la coiffeuse du village, aux grands parents, à la population luxoise. On peut tout de même parler d'une animation touristique car on a un public qui prend exprès des vacances pour pouvoir venir assister à Musicalarue. On a un public fidélisé. Tous les gîtes alentours sont pris d'assaut a l'avance et sont tous complets durant le festival. Pour résumer il s'agit plus d'un festival orienté principalement sur l'animation du territoire que sur l'attraction touristique. C'est la qualité du projet artistique et l'accueil convivial qui engendrent un public régulier. A l'année on est quatre salariés. Après pendant le festival on emploie un grand nombre d'intermittents. Notre première ligne de conduite s'est d'être animateur culturel. A partir de ce festival, qui est la première action de l'association, se sont découlées plusieurs autres actions a l'année, contribuant d'autant plus à l'animation du territoire et a nous rapprocher encore plus des habitants. Musicalarue c'est une vitrine du territoire. Des gens s'installent a Luxey car pour eux Luxey est égal a Musicalarue. De même on peut noter le fait qu'un film se tourne dans le village. Et puis les habitants sont d'autant plus fiers lorsque l'on parle d'eux sur France Inter ou sur France 2. Après le festival a plusieurs impacts quand même,
dont un impact économique forcément. services que dans les communes plus importantes. On a un coiffeur, une boulangerie, une poste, etc. En ce qui concerne les retombées économiques directes, nous on dépense local. On valorise le territoire en investissant local. Pour le catering, on achète le pain sur Luxey par exemple. On essaye de travailler au maximum avec des locaux. Indirectement l'organisation du festival engendre d'autres retombées, par exemple une boite de communication vient de se monter a Luxey. L'été des groupes comme les Ogres de Barback viennent y passer leurs vacances parce que c'est le lieu d'implantation du festival Musicalarue. Il y a évidemment des retombées économiques par les festivaliers qui vont être hébergés local, consommer local. Est-ce que les luxois font preuve d'une mobilisation importante au sein du festival ? Est-ce que Musicalarue contribue a la création d'une forte cohésion sociale ? Oui dans le sens où à la base ces les habitants qui ont monté le festival. Maintenant forcément il y a toujours des pours et des contres. Il y a des gens qui pendant quelques années se sont sentis envahis du fait que l'on se soit un peu éloigné de l'esprit du début. Il y aura toujours des personnes qui seront contres mais il ne s'agit pas de la majorité, juste d'une simple poignée. Par ailleurs le réseau de bénévoles est important surtout concernant l'hébergement des artistes. A Luxey il n'y a pas d'hôtels et les gîtes sont occupés par les festivaliers. Environ 80% des villageois accueillent les artistes. Et ils en redemandent ! Pour les artistes ça leur donne le temps de se poser un peu plutôt que d'aller jusqu'à l'hôtel et de repartir après directement. Là ils peuvent se reposer, rencontrer des gens. Le territoire landais est représenté par la bonne nourriture, l'accueil chaleureux de sa population. Autant pour les artistes que pour les habitants, c'est que du bonus. D'après les tourneurs c'est les artistes qui demandent venir à Luxey, parce qu'il renvoie un esprit de convivialité, d'un endroit agréable qui présente la spécificité de partages, de plaisir et de supers soirées chez l'habitant. C'est un bon pourcentage de la population qui s'investit a l'année. Les habitants s'impliquent toute l'année. Beaucoup ne partent pas en vacances pour être disponible durant le festival et pourvoir apporter leur aide. Musicalarue c'est un but pour eux dans l'année, quelque chose à faire. A Luxey il y a 640 habitants et chaque mois d'août ce village accueille dans les 35 000 festivaliers. Niveau infrastructure c'est énorme. La manifestation est marquée par la joie de vivre, par un fort esprit de convivialité et les habitants se retrouvent à ce niveau-là. * * * Entretien par messagerie instantanée avec José Reis Fontao, le 21 avril 2012 Stuck in the Sound est un quatuor parisien de rock indépendant, formé en 2002, et révélé deux ans plus tard entre autre par le célèbre magazine les Inrockuptibles par le biais de sa compilation CQFD. Le groupe est composé de José Reis Fontao, aux chants et à la guitare acoustique, d'Emmanuel Barichasse a la guitare électrique, d'Arno Bordas a la basse, et de François Ernie à la batterie. En janvier 2012, Stuck in the Sound a sorti son troisième album, Pursuit, qui a reçu un très bon accueil par la critique. Actuellement en tournée pour sa promotion, c'est lors d'un de leur concert le 29 mars 2012 ~ l'Astrolabe d'Orléans, oii j'effectuais mon stage de troisième année, que j'ai pu faire leur connaissance. Étant restée en très bons termes avec le chanteur du groupe, José Reis Fontao, je l'ai sollicité pour un entretien afin d'avoir son point de vue d'intermittent, qui me paraissait indispensable pour nourrir ma neuvième partie basée sur le « point de vue des artistes et de l'Industrie musicale ». Quels sont les intérêts, pour toi et ton groupe, de vous produire au sein d'un festival ? Les festivals nous permettent de jouer devant beaucoup plus de monde que dans une simple salle. Après avoir écumé les SMAC et quelques grandes salles pendant l'automne-hiver, le festival apparait un peu comme une sorte de cadeau d'anniversaire de l'été. Où tous les musiciens (en actualité dans l'année) se retrouvent autour d'un même évènement, jouent devant plus de 5 000 voire 30 000 personnes... c'est généralement la grosse fête, l'ambiance est incroyable en festival... Que penses-tu des festivals en milieu rural, comme les Vieilles Charrues par exemple ? Je pense que ceux sont juste les meilleurs festivals. Loin de la ville. Perdu dans les champs. Le repoussement des limites est alors possible. Je suis un grand fan des festivals bretons : Panoramas, Rock'n Solex, etc. Quels sont les avantages et les inconvénients comparés -par exemple- au Printemps de Bourges, de vous produire dans un festival en milieu rural ? Les festivals en pleine ville généralement ferment plus tôt pour des histoires de bruits. Après franchement, c'est qu'une histoire d'ambiance, de décors et de programmation musicale. Je préfère en milieu rural. Face à la crise de l'Industrie musicale, en quoi est-ce primordial, pour toi et ton groupe, de vous produire sur scène ? La crise du disque : on s'en fiche. Ça ne touche que les labels. Pour nous, indés, on vit grâce au statut d'intermittent, donc le live. Oui, c'est très important pour nous de tourner. Vital même. Le spectacle se porte très bien. Les gens se déplacent pour voir des concerts, des soirées où le plateau mélange concerts et DJ électro. Beaucoup dans le milieu professionnel sont encore très attachés à la vente du disque. Mais les choses sont en train de se transformer. Le support se dématérialise. Les labels vont mourir... Mais pas la musique. Au contraire ! C'est en pleine crise que l'underground fait surface. Que les meilleures choses se créent artistiquement. 2013 va être une année très, très riche artistiquement ! (NDLR : référence à leur prochain album) Concernant les artistes émergents et les pratiques artistiques en amateurs, en quoi les festivals sont des tremplins pour eux d'après toi et ton expérience personnelle ? Généralement, les festivals sont le rendez-vous des professionnels de la musique. Donc si tu es talentueux, malin et que tu fais un bon concert sur un petit spot d'un festival et que tu as la chance que les professionnels soient devant toi [...] et bien ça peut t'apporter beaucoup de choses ! Le bouche à oreille entre professionnels en France fonctionne super bien ! La preuve, on l'a utilisé pendant 10 ans... ! * * * Entretien par messagerie instantanée avec Hyphen Hyphen, le 21 avril 2012 Hyphen Hyphen est un jeune groupe niçois en voie de professionnalisation, composé de quatre étudiants en arts plastiques et au conservatoire : Santa au chant, à la guitare et au synthétiseur, Line à la basse et au chant, Puss à la guitare et au synthétiseur et Zak à la batterie et aux samples. Ils se définissent comme des magiciens d'un son électro-rock puissant qui se situerait entre Metronomy, Foals, LCD Soundsystem, Phoenix, Klaxons ou Talking Heads. Le groupe développe sur scène une énergie rock brute alliée à un groove frais et dansant, mêlant disco et électro. Hyphen Hyphen enregistre actuellement son nouvel EP Wild Union qui sortira en mai 2012. Actuellement en tournée, j'ai pu faire leur connaissance durant le concert de Stuck in the Sound le 29 mars 2012 a l'Astrolabe d'Orléans, où ils assuraient la première partie. Étant restée en bons termes avec la chanteuse du groupe, Samantha Cotta alias Santa, je l'ai sollicitée pour un entretien afin d'avoir son point de vue d'artiste semi-professionnel, qui me paraissait indispensable pour nourrir ma neuvième partie basée sur le « point de vue des artistes et de l'Industrie musicale ». Quels sont les intérêts pour ton groupe de vous produire au sein d'un festival ? Les intérêts pour notre groupe à nous produire au sein d'un festival sont nombreux. Premièrement nous accédons à de plus grandes scènes et à un nouveau public, un public qui ne venait pas forcement pour nous à la base mais qui nous découvre à cette occasion. De plus nous jouons également devant un public plus nombreux. Deuxièmement, c'est l'occasion de faire la rencontre de professionnels du spectacle, programmateurs, labels, tourneurs qui viennent lors de ces festivals comme découvreurs de talents (je pense notamment au Printemps de Bourges). Et puis d'un point de vue d'expérience scénique, c'est extraordinaire de jouer devant une immense foule dansante. Que penses-tu des festivals en milieu rural, comme les Vieilles Charrues par exemple ? (c'est-à-dire implantés en dehors des pôles urbains) Nous pensons qu'un festival en milieu rural est une très bonne chose. Nous allons d'ailleurs jouer à Charleville. C'est bien de créer une dynamique culturelle dans un milieu plutôt excentré. De plus d'un point de vue économique c'est toujours bon pour une petite ville, de voire doubler voire tripler le nombre de sa fréquentation, je pense au festival des Vieilles Charrues, de créer de l'emploi et de la solidarité entre les gens. Nous sommes toujours heureux de découvrir de nouvelles régions et puis en l'occurrence il y a de l'espace -un espace plus grand- pour faire de belles grosses scènes. Quels sont les avantages et les inconvénients comparés -par exemple- au Printemps de Bourges, de vous produire dans un festival en milieu rural ? Je ne vois pas réellement de différence en tant qu'artiste, si il y en aurait une ce serait au niveau du public et encore. Il est parfois plus difficile de s'y rendre, notamment quand on est un groupe comme nous qui venons de Nice. Face à la crise de l'Industrie musicale, en quoi est-ce primordial pour ton groupe de te produire sur scène ? Face à la crise de l'industrie musicale, il est primordial de se produire sur scène. Tout d'abord car c'est une économie complètement différence que celle du CD, lorsqu'en France tu joues, tu es cacheté et donc rémunéré directement par l'employeur pour ton travail et tu peux devenir intermittent du spectacle, c'est le revenu principal d'un groupe en développement (à ça s'ajoute le merchandising qui ne vend pas encore des millions de CD) Concernant les artistes émergents et les pratiques artistiques en amateur, en quoi les festivals (et la production scénique en générale) sont des tremplins pour eux d'après ton expérience personnelle ? Les festivals sont des tremplins du point de vue des artistes émergents, comme dit dans la question précédente, tu y rencontres des professionnels, tu as un certain gage de qualité par exemple lorsque tu te produis en tant que découverte au Printemps de Bourges.* D'ailleurs à cette occasion tu joues devant un public de professionnel, si tu plais, cela peut conditionner le future nombre de date de la prochaine saison et peut être la signature (tant attendu pour un petit groupe) avec un label ou major. * * * * NDLR : En 2012 le groupe Hyphen Hyphen a été en finale des sélections des Découvertes du Printemps de Bourges. Page 175 | 189 VAUXION Léa |ICART |Mémoire | 2011-2012 |
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