En conclusion de cette partie, nous pouvons aborder le
développement social sous un angle plus subjectif, celui de l'apport
véritable des festivals de manière général dans un
premier temps en ce qui concerne ses bienfaits moraux.
Il est vrai que l'aspect économique ou touristique
l'emporte souvent sur l'aspect artistique et culturel des festivals.
Pour autant, un festival doit d'abord reposer sur une
idée artistique qui serve à l'ensemble de la création. De
plus il se doit d'être perpétuellement soucieux de rassembler les
publics locaux en priorité.
L'objectif de la démocratisation de
la culture est certes de rendre accessible la culture mais aussi
d'initier les populations non averties de ses <<
bienfaits ». Pour cela le représentatif Jack Lang a toujours
loué << l'esprit de fête ». Ce ministre socialiste
rejoint souvent dans ses théories et pratiques les propos d'Adam Smith,
le père du libéralisme. Dans sa Recherche sur la nature et
les causes de la richesse des nations, il offre une éloge
visionnaire de la démocratie culturelle* : << Il
y a néanmoins deux moyens très faciles et très efficaces
qui, réunis, pourraient servir à l'État pour corriger sans
violence ce qu'il y avait de trop austère ou de vraiment insociable dans
les moeurs de toutes les petites sectes entre lesquelles le pays serait
divisé. [...] »
Pour illustrer cette notion, il cite tout d'abord
l'étude des sciences et de la philosophie. Puis, en seconde place il
mentionne << la multiplicité et la gaieté des
divertissements publics. » Il explique que si l'État encourageait
les acteurs culturels dans leurs initiatives d' << essayer d'amuser et de
divertir le peuple », il arriverait ainsi aisément <<
à bout de dissiper dans la majeure partie du peuple cette humeur sombre
et cette disposition à la mélancolie, qui sont presque toujours
l'aliment de la superstition et de l'enthousiasme. » Adam Smith
évoque même la présence de << maladies populaires
>. D'après lui la culture et les arts sont des <<
remèdes » par leur qualité principale qui consiste à
relier les populations malgré leurs classes sociales et leurs niveaux de
vie. De plus la culture et les arts contribuent, d'après lui, à
<< unir les parties divisées >, c'est-à-dire les
populations métissées ou issues de cultures divergentes.
* Source : MIRLESSE A. et ANGLADE A., Quelle
politique culturelle pour la France ?, débat HEC-ENS a l'Ecole Nationale
Supérieure, 2006
Suite à cette réflexion nous pouvons être
amenés à penser que les biens culturels sont
générateurs de bien-être, en plus de simplement contribuer
à alimenter la consommation. C'est pour cela qu'il semble important de
continuer à promouvoir la culture et les artistes émergents afin
de divertir le peuple. L'effet des projets culturels tendent ainsi vers
l'émotionnel, vers un divertissement et dans la continuité ils
entrainent vers le concept d'un véritable moment de vie. Les festivals
s'affirmant comme des solutions à la décentralisation et à
la démocratisation de la culture peuvent, d'après cette
réflexion, être qualifiés « d'art de vivre
».
Cette expression exprime le fait que les festivals savent
analyser les vrais besoins des populations et de leurs publics afin de leur
donner satisfaction. Elle englobe une forte notion de partage authentique et du
bonheur dans son sens plus large. Les festivals contribuent en effet à
partager de façon conviviale des moments, des sentiments et des
connaissances, le tout dans un esprit de bienveillance.
Enfin, en plus de participer à la création
d'une forte cohésion sociale en réunissant toutes les «
parties divisées » de notre population, à l'origine de la
diversité et de la culture de notre pays, ils offrent la
possibilité de développer des relations entre les
générations.
Pour conclure les festivals contribuent, au sein de l'art et
de la culture, à transmettre leurs valeurs : l'expression, la
communication et le partage. Pour les festivals implantés en milieu
rural, en respectant et en mettant en avant les valeurs des ruraux (liens
familiaux et sociaux forts...), ils renforcent d'autant plus cette notion, ce
qui peut nous amener à penser qu'ils peuvent s'affirmer ainsi comme
d'autant plus efficaces de ce point de vue que les festivals en milieu
urbain.
* * *