Avant-propos méthodologique
· Définitions des termes
Tout d'abord, pour une meilleure compréhension du sujet il
semble primordial de définir les trois termes principaux dont il est
question dans cette étude.
Le terme « festival »
La définition exacte du mot festival n'existe pas, son
terme générique désignant une réalité
extrêmement diverse et complexe. Ce nom, comme nous l'avons vu
précédemment durant l'introduction, est victime de son
succès, utilisé à excès voire banalisé. Nous
tâcherons ici d'y apporter une compréhension la plus
précise possible par le biais de son étymologie, d'une
brève description historique et de son utilisation par les
professionnels du milieu culturel.
Étymologiquement le mot << festival >> nous
vient de l'ancien français, du latin festivalis (de festum
-fête), réemployé dans les années 1830 par le
biais de son homonyme anglais qui l'avait lui-même emprunté au
français. C'est le substitutif de période de fête,
jour de fête. Il représente en premier lieu un
évènement joyeux et solennel. Par extension il englobe
l'expression « série de manifestations artistiques ».
En France, le festival est issu du domaine musical et
apparaît pour la première fois dans les années 1830-1840
avec le mouvement orphéonique.
Les orphéons étaient des sociétés
de chorales masculines constituées de chanteurs issus des classes
moyennes. Très populaires dans les années 1850, ces chorales se
produisaient au cours de concours orphéoniques ou par de grandes
manifestations régionales : c'est l'apparition des premiers
festivals.
La fin du XIXème siècle est
marquée par Les << Chorégies d'Orange »,
manifestations estivales d'opéra et de musique classique
créées en 1867 qui sont reconnues comme étant le premier
festival français.
Mais le phénomène des festivals tel que nous le
connaissons aujourd'hui semble remonter aux années 1930-1940. Il
s'agissait le plus souvent d'initiatives de personnalités de la culture
dans les domaines du théâtre, de la musique et du cinéma ;
leur nombre et leur importance étaient alors assez réduits.
L'après-guerre vit la
naissance entre autre des deux célèbres
festivals d'Avignon et de Cannes. C'est à partir des années 1970
que l'on assiste à une multiplication et à une diversification
des festivals, qui connaissent une importante croissance depuis les
années 1980. En effet, bien qu'à l'origine les festivals
étaient uniquement consacrés à la musique classique, ils
ont été par la suite utilisés par l'ensemble des secteurs
culturels et artistiques : cinéma, bande dessinée,
théâtre, danse, arts de la rue, musiques actuelles...
Aujourd'hui, le festival désigne une manifestation
culturelle ou artistique éphémère à
caractère festif.
Le Ministère de la Culture et de la Communication en
donne la définition suivante : « une manifestation où la
référence à la fête, aux réjouissances
éphémères, événementielles et
renouvelées, s'inscrivant dans la triple unité de temps, de lieu
et d'action. >
Philippe Poirier, professeur d'histoire contemporaine à
l'Université de Bourgogne, décrit le festival comme un «
lieu de rencontres, pouvant susciter débats et forum, espace festif et
de convivialité recherchée ou suscitée.
»*
L'objectif premier d'un festival culturel est la
promotion soit d'une discipline artistique, d'un artiste, d'un
genre musical, d'un lieu, d'un patrimoine, d'un instrument ou d'oeuvres d'art.
Il est organisé à époque fixe, de
façon annuelle le plus souvent voire ponctuelle, pouvant se
dérouler sur plusieurs jours et évoluant suivant un
programme ou une thématique définis.
Désormais les festivals ne se cantonnent plus
qu'uniquement à la culture et peuvent-être liés au domaine
sportif, à la gastronomie, à l'humour, aux voyages, à la
nature, aux jeux, etc.
D'après Luc Bénito dans son ouvrage Les
Festivals en France, marchés enjeux et alchimie, la notion de
festival intègre deux types de caractères :
- des critères objectifs qui sont faciles
à identifier, ils peuvent se résumer en général par
la règle des trois unités du théâtre classique :
« - l'unité de temps sur une courte durée et
à périodicité renouvelée ;
- l'unité de lieu limitée à un ou plusieurs
sites, souvent prestigieux, d'une ville ; - l'unité d'action ou de
thème représentée par une discipline artistique. »
* Source : POIRRIER Philippe, Politiques et
pratiques de la culture, 2010, 304 p.
- des critères subjectifs qui sont quant
à eux plus difficiles à interpréter d'un point de vue
statistique car ils renvoient à un état d'esprit :
« - la célébration publique qui
présente un festival comme un quasi-pèlerinage réunissant
tous les passionnés d'une discipline artistique, amateurs ou
professionnels, dans une communion d'esprits ;
- la célébration d'un art qui induit une
programmation de choix pour le directeur artistique et une prestation de
qualité pour des artistes très souvent « sublimés
» par l'évènement. »
C'est grâce à cette définition de Luc
Bénito que l'on en arrive à différencier le
festival d'une simple série de manifestations. Cette
distinction d'un critère objectif et d'un autre plus subjectif du
festival permet de résumer le fait qu'il intègre, en plus de sa
dimension technique faisant de lui un moment unique, une dimension plus
qualitative qui lui procure son caractère exceptionnel.
Enfin, il semble qu'une présentation
typologique des festivals soit indispensable pour comprendre ce
domaine particulièrement flou. Mais toute tentative de classification
des festivals se révèle évidemment délicate. Sur
quelle variable doit-on se baser ? La programmation, la localisation, le
budget, la durée, l'ampleur et la fréquentation,
l'ancienneté... sont autant de paramètres contribuant à
leur spécificité. Mais il est tout de même important de
noter que le projet, l'acte fondateur du festival, est déterminant pour
son identité. Ainsi, la proposition d'établir une typologie par
ses objectifs * semblent tout à fait pertinente.
Apparaissent ainsi quatre grandes catégories :
- les c festivals de création »
qui sont construits autour d'un projet artistique visant à
promouvoir de nouveaux talents ou à présenter des spectacles
inédits. Ils sont souvent portés par une volonté
individuelle et remplissent avant tout une mission culturelle.
- les c festivals touristiques » qui
s'appuient souvent sur un monument ou un cadre prestigieux et cherchent
à susciter une fréquentation nouvelle dans une ville ou un site
touristique par l'animation des lieux. Ce type de festivals s'est surtout
développé dans les 1970 sur l'impulsion de la caisse des
monuments historiques.
* Source : GRISEL Anne, Festivals,
Chapitre : Création, tourisme et image, revue Cahiers -Espace
n°31, 1993
- les « festivals d'image ~ qui visent
surtout à promouvoir l'identité et l'image de leur site
d'accueil. Ils sont souvent à l'origine de la mobilisation des
collectivités locales soucieuses de se faire connaître, de se
donner une image valorisante ou d'accroitre leur vie culturelle locale.
- les « festivals de diffusion »
qui tendent à permettre à des publics souvent
excentrés de voir des spectacles dont ils ne peuvent
bénéficier le reste de l'année, faute d'installations
culturelles permanentes. Ils sont souvent rattachés aux festivals
d'image, mais sont le plus souvent à l'origine d'une volonté
individuelle.
Évidemment, un festival peut appartenir à
plusieurs de ces catégories qui ne sont pas exclusives. Cette
présentation typologique sera utilisée et nourrie par de nombreux
exemples tout au long de ce mémoire.
Le terme « musiques actuelles
»
Il s'agit d'une appellation assez floue du ministère de
la Culture et de la Communication, qui par cette formule essaie de
caractériser et de regrouper les différents styles musicaux de la
fin du XXème siècle jusqu'à aujourd'hui.
Musiques populaires, musiques urbaines, musiques jeunes, musiques
amplifiées, toutes ces expressions se retrouvent sous le terme
générique de « musiques actuelles ». Celui-ci a
été utilisé pour la première fois par les
fondateurs des Transmusicales de Rennes à la fin des
années 1970, avant d'être officiellement employé par la
création de la Commission nationale pour les musiques actuelles en
décembre 1997.
Suivant cette définition française, les musiques
actuelles englobent quatre grandes familles :
- le jazz, les musiques improvisées et
genres assimilés
- les musiques amplifiées (qui utilisent
l'amplification électrique comme mode de création),
elles-mêmes divisées en quatre sous-familles :
- le rock et genres assimilés, la pop, le blues et genres
assimilés, la country, la fusion,
- le metal et genres assimilés, le punk et genres
assimilés... ;
- le Hip Hop et genres assimilés, le R'n'B, le ska, le
reggae et genres assimilés, la funk, la soul... ;
- les musiques électroniques
- la chanson
- les musiques traditionnelles et les
musiques du monde (si elles sont accompagnées
d'instruments modernes tels que la batterie ou la guitare basse...)
Cette appellation exclue de ce fait les musiques classiques,
anciennes, baroques, folkloriques et contemporaines.
Les musiques actuelles regroupent ainsi un très large
éventail d'esthétiques musicales, faisant souvent débat au
sein des professionnels du milieu. Cette appellation ne fait pas
l'unanimité car elle entend non « musique actuelle» mais
« musique populaire actuelle ». De plus, elle regroupe sous une seule
bannière une multitude de styles différents, niant ainsi les
différences entres les genres et pratiques musicales qu'elle englobe.
Les musiques actuelles ou d'aujourd'hui présentent l'inconvénient
majeur de faire preuve d'une notion éphémère, de vogue et
ainsi de périssable. De quelle actualité parlonsnous ?
Le jazz par exemple, est un genre musical apparu au début du
XXème. Les musiques d'aujourd'hui sont les
conséquences et l'évolution de styles musicaux du siècle
dernier. Le terme musiques actuelles définie ainsi des musiques sans
histoire, omettant la question de passé ou de futur.
Cette expression est par ailleurs souvent confondue avec le
terme « musiques amplifiées »,
popularisée par Marc Touché, sociologue spécialiste des
pratiques concernant les musiques électro-amplifiées en France.
D'après lui, « Les "Musiques Actuelles et Amplifiées" ne
désignent pas un genre musical particulier, mais se conjuguent au
pluriel pour signifier un ensemble de musiques et de pratiques sociales qui
utilisent l'électricité et l'amplification comme
élément majeur des créations musicales et des modes de vie
[...]. »* Cette définition différencie
mieux les musiques acoustiques qui quant à elles, n'ont qu'une
utilité ponctuelle de sonorisation pour leur diffusion.
En revanche, comme l'exprime Marc Touché, « parler
au singulier de la musique revient à nier qu'il existe des façons
de faire, de produire, de s'associer et de regrouper, de vivre des musiques
[...]. » En effet, parler de « LA musique »
engendre des problèmes de lisibilité et de
compréhension pour les artistes et surtout pour les publics. On ne peut
regrouper une telle diversité d'esthétiques en un seul terme.
* Source : TOUCHÉ Marc, Musique, vous
avez dit musiqueS ?, article extrait de Mémoire Vive,
1998, p. 13 à 15
Ainsi, malgré les débats et les diverses
discussions que l'appellation << musiques actuelles » suscite, les
réticences des professionnels se sont atténuées au fur et
à mesure par la cohabitation fréquente des termes <<
actuelles » et << amplifiées ». Le premier étant
le résultat d'une vision ministérielle et le deuxième
davantage celui de revendications des acteurs du secteur, chacun et libre
d'utiliser la dénomination qui le satisfait le mieux, et il n'est pas
rare de rencontrer l'association « musiques actuelles et
amplifiées », bien que la simple expression <<
musiques actuelles > semble aujourd'hui primer.
Le terme « milieu rural »
Le terme << rural » a été
employé dans le sujet par sa dénomination la plus stricte :
« milieu rural » qui est une appellation ancienne,
mais encore d'actualité. Le nom rural est ambigu et mal
déterminé en France. Par la définition de l'espace rural,
sa typologie et par l'appui de cartes du zonage des aires urbaines, nous
expliquerons ici pourquoi le choix de l'expression « milieu rural »
plutôt que celle << d'espace à dominante rurale ».
En France durant plusieurs décennies, le
découpage du territoire était basé sur la notion
d'agglomération et d'unités urbaines. D'après l'Institut
national de la statistique et des études économiques -dit INSEE,
l'espace à dominante rurale -ou espace rural- regroupait ainsi
l'ensemble des petites unités urbaines et communes rurales n'appartenant
pas à l'espace à dominante urbaine (pôles urbains,
couronnes périurbaines et communes multipolarisées). Cet espace
très vaste représentait alors 70% de la superficie totale et les
deux tiers des communes de la France métropolitaine. Depuis 2011 cette
définition n'est plus en vigueur dans le nouveau zonage en aires
urbaines.
A présent l'INSEE distingue toujours deux grands
types d'espaces mais avec des définitions différentes
:
- d'une part l'espace à dominante urbaine
où sont désormais incluses, outre les pôles
urbains, les couronnes périurbaines et les communes
multipolarisées (aussi regroupées sous le terme d'<< espace
rural sous influence urbaine ») :
- d'autre part, l'espace à dominante
rurale, lui-même divisé en plusieurs sous-types : les
aires moyennes, les petites aires, les autres communes multipolarisées
et les communes isolées hors influence des pôles. (cf. carte
1)
Par ailleurs, l'INSEE explique la classification des communes
rurales par cette définition: << L'unité urbaine est une
commune ou un ensemble de communes qui comporte sur son territoire une zone
bâtie d'au moins 2 000 habitants où aucune habitation n'est
séparée de la plus proche de plus de 200 mètres.
>>
Évidemment, comme l'explique clairement Bernard Henri
Nicot*, ingénieur et chercheur au SIRIUS, Institut d'Urbanisme de Paris
:
<< Le seuil de 2 000 habitants utilisé pour la
définition des unités urbaines ne signifie pas, bien sûr,
que toutes les communes de plus de 2 000 habitants sont urbaines : 577 communes
rurales ont plus de 2000 habitants (la plus peuplée, 44209
Treillières, en a plus de 6 000). Il signifie encore moins que toutes
les communes urbaines ont plus de 2 000 habitants : sur les 5 954 communes
urbaines en 1999, un bon tiers (2 023) a moins de 2 000 habitants (la plus
petite, 51493 Saint-Léonard dans la banlieue de Reims, en a 77).
>>
Officiellement, << l'espace rural se caractérise
par une densité de population relativement faible, par un paysage
à couverture végétale prépondérante (champs,
prairies, forêts, autres espaces naturels), par une activité
agricole relativement importante, du moins par les surfaces qu'elle occupe.
>>*
Pour l'Organisation de Coopération et de
Développement Economique - dit OCDE - et le Conseil de l'Europe, «
le milieu rural englobe l'ensemble de la population, du territoire et des
autres ressources des campagnes, c'est-à-dire des zones situées
en dehors des grands centres urbanisés. >> De même le milieu
rural intègre le lieu de production d'une grande partie des
denrées et matières premières.
Outre cela, il est en voie de transformation grâce
à son attractivité naissante due à sa
spécificité de traditions socio-culturelles, de liens avec la
nature et de caractéristiques économiques et environnementales,
principalement basées sur l'agriculture. Ainsi le milieu rural assure de
plus en plus des fonctions de détentes, de loisirs, de
dépaysement et de vie alternative notamment pour les habitants des
grands pôles urbains.
Pour approfondir notre définition du terme <<
milieu rural >> qui vient d'être présenté comme un
« espace rural pluriel », on peut le classer en
différentes sous-catégories, en considérant l'usage qui en
est fait ainsi que le dynamisme émanant de ses
* Sources : 1. NICOT B.H., Urbain-Rural : De
quoi parle-t-On ?, document de travail, juin 2005
2. PONCET J.F., L'exception territoriale :
un atout pour la France, Sénat n°241, 2003, p.92 à
111
caractéristiques générales.
Philippe Perrier-Cornet, directeur de recherches à
l'Institut national de la recherche agronomique à Dijon, distingue
trois types d'usages de l'espace rural lors de sa
définition de l'espace à dominante rurale de 1999
* :
- la « campagne cadre de vie » qui
se définit comme une campagne résidentielle, par la migration de
citadins dans les espaces périurbains. Cela implique un étalement
autour des villes, et donc un élargissement des équipements vers
ces nouvelles populations (transports, commerces, écoles...). Elle
s'assimile ainsi avec les communes des grands pôles et les communes
multipolarisées. (Par exemple : la ville de St-Émilion, se
situant dans la couronne du grand pôle urbain bordelais, en région
Aquitaine)
- la « campagne ressource »
qui se définit comme une campagne productive, à la fois
par son apport en produits agricoles et en biens industriels. (Par exemple : la
Beauce, située dans le Bassin parisien, s'étendant de la
région Centre à la région Ile-de-France)
- la « campagne nature » qui inclut
les espaces naturels plus ou moins protégés, comme les parcs
nationaux et les réserves diverses. (Par exemple : le parc naturel
régional du Luberon, en Provence, dans la région
Provence-Alpes-Côte d'Azur.)
On peut aussi classer les espaces ruraux selon trois
types de dynamisme : (cf. carte 2)
- les espaces périurbains qui sont
très dépendants des villes, pour les emplois, commerces et
services. Il est par ailleurs intéressant de noter qu'en France, 95% de
la population vit actuellement sous l'influence des villes. Ces espaces peuvent
être assimilés au « campagne cadre de vie >, ainsi qu'aux
couronnes des grands pôles urbains et des communes
multipolarisées. Ils correspondent aux « campagnes des villes
» de la carte 2 intitulée Les trois France
rurales.
- les espaces ruraux, aussi
appelés « fragiles » ou « profonds », en
sont leur contraire : ils sont éloignés des villes et gardent un
accès difficile aux services publics, une couverture en
téléphonie mobile insuffisante, des accès aux
réseaux de transports rapides difficiles. De plus, ils subissent un
vieillissement de leur population, un accueil important de retraités
ainsi qu'un certain déclin démographique. Ces espaces
apparaissent sur la carte 2 sous le nom de « campagnes
fragiles », où l'on peut constater que le Massif central et le
Sud-Ouest sont les plus affectés.
- les espaces ruraux dits « vivants »,
plus ou moins éloignés des villes, ils gardent un
certain équilibre démographique, grâce entre autre au
tourisme. Ils sont représentés sur la carte 2
sous le terme « nouvelles campagnes ».
Par l'actualisation récente du découpage du
territoire français, le terme << milieu rural >> semble le
plus pertinent pour notre sujet, à défaut de pouvoir employer
celui d'« espace à dominante rurale >>.
En effet, en plus de la complexité du mot rural, ce
mémoire enrobe également << l'espace rural sous influence
urbaine >> -comprenant les couronnes des grands pôles et les
communes multipolarisées- qui a été
catégorisé dernièrement dans << l'espace à
dominante urbaine >>. La définition au sens stricte <<
milieu rural >> semble dès lors la plus convaincante, afin
d'assurer une visibilité et une interprétation correcte du sujet
dès son premier abord.
? Organisation d'un festival de musiques
actuelles
Enfin avant de nous engager dans cette étude, il semble
aussi important de mieux comprendre l'organisation d'un festival de musiques
actuelles, afin de mieux cerner les enjeux, les démarches, les besoins
et surtout les difficultés que peuvent rencontrer les porteurs de
projets d'une telle ampleur.
La création d'une manifestation culturelle s'articule
comme le montage d'une réalisation quelconque. Elle nécessite de
reprendre les modes de gestions et d'organisations classiques en les adaptant
au plus près au type de l'activité de l'évènement.
Nous dégagerons ici simplement quelques-uns des axes constitutifs
propres à l'organisation d'un festival :
Le cadre du festival
Tout d'abord, il faut définir le thème
fédérateur du festival. Cela permet dans un premier
temps de rallier d'autres personnes à cette entreprise. Le thème
dépend bien entendu de ce qui est envisagé d'être mis en
place, et du ou des domaine(s) couvert(s). Dans notre exemple il s'agit des
musiques actuelles, mais il peut être question du théâtre,
cinéma, peinture, sculpture, danse, littérature... Le
thème fondateur découle aussi du parti pris artistique, de
l'objectif à atteindre, de la durée, etc.
Par la suite, il est primordial d'établir un
programme de l'évènement et réunir
le plateau artistique en suivant une grille définie, afin de se tenir
aux choix et aux décisions initiales. Celui-ci doit tenir compte des
contraintes techniques et des cachets des artistes.
Il est donc nécessaire qu'il comprenne un budget
prévisionnel. Ce programme est une étape importante de
l'organisation du festival, pouvant tenir lieu de dossier de
présentation lors de la recherche de partenaires ou même pour des
recherches de location de terrain, lieu ou salle d'accueils de
l'évènement.
Les partenaires financiers
Suite à la réalisation du programme et à
l'évaluation du coût du festival, la deuxième étape
indispensable consiste à choisir les partenaires financiers. Afin de
faire des propositions recevables, il faut effectuer un ciblage précis
par un examen attentif des besoins et des caractéristiques de
l'interlocuteur, par rapport à ce qu'il propose, à ses actions,
etc.
La législation
La réglementation en matière
d'organisation de spectacles est très précise: il faut prendre en
compte les contraintes de la Société des auteurs, compositeurs et
éditeurs de musique -dit SACEM, de la préfecture, des douanes,
etc.
Bien que la licence d'entrepreneur de
spectacles vivants soit sujette à des bouleversements en
matière de réglementation suite aux réformes de la
directive européenne -relative aux services dans le marché
intérieur européen, qui pourrait l'amener vers sa suppression,
elle est actuellement toujours obligatoire.
Un autre point de la législation à ne pas
négliger concerne la sécurité. Tout
spectacle doit être normalement autorisé par le maire, dont les
autorisations sont attribuées en principe après une visite de
sécurité. Au sujet de l'utilisation d'un lieu «
inhabituel», il faut d'autre part un avis favorable de la Commission de
sécurité pour l'accueil des publics.
Le troisième point dont il faut tenir compte est
l'assurance. En effet, il est obligatoire de souscrire une
assurance responsabilité civile et dommages, afin de couvrir les
dégâts matériels occasionnés à la salle ou au
lieu d'accueil, ainsi qu'aux biens et sinistres occasionnés aux
personnes accueillies.
La logistique
Une fois que le festival est planifié dans son ensemble,
viable financièrement et respectueux de la législation, il est
nécessaire de prendre en charge un certain nombre
de tâches logistiques :
l'équipement du lieu, l'organisation du service d'accueil,
l'accompagnement artistique, le suivi technique de l'ensemble de la
manifestation, l'hébergement, les transports, etc.
De plus, il est indispensable de faire la mise au point de la
billetterie, en prévoyant le fond de caisse, la
conformité des billets, le prix des places, etc. Cette étape est
nécessaire concernant la réglementation et les éventuels
contrôles fiscaux.
De même, il faut penser à la
buvette, exigeant deux types de licences pour les
débits de boissons occasionnels délivrées par la
préfecture : la première concerne les boissons sans alcool, la
seconde le vin, la bière, le cidre et les vins entre un et trois
degrés d'alcool. L'ouverture d'un débit de boissons
nécessitant une licence 2 entraîne le paiement d'une taxe.
La communication
Enfin, l'étape cruciale consiste à faire venir
du monde dans le festival. Pour cela, il faut cibler le public
touché. Afin de commercialiser et de communiquer au mieux
l'évènement, la sélection des supports de
promotion est déterminante : tracts, affiches, choix des
médias, Internet, presse régionale, revues
spécialisées, radios, etc. Par ailleurs, le choix du
bénévolat en parallèle à l'équipe
rémunérée peut servir de relais informel auprès de
la population.
En amont de la diffusion se positionne évidemment la
création de l'image de la manifestation, par le biais
de la création d'un logo, d'un graphisme particulier ou d'une formule
accrocheuse.
? Méthodologie et articulation du
mémoire
En conclusion de ces avant-propos, il convient de faire une
description de la méthodologie appliquée et de l'articulation du
mémoire.
Tout d'abord, la problématique se
résume ainsi : quel est l'intérêt du développement
des festivals de musiques actuelles en France ? De cette question de base est
née deux hypothèses, structurant la réflexion du
mémoire :
La première hypothèse : les
festivals de musiques actuelles ont un avenir certain car ils sont de forts
vecteurs de développement et séduisent aisément les
politiques culturelles et les collectivités territoriales.
La seconde hypothèse : l'avenir des
festivals de musiques actuelles s'annonce difficile voire décroissant
car ils sont souvent considérés comme une simple fonction
culturelle au sein de notre époque en pleine crise économique. De
même, le marché tend déjà vers la saturation : il
n'y a plus de place pour de futurs porteurs de projets.
Évidemment ces théories seront confirmées ou
infirmées durant la conclusion de cette étude.
Partant de ces hypothèses, la construction et le
raisonnement de cette étude se sont fondés sur trois aspects
cohérents :
Un aspect théorique par une
étude organisée suivant les hypothèses définies,
avec un appui de références bibliographiques d'études et
de rapports de professionnels du milieu. De plus, cette étude est
enrichie par une collecte d'informations sur les festivals actuels et de
connaissances acquises durant ma formation à l'ICART.
Un aspect pratique par un appui d'exemples
concrets, dont les principaux sont le festival de Jazz in Marciac (jazz et
musiques improvisées), le festival des Vieilles Charrues, le festival
des Eurockéennes et le festival Musicalarue (musiques actuelles), ainsi
que le festival du Hellfest (métal et genres dérivés). Ces
exemples ont été choisis par leur concordance avec les points
principaux du mémoire : leur dynamique en termes de
démocratisation et décentralisation, de développement
local, de valorisation du patrimoine, en matière d'emploi, de promotion
artistique et enfin de leur impact sur le tissu économique et
touristique locaux. De plus, il s'agit-là d'exemples significatifs, par
le choix de festivals de renommés et rayonnement nationaux voire
internationaux.
En somme, cette étude repose sur un aspect pratique par
la collecte d'informations et de points de vue auprès de professionnels,
grâce à de nombreux entretiens : Sean Bouchard du label Talitres,
Bastien Perez programmateur de Musicalarue. Mais aussi auprès d'artistes
français avec les groupes Stuck in the Sound et Hyphen Hyphen.
Un aspect personnel par un fort engagement
propre du fait de mon implication sur le terrain. De même, ce
mémoire est fortement lié aux rencontres et autres
opportunités de réflexion que mon stage de troisième
année, au sein de la salle de concerts de musiques actuelles l'Astrolabe
d'Orléans, m'a permis. Enfin, ce mémoire est constitué
d'une vive réflexion, organisée autour d'argumentaires
personnels.
Partant de ces trois aspects, le mémoire s'articule en
trois chapitres. Ils progressent suivant un cheminement
logique, représentatif de l'ordre de mes recherches, de mes
découvertes et de mon ouverture d'esprit sur le sujet. Le risque que
j'ai choisi ici d'entreprendre est d'exposer tous les constats et analyses de
mes recherches durant les deux premiers chapitres. Cela dans le but de nourrir
ma réflexion personnelle ainsi que celle du lecteur potentiel. En effet
je pense qu'il s'agit là d'un travail nécessaire et
intéressant étant donné que ce mémoire s'adresse
autant aux étudiants amateurs de culture ou non.
Ainsi, cette étude part d'une réflexion
générale établie sur la problématique de base,
en s'appuyant sur les vecteurs de développement primordiaux des
festivals en milieu rural :
Le premier chapitre traite essentiellement de
l'apport des festivals en terme de développement du milieu
rural, par l'étude de trois dynamiques des festivals : sa
dynamique culturelle, afin d'étudier la décentralisation et
démocratisation de la culture ; sa dynamique sociale, afin
d'étudier son impact sur le développement local ; et enfin sa
dynamique artistique en terme de valorisation du patrimoine.
C'est un chapitre inévitablement théorique, mais
qui est argumenté par une étude pratique du festival de Jazz in
Marciac.
Elle s'étend sur un deuxième
chapitre plus analytique, fondé sur des
débats d'ordre économique : sujet
inévitable afin de placer les hypothèses définies au sein
du contexte actuel. Notre époque étant plongée dans une
crise économique, la question des problèmes et enjeux financiers
est d'une évidente prépondérance.
De plus, ce chapitre permet de pousser la réflexion sur
l'impact des festivals sur le développement rural. Pour cela
après une analyse de leur économie, nous étudierons les
apports en matière d'emplois, qui peuvent
s'avérer être une réponse au taux du chômage
croissant actuel en France. Enfin, il aboutit sur le thème du
tourisme culturel, l'un des points forts des festivals, issu
de leur importante attractivité.
Ce chapitre est illustré par l'étude de deux cas :
les festivals des Vieilles Charrues et du Hellfest.
Enfin, elle cette étude s'achève sur un
troisième chapitre plus subjectif, se fondant
sur les acquis théoriques et les conclusions tirées des deux
premiers chapitres de l'étude.
Cette troisième partie entame une
réflexion approfondie, personnelle et collaborative,
amenant vers des débats constructifs. Dès lors, l'étude
entreprend de répondre aux hypothèses, en s'appuyant sur divers
points de vue :
- le point de vue des acteurs culturels et de
la vie culturelle locale, en réponse aux attentes du
ministère de la Culture et de la Communication et des politiques
culturelles concernant les apports des festivals.
- le point de vue des publics, afin de relier
population locale et festivaliers, en poussant notre réflexion sur la
fréquentation des festivals suite à une étude du profil
socioéconomique des publics.
- et enfin le point de vue des artistes et de
l'Industrie musicale, situé en dernier afin de porter
l'étude à sa conclusion. Cette partie traitant de l'enjeu premier
d'un festival, qui consiste à promouvoir l'art dans son ensemble,
amène vers une réponse à la problématique : quel
est l'avenir des festivals ?
La question de l'importance de la production scénique
pour les artistes enclins à la crise de l'industrie musicale, est en
lien direct avec celle de l'objectif premier d'un festival : divertir,
instruire, et promouvoir les artistes.
Ce chapitre s'appuie sur de nombreux entretiens, rencontres et
démarches personnelles.
Cette ouverture sur l'avenir des festivals, conduit le chapitre
à s'interroger sur leurs mutations
nécessaires.
Enfin, ce dernier chapitre conduit l'étude à sa
conclusion générale, qui a pour but de
synthétiser les connaissances fondamentales apportées, de faire
ressortir les argumentaires les plus forts des débats et de ma
réflexion personnelle, tout en répondant aux hypothèses
dérivées de la problématique, en les confirmant ou
infirmant.
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