4.3. Abeille et bioindication
Plusieurs caractéristiques éthologiques et
morphologiques font des abeilles un détecteur écologique fiable
et irréprochable. Cela s'explique par le fait que l'abeille
prélève ses aliments dans presque tous les secteurs
environnementaux (sol, végétation, eau et air) lors des
activités de butinage, fournissant ainsi plusieurs indicateurs pour
chaque saison.
4.3.1. Modèle d'une surveillance
écologique
La bioindication des pesticides avec les abeilles est une
technique très importante non seulement pour identifier les risques
potentiels de l'empoisonnement des abeilles, mais aussi pour déterminer
le degré de la contamination de l'environnement causée par les
pesticides. Dans plusieurs cas, la pollution est causée par des
applications erronées, abusées ou même illégales des
pesticides. La surveillance écologique de l'environnement se base
généralement sur des paramètres simples et des valeurs
chiffrées disponibles dans des bases de données scientifiques.
Plusieurs scientifiques révèlent qu'il y a deux façons
principales de détecter la pollution de l'environnement par les abeilles
: i) soit par l'analyse du risque qui se traduit par la mortalité des
abeilles à la suite du non respect des paramètres techniques des
traitements, ii) soit par l'analyse dans le laboratoire de ses produits (miel,
pollen et nectar).
En effet, un modèle de surveillance écologique,
plus souvent fait intervenir des opérations mathématiques, pour
agréger des variables afin de fournir une valeur indicatrice qui
renseigne sur le risque que peut engendrer pour un environnement, l'utilisation
des insecticides.
4.3.2. Méthodologie adaptée
Notre approche suivie pour construire un indicateur biologique
(cas d'abeille) s'inspire des ouvrages, rapports et bases de données
disponibles (système de décision pour l'évaluation des
effets non intentionnels des produits phytosanitaires sur l'environnement (les
abeilles), Fiche ECOBAG , Programme ADEME « Bioindicateurs de
qualité des sols », 2009 ; SGS, 2007 ; guide pour l'utilisation des
tests écotoxicologiques du GTTE/CIPRL, 2002). Elle est simple et
consiste à comparer les données de terrain avec les valeurs de
références. Ainsi donc, lors des pulvérisations, on ne
peut pas a priori exclure que l'utilisation des produits chimiques ne puisse
pas présenter un risque pour plusieurs espèces non-cibles dont
les abeilles. C'est pourquoi, il conviendrait d'examiner plus
profondément le risque qu'il peut représenter pour les organismes
récepteurs biologiques (bioindicateurs) au niveau du terrain.
4.3.3. Evaluation des effets des pesticides sur les
abeilles
La surveillance écologique des
écosystèmes naturels est fondée sur un ensemble de
méthodes d'essais (sur le terrain ou au laboratoire) déjà
disponibles dans la littérature scientifiques. Les données
référencées aident à comparer les résultats
obtenus. Cette comparaison prouvera si les abeilles sont exposées aux
insecticides utilisés pendant les opérations de traitement. Le
risque peut être évalué en comparant le danger
c'est-à-dire des valeurs toxicologiques de référence pour
cette espèce, à l'exposition c'est-à-dire à la
contamination potentielle de l'espèce (Bolduc, 2003). Une surveillance
efficace doit considérer quatre niveaux : i) Etat de santé des
écosystèmes : cela concernera : Les observations sur le terrain
de risques d'exposition ; ii) la connaissance des propriétés
physico-chimiques des insecticides c'est-àdire références
bibliographiques de la toxicité (DL50) et la persistance (DT50) des
insecticides ; iii) un modèle conceptuel qui prendra en compte les
indicateurs écologiques spécifiques aux insecticides
donnés, iv) La mesure ou l'appréciation du danger et du
degré de l'exposition à travers le taux de mortalité
observé suite à l'utilisation sur le terrain ou au laboratoire
des doses variées des insecticides. Dans ce cas, on procède
à : a) l'évaluation du risque à travers : le danger
probable ; l'exposition ; l'indice du risque dont on pourra apprécier le
degré de dangerosité à travers cinq classes ;
b) l'élaboration des principes de la gestion du risque
encouru par les abeilles dans son environnement par : i) la fixation des seuils
du risque (5 classes : 1ère classe : négligeable,
2ème classe : faible, 3ème classe : moyen,
4ème classe : dangereux et 5ème classe :
très dangereux) ; ii) la fixation des zones de traitements sans risque
(zone tampon ou zone à risque) ; l'apport des mesures
réparatrices en cas des intoxications immédiates ou
différées. Pour ce faire, il sera nécessaire de
considérer certains principes d'identification et de
caractérisation du problème qui pourrait surgir lors des
traitements et qui pourrait influencer l'état de santé des
écosystèmes : i) l'identification de la zone à traiter
c'est-à-dire le territoire concerné par le traitement qui
regroupe la végétation, l'état phénologique et la
période) ; ii) la surveillance environnementale (mortalité et le
déclin des populations des abeilles etc.) ; iii) l'analyse au
laboratoire du risque en utilisant différentes doses des insecticides ;
iv) les plaintes des apiculteurs (signalement des symptômes
observés) ; v) les études écotoxicologiques des
insecticides ; vi) la vérification des doses recommandées ou dose
de repère admise (SGS, 2007). Cela pourra nécessiter des
enquêtes au préalable sur les dangers potentiels et sur
l'exposition de la population des abeilles. Cette enquête pourra
élucider les effets de perturbation et la fixation de seuils de danger
(Bolduc, 2003). De façon générale, l'évaluation du
risque pour la santé des écosystèmes comprendra quatre
étapes principales : i) l'identification du danger (analyse du risque
à travers l'exposition) qui permettra de reconnaître et à
présenter une situation ou un insecticide pourra comporter un risque
pour les abeilles dans leur milieu (voies d'exposition, effets etc.) ; ii) la
caractérisation du danger qui servira principalement à
définir les doses de l'insecticides pour lesquelles des effets
néfastes sur les abeilles sont susceptibles de se manifester ; iii)
l'estimation de l'exposition nous permettra de calculer les doses auxquelles
les abeilles sont exposées en raison de la contamination en tenant
compte des différentes voies de pénétration de
l'insecticide dans l'organisme de l'insecte ; iv) l'indicateur de risque permet
d'estimer quant à lui le seuil du risque et son incertitude en mettant
en relation les informations sur les caractéristiques toxicologiques ou
écotoxicologiques de l'insecticide et les doses d'exposition.
|