Chapitre IV. Modèle de surveillance biologique
de
l'environnement acridien : l'Abeille comme
Bioindication
4.1.Importance des abeilles
L'environnement et l'agriculture sont tributaires de
nombreuses et diverses espèces pollinisatrices dont 20 000
espèces d'abeilles dans le monde qui contribuent à la survie et
à l'évaluation de plus de 80 % des espèces
végétales (AFSSA, 2008). Par ailleurs, la FAO estime que sur 100
espèces végétales qui fournissent 90 % des
approvisionnements alimentaires de 146 pays, 71 sont pollinisées par les
abeilles principalement par les abeilles sauvages (Napakatbra, 2010). Elles
sont connues par les produits de la ruche, du miel, du pollen et de la cire
etc. leur rôle d'auxiliaire de l'agriculture (pollinisateurs) est de plus
en plus considéré. Les abeilles jouent un rôle de
détective privé et révèle des données
très pertinentes sur l'environnement. L'abeille domestique (Apis
mellifera) de poids moyen d'environ 0,1 gramme vit avec ses
congénères en colonie constituée d'une reine,
d'ouvrières et des fauxbourdons. Pour satisfaire leur besoin en
nourriture, les abeilles butinent pour récolter le nectar et le pollen,
tant pour les adultes que pour les larves. Le butinage peut se dérouler
sur de larges territoires (4 à 6 km). Grâce à la
pollinisation, les abeilles participent grandement au maintien de la
diversité des végétaux. Ce qui fait des abeilles des
indicateurs très importants de la qualité de l'environnement.
Ainsi donc, par leur sensibilité aux insecticides, les abeilles jouent
un rôle vital pour les écosystèmes dont l'être
humain. C'est pourquoi Albert Einstein déclarait "si l'abeille venait
à disparaître il ne resterait que quelques années à
vivre pour l'être humain" (Laramée, 2007).
Cela signifierait que si les abeilles disparaissaient cela
engendrait la diminution de l'alimentation ; ceci menacerait en outre
l'existence de plusieurs espèces animales, de nombreux
écosystèmes seraient alors déséquilibrés et
l'évolution de l'humain pourrait être éventuellement
affectée.
4.2. Effets des pesticides sur les abeilles
Beaucoup de pesticides au moment la lutte antiacridienne
peuvent se retrouver dans le pollen et le nectar sources de nourriture des
abeilles. Par contre, les abeilles sont souvent victimes d'une utilisation
abusive d'un produit chimique ou qu'elles soient affectées par un
produit qui ne les ciblait pas. Malheureusement, la population de ces insectes
importants peut varier au gré de plusieurs facteurs ; plusieurs
études et publications font état du déclin des populations
des abeilles. Parmi les principales causes, on note les usages abusifs et
intempestifs de pesticides et notamment les insecticides.
Au moment des traitements par pulvérisation, les
insecticides peuvent atteindre la cible par plusieurs manières : i) Ils
peuvent tomber directement sur l'insecte et traverser le tégument si
elles se trouvent dans la zone traitée ou lorsqu'elles marchent sur les
résidus du produit déposé sur les végétaux,
ii) La contamination peut se faire si les abeilles consomment les aliments
contaminés (nectar contaminé) ; iii) Un autre mode insidieux de
contamination est à considérer : le transport au nid par les
butineuses, des aliments pollués qui vont servir de nourriture pour
leurs congénères adultes et larves (RAP, 2008). Les effets
peuvent surgir de manière immédiate ou différée :
i) L'effet immédiat est observé après quelques heures
durant 2 à 4 jours aboutissant très souvent à l'extinction
totale de la population (Belzunces et al., 1993). Le symptôme
fréquemment observé ; c'est le dépeuplement rapide des
nids suite à la mort des adultes ou des larves. Les adultes peuvent
aussi mourir à l'entrée du nid ou au sein même de la
végétation traitée.. ii) D'autres symptômes peuvent
être identifiés suite à des réactions
sub-létales qu'on peut obtenir expérimentalement par
l'application des doses de moins en moins faibles. Il a été
constaté que les traitements aériens ont un effet plus brutal car
la possibilité des abeilles d'échapper aux gouttelettes de
produit est réduite. La majorité des pesticides est
utilisée en traitement des parties aériennes des
végétaux par pulvérisation. Certains d'entre peuvent
également être utilisés dans le traitement du sol ou des
semences. Ces modalités d'emploi ainsi que le comportement des
substances et de leurs résidus dans les compartiments de l'environnement
conditionnent les modalités (voies et durée) d'exposition des
abeilles et autres pollinisateurs. (Maisons-Alfort, 2009).
Depuis les années 1990, dans les pays
industrialisés où on pratique l'agriculture intensive, les
abeilles disparaissaient mystérieusement. Les ruches étaient
vides sans traces des insectes morts à proximité c'est le
phénomène qu'on appelait « CCD : syndrome d'effondrement des
colonies d'abeilles ». Dans les régions les plus touchées
par ce phénomène, le taux de niches abandonnées
était de 70% (Fiches Pratiques// automne, 2010). Les études ont
montré que le facteur principal de cette disparition est l'utilisation
massive des pesticides qui affecteraient la faculté d'orientation des
abeilles, les empéchant de retrouver le chemin de la ruche. Ainsi
l'agriculture intensive a fragilisé l'équilibre naturel induisant
une réaction tout au long de la chaîne. Cette agriculture a besoin
de milliards d'abeilles pour la pollinisation, mais les abeilles ne peuvent pas
survivre dans un environnement pollué (Fiches pratiques//automne, 2010).
Plusieurs témoignages ont rapporté que l'affaiblissement et la
mortalité constatée chez les colonies d'abeilles en France ont
entrainé une baisse de production du miel dans l'ordre de 22 % entre les
années 1995 et 2001. Le taux de mortalité pouvait atteindre 90%
voir 100% du cheptel des abeilles lors d'une reprise d'activités en
hivers et début printemps. On a souvent rapporté les effets
néfastes de deux pesticides (imidaclopride « Gaucho » et
Fipronil « Regent Ts) qui troublent le comportement des abeilles (AFSSA,
2008 et 2009).
|