Sous le jasmin la nuit
C'est pourquoi nous nous proposons dans le présent
travail d'étudier une de ses dernières oeuvres
« Sous le jasmin la nuit ». Ce titre est inspiré
d'une chanson : « Retrouver les paroles de cet air qui
chante en elle sous le jasmin la nuit oui cette chanson d'autrefois venue sur
ses lèvres elle ne sait comment elle ne sait pourquoi sous le jasmin la
nuit c'est peut-être ça, seulement l'odeur pas
l'obscur » P.12
Depuis des siècles, le jasmin est
considéré en Orient comme le symbole de l'amour et de la
tentation féminine.
Coédité aux éditions l'Aube et Barzakh
(2004), ce recueil de nouvelles sur lequel aucune analyse n'a été
faite auparavant est composé de onze nouvelles : « Sous le
jasmin la nuit », « En ce dernier
matin », « En tout bien tout
honneur », « Improvisation »,
« Si, par une nuit d'été »,
« Sur une virgule »,
« Nonpourquoiparceque », « Nuit et
silence », « Main de femme à la
fenêtre », « C'est quoi un
arabe ? » et « La petite fille de la
cité sans nom » où le rêve et l'ordinaire
se mêlent étrangement. Le rêve de toute femme qui lutte et
se cherche, et l'ordinaire d'une société où le mâle
règne en maître absolu. Celui-ci, le suprême décideur
du sort de sa soeur, de son épouse et de sa mère fait de l'ombre.
Il est l'opposant, celui qui freine
la liberté ou la personnalité de la femme. Les
récits sont surprenants, captivants et le lecteur est très vite
happé par l'histoire, jusqu'à se mettre dans la peau de chaque
héroïne. Sans alourdir le récit et en donnant juste ce qu'il
faut comme détails, Maïssa Bey réussit à conter et
à décrire ces femmes, leurs sentiments et leurs ressentiments
pour les rendre plus réelles qu'elles ne le sont. Les récits
pénétrés de pudeur et de sobriété semblent
sortir du plus profond de la mémoire : Celle de Maïssa Bey,
celle de la femme algérienne. L'écrivaine aborde le viol,
l'enlèvement, la polygamie, l'autorité masculine avec beaucoup
d'aisance. Colère et mélancolie jaillissent de ces récits
dans un style souple et vif.
Ce recueil, comme on l'a déjà cité,
composé de onze récits portant chacun sur une histoire
différente mais qui convergent tous vers une fin voulue de Maïssa
Bey : démontrer le degré et l'ampleur de la violence sur le
monde, sur les êtres qui se battent pour leur identité, leur vie
et aussi leur liberté, même si celle-ci ne se rencontre parfois
que dans la mort.
Le thème qui nous a semblé le moins
abordé était la liberté dans les écrits de
Maïssa Bey. Apporter du nouveau d'une part, et redonner à son
oeuvre une autre dimension d'une autre part, furent les principales raisons qui
nous ont poussé à réaliser ce mémoire. Comment se
manifeste la liberté dans l'oeuvre de Maïssa Bey
« Sous le jasmin la nuit » ? Une question
à laquelle nous tenterons de répondre tout au long de cette
analyse. La première question que nous nous posons est de savoir de quel
genre de liberté pourrait-il s'agir ? Nous y répondrons en
étudiant progressivement l'oeuvre. La réponse divisera notre
travail en trois chapitres : le premier et le deuxième chapitre
traitera la liberté comme thème ou « l'écriture
de la liberté », un thème dont il nous est
imposé de le définir afin de clarifier le sens.
Dans le premier et le deuxième chapitre, nous
essayerons d'étudier ces différentes histoires afin de
dégager et de classer les principaux thèmes qui construisent les
nouvelles. Il est à noter que contrairement à ses oeuvres
précédentes, l'Algérie ne constitue plus le coeur de ses
écrits. Elle se consacre aux femmes et seulement au vécu de la
féminité. Cette vocation est imposée à
l'écrivaine par le changement de circonstances donnant naissance
à d'autres des priorités. Maïssa Bey n'écrit pas que
pour soi, mais pour tout lecteur francophone qu'il soit algérien,
maghrébin ou autre. Ainsi, les événements qui ont
endeuillé l'Algérie tiennent une place plus ou moins importante
dans les romans et les nouvelles. Nous verrons se défiler une certaine
violence humaine « Nuit et silence » et naturelle
« Main de femme à la fenêtre »
entrainant un combat persévérant, épouvantable et
inébranlable pour une liberté tant recherchée, tant
revendiquée.
Dans le troisième chapitre, il sera question d'un autre
aspect de la liberté : celui de l'écriture ou « la
liberté de l'écriture » ainsi que les moyens
employés par l'auteur lui permettant d'appuyer la liberté
thématique.
Nous finirons notre travail par une étude de
l'esthétique de la liberté en analysant de manière plus
détaillée l'éclatement de la parole et la liberté
du langage utilisé par cette romancière.
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