RESUME
Notre étude a pour objectif de décrire les
attitudes et pratiques du personnel de santé vis-à-vis du
dépistage VIH des enfants de moins de six mois dans les services de
pesée, vaccination et de consultations pédiatriques, à
Abidjan, Côte d'Ivoire.
Il s'agit d'une étude transversale effectuée
à l'aide d'un questionnaire standardisé auprès du
personnel de santé de quatre formations sanitaires (la FSU-com HKB
d'Abobo Avocatier, les hôpitaux généraux de Bonoua,
Koumassi et Port-Bouët). L'échantillon est réparti en 28
(26,7%) médecins, 25 (23,8%) infirmiers/sage-femme, 32 (30,5%)
Aidessoignants/assistants sociaux/conseillés et 20 (19,1%) autres
personnels (laborantins, filles de salle, etc.) travaillant dans les services
de pesée/vaccination et de consultation de pédiatrie
générale.
Les résultats montrent que huit personnels de
santé sur dix ont déjà eu à proposer un test de
dépistage VIH à une personne et 61% du personnel soignant
réalise une activité liée au dépistage du VIH.
79,81% du personnel ne prescrit pas de test de dépistage du VIH à
un patient sans son consentement. Plus de la majorité du personnel
(58,3%) pense que les services de consultation de pédiatrie
générale et de pesée/vaccination pourraient être le
lieu idéal pour proposer en routine le dépistage du VIH des
enfants de moins de six mois. Plus des deux tiers du personnel soignant (67,4%)
se disent capables de proposer un test de dépistage VIH à un
enfant de moins de six mois. 64,8% du personnel éprouve des
difficultés à proposer un test de dépistage du VIH. La
presque totalité (96,2%) des enquêtés pensent qu'il est
important de faire du dépistage VIH chez les enfants et 70,5% trouvent
un intérêt à s'investir encore d'avantage dans le
dépistage VIH des enfants de moins de six mois.
Notre étude met en évidence que plus de la
majorité du personnel de santé des formations sanitaires a
déjà eu à proposer un test de dépistage VIH
à une personne. Moins du tiers du personnel soignant quelle que soit la
formation initiale manifeste un intérêt à s'investir dans
le dépistage des enfants de moins de six mois. Plus de la
majorité du personnel de santé des services de consultation de
pédiatrie générale et de pesée/vaccination se sent
capable de proposer un test de dépistage VIH à un enfant de moins
de six mois.
INTRODUCTION
Le SIDA (syndrome d'immunodéficience acquise) est
aujourd'hui l'une des principales maladies préoccupantes dans le monde.
Cette maladie a pris des proportions inquiétantes plus
particulièrement sur le continent africain, dans sa partie
subsaharienne. Depuis la découverte du virus de
l'immunodéficience humaine (VIH) qui cause le SIDA il y a plus de 20
ans, des millions de personnes dans le monde ont été
infectées par le VIH et l'épidémie s'est répandue
à l'échelle planétaire. Entre 30,3 et 36,1 millions de
personnes à travers le monde étaient infectées par le VIH
en 2007 (ONUSIDA/OMS, 2008). Au cours de la même année, le sida a
provoqué la mort de plus de 24 millions de personnes.
Les données statistiques (ONUSIDA/OMS, 2007) indiquent
que l'Afrique subsaharienne reste la région du monde la plus
touchée par l'épidémie de VIH/sida. Plus de deux tiers
(68%) de toutes les personnes infectées par le VIH vivent dans cette
région où se sont produits plus de trois quarts (76%) de tous les
décès dus au sida en 2007. On estime que 1,7 million de personnes
y ont été nouvellement infectées par le VIH en 2007.
Contrairement à d'autres régions du monde, la majorité des
personnes vivant avec le VIH en Afrique Subsaharienne (61%) sont des femmes.
En Côte d'Ivoire, la dernière enquête sur
les indicateurs du sida (EIS) a estimé la prévalence nationale du
VIH chez les adultes à 4,7% (Institut national de la Statistique et al,
2006). La surveillance de l'épidémie à VIH parmi les
femmes enceintes suggère que la prévalence est en baisse, tout au
moins dans les zones urbaines, où elle a chuté de 10% en 2001
à 6,9% en 2005 (Ministère de la Santé et de
l'Hygiène publique et al, 2007).
À l'heure actuelle, il n'existe pas de vaccin contre le
VIH et bien qu'il y ait des thérapies, la maladie n'est pas
guérissable. En outre, le virus lui-même évolue rapidement,
mute et créé de nouvelles souches qui présentent des
défis en matière de dépistage, de prévention et de
traitement. La transmission verticale du VIH/sida entre la mère et
l'enfant est à l'origine de la majorité des infections à
VIH chez les enfants.
Au niveau mondial, le nombre d'enfants de moins de 15 ans
vivant avec le VIH est passé de 1,5 million en 2001 à 2,5
millions en 2007 (ONUSIDA/OMS, 2007). Le nombre estimé de nouvelles
infections chez les enfants a toutefois diminué, passant de 460 000
en
2001 à 420 000 en 2007 (ONUSIDA/OMS, 2007). Les
décès attribuables au sida parmi les enfants s'estiment à
330 000 en 2007 (ONUSIDA/OMS, 2007). Près de 90% de l'ensemble des
enfants séropositifs vivent en Afrique subsaharienne. (ONUSIDA/OMS,
2007).
Face à cette expansion inquiétante et alarmante
du sida chez les enfants, l'une des principales actions à mener et
à soutenir en collaboration avec les gouvernements, les agences des
Nations Unies, les organisations non-gouvernementales, les organisations
confessionnelles ou issues de la société civile est l'assistance
technique. Cette assistance permettra de favoriser l'intégration de
programmes de Prévention de la Transmission Mère à
l'Enfant du VIII (PTME) et de programmes de traitement contre le VIII/sida dans
les services materno-infantiles. Elle permettra aussi le renforcement des
moyens permettant d'identifier les enfants vivants avec le VIII/sida afin de
leur proposer des services comprenant l'accès au test VIII et le
traitement antirétroviral (UNICEF, 2005). Dans le cadre des actions
à mener, il y a le dépistage et la prise en charge des enfants
infectés. Cependant très peu d'études portant sur
l'infection à VIII des enfants sont disponibles pour mieux
appréhender la faisabilité d'un dépistage des enfants de
moins de six mois. C'est dans la perspective de la mise en place d'un
dépistage en routine du VIII des enfants âgés de six
à vingt six semaines que s'inscrit ce travail. Il est axé sur les
attitudes et pratiques du personnel soignant vis-à-vis du
dépistage des enfants, d'après les données de
l'enquête personnelle réalisée par le projet
Pédi-Test ANRS 12165 dans les formations sanitaires d'Abobo Avocatier,
Koumassi, PortBouët et Bonoua (Côte d'Ivoire), en Mars-Avril
2008.
Ce rapport est structuré en plusieurs sections dont les
premières présentent les objectifs de cette recherche, la
problématique, la méthodologie, la collecte et l'exploitation des
données. La section suivante qui constitue le corps même de cette
étude, analyse les résultats de l'enquête « Attitudes
et pratiques du personnel de santé vis-à-vis du dépistage
du VIII chez des enfants de moins de six mois dans les formations sanitaires en
Côte d'Ivoire » successivement à travers les
caractéristiques socioprofessionnelles, les activités
liées au VIII/SIDA et au dépistage, les attitudes et pratiques du
personnel de santé vis-à-vis du dépistage VIII des
enfants. Une discussion clôturera notre analyse.
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