CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS
Au terme de notre étude, nous comprenons que les
positions des structuralistes qui pensent que l'inflation est essentielle pour
la croissance économique et celle des monétaristes qui croient le
contraire, se concilient dans l'approche de l'effet de seuil de l'inflation. En
effet, l'inflation nuit à la croissance économique seulement
à partir d'un certain seuil qui dépend principalement de la
structure de l'économie.
Dans le but d'améliorer leur équilibre
macroéconomique, les pays de l'UEMOA suivent une stricte politique
monétaire et fiscale afin de maintenir à un niveau bas (moins de
3%) le taux d'inflation. L'inflation est certes un indicateur
d'instabilité économique. Toutefois, son effet négatif ne
se manifeste que lorsque les fluctuations et le niveau sont très grands.
En outre, au regard des critères de convergence, l'une des entraves
à l'optimalité de la zone UEMOA est le niveau d'inflation qui est
difficilement respecté à cause des chocs exogènes
(conflits en Côte d'Ivoire, crise d'inflation alimentaire mondiale,
inflation importée,...).
Notre investigation qui s'appuie sur le modèle de seuil
de Hansen(1999), nous a permis de capter le seuil d'inflation dans la zone
UEMOA. Celui-ci s'établit, selon nos estimations à 8%. Ce
résultat corrobore l'étude de Kahn et Senhadji (2000) selon
laquelle le seuil de l'inflation des pays en développement se situe
entre 7 et 11%. Ainsi, la cible d'inflation de la zone UEMOA actuelle qui est
3% pourrait être relevée sans nuire la croissance
économique. Ce niveau seuil de 8% pourrait s'expliquer par un
système financier encore embryonnaire de la zone UEMOA. En effet, la
culture boursière dans la sous-région demeure encore faible due
notamment à la part
relativement importante qu'occupe le secteur informel dans les
économies de la sous-région. Toutefois le seuil de 8% doit
être utilisé comme un indice dans le ciblage optimal de
l'inflation.
Les autorités politiques à travers le monde
durant les dernières décennies ont reconnu qu'un faible niveau
d'inflation conduit à améliorer les performances
économiques. L'objectif est devenu aujourd'hui de mettre tout en oeuvre
pour ramener le niveau d'inflation à un taux d'un chiffre. Ce
résultat fournit la confirmation de ce point de vu.
A ce titre nous recommandons :
> A la commission de l'UEMOA de reconsidérer le taux
établi dans les critères de convergence non seulement pour une
harmonisation des économies de la zone mais aussi pour une politique
monétaire qui pourrait relancer la croissance économique en
stimulant les investissements sans que cela n'affecte l'activité
économique des pays de l'union. En effet, selon nos estimations
l'investissement exerce un effet positivement significatif sur la croissance
économique des pays de l'UEMOA (voir estimations en annexe).
> Aux autorités de la politique monétaire de
poursuivre la stabilisation de la volatilité de l'inflation car elle
renforce l'incertitude autour de la décision des agents
économiques.
LES LIMITES DE L'ETUDE
L'inflation n'est pas une variable exogène8
dans la régression croissance-inflation et donc le coefficient peut
contenir un biais. L'ampleur de ce problème de biais dépend dans
une large mesure du sens de la causalité à savoir que si c'est
l'inflation qui cause la croissance économique, le problème
d'endogénéité est négligeable mais dans le cas
contraire cela provoquerait un biais important. Comme l'a soutenu Fischer
(1993), la causalité de l'inflation à la croissance
économique est prédominante ; ainsi le problème de biais
n'est pas significatif. En outre, l'inflation peut avoir des effets
opposés sur l'économie au-delà de la croissance
économique. Ces effets n'ont pas été pris en compte.
Par ailleurs, en tenant compte de la structure des
économies assez hétérogènes de l'UEMOA, le taux de
8% représentant une moyenne, pourrait varier selon la structure de
l'économie. Aussi, notre investigation nous permet-il de détecter
le taux d'inflation le plus élevé qui pourrait entraver la
croissance économique mais ne nous dit rien quant à l'inflation
la plus faible (optimale) dans cette zone.
8 Cf. Kahn et Senhadji (2000)
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