Section 2. CRITIQUES
2.1. Contraintes du secteur
Le secteur des assurances en République
Démocratique du Congo présente certaines contraintes telles que
:
· Le manque de culture d'assurance de la population ;
· La modicité du pouvoir d'achat ;
· Le non paiement et le sous paiement du personnel ;
· Le manque de confiance des assurés
vis-à-vis de l'assureur ;
· La motivation du personnel ;
· Le manque et l'obsolence de l'outil de travail ;
· L'absence de statistiques pour guider l'entreprise ;
· Le manque de formation du personnel ;
· Le faible nombre de souscripteurs ;
· Et l'étroitesse du marché.
a. Le faible nombre de souscripteurs
La RDC selon les estimations a plus ou moins 65 millions
d'habitants mais la direction vie n'a enregistré en 2008 que 4.848
assurés pour la vie représentant un modique pourcentage de 0,007%
par rapport à l'ensemble de la population susceptible de consommer ce
produit.
La faiblesse du nombre des souscripteurs est liée
à la modicité du pouvoir d'achat du congolais. Le peu d'argent
qu'il gagne est affecté prioritairement aux besoins de consommation de
base. Il devient ainsi difficile qu'il souscrive aux assurances.
b. L'étroitesse du marché
Le marché d'assurance en RDC n'attire en
général qu'une partie de la population souvent habitant les
centres urbains. Très peu d'actions si pas presque nulles ne sont
constatées à l'intérieur du pays.
c. La modicité du pouvoir d'achat
La population congolaise vit en grande partie de la
débrouillardise et dispose d'un pouvoir d'achat très faible. La
préoccupation première se trouve être l'obtention des
produits de première nécessité pour la survie. En ce
moment, consommer l'assurance sans pouvoir satisfaire les besoins de
première nécessité devient difficile.
La modicité du pouvoir d'achat entraine la population
dans une pauvreté qui ne peut seulement être en terme de PIB peu
élevé mais aussi en ces bébés qui meurent sans
assistance d'un quelconque assureur, en les enfants affamés sans moyens
conséquents pour manger à leur faim, en des femmes
opprimées et en des personnes dont la dignité est
bafouée4.
En effet, les données statistiques en RDC traduisent
une situation de paupérisation généralisée. Le
niveau du revenu journalier par habitant est de 1,31 USD en 1973, à 0,91
USD en 1974 et à 0,03USD en 19985.
Au regard de cette évolution de revenu journalier par
habitant, la situation actuellement devra encore être pire qu'il y a plus
de dix ans. Et ceci ne peut en aucun cas inciter la population à
souscrire librement aux différentes branches d'assurance.
d. Le manque de confiance
Il est évident que la population congolaise, du moins
la majorité d'entre elle n'a pas confiance à la
Société Nationale d'assurance. Ce fait est dû au non
paiement des prestations pour ceux qui sont déjà assurés
après la déclaration du sinistre par l'assuré, l'assurance
lui impose dans la plupart de cas un exercice hostile et même fatiguant,
décourageant ainsi l'assuré à reprendre sa police
d'assurance pour l'exercice futur.
4 EASTERLY, 2007
5 Ministère du plan,
2008
e. L'absence d'information
La SONAS par le biais de sa direction générale
ne fournit pas assez d'efforts techniques, stratégiques pour faire
consommer le produit. L'assurance n'est pas un objet de vulgarisation
permanente de la population. Elle est ignorée de celle-ci, il est alors
difficile dans ces conditions de faire consommer un produit non connu des
consommations eux-mêmes car ne sachant rien sur son importance
économique et sociale.
f. Absence d'ambition des dirigeants
La SONAS en général, à travers sa
direction d'assurance vie en générale et sa direction d'assurance
éducation en particulier, manque d'ambition. Elle ne fournit aucun
effort dans le sens d'élargir la gamme des produits, la politique de
vulgarisation pour améliorer la production, aussi l'effort de
l'expansion à travers l'arrière pays et même au niveau
international est presque nulle.
g. L'absence de toute confiance
La SONAS exerçait des activités dans une
situation de monopole et il n'existait pas un esprit de
compétitivité sur la qualité des produits mis en vente,
sur l'organisation du marché et de la gestion. Elle évolue dans
un environnement où rien ne la pousse à mieux faire dans son
service vis-à-vis de ses clients.
h. La mauvaise gestion
Le secteur d'assurance est caractérisé par une
mauvaise gestion sans précédent. Le personnel de la SONAS
enregistre aujourd'hui un peu plus de 6mois d'arriérés de
salaires. A ceci, il faut ajouter le non paiement des sinistres
déclarés, l'incivisme fiscal, mandataires parfois non
expérimenté en matière d'assurance, la mauvaise gestion
des provisions techniques et réserves mathématiques, la mauvaise
gestion de la prime pure... sont autant d'éléments qui
caractérisent le secteur des assurances de la RDC.
i. Autres problèmes
A part tous les problèmes évoqués
ci-dessus, il y a lieu de relever ceux ayant trait à la motivation du
personnel et de son environnement immédiat tels qu'un personnel non
motivé travaillant dans un environnement hostile à son
épanouissement, une mauvaise conservation des statistiques, car ses
données ne sont pas informatisées, la non adaptation de l'outil
de travail aux techniques modernes de la gestion et de la conservation des
données statistiques, l'absence de la notion de prévoyance et
d'épargne.
Les défis des assurances sont évidents en RDC
autant que leurs enjeux, à l'instar de ce qui se passe à travers
le monde. Une politique d'incitation à la consommation des produits
d'assurance doit être conçue. Elle doit également
être bien structurée de manière à faire que les
techniques et les stratégies produisent les effets
bénéfiques pour le pays.
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