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Les mots du sida à  Libreville: métaphores postcoloniales et hétérotopies

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par Yannick ALEKA ILOUGOU
Université Omar Bongo - Master 2012
  

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3- Résultats préliminaires de la pré-enquête

o Réponses des entretiens

Les entretiens que nous avons faits nous ont permis de recueillir des données empiriques avec une population souvent illettrée. Nous avons interrogé les bwitistes et certains traditionnalistes, des rosicruciens et des pasteurs. Il ressort que sur les 10 bwitistes et traditionnalistes interrogés la forte présence de métaphore du Sida fait suite à des croyances en des génies ou des forces surnaturelles. En fait les métaphores ou les métonymies du Sida à savoir le Mbumba, le Kôhng, le Mbumba Iyanô, le Mboulou et le fusil nocturne sont des pratiques qui pour eux justifient la maladie du Sida. Pour eux lorsque l'on est atteint par l'une de ces pratiques il y a des chances pour que l'on ait les symptômes de la maladie du Sida qui se présentent sur le corps. Ce qui est intéressant c'est que tous pensent de la méme manière.

Les rosicruciens interrogés, quand à eux, pensent que le Sida est un karma. En fait pour eux le Sida est une maladie contractée lorsque nos agissements dans une vie antérieure ont été mauvais. La nature pour restaurer l'équilibre va faire contracter une maladie à un individu pour qu'il répare ses fautes. Et selon le principe de réincarnation, tant que l'individu ne change pas , il va continuer de souffrir de ce genre de maladie. Le Sida est une situation karmique.

142 Moment de la journée où un commerçant ouvre un ballot de linge ou de lingerie. Ceci à la particularité d'attirer les foules féminines.

143 Albert CAMUS, La peste, Paris, Gallimard, coll « Folio », 1947, p 31.

Ce que les pasteurs pensent est que le Sida est une maladie envoyé par Dieu pour faire revenir à lui ses enfants qui se sont égarés et qu'ils comprennent que Dieu est le Salut. Pour eux, le Sida est une punition de Dieu pour punir les infidèles. Mais aussi le Diable peut poursuivre un fidèle de Dieu pour éprouver sa foi. Ce qu'il recommande c'est alors de renforcer la foi afin de guérir et de voir les miracles de Dieu.

Les gens ordinaires du marché, les commerçants ou les musiciens ont des opinions variées. En effet, les commerçants et les gens du marché sont plus dans des considérations de la maladie du Sida comme une maladie inventé ou qui n'attaque pas « n'importe qui». Ou encore que le Sida est dû aux infidélités du couple. Ce qui nous rapproche de la pensée du musicien qui pense que le Sida est la maladie de l'infidélité.

4- 9 pULIVTMIQ CIRIK SotKAMICIArTATIl

Après avoir fait un récapitulatif des réponses que nous avons reçues lors de nos entretiens il convient, pour rendre cohérente cette partie, de représenter notre hypothèse de travail. L'hypothèse est qu'elles existent car elles sont le produit de lieux hétérotopiques qui structurent un marché linguistique de la maladie du Sida, et, dont la notion du charisme, entre autre, exploite la production. Les acteurs des du marché linguistiques des métaphores et des métonymies du Sida sont, les bwitistes, les rosicruciens, les pasteurs, les commerçants, les musiciens et les gens ordinaires. Chacun donne une signification à la maladie du Sida selon son sens. On peut constater que chacun de ces acteurs du marché linguistique a un espace dans lequel il déploie son discours. Mais ce qui a lieu de retenir c'est que chacun donne une interprétation afin que leur charisme puisse être puissant afin que les fidèles les « divinisent » et leur apportent le profit (pour les pasteurs, nganga ou rosicrucien) ; ou encore chacun veut donner une raison à la maladie pour se donner de l'importance ou pour justifier une de ses actions. Car en aucun moment durant nos entretiens ils n'ont mentionné qu'une autre pratique, ou même la médecine, pouvait trouver les solutions. Lorsque nous parlons des ARV, les bwitistes disent que c'est tirés des plantes, ou que cela n'enlève pas la dette karmique pour les rosicruciens, ou encore qu'ils ne peuvent etre efficace que par la puissance des prières et de la foi pour les pasteurs, mais encore que le préservatif et les antirétroviraux sont des produits pour au contraire augmenter le Sida au Gabon. Chacun ramène toujours le débat sur son « pouvoir », ou de la pseudo- complicité de la biomédecine dans la consolidation du Sida au Gabon.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci