3- Résultats préliminaires de la
pré-enquête
o Réponses des entretiens
Les entretiens que nous avons faits nous ont permis de
recueillir des données empiriques avec une population souvent
illettrée. Nous avons interrogé les bwitistes et certains
traditionnalistes, des rosicruciens et des pasteurs. Il ressort que sur les 10
bwitistes et traditionnalistes interrogés la forte présence de
métaphore du Sida fait suite à des croyances en des génies
ou des forces surnaturelles. En fait les métaphores ou les
métonymies du Sida à savoir le Mbumba, le Kôhng, le Mbumba
Iyanô, le Mboulou et le fusil nocturne sont des pratiques qui pour eux
justifient la maladie du Sida. Pour eux lorsque l'on est atteint par l'une de
ces pratiques il y a des chances pour que l'on ait les symptômes de la
maladie du Sida qui se présentent sur le corps. Ce qui est
intéressant c'est que tous pensent de la méme manière.
Les rosicruciens interrogés, quand à eux,
pensent que le Sida est un karma. En fait pour eux le Sida est une maladie
contractée lorsque nos agissements dans une vie antérieure ont
été mauvais. La nature pour restaurer l'équilibre va faire
contracter une maladie à un individu pour qu'il répare ses
fautes. Et selon le principe de réincarnation, tant que l'individu ne
change pas , il va continuer de souffrir de ce genre de maladie. Le Sida est
une situation karmique.
142 Moment de la journée où un commerçant
ouvre un ballot de linge ou de lingerie. Ceci à la particularité
d'attirer les foules féminines.
143 Albert CAMUS, La peste, Paris, Gallimard, coll
« Folio », 1947, p 31.
Ce que les pasteurs pensent est que le Sida est une maladie
envoyé par Dieu pour faire revenir à lui ses enfants qui se sont
égarés et qu'ils comprennent que Dieu est le Salut. Pour eux, le
Sida est une punition de Dieu pour punir les infidèles. Mais aussi le
Diable peut poursuivre un fidèle de Dieu pour éprouver sa foi. Ce
qu'il recommande c'est alors de renforcer la foi afin de guérir et de
voir les miracles de Dieu.
Les gens ordinaires du marché, les commerçants
ou les musiciens ont des opinions variées. En effet, les
commerçants et les gens du marché sont plus dans des
considérations de la maladie du Sida comme une maladie inventé ou
qui n'attaque pas « n'importe qui». Ou encore que le Sida est
dû aux infidélités du couple. Ce qui nous rapproche de la
pensée du musicien qui pense que le Sida est la maladie de
l'infidélité.
4- 9 pULIVTMIQ CIRIK SotKAMICIArTATIl
Après avoir fait un récapitulatif des
réponses que nous avons reçues lors de nos entretiens il
convient, pour rendre cohérente cette partie, de représenter
notre hypothèse de travail. L'hypothèse est qu'elles existent car
elles sont le produit de lieux hétérotopiques qui structurent un
marché linguistique de la maladie du Sida, et, dont la notion du
charisme, entre autre, exploite la production. Les acteurs des du marché
linguistiques des métaphores et des métonymies du Sida sont, les
bwitistes, les rosicruciens, les pasteurs, les commerçants, les
musiciens et les gens ordinaires. Chacun donne une signification à la
maladie du Sida selon son sens. On peut constater que chacun de ces acteurs du
marché linguistique a un espace dans lequel il déploie son
discours. Mais ce qui a lieu de retenir c'est que chacun donne une
interprétation afin que leur charisme puisse être puissant afin
que les fidèles les « divinisent » et leur apportent le profit
(pour les pasteurs, nganga ou rosicrucien) ; ou encore chacun veut donner une
raison à la maladie pour se donner de l'importance ou pour justifier une
de ses actions. Car en aucun moment durant nos entretiens ils n'ont
mentionné qu'une autre pratique, ou même la médecine,
pouvait trouver les solutions. Lorsque nous parlons des ARV, les bwitistes
disent que c'est tirés des plantes, ou que cela n'enlève pas la
dette karmique pour les rosicruciens, ou encore qu'ils ne peuvent etre efficace
que par la puissance des prières et de la foi pour les pasteurs, mais
encore que le préservatif et les antirétroviraux sont des
produits pour au contraire augmenter le Sida au Gabon. Chacun ramène
toujours le débat sur son « pouvoir », ou de la pseudo-
complicité de la biomédecine dans la consolidation du Sida au
Gabon.
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