La finance islamique est- elle une solution face à la crise?( Télécharger le fichier original )par Ismaël BOULABAS INSEEC - Master 2 banque et assurance 2012 |
3.3.3. Elle n'est pas immunisée face à d'autres risquesBien que la finance islamique soit immunisée contre les risques systémiques directs« elle ne constitue en rien la panacée »46(*). En effet, elle n'est pas immunisée contre certains risques. Elle est, par exemple, exposée aux risques de concentration. Cela signifie qu'elle s'expose à la défaillance d'une région, une filière, ou toute une profession. D'autre part, étant donné qu'elle n'autorise pas l'investissement dans des activités haram. Elle ne peut pas se diversifier autant qu'une banque conventionnelle afin de lisser ses risques. L'exemple est très parlant, lorsque l'on sait que la finance islamique est très corrélée à la filière pétrolière. Ainsi comme nous avons pu le voir l'activité financière (70%) islamique trouve l'essentiel de son développement dans les pays du moyen orient qui sont exportateurs de pétrole. Or on a pu constater que lorsque les volumes exportés par ces Etats augmentent les capitaux placé dans des banques islamiques augmentent eux aussi47(*). Par ailleurs, les institutions financières islamiques peuvent être exposées au risque d'image. En effet elle reste minoritaire et peine à être prise au sérieux. D'autre part, son nom évoque clairement ses fondements religieux. Ceci peut lui être préjudiciable, car cela lui donne une image obsolète, décorrelée de la modernité du monde. Ainsi il est possible que cet élément lui incombe à terme. Au demeurant, comme nous l'avons évoqué l'islam est une religion qui souffre aujourd'hui d'une mauvaise image. Ceci étant dû, notamment, à l'amalgame qui se fait (à tort) entre islam et terrorisme, depuis le 11 septembre 2001. Enfin les risques que doivent supporter les banques islamiques sont très spécifiques. Effectivement, la nature des prestations qu'elles servent influe sur les risques pris. Ainsi, si on prend l'exemple du contrat moucharaka, on peut voir que la banque prend à la fois un risque de préteur mais aussi un risque entrepreneurial. Ainsi en fonction du contrat elle prendra un risque différent. De plus, on notera que le risque opérationnel est renforcé pour une banque islamique. Ainsi, du fait de sa jeunesse et des contraintes juridiques qu'elle doit subir, les process établis ne sont pas assez usités pour avoir un recul suffisant sur leur efficacité. Afin de pallier cette contrainte l'IFSB (Islamic Financial Service Board) tente d'établir des standards internationaux. Ainsi l'AAOIFI (Accounting and Auditing Organization of Islamic Financial institution), prévoit l'harmonisation des normes comptables internationales. La finance islamique est un système qui cherche à endiguer certains aspects de la finance conventionnelle. Cependant, nous avons pu voir qu'elle n'était pas forcément adaptée à la finance classique. Par exemple, elle ne prend pas en compte l'inflation. En effet, nous pourrons voir qu'à l'instar du système libéral (qui fonctionne uniquement dans un contexte de concurrence pure et parfaite), la finance islamique ne pourrait fonctionner que dans un contexte où la finance classique (qui représente la majeure partie des échanges) n'existerait pas. Ce paradigme comporte ses avantages et ses inconvénients. En réalité, même s'il occulte certains inconvénients spécifiques aux crises que l'on évoqués, il en comporte d'autres. * 46HASSOUN Anouar conférence à l'IAE de Lyon le 20 novembre 2009 : « cartographie de la finance islamique » * 47PASTRE Olivier et GECHEVA Krassimira: « La finance islamique à la croisée des chemins » |
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