La finance islamique est- elle une solution face à la crise?( Télécharger le fichier original )par Ismaël BOULABAS INSEEC - Master 2 banque et assurance 2012 |
2.2.2. Les principes de la finance islamiqueLa finance islamique, quant à elle, est bel et bien un concept se suffisant à lui-même faisant appel à une notion d'économie indépendante. En effet, elle résulte d'une réflexion philosophique sur une économie musulmane consécutive à une application des lois du Coran et de la Sunna26(*). Afin de mettre en exergue le principe de cette finance nous établirons ce que l'on appellera les 5 piliers de la finance islamique. A ces derniers s'ajoutent les « axiomes » de la finance islamique en matière d'éthique. 2.2.2.1. La proscription du ribaL'un des aspects fondamentaux de la finance islamique. La prise d'intérêts est évidemment proscrite dans ce cadre, mais va bien plus loin que le Coran. Effectivement, d'après Mohammed FALL OULD-BAH27(*), le concept de l'interdiction du riba ne fait pas encore l'unanimité au sein de la communauté musulmane. En revanche, il existe une doctrine qui est suivie par la majorité des musulmans et qui interdit deux types d'opération : -celles qui consistent à prêter en connaissant à l'avance le revenu que va générer cette opération -celles qui consistent à prêter un certain nombre X de biens et engendre un remboursement en T+1 d'une quantité X+Y. Concrètement, cela signifie qu'il est interdit d'augmenter la quantité de bien remboursé, en raison du temps qui s'est écoulé. 2.2.2.2. L'interdiction de la spéculationLa spéculation, comme nous l'avons définie n'est pas compatible avec les principes de l'islam. En effet, elle constitue le maysir, qui est proscrit par cette religion. Cependant, il est très difficile, dans notre monde de proscrire la spéculation. Cet outil est très utilisé dans le monde financier. Aujourd'hui n'importe qu'elle personne peut « trader » en ligne, et spéculer sur les marchés. De plus le high frequency trading (trading haute fréquence) permet aux marchés d'acquérir une liquidité dont ils ont besoin pour attirer les investisseurs. C'est pourquoi la définition du maysir en finance islamique reste encore floue. Ainsi, lors d'un entretien avec Amine NAIT DAOUD28(*), nous avons appris la définition du maysir. Il a expliqué que cela consistait en une spéculation à outrance. Il a donc émis une nuance. Effectivement, la finance islamique a pour but de réduire au maximum, la spéculation, qui pose des problèmes moraux (cf. chapitre 1). Cependant elle est obligée de tolérer cette dernière car elle représente une grande partie des transactions financières. 2.2.2.3. La licité de l'objet du financementLa finance islamique est une extrapolation du droit musulman dans un contexte financier mondialisé. Ses principales sources se situent donc dans le droit musulman (Coran, Hadith, et Sunna). Ainsi pouvons-nous voir que l'investissement en finance islamique doit être conforme à l'éthique religieuse. Concrètement cela signifie qu'une banque islamique n'a, en théorie, pas le droit de financer un objet illicite en termes religieux. L'investissement devra donc être halal. Ainsi une banque islamique ne pourra pas prêter, ou investir dans le but de financer des produits en rapport avec, les armes, l'activité porcine, la pornographie, l'alcool ou les jeux de hasard. Ainsi cette finance ne permet pas une liberté dans les choix d'investissement. Elle se veut avant tout être une finance éthique et morale. * 26 Tradition du prophète Muhammad. Elle fait partie des sources de droit des musulmans Sunnite * 27 FALL OULD-BAH Mohamed, (2007) l'argent de Dieu. Contribution à une anthropologie économique des systèmes financiers musulmans», thèse de doctorat soutenue à l'université Paul VERLENE * 28Entretien du 2 décembre 2011 |
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