1.2 PROBLEMATIQUE
La compétition pour les ressources entre les
populations et la faune sauvage est un sujet d'actualité à
l'intérieur et à l'extérieur des aires
protégées du Nord Cameroun. Pendant que l'agriculture se
répand sur les territoires traditionnels de la faune sauvage la
destruction des cultures et les représailles sur les animaux sont en
nette augmentation (SIROMA, 2008).
Le conflit est caractérisé par les
dégâts sur les cultures et parfois sur d'autres biens tels que les
habitations et les humains. Selon MADDEN (2006), les CHE font diminuer l'appui
local à la conservation et peuvent également entraver la
poursuite des objectifs de développement et de réduction de la
pauvreté. MAMA et SINSIN (2002) estiment que les populations riveraines
des aires protégées qui dépendent de l'agriculture comme
source de l'alimentation et de revenus monétaires utilisent ces revenus
pour atteindre un niveau de vie qui leur permet de dépasser le stade
d'autosuffisance. Cette dépendance laisse entrevoir l'importance d'une
situation conflictuelle vis-à-vis de tout facteur pouvant affecter
négativement la production agricole. Une étude menée au
Bénin par MAMA et SINSIN (2002), présente l'exemple d'un paysan
du village Alfakoara qui a vu un hectare et demi de sorgho totalement
dévasté par les éléphants en deux nuits de passage
dans son champ. Dans la même localité, de décembre 1991
à mars 1992, plus d'une dizaine de greniers ont été
détruits
et les récoltes partiellement consommées par les
pachydermes. Cette destruction de cultures survient à
un moment où les agriculteurs devraient profiter des récoltes de
l'unique saison agricole de l'année avec pour conséquence une
pénurie de denrées alimentaires dans le village.
Par ailleurs, certains paysans s'organisent et passent des
nuits dans les champs à protéger les cultures contre les groupes
familiaux d'éléphants qui leur rendraient visite. Le manque de
repos (sommeil) après une journée ardue de travail provoque la
fatigue qui peut se ressentir sur le rendement. BABAN (2007), à travers
une étude menée dans le Sud-est (ZICs 2 et 3) du PNB, rapporte
que les dégâts causés par les éléphants est
le principal problème des agriculteurs ; que toutes les méthodes
traditionnelles utilisées restent inefficaces ; avec pour
conséquence une réduction de la production de l'ordre de 2,1t.
Face à cette situation, il est question dans la présente
étude d'étendre les investigations sur le CHE à toute la
périphérie Est du PNB (ZICs 9, 2, et 3) ; d'identifier et de
caractériser les sites de fréquentation des
éléphants à proximité des villages ; de
déterminer leurs rôles dans les destructions des cultures
causées par les éléphants afin de faire des propositions
permettant de réduire significativement les dégâts. Pour y
arriver, il est indispensable de répondre à certaines
interrogations dont les suivantes :
> Quelle est la nature des sites de fréquentation
utilisés par les éléphants à proximité des
villages ?
> Quelles sont la nature et l'ampleur des dégâts
dans la zone d'étude ?
> Quelle est la valeur des pertes dues aux dégâts
causés par les éléphants sur les cultures pendant la
durée de l'étude ?
> Quelles techniques utilisent les riverains pour gérer
le CHE ?
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