4.4 METHODES DE GESTION DU CHE
4.4.1 Méthodes traditionnelles de protection de
cultures
Les paysans prennent certaines dispositions ou adoptent de
nouvelles habitudes dans l'espoir de réduire les invasions. Six
méthodes de protection des champs ont été
identifiées à savoir la garde de nuit ou gardiennage (33%), le
regroupement des champs (14%), l'installation des épouvantails dans les
champs (5%) et les vacarmes ou production des bruits (28%) ; les deux autres
méthodes sont une combinaison de la garde de nuit et du vacarme (11%)
d'une part et du regroupement des champs, de la garde de nuit et du vacarme
(9%) d'autre part (Figure 12).
Figure 12 : Techniques traditionnelles de
protection des cultures à la périphérie Est du PNB.
a) La garde de nuit
C'est un système de gardiennage des champs pendant la
nuit. En effet, l'arrivée de la campagne agricole marque le début
du mouvement des familles du village vers les champs. Pendant la saison des
pluies 33% des agriculteurs abandonnent les villages dans le but de mieux
surveiller leurs champs et ne reviennent qu'après les récoltes.
On ne peut négliger le coût économique d'une telle pratique
: le temps consacré par les villageois pour assurer la surveillance des
plantations (y compris la nuit) se fait aux dépens d'autres
activités (élevage, artisanat etc.) et l'impact sur
l'économie de toute la région peut s'en ressentir.
b) Le regroupement des champs
C'est la méthode par laquelle les paysans installent
leurs champs côte à côte pour augmenter l'efficacité
de la surveillance. Cette méthode n'est pratiquée que pour les
champs non loin des villages.
c) L'installation des épouvantails
Ce sont des mannequins couverts de vêtements
déchirés et en piteux état, ayant l'aspect d'un homme en
mouvement ou en position de tir. Ils sont placés au milieu des
cultures pour effrayer et chasser les animaux pilleurs. Les
épouvantails cessent de jouer leurs rôles dès que les
ravageurs s'aperçoivent qu'il ne s'agit pas d'un humain. Ils sont
parfois détruits par les éléphants.
d) Les vacarmes ou production de bruit
Ils ont lieu généralement la nuit dès
qu'un raid d'éléphants est annoncé au voisinage ou dans un
champ. Les gardiens produisent un vacarme constitué de cris, de bruits
assourdissants engendrés des tam-tams, des boîtes vides, de
vielles tôles et des tonneaux vides. De l'avis des paysans, c'est la
seule méthode qui donne un résultat satisfaisant. D'autant plus
que comme les raids ont lieu la nuit, la visibilité est faible et les
bruits causent un mouvement de panique entre les envahisseurs qui s'enfuient
dans la direction opposée aux bruits.
e) Efficacité des méthodes de gestion du
CHE dans la zone d'étude
L'efficacité des techniques traditionnelles de limitation
des incursions d'éléphants dans les champs est
présentée dans la figure 13.
créer des champs côte à côte
facilitant une synergie dans le refoulement permet d'éloigner les
éléphants pilleurs une semaine durant de la zone agricole. La
production du bruit reste inefficace sur les incursions. Les
épouvantails et les bruits semblent ne plus avoir d'effets sur les
pachydermes sans doute parce qu'avec le temps ils se sont habitués aux
stimuli et sont devenus insensibles. Toutefois, les paysans ont recours
à une combinaison de plusieurs méthodes pour espérer
maximiser l'efficacité de la prévention de pillages. Les
résultats cidessus sont assez différents de ceux obtenus par
BABAN un an auparavant dans la zone d'étude ; à savoir que les
populations utilisent les bruits, le feu et le gardiennage pour protéger
leurs champs des incursions des éléphants.
f) Efficacité des combinaisons de méthodes
de prévention des dégâts
La combinaison de plusieurs méthodes donne
également des résultats différents comme on peut le
constater à travers la figure 14.
Doudja, les autorités administratives (Conservateur,
Délégués MINFOF, Sous-préfet et Préfet du
Mayo Rey) restent insensibles à en croire les populations (figure
15).
trophée et la grande affluence des touristes qui
désirent voir et photographier un éléphant. C'est un
animal qui fait rentrer des devises importantes au pays. Ainsi, un abattage
nécessite des investigations approfondies et l'épuisement de
toutes les autres alternatives de résolution du problème.
La position d'un village à l'intérieur d'une
aire protégée est également un handicap à une
intervention efficace de la part de l'administration. En effet, situés
dans les ZIC 2 et 3, les villages victimes ont souvent reçu de
l'administration la réponse suivante : « le village est loué
au blanc », pour faire allusion au fait que les guides de chasse payent
les taxes sur la superficie de la ZIC (le village y compris). Ainsi, c'est au
guide chasse que revient la décision d'abattre un animal (ravageur ou
non) dans le cadre du quota qui lui a été accordé par le
MINFOF.
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