L'octroi des microcrédits par les institutions de microfinance et l'amélioration des conditions socio-économiques des ménages dans la ville de Goma( Télécharger le fichier original )par Didier MUGALIHYA MULUMEODERHWA Institut supérieur de développement rural - Grade en planification régionale 2012 |
2.3.10 Les institutions de la microfinance et la pauvreté (38(*))La mesure de l'impact est devenue à la mode. Elle répond à un véritable besoin. Les mutuelles sont anciennes, mais elles sont des IMF un peu spéciales puisqu'elles reçoivent des dépôts plus qu'elles n'accordent des crédits. La plupart des autres institutions sont récentes, et elles doivent se gérer sans disposer de beaucoup de repères. Depuis que la lutte contre la pauvreté est retenue dans les objectifs du Millénaire, elle est entrée dans les politiques de développement et il est normal que les Autorités se préoccupent d'en apprécier les résultats. Les bailleurs de fonds ont aussi besoin de savoir si le soutien qu'ils apportent à ces institutions atteint bien le but qu'ils se sont donné, surtout lorsqu'ils veulent, comme l'USAID, que 50% au moins des crédits soient accordés aux plus pauvres. Quels sont les plus pauvres ? L'USAID a sa définition, mais il en est beaucoup d'autres. La pauvreté n'est pas seulement quantitative, un certain revenu par personne et par jour ou par an, sans la disposition d'un patrimoine, elle est aussi qualitative, elle tient compte des conditions de vie. En cela elle rejoint les objectifs du Millénaire qui concernent aussi l'éducation, la santé, l'émancipation des femmes... et elle peut intégrer des données telles que l'accès à l'eau potable, la disponibilité d'un logement, l'estime de soi, le degré d'intégration dans le milieu social. La mesure précise d'un degré ou d'un seuil de pauvreté ne peut se faire que par l'intermédiaire d'enquêtes, qui sont nécessairement ponctuelles. Celles qui ont été effectuées tendent généralement à montrer deux choses. D'une part, les résultats sont très différents selon les institutions qui, même si elles appartiennent au même groupe - des ONG par exemple - peuvent avoir des clientèles très particulières. D'autre part, elles s'adressent toutes aux pauvres, mais pas toujours et pas seulement aux plus pauvres (39(*)). Parmi les multiples définitions de l'impact, celle-ci fait bien ressortir la complexité de cette notion : « Un changement positif en profondeur dans les croyances, les valeurs, les attitudes, les actions, les relations et les structures qui se traduit par un niveau d'existence supérieur pour l'individu et/ou la communauté ». Les IMF ne prêtent pas toutes, ni systématiquement, aux plus pauvres peut être expliqué de plusieurs façons. Il y a d'abord des institutions dont ce n'est pas la finalité, en particulier les mutuelles qui collectent d'abord des dépôts et ne prêtent donc qu'aux membres qui ont pu épargner : ils ne sont pas les plus pauvres. Ensuite des institutions peuvent ne pas exclure les clients un peu plus aisés et accepter de leur prêter à eux aussi, d'autant plus qu'ils empruntent sans doute davantage, et que de ce fait la gestion de ces crédits est moins coûteuse. Enfin il n'est pas impossible que ces clients aient emprunté quelques années plus tôt, que ce crédit leur ait permis d'améliorer leur situation, et qu'ils continuent tout naturellement d'utiliser les services de cette institution. Il en est sans doute ainsi quand l'emprunteur gère une petite ou une micro-entreprise, et que ses affaires marchent de mieux en mieux (40(*)). L'impact des IMF sur la pauvreté ne se mesure pas seulement par le pourcentage de leurs clients pauvres ou par le degré de pauvreté de leurs clients. Ce sont surtout les changements qui comptent : leurs clients sont-ils de moins en moins pauvres ? Il faut ici encore des enquêtes et, bien qu'elles soient toujours coûteuses, elles doivent être multipliées. Pour qu'elles soient significatives, il faut que l'on puisse comparer des résultats. Cela ne peut se faire que de deux façons : dans le temps, avant que l'institution ait commencé à prêter et quelques années plus tard, ou dans l'espace, auprès de personnes qui sont clientes de l'institution et auprès d'autres qui ne le sont pas. Mais, dans le temps comme dans l'espace, bien d'autres facteurs que le microcrédit accordé peuvent avoir une incidence sur les conditions de vie des personnes interrogées. Et que dire des choix méthodologiques, comme des questions posées qui dépendent naturellement de ce que l'on veut savoir, alors que les institutions elles-mêmes, les autorités locales, les bailleurs de fonds... les chercheurs qui font aussi ce genre d'enquêtes n'ont pas forcément les mêmes préoccupations, ni peut-être le même concept de la pauvreté (41(*)). * 38 Michel LELART, De la finance informelle à la microfinance, Agence Universitaire de la Francophonie, version 1 ; 30 Mars 2006, P 33-34. * 39 Michel LELART, op. cit. * 40 Idem * 41 Michel LELART, op. cit. |
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