Conclusion et commentaires
De l'entretien , on peut tirer les conclusions suivantes : il
y'a un paradoxe entre le tempérament calme du sujet lors de l'entretien
et le dessin libre qui démontre clairement qu'elle souffre
énormément dans son intérieur. On sent qu'il y'a vraiment
un bouillonnement dans son «intérieur» plein de haine, de
mépris, de vengeance, de peur et d'angoisse. Tout ces facteurs influent
d'une manière directe sur son «coté fragile de petite
fille», qu'elle est.
Cette fille demande de l'aide, demande que cette «
énergie destructrice » soit transformée en une «
énergie constructive ». C'est- ce que font les spécialistes
en psychologie clinique malgré les moyens limités dont ils
disposent.
Résultats de l'enquête proprement
dite.
L'enquête s`est portée sur (40) enfants
âgés de (08 à 13 ans). L'objectif de notre recherche
était de connaître le vécu psychologique de ces enfants,
dont les parents sont terroristes ou victimes du terrorisme. Et quelle est leur
représentation de la société ?
Ces 2 groupes, (20 enfants, dont les parents son terroristes,
et 20 enfants victimes du terrorisme), présentent les mêmes signes
de souffrances d'ordre psychologiques : l'angoisse de mort, la peur, la
vengeance, et la haine. Ces facteurs ont généré chez tous
les sujets, la régression, la mauvaise identification, le mépris
et la méfiance envers la société. Cette pression,
poussée à l'exaspération, entraînera dans un futur
proche l'embrasement de l'Algérie, cette fois ci, d'une intensité
inimaginable.
Aussi, les résultats de l'enquête, nous ont
révélé que les séquelles dues aux
événements ont laissé des traces indélébiles
chez tous les sujets malgré le temps passé (3 à 6 ans). Ce
qui laisse supposer que la prise en charge n'est pas efficace, vu le manque de
moyens dont dispose les équipes psychopédagogiques.
Il faut donc veiller à donner les moyens
matériels et financiers aux professionnels, afin qu'ils puissent mener
leurs missions convenablement. Encore faudrait-il signaler au passage, que tout
le monde doit participer à cette opération. Pour que cette
mission soit efficace, deux acteurs seulement devront intervenir, l'Etat, avec
ses moyens logistiques, et les professionnels : psychologues, psychiatres,
pédiatres, psychanalystes, et sociologues.
Avant de juger un événement, disent les grands
juristes de ce monde, il faut d'abord le connaître. Et quand on le
connaît, il nous est difficile de le juger... Mais dans le cas de la
guerre d'Algérie 199 1-2000. Force est de croire qu'aucune argumentation
d'ordre politique, philosophique, scientifique ou religieuse, soit elle ne peut
justifier les actes barbares que la société algérienne a
subit.
Tout le monde sait que les pouvoirs successifs, d'une
manière consciente et, avec une complicité directe pendant les
années 80, ont berné, encouragé, aidé l'islamisme
à s'enraciner à travers une planification minutieusement
perpétrée par le biais d'un système éducatif, du
primaire jusqu'à l'université...
Mais en contre partie, presque la majorité du peuple
Algérien -le peu qui reste de femmes et d'hommes, qui se sont
soulevés pendant les années 80, ont été
malheureusement marginalisé, ou assassiné- nie qu'elle a
donné sa bénédiction durant les années 80,
jusqu'à nos jours. Qui, par sa collaboration directe, qui, par sa
collaboration indirecte, qui, par son opportunisme, qui, par son esprit de
vengeance et de rancoeur, qui, par son silence, qui, par sa
lâcheté, qui, par la fuite à l'étranger tout en
sachant qu'ils auraient pu stopper : CETTE OPERATION CHIRURGICALE : METTRE
L'ALGERIE A GENOUX.
On peut dire, comme disaient les imminents juristes du
siècle, «Il nous est difficile de juger ». Mais aller
jusqu'à justifier la barbarie, en couvrant d'éloges les acteurs
de cette tragédie, ou du moins justifier leurs actes, relève tout
simplement de l'absurde et de l'invraisemblable.
On ne se rend pas compte, qu'on est entrain «
d'institutionnaliser la violence » sous toutes ses formes.
Institutionnaliser la violence, revient à légitimer le crime
organisé, à légitimer le crime contre l'humanité,
à légitimer le blanchissement des sommes colossales d'argent et
d'or amassées par les acteurs de la violence et les mafieux
sanguinaires, lesquels profitant de cette situation dramatique, sont devenus en
un temps record des milliardaires « respectables », à
légitimer la prostitution des mineurs, à légitimer la
« profession » des souteneurs. Ces derniers deviendront une force de
pression dans ce pays, car ils gèrent des
milliards de dinars récoltés par la
prolifération de la prostitution et la vente de la drogue. Nous sommes
réellement en danger. C'est la désarticulation sociale.
Ce sujet que nous avons développé émane
d'une recherche académique, qui n'est certes pas exhaustive. C'est pour
cette raison que nous avons voulu la considérée comme
étant une réflexion à haute voix, afin d'apporter une
petite contribution aux préoccupations des enfants et de leur devenir.
Comptez autour de vous les enfants angoissés victimes du terrorisme, les
victimes du divorce... comptez autour de vous les enfants privés
d'affections, les abandonnés, les orphelins, les martyrisés, les
marginalisés, les exclus, les enfants handicapés, les
délinquants, les toxicomanes, les enfants prostitués.
En voyant les conditions de l'enfant, nous allons apercevoir
le paradoxe qui gère notre société. D'une part, nous
revendiquons la dignité, l'égalité, la justice. Et d'autre
part, nous collaborons tous, aux piétinements de ces valeurs, en
méprisant, en battant, en terrorisant, en marginalisant les futurs
citoyens de la Nation.
Des centaines de milliards de dinars investis dans le domaine
de la santé. Et pourtant, jamais autant d'enfants n'ont
été touchés par la malnutrition et les maladies. Des
centaines de milliards de dinars investis dans le domaine de
l'éducation. Et pourtant, jamais autant d'enfants n'ont
été victimes d'analphabétisme. Ces progrès
méthodologiques et didactiques semblent trop souvent servir la mise en
condition idéologique et culturelle.
Des centaines de milliards de dinars mises aux services de la
solidarité. Et pourtant, jamais autant de familles n'ont
été victimes de la pauvreté, ces dernières
acceptent leur sort avec fatalisme.
Notre politique, qui se veut éminemment sociale et
« développe » ses services dans ce sens, a réussi
à séparer ce que fut toujours uni, la famille, à
l'atomiser au maximum. Quand la notion de respect de l'enfant paraît et
croit à notre horizon, la carence d'autorité saine, ferme et
bienveillante plonge le jeune dans le désarroi et la
déréliction. Au sein de ses contradictions où triomphent
l'hypocrisie morale et le conformisme sur la tutelle du dieu argent
reconnaissant avec René Maheu « le besoin absolu de la jeunesse
s'accommode moins que jamais des injustices et du désordre du monde ....
».
Ils nous appartient à tous de prendre nos
responsabilités, parce que tout est encore possible, le meilleur, et le
pire, et parce que l'homme, pour son salut ou sa perdition, reste capable
d'étranges et imprévisibles sursauts. Nous pouvons, grâce
à ce qui nous reste comme dignité, créer des conditions
nécessaires et suffisantes pour sortir de l'impasse : faire sortir ces
êtres fragiles, vulnérables, innocents, minés par la
misère, la malnutrition, l'analphabétisme, abrutis par la
corvée de survivre.
Nous pensons qu'une prise de conscience de cette situation
inadmissible peut, seul, provoquée le sursaut tant attendu, et tant
espéré.
Quand la volonté politique existe, fortement,
sincèrement, l'histoire avance. Il est intolérable qu'elle
continue d'avancer en foulant les plus faibles. Elle doit les porter à
bout de bras, comme gerbes d'espérance, vers un avenir de réel
épanouissement humain....
Enfin, comme le disait si bien Peter Ustinov, «
Peut être devrions nous songer à éviter à
nos enfants qu'ils se perdent en chemin comme nous l'avons fais-nous-
mêmes ».
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