OUKACI LOUNIS
Docteur d'état en sciences de
l'éducation Maître de conférences . Faculté
des sciences humaines et sociales Université de
MENTOURI Constantine ALGERIE
Quand la volonté politique existe fortement,
sincèrement, L'histoire avance. Il est intolérable quelle
continue d'avancer en foulant Les plus faibles. Elle doit les porter
à bout de bras, comme Des gerbes d'espérance, vers un avenir
de réel épanouissement humain. MARCEL
VOISIN
Introduction
« L'assemblée générale des Nations
Unis a adopté le 20 Novembre 1989 lors de sa 77eme session le texte
final de la convention relative aux droits de l'enfant. Depuis cette date
historique la quasi totalité des pays l'a adopté. Elle a
également force de loi en Algérie, depuis sa ratification le 23
Décembre 1992 par le parlement.
Mais que de chemins parcourus, que d'obstacles
surmontés de part le monde, pour que l'enfant ait enfin une existence
juridique, qu'il passe d'un état de «quasi personne» à
celle d'un citoyen à part entière »(1) .
Très beau discours, qui ne reflète en rien, la
réalité de millions d'enfants vivant dans l'oubli total et
l'anonymat par excellence. Nous ne doutons pas de la sincérité de
l'interlocuteur, mais nous voulons l'inviter à sortir à minuit
sur son balcon, nous lui demandons d'observer et d'écouter.
Nous sommes persuadés, qu'il va s'apercevoir que, des
millions d'enfants dorment avec un « ventre vide », que des centaines
de milliers de femmes pleurent, et crient leur désespoir, que des
milliers de jeunes meurtris dans leurs chairs, ont perdu tout espoir et projet
d'avenir, que des millions de chômeurs crient leur détresse en
regardant leurs progénitures s'éteindre à petit feu, que
des centaines de milliers d'handicapés subissent la loi divine et la loi
des hommes... .
Nous avons sollicité cet interlocuteur, le
représentant de l'UNICEF en Algérie, parce qu'on a beau
cherché cette «société civile» que nous avons
finalement croisée, après maintes tentatives, en compagnie de la
majorité des «Elus du peuple», dans cette nouvelle «
république Algérienne démocratique »,
constituée uniquement d'hôtels de luxes, loin de cette autre
Algérie Populaire.
Nous l'avons alors sollicité, pour qu'il se penche du
haut de son balcon, pour observer cette deuxième république
populaire désarçonné, aliéné.
Aussi, invitons gracieusement notre interlocuteur à
faire un voyage à travers cette Algérie de l'indigénat
pour qu'il puisse se rendre compte que l'UNICEF est aussi victime de cette
analyse superficielle.
1- Une Algérie agonisante.
C'est avec sincérité et sérieux que
l'Algérie s'est engagée à assurer toute la protection
voulue aux enfants sur son territoire. Le reste du monde n'est cependant pas,
sans savoir, qu'elle est confrontée à d'énormes
problèmes.
D'ailleurs, certain indicateurs socio-économiques et
éducationnels sont parmi les plus alarmants au monde : vieillissement de
la population, absence de cellules de proximité d'accueil dans les
régions éloignées, manque d'information, des taux de
fécondité à partir de 35 ans, la non-maitrise des
méthodes de contraception et le manque d'approvisionnement
approprié. Ces causes, pour ne citer qu'elles, provoquent chaque
année 1000 décès maternels et infantiles. Sur 180.000
décès enregistrés en 1999, 140 femmes sur 1000 meurent
(soit 14% l'auteur) suite aux complications et 57 bébés
décèdent suite aux malformations génétiques.
Cela étant, 8% des décès sont dus,
essentiellement, aux avortements et/ou aux fausses couches ... les observateurs
de la santé estiment que le taux de mortalité maternelle et
infantile au Sud du pays dépasse les 30% » (2).
Du point de vue économique, la situation demeure
alarmante. Le conseil économique et social (CNES) continue à
tirer la sonnette d'alarme sur la situation économique et sociale.
Quelques indicateurs démontrent clairement cette catastrophe qui
pourrait engendrer une explosion sociale : déficit global du
trésor à fin Juin 1999 : 80.2 milliards de dinars (03 fois plus
important que celui enregistrer à la même période de 1998).
Le taux de change afin Juin 1998 : 68.3 1 DA pour 01 Dollar US (contre 60.40 DA
pour 01 Dollar US à fin Décembre 1998 et 66.16 DA pour 01 Dollar
US à fin Mars 1999).
Le service de la dette à fin 1998 : 05 milliards de
Dollars. Le découvert en compte courant des banques : 71.8 milliards de
dinars (contre 40.2 milliards à fin 1998)... Plus de 01 million
d'enfants souffrent de malnutrition, dont 100.000 de formes
sévères.»(3).
Cette crise économique interne et chronique a eu des
répercussions sur la société. Ses retombées sont
dramatiques et représentent un réel danger sur sa cohésion
sociale.
Selon une étude en termes réels du pouvoir
d'achat des revenus salariaux entre 1986 et 1994 aurait été de
plus de 45% (...). L'appauvrissement d'une partie des salariés est
particulièrement sensible, puisque 13 % des chefs de ménages
salariés sont classés dans la catégorie « très
pauvres ». L'apparition de « nouveaux pauvres » issus des
couches moyennes, depuis le début des années 90 est un
phénomène inédit qui confère à la
pauvreté de nouvelles caractéristiques. Un rapport reprenant des
chiffres de l'ONS (office nationale des statistiques) affirme que 33% des
salariés ont un revenu inférieur à 6000 dinars.
Bientôt nous aurons deux classes très distinctes
les riches, qui représentent l'infime minorité, et les pauvres
qui représentent la majorité. Le fossé est grand,
très grand même, et de nouvelles moeurs commencent à
apparaître et à s'amplifier à une vitesse
phénoménale. Cette évolution à deux vitesses
engendrera, dans un futur proche, grâce à l'effondrement des
valeurs, une nouvelle forme de banditisme et de pression, qui sera
exercée sur les «hommes politiques».
Du point de vue éducationnel, la situation n'est
guère encourageante. Le 1/4 de la population est analphabète soit
plus de 07 millions, dont plus de 04 millions de femmes, la déperdition
scolaire est de 500.000 élèves par an. « Les salles de
classes sont utilisées à plus de 220 % de leur capacités.
Le parc des infrastructures du primaire accuse un déficit qui
dépasse les 40.000 salles de classes, ce qui correspond à 12 ans
d'investissement à ce niveau. En ce qui concerne la qualification des
enseignants dans les deux premiers cycles, on recense prés de 85% des
enseignants ne possèdent pas le baccalauréat. Le taux est de 63%
dans le troisième cycle. Dans le secondaires en revanche, les
enseignants sont majoritairement d'un niveau universitaire 9 7%»
(4).
Pour ce qui est des supports pédagogiques, « on
note que sur 15200 écoles primaires, réparties sur le territoire
national, 4045, soit 26% seulement, sont dotées de bibliothèques
scolaires »(5). Enfin pour ce qui est de la santé
scolaire, on note que « la couverture sanitaire des écoles atteint
à peine les 50% ». (6)
Du point de vue politique : la participation politique des
citoyens se trouve fragile, sinon inexistante. Le principe qui guide la
démocratie est celui de la citoyenneté. Il implique à la
fois le droit pour chaque être humain d'être traité par les
autres en égal en ce qui concerne la formation, les choix collectifs et
l'obligation
de la part des gouvernants d'être également
responsables devant tous les membres de la société politique ;
inversement, ce principe impose aussi des obligations aux gouvernés,
notamment celle de respecter la légitimité des choix, comme il
accorde aussi des droits aux gouvernants, notamment celui d'agir de
manière autorisée pour promouvoir l'effectivité de ces
choix, et pour protéger la Nation des menaces contre son existence.
La démocratie (comme régime), la
citoyenneté (comme statut et rôle) et la participation (comme
activité) sont trois concepts étroitement reliés. Tous
trois posent de sérieux problèmes sémantiques à
l'origine d'importants désaccords épistémologiques et
idéologiques. De ce fait, la démocratisation désigne les
processus par lesquels les règles et les procédures de la
citoyenneté sont soit appliquées aux institutions politiques
anciennement régies pour d'autres principes (le contrôle
coercitif, la tradition social, le jugement des technocrates ou la pratique
administrative), soit élargies pour inclure des personnes ou des groupes
qui ne jouissaient pas antérieurement de tels droits et obligations,
soit enfin étendues pour ouvrir les institutions qui n'étaient
pas antérieurement soumises à la participation des citoyens.
Or, il se trouve que, chez nous le concept de
citoyenneté, n'est pas pris en considération par la classe
politique. Cette dernière cherche à s'imposer comme substitut
à ce déficit de citoyenneté, donc à amorcer une
fonction de mobilisation politique et d'intégration, tout en risquant
d'hypothéquer doublement celle-ci. D'une part, en construisant la
citoyenneté sur un monde externe à nos valeurs ancestrales,
rendant de la sorte plus difficile la conversion de la citoyenneté en
instrument de gouvernement et donc en argument de mobilisation de
l'obéissance civile.
D'autre part, cherchant à corriger ce défit de
citoyenneté dans un espace politique différencié, en
l'associant à la stratégie, de protection ou de promotion d'une
classe politique nouvelle ou de notables traditionnels convertis en
élite politique, elle risque d'associer la fonction citoyenne moderne
à une légitimité fragile.
Les conditions de vie que connaît un grand nombre de
familles et d'enfants son telles que l'application des dispositions et articles
divers de la convention ne peut se concevoir que dans le cadre d'une
démarche tendant à remédier progressivement à la
situation ; les désavantages et les privations de droits dont souffrent
les enfants sont en effets plus marqués et plus difficiles à
surmonter.
A l'heure actuelle, l'Algérie subit comme d'autre pays
du monde les effets de certaines évolutions socio-économiques aux
retombées défavorables sur la situation de nombreux enfants de
moins de 18 ans. Au premier rang d'entre elle, figure la transition rapide
d'une économie presque exclusivement agraire à une
économie de marché où l'industrie et les services occupent
une place grandissante. Ce phénomène est accompagné d'un
déplacement de la population des compagnes vers les villes, le gros des
migrants appartenants aux groupes sociaux les plus pauvres (la concentration de
la population au Nord du pays, due à l'exode, est l'une des
délicates contraintes que rencontre l'Etat).
Selon une étude faite par un ingénieur en 1987 :
« 65% de la population, soit environ 15 millions d'habitants, était
concentré au nord occupant une superficie ne dépassant pas les 4%
du territoire national et comporte l'essentiel des terres agricoles, soit 70 %.
Dans les autres régions, 25%, soit 5,7 millions d'habitants se trouvent
dans les hauts plateaux sur environs 9% du territoire national. Quant au Sud
qui représente 87% de la superficie nationale, seulement 10%, soit 2,2
millions d'habitants, y vivaient.
Alger à cette époque comptait 3.663.505
habitants concentrés sur 0,3% de la superficie nationale, soit une
densité de 508 h/km2. Ainsi ce phénomène a
provoqué une utilisation abusive et anarchique des terres agricoles les
plus fertiles. Par ailleurs, la zone tellienne, considérée
à grand risque sismique comptera en 2010 plus de 20 millions d'habitants
et atteindra un taux d'urbanisation estimé à 70 %. A cela vient
s'ajouter l'accroissement anarchique des villes et des activités
économiques et industrielles qui menacent les
ressources rares et qui imposent une pollution préoccupante des eaux,
des sols et de l'atmosphère » (7). Sans oublier en plus le taux
d'accroissement de la population des grandes villes, le manque de terres et la
marginalisation croissante de certain groupes (l'urbanisation du pays est
à présent estimée à la hauteur d'environ 60% et les
bidonvilles accueillent une grande majorité de la population urbaine,
cette dernière est en augmentation rapide (...). Les demandes de
logement dépassent les 500.000), tout cela contribue à une
certaine clochardisation de tous les aspects de la vie, clochardisation qui
à un effet négatif sur les moyens de subsistances, la
cohésion familiale et la place des enfants.
Un nombre grandissant de ménages est dirigé par
une femme seule, dont beaucoup abandonnées temporairement ou
définitivement par des maris qui se soustraient à leurs
responsabilités familiales.
Les bouleversements de l'économie mondiale dans les
années 80, ont eu des répercussions sur l'ensemble des pays. En
Algérie, l'augmentation du nombre de femmes devant assumer seules les
charges de la famille, souvent sans qualification ou une formation
adéquate et suffisante, en fait la catégorie sociale la plus
vulnérable. Ceci représente une des symptomatiques de la
conjoncture actuelle qui caractérise l'Algérie d'aujourd'hui.
Dans les années fastes, la question du travail de la
femme ne se posait pas. En effet, l'épanouissement personnel dans le
prolongement d'une scolarité rendu possible par la
démocratisation et la gratuité de l'enseignement pour tous
favorisait l'insertion socioprofessionnelle de la femme. « Aujourd'hui,
cette insertion socioprofessionnelle ne se pose plus dans les mêmes
termes, elle se pose beaucoup plus en terme de nécessité
économique dont l'enjeu est la valorisation du revenu de la femme ou de
sa famille, lorsqu'il n'est pas celui de la création d'un revenu
inexistant auparavant. Le taux d'activité féminine est de 16.7%.
8,4% de familles ont une femme comme chef de famille. 3200 femmes, sans emploi,
sont chef de famille ou chef de ménage ». (8) Cette
situation alarmante ne peut qu'avoir une influence négative sur le
devenir de l'enfant.
2- Les conditions de vie et l'épanouissement des
enfants.
Un nombre relativement élevé d'enfants vivent
dans des conditions particulièrement difficiles : la faim, la
malnutrition, l'inégalité des chances devant l'éducation
et la santé dues aux déséquilibres régionaux
provoqués par les pouvoirs successifs, autant de démentis
catégoriques à nos déclarations humanitaires :
l'analphabétisme juridique par excellence touche tous les enfants
algériens, des centaines et des centaines de milliers d'enfants sont
analphabètes, des centaines et des centaines de milliers d'enfants se
prostituent. Les moeurs ont atteint un seuil intolérable, et nous ne
devons pas nous étonner, si un jour la prostitution sera
institutionnalisée. Des centaines et des centaines de milliers d'enfants
souffrent de malnutrition. Des centaines et des centaines de milliers d'enfants
handicapés échappent aux statistiques, d'où l'absence
d'une prise en charge. Enfin, des centaines et des centaines de milliers
d'enfants traumatisés à jamais par les effets de la nouvelle
guerre d'Algérie 1990 (...). Nous en accueillons la nouvelle comme un
fait divers, pire un fait semblable aux prévisions
météorologiques ! ... .
Avons-nous le droit de tolérer cette catastrophe alors
que nous sommes au troisième millénaire ? L'opinion publique,
est-elle prête à lui sacrifier les subventions allouées aux
festivités, célébrées ici et là ? N'est-il
pas navrant de constater la légèreté, le
désintéressement et le peu d'intérêt que nous tirons
de notre situation privilégiée ?
Nous disons avoir le souci de l'intérêt de
l'enfant, de sa promotion sociale, de son épanouissement, de son
éducation, de ses besoins essentiels, à un bon départ dans
la vie, et nous révélons un tel mépris de la vie des
enfants que nous compromettons l'avenir de la nation.
De toute évidence, ces enfants sont entrain de perdre
leur santé, leur énergie, leur ressort moral. « La
pauvreté ainsi répandue se traduit pas uniquement par des
insuffisances de nourritures, de santé de logement, de
développement mental. La pauvreté sociale entraîne les
handicaps d'éducation, de formation, de promotion. Elle interdit les
loisir et le plaisir, sauf « celui du pauvre » qu'est l'acte sexuel,
« créateur » à son tour de pauvreté. « Le
fait de pauvreté piétine les vies » (9).
Rappelons, en effet, qu'en « 1987, le nombre de familles
est à 3.931.386. La taille moyenne ayant évoluée de 4.66
à 5.87 personnes par famille (5.68 en 1977). A
la fin de l'année 1995 on estime le nombre de familles
à 4.920.000, par contre, la taille moyenne des ménages passe
respectivement de 5.1 en 1966 à 7.1 personnes en 1987 et 6.9 en fin 1995
»(10).
Actuellement, il y aurait 03 millions de familles, qui vivent
au dessous du seuil de pauvreté. Terrible constat d'un pays dont le
dynamisme et la prospérité passaient pour des exemples à
suivre. Cela nous incitera à prendre plus profondément conscience
du drame vécu par les populations du fin fond de l'Algérie.
Dans les ménages les plus pauvres, des enfants de moins
de 15 ans cessent souvent d'aller à l'école pour accomplir des
taches contribuant au budget familial. En ville, les jeunes trouvent à
s'employer dans presque tous les métiers pour lesquels ils
possèdent la force requise. Ces jeunes, comptent parmi les
habitués de la main d'oeuvre du secteur non structuré, leur
degré d'exploitation économique varie selon la branche et
l'employeur.
2.1. Le travail des enfants et des adolescents.
Enquête dans les régions de Constantine et
de Oum-El-Bouaghi.
1-A- Introduction.
L'exploitation de la main-d'oeuvre infantile, fléau que
l'on croyait inexistant, commence au contraire à se propager et à
prospérer. Les causes de cette exploitation de l'enfant, il faut les
chercher parmi les causes du sous développement économique ou
dans l'inadaptation des méthodes de travail moderne à la
production. Si l'on veut protéger réellement, efficacement
l'enfant contre toute forme d'exploitation, il faut d'abord libérer les
parents en leur permettant de satisfaire leurs besoins essentiels : de
nourriture, de santé d'instruction, de logement etc. Nous ne pouvons
nous empêcher de revenir, aux causes mêmes qui engendrent les
effets les plus néfastes pour les enfants. Et face à ce cercle
vicieux de la misère, pendant combien de temps continuerons nous
à formuler des voeux pieux ? Ainsi, dire au paysan, à l'ouvrier,
au chômeur, qu'ils n'ont qu'à avoir moins d'enfants n'est pas la
meilleure manière de les aider à résoudre leurs
problèmes.
Il n'est pas suffisant de promouvoir un âge minimum du
travail. Il faut surtout lutter contre la pauvreté par la mise en place
d'une politique susceptible de permettre aux populations d'avoir des raisons de
vivre là où elles sont. La protection de l'enfant est devenue
indispensable : comment peut-on l'assurer ? Avec quels moyens ? Par quel
miracle fera-t-on changer d'avis aux exploiteurs toujours assez adroit pour
contourner la loi ? Le mal n'est- il pas plus profond qu'on ne le pense, et
l'enfant dans notre société aliénée sera-t-il mieux
préparé à une vie heureuse que son ami des pays
respectueux et respectables ?
1. B. Enfants et adolescents sur le marché du
travail.
Cette enquête traite, la question du travail des enfants
et préconise des mesures en vues d'instaurer des lois incitatives voire
coercitives, pour les familles qui empêchent leurs enfants d'aller
à l'école, revalorisant ainsi le statut des enfants afin de les
soustraire à l'exploitation aveugle. L'enquête préconise
encore d'autres mesures pour éviter que les enfants soient mis au
travail subrepticement, ou fortuitement. Elle vise aussi à
déterminer dans quelle mesure la réglementation en vigueur qui
interdise le travail des enfants est en accord avec les normes et les
valeurs de la société concernant la place
qu'occupe l'enfant. [(Statut général du travailleur, loi n°
78-12 du 05 Août 1978)](11).
Cette enquête effectuée pendant la période
1996-97 a porté sur 2016 enfants et adolescents de 13 à 18 ans et
sur les activités auxquelles ils consacraient plus de 30 jours par
an.
Pour savoir si les adolescents avaient travaillé, des
questions leur ont notamment été posées sur des
activités allant du travail saisonnier dans les champs, les
carrières, dans les magasins, dans les pizzerias ou autre. Une
définition très large du « travail » a donc
été adoptée pour tenir compte de la forme
(l'enquête) et de la définition en droit, du travail à
l'intérieur d'une entreprise : « un poste de travail désigne
un ensemble déterminé de taches qui sont à accomplir
régulièrement par un travailleur dans le cadre d'une
répartition de toutes taches qui incombent au collectif dont ce travail
fait partie » (art.99).(12) Par ailleurs, il est
précisé que « la raison d'être d'un poste de travail
doit être défini avec le maximum de précision, notamment en
ce qui concerne les taches, y afférente. » (art.
101)(13).
Il n'a pas été tenu compte en cours de
l'enquête de la période pendant laquelle les activités se
sont exercées, pendant l'année scolaire, ou pendant les vacances.
En d'autres termes il est tenu compte dans les pourcentages indiqués, du
lavage d'une voiture fait trois à quatre fois dans l'année, ou
encore de la vente de journaux. Il convient aussi de faire observer que
l'échantillon utilisé dans cette enquête n'est pas
représentatif de tous les jeunes des deux régions sus
citées.
Les résultats obtenus ne peuvent être
étendus à l'ensemble du pays en raison de la façon dont le
groupe étudié a été composé. En effet, d'une
part l'échantillon a été sélectionné dans
les régions. Il n'a jamais été question de procéder
à un échantillonnage aléatoire. Les jeunes
scolarisés ont été contactés directement par
l'intermédiaire des enseignants, pour ce qui est des jeunes non
scolarisés, il ne nous a pas été difficile de les
contacter. Les répartitions dans les différentes
catégories d'établissement d'enseignement ne sont pas
numériquement représentatives de la répartition nationale
ou régionale des jeunes qui fréquentent les mêmes
catégories d'établissement. Cette remarque vaut également
pour l'âge des jeunes interrogés.
Les limites indiquées ci-dessus quant au
caractère représentatif de l'enquête ne signifie cependant
pas que ces résultats soient sans valeurs. Les informations recueillies
permettent d'avoir une bonne idée du point de vue qualitatif des
nombreux aspects du travail des jeunes. Les limites ont été
indiquées clairement afin que l'on ne recherche pas à tirer des
conclusions précises sur les enfants et les adolescents à partir
des données numériques de cette enquête.
1. C. résultats et commentaires.
Il ressort de l'analyse quantitative du travail des enfants
que la réglementation en vigueur n'est pas en accord avec
l'évaluation des mentalités en ce qui concerne le travail des
enfants. Cela tient à l'antinomie qu'il y'a entre le travail tel qu'il
est défini par la loi (art. 99. A103) (14), d'une part, et
d'autre part, le fait qu'une grande partie du travail accompli par les enfants,
selon les résultats de l'enquête, représente un moyen de
gagner un peu d'argent et d'occuper leur temps libre et ne saurai en
général être considéré comme un travail au
sens courant du terme, selon l'avis des employeurs. L'enquête
révèle, par exemple, que 25.82% du travail effectué par
les enfants de 13 à1 8 ans consiste à laver des voitures, 25,03 %
de la même tranche d'âge revend les cigarettes. Par contre 13.50%
travaille dans des garages de mécanique comme « apprenti ».
Si nous considérons, que ce lieu de travail est
équivalent au travail dans une entreprise, on pourra dire qu'il y a
violation des lois portant interdiction de recruter des enfants de moins de 16
ans. Ainsi, il y a violation des lois d'apprentissage. Par exemple le travail
dans un garage de mécanique auto (13.50%), commerce en détail
(278%), travail dans les carrières (8,7%), travail dans une boulangerie
(0.39 %).
Ces activités sont considérées, par les
employeurs, comme des occupations pendant le temps libre. Il en va de
même pour le travail saisonnier, où on trouve à
l'intérieur de cette tranche d'âge des écoliers, qui
avaient travaillé en saisonniers au moins 60 jours par an.
Quoiqu'il en soit les textes sont formels. Toute personne
employant des enfants de moins de 16 ans est en infraction avec la loi
même si le travail est saisonnier. (Relation de travail, condition est
modalité de recrutement : art.44 ; l'âge minimal requis pour le
recrutement est fixé par le statut particulier de l'organisme employeur.
En aucun cas, il ne peut être inférieur à 16 ans. De 16 ans
à leur
majorité civile, les jeunes travailleurs ont les
mêmes droits, et les mêmes devoirs que les employeurs occupants les
mêmes postes de travail.)(15).
En ce qui concerne l'apprentissage la loi n°81-07- du 27
Juin 1981 stipule : « le contrat d'apprentissage doit être
signé par le père ou le tuteur légal et l'employeur, qui
peut être selon le cas artisan ou un directeur de l'unité de
production ou un responsable de service de formation de l'unité (...).
Pour les employeurs accueillants leurs propres enfants ou leurs pupilles en
qualité d'apprentis, ils doivent remplir et signer en (05) exemplaires
au main d'oeuvre le plus proche.»(16).
De même l'organisation internationale du travail (OIT),
ainsi que l'UNICEF, considèrent que le travail des enfants de moins de
16 ans, comme étant une violation des droits fondamentaux des
enfants.
Le tableaux ci-après contient amples renseignements sur
le nombre de violations et d'interdictions du travail des enfants sur le temps
du travail et repos, ainsi que la sécurité social.
LES JEUNES SUR LE MARCHE
Secteur
|
Nr de jeunes
|
% globale
|
Groupe 13-15 ans
|
Groupe 16-18 ans
|
% 13/15 ans
|
% 16/18 ans
|
Restauration *
|
49
|
2.32
|
00
|
49
|
00
|
3.62
|
Plongeur dans un café *
|
17
|
0.80
|
02
|
15
|
0.26
|
1.11
|
Manoeuvre *
|
81
|
3.84
|
00
|
81
|
00
|
5.99
|
Travaille saisonnier (agriculture)**
|
118
|
5.60
|
31
|
87
|
4.10
|
6.43
|
Boulangerie *
|
103
|
4.89
|
03
|
100
|
0.39
|
7.40
|
Station service (garage) *
|
267
|
12.67
|
102
|
165
|
13.50
|
12.21
|
Lavage de voitures **
|
198
|
0.40
|
195
|
03
|
25.82
|
0.22
|
Revendeur de journaux (matin/soir) **
|
78
|
3.70
|
19
|
59
|
2.51
|
4.36
|
Revendeur des cigarettes **
|
447
|
21.22
|
189
|
258
|
25.03
|
19.09
|
Travail à la carrière **
|
144
|
6.83
|
61
|
83
|
8.07
|
06.14
|
Travail dans les marchés **
|
387
|
18.37
|
129
|
258
|
17.08
|
19.09
|
Commerce en détails *
|
134
|
6.36
|
21
|
113
|
2.78
|
08.36
|
Aide dans l'entreprise familiale *
|
21
|
0.99
|
00
|
21
|
00
|
01.55
|
Divers
|
62
|
2.94
|
03
|
59
|
0.39
|
04.36
|
|
2106
|
99.93
|
755
|
1351
|
99.93
|
99.93
|
* peut être considéré comme travail dans une
entreprise.
** peut être considéré comme travail en
dehors d'une entreprise.
Les jeunes interrogés se répartissent, par
âge comme suit :
18
|
16.28
|
343
|
17
|
19.99
|
421
|
16
|
27.87
|
587
|
15
|
15.24
|
321
|
14
|
12.58
|
265
|
13
|
08.02
|
169
|
Tranche d'âge
13-15 ans = 755 jeunes 16-18 ans = 1351 jeunes.
D'après l'enquête, les 2016 enfants ne
connaissent pas ce que veut dire ce concept, même les jeunes, ayant un
emploi stable, ne sont pas déclarés, par l'employeur quoiqu'on
dise la loi (chapitre III la protection sociale Art. 187).
Le tableau nous donne aussi une idée du nombre de
jeunes âges de (16 à 18) ans ayant quitté l'école,
et sont autorisés à travailler par les parents sans que ces
jeunes soient déclarés, ni rémunérés selon
la loi il en va de même des enfants en bas âges, qui sont
autorisés, des fois, obligés, à travailler pendant les
vacances scolaires, ou les week end dans les marchés, dans les
carrières, à vendre les journaux ou à aider la famille
dans leurs entreprises. En outre, les enfants des fellahs et des petits
commerçants, qui habitent sur place, obligent leurs enfants à
travailler plusieurs heures par jours ou par semaine, sans aucun remord ni
aucun scrupule.
D'une manière générale 79.88% de tous les
travaux effectués par les jeunes de (13 à 18 ans) le sont
à longueur d'année.
1-D- Conclusion :
Cette enquête révèle que l'exploitation
des enfants existe bel et bien en Algérie. Aussi, le travail des jeunes
de la tranche d'âge (16 à 18 ans) pourrait avoir un aspect
éducatif et pourrait être important pour l'avenir des jeunes, leur
permettant d'acquérir l'expérience, et ainsi ne pas être
totalement dépourvus. Lorsqu'ils arriveront sur le marché du
travail légal. Mais, néanmoins, il ne favorise pas la
fréquentation scolaire pour la tranche d'âge (13 à 15 ans),
parce qu'il est source de fatigue, d'échec et de déperdition
scolaire.
3- Les enfants de la ville :
L'exode rural a eu des conséquences néfastes,
également dans les villes la situation de guerre et
d'insécurité, à l'instar d'autres facteurs, y sont pour
beaucoup. Celles-ci, surpeuplées, ne peuvent accueillir les nouveaux
arrivants des campagnes, ailleurs, que dans des bidonvilles et des taudis.
Généralement, c'est la génération active qui quitte
les douars. Ces jeunes n'ont aucune chance de travailler. Les nouveaux
chômeurs ne font qu'amplifier le nombre très élevé
de chômeurs dans les villes.
Ces jeunes, en chômage, vivent misérablement dans
les bidonvilles des quartiers périphériques, où les
conditions d'hygiène sont telles qu'on pourrait avancer que la
mortalité serait extrêmement élevée. Les personnes
âgés et les enfants, restés aux douars subissent le
dépérissement de la communauté rurale.
Pour les jeunes de 15 ans et plus, la ville n'est qu'une
vitrine de consommation, où la chance de trouver une embauche est
minime. Pour pouvoir se réinsérer, ils ne leur restent que les
moyens illégaux non pas pour vivre, mais pour survivre.
Ces jeunes et ces moins jeunes, vivant dans les villes,
souffrent de l'exiguïté du logement. On peut se poser la question
sur l'espace qui leur ait réservé ? Les enfants de la ville n'ont
pas leurs place, même dans les lieux qui leur reviennent de droit :
l'école, la crèche, la maison. Seul la rue leur appartient. Car
souvent, il est chassé du logement, ses jeux sont trop bruyants et
provoquent des conflits avec les voisins... Il est temps de leur rendre leur
place de rêve et de poésie, de leur permettre d'affirmer leur
autonomie et leur liberté et, avant tout de leur rendre l'espace
(crèche, école, espace vert), où dépenser leur
énergie vitale à bon escient, et redécouvrir leurs corps
et leurs potentialités, où vivre l'épanouissement, le
grandissement par le jeu et l'exploit. La famille agressée de toute
part, s'est repliée sur elle même. L'enfant est coupé du
monde naturel. Ses parents ne l'amènent plus à toucher, à
voir, entendre, à garder le contact direct et immédiat avec le
monde
concret. L'école, avec son programme abstrait, renforce
le fossé entre l'enfant et la réalité amère
vécue au quotidien. Il se retrouve tiraillé entre un curriculum
formel, dispensé dans une école sanctuaire, et un curriculum
réel totalement contradictoire. Plus tard, adulte frustré, il
sera la proie de toutes les influences, il sera nourris de fatalisme qui,
poussé à l'exaspération, fera rejaillir toute sa haine et
sa rancoeur envers la société.
4- Les enfants des bidonvilles.
Les jeux de ces enfants reflètent le paradoxe de
l'existence humaine. Survivre est leur préoccupation première,
mais, celle-ci s'intègre dans leurs habitudes de jeu, car malgré
la maladie, l'ignorance, la pauvreté, les enfants des bidonvilles
jouent, inventent une infinité de jeux. Les plus marquants sont, ces dix
dernières années, où les jeux violents sont très
fréquents dans les cités à grande densité de
concentration des populations.
Comme le fait remarque MICHEL DE MONTAIGNE, génial
précurseur de la psychopédagogie du 20eme
siècle, que « les jeux ne sont pas des jeux en eux mêmes,
mais il faut les considérer comme leurs occupations les plus
sérieuses ».
Que peut-on dire devant le jeu de ce groupe d'enfants qui
s'amusent à chasser les pigeons sur les toits des bâtiments, et
tire une satisfaction, en arrachant «les tètes des pigeons » ?
Que peut-on dire devant le jeu de ce groupe d'enfants qui s'amusent à
« harceler » chats et chiens à coup de pierres ? Que peut-on
dire devant le jeu de ce groupe d'enfants qui s'amusent à saccager
l'éclairage public et les cages d'escaliers à coup de pierres ?
Que peut-on dire devant le jeu de ce groupe d'enfants qui s'amusent à
jouer à l'intérieur des poubelles ? Où sont les parents ?
Où est l'école ? Où est la société civile ?
Où sont les pouvoirs publics ? Où sont les élus du peuple
? Quel est le devenir de ces milliers d'enfants qui sont livrés à
eux - mêmes ? La violence sous toutes ses formes est une
réalité. Pour l'enfant, les films violents permettent le
défoulement. Pourrait-on sublimer cette pulsion ?
Beaucoup ont songé aux sports de compétition, ou
d'amateurs, à l'art et la musique, qui la canaliserait dans une saine
émulation. Induire une politique artistique et sportive dans le milieu
scolaire sera l'un des moyens de diminuer l'agressivité des enfants
à l'intérieur et à l'extérieur de
l'établissement. Ce n'est pas à coup de cours magistraux et de
campagnes de sensibilisation qu'on arrivera à éradiquer la
violence. Mais ce qu'il faudra faire, c'est instaurer une stratégie
globale où le concept violence sera pris dans son sens le plus large,
car la violence existe à l'intérieur de la famille, dans les
institutions étatiques, etc.
4-1- Pour une prise en charge réelle de
l'enfant.
En reconnaissant à tous les enfants sans exception le
droit au bien-être physique, la déclaration des droits de l'enfant
voulait que soient satisfaits au maximum leurs besoins primordiaux. Elle veut
toutefois aller plus loin en ce qui concerne l'enfant en danger moral et
l'enfant mentalement et socialement désavantagé, en
prévoyant pour eux les soins spéciaux que nécessitent son
état ou sa situation.
Selon les sources de l'office national des statistiques (ONS),
les ministères de l'éducation, de la santé et du travail :
« le nombre d'enfant entre 0-15 ans est de 140.000 handicapés, soit
1,2 % du total de la population globale, répartie selon l'handicap : le
taux des non voyants 16,5% ; le taux des malentendants 41,71% ; le nombre
d'enfants danger moral est de 12.000, le nombre d'enfants illégitimes
est de 3000 enfants ».
Ajoutons à ces données « les 7000 enfants
orphelins, dont les parents ou le père, sont terroristes » (17) ,
et les quelques 40.000 enfants, dont les parents sont assassinés par les
terroristes. En plus les enfants issus du divorce, qui évolue en courbe
ascendante « 22.676 en 1994 contre 24.866 en 1998 » (18) . Et enfin
les 500.000 élèves, qui sont chassés, sans aucune
qualification, chaque année de l'école. Cette masse
représente « une masse de délinquant potentiel », donc
en danger moral avec son lot de problèmes (toxicomanie, banditisme,
prostitution, grossesses prématurées et dysfonctionnement
familial).
5- Une société mise devant ses
responsabilités.
Il faut absolument qu'une conscience collective suscite
l'adoption d'un train de mesures susceptible de modifier fondamentalement le
statut social de l'enfant. Toute société, qui se veut
respectueuse des principes humanitaires auxquels elle se réfère,
doit mettre tout en oeuvre pour assurer la préparation effective de
l'enfant à son rôle de citoyen.
Comment former des citoyens futurs responsables et actifs ?
Nous ne devons avoir d'autre ambition que rendre à l'enfant son
indépendance en lui inculquant les valeurs et les normes humanitaires et
universelles. Car il faut que tout enfant puisse devenir tout ce que sa nature
lui permette d'être, c'est à dire être capable en fonction
de ses capacités cognitives et conatives de trouver sa place, tout juste
sa place, dans une société en pleine transition, désormais
mondialisée.
L'école et l'un des 03 catalyseurs (famille,
école, masse médias) qui nous permet d'arriver à cette
finalité créer un ALGERIEN - CITOYEN.
5-1- L'éducation à la citoyenneté
dans le milieu scolaire.
1- Introduction
Le souci de préparer, à l'école, les
enfants à leur futur rôle de citoyen semble avoir
été présent dans notre société. Evidement,
selon l'évolution de la société algérienne, les
orientations de l'éducation à la citoyenneté devront
être posées en termes différents. Avant, l'objectif
était de former un « citoyen socialiste ». Cet idée a
persisté jusque dans les années 80, date à laquelle toute
la société a basculé dans l'oubli total. Aujourd'hui, le
pluralisme multiforme oblige à reconsidérer le concept
traditionnel de la citoyenneté, largement fondé sur
l'appartenance à une société « fermée »
et homogène.
La conscience de l'importance de revoir l'éducation
à la citoyenneté à la lumière des besoins nouveaux
de la société s'exprime par des attentes elles-mêmes
nouvelles. Comment ces nouvelles attentes s'incarneront dans les politiques,
programmes et pratiques scolaires ?
2- Formation de l'élève citoyen.
L'école a un triple mandat, celui d'instruire, de
socialiser, et d'éduquer les générations nouvelles afin
qu'elles puissent acquérir d'une part, des compétences leur
permettant d'agir sur le monde physique et sur la nature et, d'autre part, des
normes et des règles de vie facilitant la vie en société,
notamment le règlement des conflits. La formation civique,
indépendamment des appellations qu'on a pu lui donner, est fondée
sur la nécessité de transmettre des connaissances concernant les
règles à la vie sociale et le fonctionnement des institutions,
ainsi que les valeurs correspondants aux comportement attendus du citoyen dans
la société et auxquelles renvoient ces règles et ces
institutions. L'école algérienne répond-t-elle aux
nouvelles attentes de l'élève ? Sans tomber dans l'erreur nous
disons non cela est du à (04) quatre reproches qu'on pourrait faire
à la « qualité » du système éducatif.
Premièrement : une concentration excessive des
apprentissages sur la mémorisation des faits s'opère aux
dépens de la capacité d'analyse, de réflexion et de
résolution de problèmes.
Deuxièmement : Des lacunes existent dans les
disciplines peu prisées par les responsables politiques (langues
étrangères, sciences humaines, sociales et politiques). On
reproche également à la «qualité» de
l'enseignement un certain nombre de falsification dans les matières
historiques, et une importance excessive donnée à
l'idéologie.
Troisièmement : Au niveau de la pédagogie
l'approche dominante est fondée sur le cours magistral. La certification
des connaissances prend essentiellement la forme de questions de cours apprises
par coeur. Il y a donc très peu d'attention à l'individualisation
des apprentissages.
Quatrièmement : Enfin, au niveau de la gestion
administratif. Elle est qualifiée de bureaucratique. Elle l'est tout
d'abord dans son aspect organisationnel, où la centralisation et
l'impersonnalité sont poussées au maximum. Elle l'est en second
lieu, dans sa pédagogie et dans l'acte même d'enseignement
caractérisé par l'existence d'un fossé entre l'enseignant
et l'enseigné, qui reproduit la séparation en strates du
système Bureautique. Elle l'est, enfin, dans l'importance qu'elle donne
au problèmes de la sélection d'une petite élite et de son
assimilation aux couches sociales supérieures, au détriment de la
formation même de l'ensemble des
étudiants... .l'importance de former des citoyens est
directement évoquée dans les objectifs généraux de
l'éducation et les programmes scolaires. Cependant, les degrés
où de tels objectifs sont repris et concrétisés dans des
contextes spécifiques totalement contradictoires aux attentes de
l'enfant d'une manière particulière et la société
d'une manière générale. Et c'est à travers les
chartes de TRIPOLI et d'ALGER (1962-1964), que se sont codifiées les
premières orientations officielles concernant le système
éducatifs au sein de l'Etat indépendant. Ces premières
orientations sont intégrées dans le système
éducatif en fonction de la définition du concept « culture
», celle-ci se résume dans l'option formulée : « la
culture algérienne sera nationale, révolutionnaire et
scientifique ».
Le rythme auquel se succèdent les programmes de
l'éducation civique depuis 37 ans est édifiant. Réduite
à une « instruction » civique dans les programmes scolaires et
diluée dans les activités d'éveil au niveau du primaire
durant la période 1963-1980, une éducation éminemment
dogmatique avait été imposée à la rentrée
scolaire 1980-1981, date qui coïncidait avec la
généralisation de l'école fondamentale et l'arabisation de
bas en haut et de haut (l'université) en bas. L'éducation civique
représentait alors, une discipline très importante, avec horaires
spécifiques et programmes spécifiques.
Le compte à rebours de l'explosion sociale était
alors programmé et, peu de gens, malheureusement, le savaient. Cette
poignée d'intellectuelles ne pouvait rien faire devant les mercenaires
à la solde des pays, qui nous haïssaient (...) le constat est
là pour confirmer l'alarme déclenchée
antérieurement : l'école tenue en otage par « des individus
», n'a fait que « cloîtrer » ces enfants et ces jeunes,
ces derniers, sont conscients d'être écartés des
responsabilités, sont conscients quant au bénéfice du
profit social (le droit à la scolarisation), sans prendre leur part de
production (le partage des bénéfices).
Automatiquement il y a rejet du système et
rébellion qui trouvent explication dans trois facteurs :
Le premier : se trouve dans le conception idéologique
de l'école même, le seconde : facteur réside dans
l'enseignement aléatoire et non planifié des matières
religieuse par un ensemble d'enseignants non qualifiés, pour ne pas dire
incompétents, et la non compatibilité des programmes de cette
matière avec l'aspect cognitif de l'élève.
Et enfin, le troisième facteur : est l'enseignement
falsifié de l'histoire algérienne. Cette falsification a
vidé ce grand patrimoine de sa substance, qui aurait pu être
l'élément moteur de cette « énorme énergie
» qu'est la jeunesse d'aujourd`hui.
Ce que nous devons faire pour une bonne éducation
à la citoyenneté, sera de mettre en relief les deux dimensions de
l'éducation civique en termes de savoir faire pratique, de pratique des
valeurs. Les droits de l'homme, et les droits de l'enfant serviront de cadre de
référence. Une refonte de l'éducation civique et sa mise
en place devra être amorcée à tous les niveaux de
l'enseignement fondamentale et secondaire. Jusqu'à un certain point,
l'éducation à la citoyenneté fait bien ressortir l'un des
principaux enjeux de sa redéfinition.
Comment prendre en compte la pluralité et la
diversité idéologique tout en assurant la transmission d'un
patrimoine et des repères identitaires communs permettant la
communication et assurant la cohésion sociale ? Pour introduire ce
concept dans notre « culture scolaire », il faudra assurer :
Premièrement le débat pour les compétences civiques mises
de l'avant dans les divers programmes et les présenter sous forme de
connaissances à faire acquérir à l'enfant. Le second
réside dans la prise en compte de la nécessité que
l'enseignement formel soit associé à des méthodes
pédagogiques et à des structures de participation permettant
l'exercice actif de la citoyenneté par les élevés au sein
de la classe, de l'institution scolaire et de la société.
Comme on le constate, l'éducation à la
citoyenneté a une dimension très large qui doit prendre place
dans tous les enseignements et qui est, par conséquent, l'affaire de
tous. Il est donc parfois difficile de voir comment l'éducation à
la citoyenneté prend forme à travers les contenus d'enseignement.
Malgré les difficultés pratiques qu'on pourra rencontrer ceci ne
devra pas nous empêcher d'aller de l'avant et faire acquérir
à la jeunesse future le statut de citoyen et pour arriver à
concrétiser cet objectif il faudra :
3- Les connaissances à faire acquérir :
En ce qui concerne l'éducation civique nous
suggérons à la tutelle d'articuler les programmes du fondamentale
et du secondaire sur les thèmes suivants :
· l'accès à la culture dans son sens le plus
large, surtout l'enseignement non falsifié de l'histoire.
· l'enseignement de la charte de l'enfant.
· l'enseignement des droits de l'homme.
Ces trois axes représenteront respectivement des
repérés intergénérationnels. L'Etat de droit, la
démocratie, la préservation de l'environnement.
Par-delà les matières obligatoires
déjà enseignées que l'on devra revoir, voire
éliminées, il faudra renforcer par le biais de l'éducation
informelle, l'éducation à la citoyenneté. Cette
dernière devra amener chez tous les sujets (les élèves,
les lycéens) de la légitimité de la diversité
socio-économique, culturelle et politique, à l'existence du
racisme, de la violence, de la discrimination basée sur le sexe, et du
régionalisme au sein de notre société.
Leur faire prendre conscience de ces fléaux, et tant
d'autres, leur permettrons d'appréhender l'avenir avec
sérénité et surtout sans violence. Car le principe qui
guide la démocratie est la citoyenneté.
4- Conclusion.
Ceci dit, l'école aussi bien organisée
soit-elle, ne remplacera pas la famille, premier catalyseur d'un vrai
épanouissement. Lorsqu'il est question d'amour. L'enfant, dans sa
famille, ou en dehors de celle-ci, a besoin d `amour pour vivre d'une
manière satisfaisante. La famille peut-elle toujours assurer cet
idéal ?
5-2- L'enfant et sa famille.
« Il est d'usage assez courant de décrier la
famille et de la rendre responsable d'innombrables maux, en quoi on a
simplement tort de ne pas souligner assez que ce n'est pas « la »
famille qui est en cause, mais bien la carence de la famille, son insuffisance
psychologique, pédagogique et morale. C'est la « mauvaise famille
» insuffisante, qui est à l'origine de tant de vies manquées
et de misère, de névrose, d'inadaptation et de troubles de toute
sorte. Il serait juste de se souvenir parfois que les vies saines,
équilibrées, heureuses ont aussi commencé dans une
famille, il est injuste de ne mettre que nos défauts et nos
insuffisances, et d'insinuer ainsi que nos caractéristiques valables et
positives auraient une autre origine... probablement situées en
nous-mêmes »(19).
Ainsi, comme nous le constatons, tous les parents ne peuvent
être des boucs émissaires, tous les enfants ne sont pas des saints
ou des martyrs. Ainsi, Reich, peut-il accuser la famille d'être «
une fabrique d'idéologie, autoritaire et de structure mentale
conservatrice » (20). Mais vouloir reformer les structures familiales sans
y substituer de nouvelles formes admises par les mentalités
relève de l'utopie.
En Algérie, vouloir abroger quelques amendements que
contient le code de la famille, pour remettre la société sur le
diapason de la modernité, suscite une polémique et une
effervescence politique d'une intensité extraordinaire. Tout changement,
parce qu'il remet en question les valeurs traditionnelles, parfois
archaïques, suscite toujours inquiétude et regret.
Dans les événements sanglants de 1988, on voit
un refus catégorique de l'autorité. La famille n'est pas seule
à être mise en cause. Toute autorité en tant que pouvoir
impliquant la soumission et l'acceptation passive, se voit l'objet d'un refus
qui se généralise. Dans son analyse de l'autorité
Gérard Mendel critique « Tout le système de valeur
antérieur fondé sur le principe de l'autorité a tendance
à disparaître au profit de ces règles d'or de l'ère
industrielle fondées, elles sur les principes d'efficacité »
(21). Il rajoute : « Principe d'efficacité par une éducation
libérale semble à la base de cette démystification de
l'autorité dont l'image passait dans l'esprit de l'enfant par celle du
père. La société des adultes n'apparaît plus comme
sécurisante aux yeux des jeunes, mais plutôt comme dangereuse. Et
pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, le fils ne
veut plus ressemblé au père ».
.L'enfant refuse l'héritage, il préfère
accéder à l'état d'adulte sans perdre son état
d'enfance. Quoi qu'il en soit dorénavant, rien ne sera jamais plus
pareil. Nous assistons à la naissance d'une nouvelle vision de la
relation parents-enfants, qui exclut d'avantage la soumission.
Le sociologue Boukhabza, en analysant les causes et les
origines des événements d'Octobre 88, a démontré
avec brio le marasme de la famille algérienne et sa soumission totale
à l'autorité, d'où sa marginalisation dans le processus
éducatif : « proclamée dans les textes fondamentaux du pays
comme cellule de base de l'organisation sociale, la famille en Algérie
cesse progressivement d'être un instrument d'éducation,
d'acculturation et de socialisation. Une telle situation est dû au fait
qu'elle est elle-même soumise à un processus de destruction
favorisée par sa soumission quasi permanente aux idéologies et
aux cultures venues d'ailleurs et à la dévalorisation des valeurs
et des normes dont elle tient sa raison d'être ».
Au seul plan qui intéresse cette réflexion. Il
faut relever l'impact parfois dérisoire de la famille sur la prima
d'éducation de l'enfant. Ce dernier est théoriquement pris en
charge par l'école des l'âge de six ans. En fait ni le contenu
culturel du message scolaire, ni les conditions de scolarisation, ne favorisent
une éducation de l'enfant en adéquation avec le projet de
société proclamé. Ajoutons à cela le
décalage entre les valeurs étudiées au sein de
l'établissement et celles développées par le milieu
familial, ou le système audiovisuel ou tout simplement l'environnement,
et l'on abouti à un processus d'acculturation de l'enfant, où
prédomine un amalgame de valeurs souvent incohérentes, en
dysharmonie et par rapport aux objectifs proclamés et par rapport
à la simple cohésion sociale. La famille amoindrie par la
précarité de son existence, les tensions quasi permanentes
qu'elle n'a ni à résorber ni à assumer, par une
contestation continue des valeurs les plus intimes censées
représenter le socle invariable qui donne un sens à tout son
fonctionnement, se laisse entraîner dans une certaine dérive
culturelle.
Les dispositifs légales pris à ce sujet ou
encore les proclamations faites la concernant ne peuvent rien à la
poursuite de la dynamique qui l'érode et la ronge.
Il faut dire que le fondement essentiel de la famille ne se
limite pas à la reproduction biologique, mais doit porter sur une
dimension à la fois culturelle, sociale, économique.
Culturelle dans la mesure où c'est au sein de la
famille que l'enfant est d'abord « cultivé », que les rapports
à la société y sont appris, que cette cellule de base
constitue l'instrument fondamental de la solidarité sociale. Et qu'au
plan économique, elle a un rôle des plus importants à
jouer. Or l'organisation institutionnelle en place se traduit dans les faits,
même si elle nie ou occulte toujours cette réalité, par une
marginalisation des fonctions familiales au profits des institutions,
même si ces dernières ne les assument pas convenablement
». (22)
Voilà donc l'expérience que vit aujourd'hui
beaucoup de familles Algériennes, où les jeunes ayant une culture
différente veulent, parfois par le conflit, faire admettre leurs propres
valeurs. C'est de l'attitude parentale active, de la réponse que les
adultes donneront aux enfants considérés comme interlocuteurs
valables que viendra la solution, désormais fille du dialogue.
Il faudra donc que les parents prennent conscience qu'une
autorité inconditionnelle ne peut que « déstabiliser »
l'enfant et aggraver son inconfort dans la famille. Force est de constater que
malgré la marginalisation de la famille, par les pouvoirs publics, dans
le processus d'éducation. L'adaptation de l'enfant dans la famille et la
société est tributaire de la fonction maternelle.
5-3- La relation Mère-Enfant.
Diverses études ont démontré que
l'important est le sentiment de sécurité, plus parfois que la
sécurité elle-même, qu'éprouve le
bébé, quelles que soient sa ou ses sources. La mère
apparaît comme l'initiatrice à la vie. Ce qui nous incite à
donner une importance primordiale à l'éducation de la femme et de
la jeune fille, future mère. Comment se présente la situation en
Algérie ?
3-A- L'éducation des femmes et des jeunes filles.
Introduction :
L'analphabétisme des femmes ne constitue qu'un
indicateur du niveau de vie général plutôt qu'un facteur en
lui-même déterminant pour la santé et l'éducation
des enfants et des nourrissons. La corrélation entre l'éducation
maternelle est une meilleure prise en charge de l'enfant n'est pas encore
démontrée par des recherches approfondies. Mais il est d'ores et
déjà évident que l'éducation des jeunes filles est
l'un des meilleurs investissements, qu'un pays en développement puisse
prendre en considération, avec un sérieux exemplaire, dans le
domaine de la santé et de l'éducation.
3- B- L'éducation et la survie de l'enfant et du
nourrisson.
De nombreuses études menées à travers le
monde ont montré qu'une faible mortalité infanto
juvénile est liée presque invariablement à un niveau
élevé chez les femmes. Le professeur John Caldwell (cite par
l'UNICEF 1986), de l'Australien National University, une autorité
incontesté, dans ce domaine, a résumé comme suit les
résultats de ces études. « La corrélation entre l'an
alphabétisation et l'espérance de vie à la naissance
était plus élevée qu'entre l'espérance de vie et
n'importe quel autre facteur spécifique. La corrélation avec
l'analphabétisme était, en fait, à
peine inférieure à celle avec l'indice du développement
général (...) on peut en outre relever que des taux de
mortalité infanto juvénile extrêmement bas ont pu
être atteints dans certaines sociétés où le
niveau d'instruction des femmes est élevé »(23). Des
études récentes encore ont confirmé l'impact de
l'éducation des femmes et des jeunes filles sur le bien être de
l'enfant et du nourrisson. Ces recherches confirment clairement que «
plus la mère est instruite, plus son enfant a de chance d'atteindre
l'âge de cinq ans (...). En fait, la variation de la mortalité
infantile en
fonction de degré d'instruction de la mère est
indépendante du niveau général de la mortalité
». (24)
En Algérie, malheureusement il n'y a point de
recherches actions qui pourront nous éclairer sur ce sujet. Mais
néanmoins, une chose est sûre, notre pays ne fait pas exception
à la règle de ces recherches menées à travers le
monde, nous pourrons tenir des indices permettant de dire qu'il est vital de
mener une stratégie pour mettre fin à l'analphabétisme,
entrave et source de tous les maux et les crises que traverse actuellement le
pays. Statistiquement parlant, la situation est alarmante.
Année
|
Population analphabète
|
Pourcentages
|
|
Total
|
Hommes
|
Femmes
|
Total
|
H
|
F
|
1971
|
4.565.715
|
1.735.230
|
2.021.985
|
|
58.2
|
87.4
|
1985
|
6.012.000
|
2.159.000
|
3.853.000
|
|
Nd
|
63.1
|
1997
|
nd
|
Nd
|
7.000.000
|
|
nd
|
nd
|
|
Tableau n° 2 L'évolution de
l'analphabétisme en Algérie (25)
· Annuaire statique de l'UNESCO de 1980. 88.
· Ministre de la solidarité.
Ce tableau démontre l'ampleur de ce
phénomène que l'Algérie a essayé de combattre avec
l'aide des instances internationales (PNUD, UNESCO) entre 1967-1971 et
1970-1973. Cependant, aucun programme ne fut mené à terme en
raison des efforts et des moyens particuliers que requiert ce genre
d'opération. En effets, les investissements en matière
d'éducation continue de bénéficier exclusivement au
système d'enseignement formel.
A quoi est du cet échec ? L'une des principales causes
de cet échec est qu'il ne bénéficie pas de l'appui de la
collectivité. Il nous semble que son succès soit directement
fonction de cet appui. Pour s'assurer le soutien de la collectivité, il
faudra d'abord gagner la confiance des notables. En d'autres termes, la
campagne à mener commencera par eux. Il faudra donc organiser des
contacts directs entre le personnel chargé de l'alphabétisation,
et ceux qui représentent le pouvoir en vue de
discuter des dangers de l'analphabétisme, pour la
collectivité, et des avantages qu'elle peut retirer de ces
programmes.
Cette attaque lancée contre l'analphabétisme au
sein de la collectivité comme aussi d'une collectivité à
l'autre, n'est rien d'autre qu'une forme de développement
réalisée à partir de la base (adhrum) en grand Kabylie,
(Arch) chez les Chaouias, (Hurm) chez les M'Zab, (Tribu) chez les nomades et
les semi-nomades.
Et on ne peut mettre fin à ce fléau sans passer
par les notables. Cette politique est dictée par la structure sociale et
par la répartition égale des citadins et des ruraux qui
représentent successivement 53,31% en zone urbaine et 46.69% en zone
rurale.
Cette politique nous obligera à mener une
stratégie à petite échelle du Douar, de la Commune, la
Daïra jusqu'à la Wilaya. Si on suit cette stratégie, il y'a
tout lieu de croire et d'espérer que cette nouvelle approche à
petite échelle permettra d'éliminer l'analphabétisme dans
les cinq années avenir.
Se confiner dans les méthodes classiques et tenir un
discours démagogique entraînera toute la société
dans l'obscurantisme total. Jugez-en sur les 07 millions d'analphabètes
il n'y a que 100.000 inscrits, soit 1,42% de la population analphabète
et 0,34% de la population globale. Si c'est ça la réussite d'un
programme d'une association et l'effort d'un Etat. Nous disons
Alléluia
3- C- Femme éducation et santé
Le corrélatif unique le plus important de la survie de
l'enfant n'est pas comme on pourrait s'y attendre : l'aisance financière
de la famille ou des installations médicales accessibles, mais bien le
niveau d'instruction de la mère.
En Algérie le taux brut de natalité en 1996 est
de 22.9 pour mille, c'est à dire 22.9 naissances pour 1000 habitants,
par contre la mortalité infantile est estimée, par les
professionnels de la santé, à 65 morts pour 1000 naissances, soit
6,5%. C'est énorme pour un pays qui a investi des milliards de dinars
pour maintenir une matrice appréciable conforme aux normes
internationales. 76% de femmes accouchent en milieu assisté, 215 femmes
meurent en couche en moyenne pour 100.000 grossesses en 1996.
Ces chiffres reflètent la politique de la santé
menée par les spécialistes, ceci nous oblige à
reconnaître les efforts qui ont été consentis dans les
années fastes.
Mais aujourd'hui la question qu'on devra poser est combien de
temps encore l'Etat pourra t-il contenir cette masse de femmes
analphabètes, en âge de procréer dans le futur et qui
représente 56.9% entre (15 et 49 ans) et, qui heureusement, utilise un
moyen contraceptif ? Quelle sera la stratégie à adopter pour
mettre fin à l'analphabétisme et, de là, diminuer le taux
de mortalité maternelle et infantile ?
A mesure que la société traditionnelle devient
une société de transition au sein de laquelle une population
éduquée fait son apparition, une différence se marque dans
la façon dont les membres de la communauté adhérent au
rôle traditionnel selon qu'ils ont fréquenté l'école
ou non.
La scolarisation de la femme en Algérie a eu des
répercussions profondes, elle a modifié non seulement le
comportement des personnes qui ont reçu une instruction mais aussi les
attitudes des autres envers elle.
Une femme qui fréquente l'école est plus apte
à s'élever contre les prétentions de sa belle-mère,
laquelle elle même, en pareil cas est beaucoup moins portée
à insister. La jeune femme oppose la sagesse de l'école et la
sagesse des anciens. Elle cherche d'avantage à communiquer avec son mari
est celui-ci risque moins de décourager ses efforts.
Enfin de compte, il peut même se faire que la famille
évolue de façon à se recentrer autour de l'enfant, avec
tout ce que cette évolution signifie pour l'abaissement de la
mortalité infantile et l'évolution des performances scolaires et
sa réussite dans la vie future. Une plus grande part des ressources
familiales étant consacrées à l'enfant, celui-ci n'aura
plus à travailler durement et sera de ce fait exposé à
moins de risques et mènera une vie plus saine.
Conclusion
La discrimination à l'égard des filles existe
toujours. A l'heure actuelle, le plus bas taux de scolarisation dans le
primaire se trouve dans la wilaya de Ghardaïa avec 40.27% de filles. Le
taux le plus élevé concerne la wilaya d'Alger avec 48.27%. Pour
le moyen, le taux le plus bas se trouve dans la wilaya d'Adrar 31.09% de filles
contre 50.73 à Alger. Pour le secondaire c'est encore la wilaya d'Adrar
qui compte le moins de filles, soit 27.92% contre 61.75% dans la wilaya
d'Alger. Comme on peut le marquer le taux le plus bas existe au Sud du pays et,
dernièrement, les spécialistes ont été
catégoriques quant au taux élevé de mortalité
infantile enregistré au Sud du pays.
Le taux d'analphabétisme pour les femmes de (16 ans et
plus) est de 43.02% soit plus de 04 millions de femmes ne savent ni lire ni
écrire. Que peut-on dire devant ces chiffres qui parlent
d'eux-mêmes, sauf que la discrimination à l'égard des
femmes, au même titre que la plupart des autres discriminations contre
les femmes mèneront tout droit à des taux de mortalité
infantiles élevés. La relation entre la malnutrition de la
mère et l'insuffisance pondérale à la naissance a
été établie, à travers le monde et pourtant les
femmes continuent même lorsqu'elles sont enceintes à être
sous alimentées plus souvent que les hommes.
Un dysfonctionnement de la cellule familiale entraîne
une multitude de problèmes d'ordre psychologique qui rend l'enfant
vulnérable à toutes influences venant de l'extérieur. En
Algérie, nombreuses sont les familles qui n'arrivent pas à
assumer leur rôle de protecteur et de guide. Alors ce rôle est
assumé par l'Etat.
5-4- L'enfant et l'Etat.
« L'enfant a droit à l'éducation sur la base
de l'égalité des chances : l'enseignement primaire est
obligatoire et gratuit pour tous ».
L'organisation des différentes formes d'enseignement
secondaire tant général que professionnel est accessible à
tous les enfants. L'accès à l'enseignement supérieur
s'effectue en fonction des capacités de chacun par tous les moyens
appropriés dans le stricte respect des droits de l'homme, des parents et
de l'épanouissement de la personnalité de l'enfant » (Art 28
et 29 convention des droits de l'enfant).
Dans la législation Algérienne et au terme de
la loi fondamentale Algérienne, l'article 53 de la constitution stipule
que « l'enseignement fondamental est obligatoire. Sa gratuité
obéit aux conditions fixées par la loi ».
Le but de cet exposé, concernant le rôle de
l'Etat quant à l'éducation des enfants, n'est pas de porter une
critique exhaustive avec données statistiques à l'appui, mais au
contraire, de faire part de notre expérience empirique.
Les conclusions de cette expérience nous
révèlent que la société algérienne est belle
et bien diversifiée. L'école n'a pas pris acte de cette
diversification idéologique, politique et culturelle, par
conséquent, il faut donc absolument diversifier l'enseignement.
Uniformisation et démocratisation sont deux termes antinomiques, et
jusqu'à présent ce qu'on appelle « démocratisation de
l'enseignement » a été une uniformisation désastreuse
pour près 90% des enfants de ce pays. Les 10% restant serait à
l'aise dans ce système scolaire que nous allons présenter comme
absurde, parce que nous avons souffert et si nous nous sommes
intéressés à ces problèmes, c'est sans doute parce
que nous sommes le pure produit de ce système absurde.
Il y'a donc des différences et vouloir changer le
système complètement serait rendre un mauvais service à
une partie des enfants qui sont assez bien adaptés au système
actuel. On peut l'améliorer, mais ne détruisons pas ce qui existe
déjà et ce qui profite à 10% des élevés.
Le système éducatif d'une société
reflète le système social de cette société et
constitue, en même temps, le moyen essentiel grâce auquel ce
système se perpétue. On peut d'une certaine manière le
considérer comme le principal appareil de contrôle social, auquel
doivent se soumettre les individus et comme un des modèles les plus
marquant de leur vie d'adulte.
Ces 10% des élèves, que nous avons
évoqué, et à qui le système réussi.
Posons-nous la question sur leur avenir. Que deviennent-ils ? Des professeurs,
des fonctionnaires d'Etat, voire des ministres ? Et bien entendu, ils estiment
que le système scolaire est extraordinaire puisqu'il a fait d'eux ce
qu'ils sont devenus. Alors, la résistance à tout changement vient
de ces intellectuels à la solde du pouvoir. Nous devrions donc, si nos
hypothèses sont exactes, retrouver dans notre système
éducatif les éléments caractéristiques d'une
école dogmatique, démagogique, voire violente.
Reconnaissons le, l'école n'enseigne qu'une part
extrêmement restreinte de tout ce qui constitue l'expérience
collective, la culture vivante d'une communauté humaine. Cette «
haute culture » est et doit rester essentiellement minoritaire, car tout
effort de diffuser à grande échelle pour en faire
bénéficier l'ensemble du corps social ne peut que la
détruire. Nous pensons qu'il ne saurait y avoir de continuité
culturel sans un minimum de stabilité sociale, cette dernière est
au bord de l'explosion, et que la haute culture ne peut survivre que si,
parallèlement à la cristallisation incessante des élites,
un certain nombre de lignes familiales, porteuses traditionnellement de cette
culture, sont capables de préserver leurs position sociale dominante de
génération en génération. Nous insinuons par
là, une méfiance à l'égard de l'idéologie de
la scolarisation. L'essentiel de la culture c'est à dire la
manière de vivre, de se comporter, ne s'apprend pas à
l'école, mais au sein de la famille et on ne doit pas considérer
la scolarisation des masses comme une panacée sociale.
Accorder trop de place à l'éducation familiale
et religieuse ne peut que conduire à une corruption de la culture de
même que la scolarisation d'un individu ne peut être pour lui
qu'une cause de malheur. Et là, nous touchons au «dogme de
l'égalité des chances ». Que signifie
l'égalité des chances ? L'égalité, à notre
sens, veut dire que l'élève A, dont la famille
ayant un revenu avoisinant les 30.000 dinars,
fréquente la même école que
l'élève B, dont la famille ayant un même
revenu. Voilà l'égalité, voilà la
démocratisation de l'enseignement. En contrepartie,
l'égalité d'un point de vue démagogique, est que
l'élève A, ayant des parents, dont le revenu est
de 30.000 DA fréquente la même école avec
l'élève B, ayant des parents, dont le revenu est
de 6000 dinars. Et que dire de l'élève, ayant des parents, dont
le revenu est de 00.00 DA. En claire, on apprend à l'enfant «
d'accepter ce droit, qui consiste à accepter cette injustice. Un
droit égale pour tous à devenir inégaux.
».
Cette politique a été nourrie et soutenue par
les pouvoirs successifs des années 70 et, renforcée par ceux des
années 80. C'est-ce qui a conduit à la
désintégration des classes et l'abandon par la famille de ses
responsabilités éducatives au profit d'un Etat- providence.
Ce dogme et cette démagogie, ont conduit à
soumettre toute la société à des élites d'esprits
agiles, dépourvues de racines sociales et de mémoire culturelle
« Nous avons encouragé la culture orale au détriment de la
culture écrite, signe d'un pays en pleine décadence ». Ce
qui a provoqué la dégradation de l'enseignement universitaire
sous prétexte d'éviter le gaspillage des talents ou
l'étouffement des génies. Il ne fait aucun doute que dans la
précipitation à vouloir faire faire des études à
tout le monde, nous réduisons nos niveaux d'exigences et nous
abandonnons de plus en plus l'étude de ces matières qui servent
à transmettre les éléments fondamentaux de notre culture
scolaire ; détruisant ainsi nos édifices anciens pour
préparer le terrain par lequel les délinquants sont venus camper
avec leurs comportements barbares. Nous avons vécu l'expérience
le résultat est, de 100.000 morts et 20 milliards de dollars de
dégâts matériels (...).
D'une façon générale, on assiste
à un effondrement de l'éducation. Les élèves
fréquentant cette école reçoivent des « informations
scientifiques », souvent livresques et douteuses, fortement
marquées par l'empreinte idéologique et moralisatrice. On se
soucie plus de la mise en condition que de l'épanouissement personnel.
Nous vivons « au moyen âge ». Ajouter à cela la baisse
du niveau de vie et les difficultés économiques : « en 1995,
selon une enquête de l'ONS la masse globale des dépenses
était de 995,85 milliards de dinars, dont 582.17 milliards de dinars
consommés dans l'alimentaire. Les produits alimentaires accaparent 60%
des
revenus des ménages contre 4,39% pour la santé,
1.10% pour l'éducation et 0.62% pour les loisirs. Les plus riches
occupent 27.20% de la consommation globale des ménages contre 2.27% pour
les plus pauvres. La consommation des viandes a connu une baisse durant ces
dernières années et est de l'ordre de 39.5%, tandis que la
consommation des légumes secs a augmenté de 16%, la baisse du
pouvoir d'achat des salaires entre 1986-1996 a été de 45% »
(26)
Avant les années obscures du moyen âge c'est
à dire avant les années 90. On peut remarquer aisément
qu'il y avait une évolution des conditions de vie de toute la
société, c'était les années fastes. Jugez-en. On
prendra les indices suivants pour faire la comparaison entre les groupes de
produits suivants :
Les céréales, les légumes, les fruits,
les viandes, les matières grasses, et le lait et ses
dérivés et observant l'évolution de la consommation par
tête entre 1966 et 1988 et 2000.
Produit
|
1966
|
1988
|
1988/66*
|
2000**
|
Céréales
|
262 kg
|
185 kg
|
-30%
|
+16%
|
Légumes frais
|
37.8 kg
|
75.8 kg
|
+100%
|
Nd
|
Viandes et poissons
|
21.0 kg
|
30.5 kg
|
+45%
|
39%
|
Matières grasses
|
10.2 kg
|
17.2 kg
|
+68.6%
|
Nd
|
Laits et dérivés
|
35 L
|
71.9 L
|
105.4%
|
Nd
|
|
Tableau n° 02
Consommation par tête et accroissement en
%(27) Sources : * Boukhoubza
** Journal Liberté
Ces données démontrent clairement que entre
1966-1988 qu'il y'avait une élévation sensible du niveau de vie.
Après cette date 1988, nous pouvons remarquer que nous sommes entrain
« d'évoluer en reculant ».
Cette baisse du niveau de vie frappe les petits enfants
encore plus durement que les grands. L'effarante moralité infantile
crée une sorte d'indifférence soutenue par la foi. Les jeunes
sont bien loin de croire qu'ils peuvent prendre leurs destin en
main tellement ils se sentent écraser par la
précarité de leurs conditions, mais aussi parce que on leur
enseigne la résignation.
Cette rudesse de la vie quotidienne engendre trop souvent une
brutalité des moeurs. Les viols, la prostitution infantile, la
toxicomanie, le banditisme, et tant d'autres fléaux que la famille ne
peuvent assumer seule. Le retour à une vie calme et paisible n'est pas
pour demain, ni pour après demain, et que l'enfant abandonné,
traumatisé, martyrisé et marginalisé attend beaucoup de
l'Etat, comme le stipule les articles 19 et 34 de la convention des droits de
l'enfant, «les Etats parties prennent toutes les mesures tendant à
protéger les enfants contre les brutalités physiques, mentales,
la négligence, la violence sexuelle, les abandons et l'exploitation
».
La législation, quant à elle, stipule des mesures
législatives, administratives, sociales et éducatives pour
protéger l'enfant contres toutes formes de maltraitantes. « Le code
pénal punit et condamne
· l'abandon et le délaissement d'un enfant en un
milieu solitaire.
· L'attentat à la pudeur et viol commis sur la
personne d'un mineur fille ou garçon même âge de plus de 16
ans.
· La relation sexuelle qualifiée d'inceste
· La relation homosexuelle
· L'incitation de mineur à la débauche et
à la prostitution » (Articles 338 à 339). Pour ce qui est du
code de l'information dans ses articles 24 et 26 il réprime
sévèrement ces actes.
Qu'en est il réellement ? Selon le juriste Zeroual
Abdelhamid, les choses ne sont pas du tout faciles. Cela est du à
plusieurs facteurs dont : la majoration, l'identité et
l'intérêt supérieur de l'enfant. « Pour ce qui est de
la majoration, prévue par l'article premier de la convention du
20.11.89, l'a fixé à 18 ans. En droit Algérien, la
situation est des plus contradictoires. Ainsi l'article 40 du code civile fixe
la majorité à 21 ans pour le garçon et 18 ans par la femme
pour contracter mariage. Le code de la nationalité à 21 ans
(...). En ce qui concerne l'identité, la convention insiste sur la
garantie de l'identité de l'enfant, c'est à dire, sur son droit
d'avoir un nom, un prénom et une nationalité (art 7). En droit
Algérien le nom est régi par deux textes, le décret 7
1-157 du 3 Juin 1971 relatif au changement du nom
et l'ordonnance 76-7 du 20 Février 1976 relative
à l'acquisition de ce nom. Ce qui est notable en droit Algérien
est le progrès assez récent qu'a connu notre législation
avec l'avènement du décret 92-24 du 19 Janvier 1992, modifiant le
décret 71-157 et qui autorise la concordance de nom entre le KAFIL (qui
prend en charge l'enfant dans le cadre de la KAFALA) et l'enfant Makfoul
(adopté). Ainsi le décret de 1992 permet à l'enfant de
prendre le nom de la personne qui le prend en charge et instaure une
compétence juridictionnelle pour l'octroi du nom (par ordonnance du
président du tribunal). Contrairement au décret 75-157 qui
instaure une compétence relevant du domaine réglementaire (...)
ce qui constitue un progrès important (...).
Pour ce qui est de l'intérêt suprême de
l'enfant. En droit Algérien, l'intérêt suprême de
l'enfant connaît des hauts et des bas, ce qui dénote d'une
législation résistante et parfois contradictoire. En effet, les
garanties accordées par le code pénal sont mises en échec
par le code civil. Ainsi, l'article 52 du code de la famille semble ignorer
l'intérêt de l'enfant en privant celui-ci de l'octroi obligatoire
d'un logement au bénéfice de l'épouse divorcée pour
lui permettre d'exercer décemment son droit de garde. D'après
l'article 123 de la constitution, les traités ratifiés par le
président de la république sont supérieurs à la loi
d'où la nécessité de modifier le code de la famille.
Enfin, pour pouvoir consacrer l'intérêt
supérieur de l'enfant, il faudra unifié les codes et les textes
et abroger l'article 52 du code de la famille. De cette façon, se
concrétisera l'intérêt supérieur de l'enfant et
notre droit sera homogène et conforme à la convention des droits
de l'enfant » (28) . Comme nous le constatons, nombre de lois et
règlements protègent les enfants, beaucoup sont bien
conçus et actuelles alors que d'autre remonte à l'époque
coloniale.
La formation ou l'interprétation de la
législation doivent être revues afin de l'aligner d'avantage sur
la convention. Des incohérences existent entre les lois concernant les
différents aspects de la vie des enfants et une définition
légale unique de l'enfant fait défaut. En fait, la
société dans son ensemble ne considère plus comme un
« enfant » un garçon ou une fille ayant atteint la
puberté, et ce quoi qu'en dise la loi.
Le processus législatif n'est donc qu'une des voies
s'offrant pour améliorer la protection de l'enfance. De nombreuses lois
sont insuffisamment appliquées, ou bien elles le sont de telle
manière qu'elles ne font qu'aggraver le préjudice
déjà subi par l'enfant au lieu de remettre sa vie en ordre.
La vie de la plupart des enfants est davantage régie
par la coutume familiale et la loi religieuse. Plutôt par les religieux,
que par la législation nationale. L'application de la loi, par exemple,
les dispositions relatives au paiement de la dote ou au mariage précoce,
passe donc par un changement des valeurs quant aux rôles et à
l'identité des jeunes gens, mais cela ne saurait se produire du jour au
lendemain.
Nous avons évoqué précédemment les
statistiques concernant les enfants en danger moral, les enfants
illégitimes et nous avons démontré que la famille
algérienne, vu le marasme dans lequel elle vit et la pauvreté
caractérisée qu'elle endure, a démissionné de son
rôle de protecteur et de régulateur.
A cette défaillance, l'Etat a répondu par
l'affirmative. Le code pénal, en son article 320, réprime tout
abandon dans un but lucratif des enfants nés ou à naître et
des enfants recueillis (trouvés). La constitution, en ses articles 35 et
39, réprime les infractions commises à l'encontre des droits et
libertés que les atteintes physiques ou morales à
l'intégrité de l'être humain.
5-5- Les enfants en danger moral.
Lorsque l'Etat se substitue à la famille
défaillante, il rend service à la société. Mais
à l'enfant ? Le décret n° 08-83 du 15 Mai 1980 portant
création, organisation et fonctionnement des foyers pour enfants
assistés prévoit des mesures de placement à titre
transitoire des enfants privés temporairement ou définitivement
de leurs milieux familiales, dans des foyer pour enfants assistés
(F.E.A) (6-19 ans) et des pouponnières (P.E.A) (0-6 ans).
Cette autorité conférée se réduit,
malheureusement, à un rôle administratif. Observer les
commandements de l'hygiène, tels qu'ils sont définis par la loi,
et préparer les enfants à se glisser sans heurts dans les moules
fabriquées par l'Etat à cet effet.
Au fait combien sont-ils ? Comment peut-on définir
l'expression « en danger moral ». Est-ce que le fait de fumer une
cigarette peut être considérer comme étant un enfant en
danger moral ? Est-ce que le fait de bouder l'école peut être
considérer comme étant un enfant en danger moral ? Est ce que le
fait d'agresser ses pairs, peut être considérer comme étant
un enfant en danger moral ? Est ce que le fait d'être rejeter par
l'école, sans aucun niveau ni qualification, et rester la plupart du
temps dans la rue, est considéré comme étant un enfant en
danger moral ? Est ce, enfin, le fait de jouer en inventant des jeux violents
est considéré comme étant un enfant en danger moral ? Si
la réponse est affirmative ! Alors, nous avons sur les bras des millions
de jeunes enfants en danger moral, et qu'aucune institution éducative ne
pourra contenir, sauf la rue...
Que dire alors, de ces milliers d'enfants qui s'adonnent
à la drogue, à la prostitution ? Sont-ils en danger moral,
sont-ils des délinquants potentiels, ou «une bombe», qui nous
explosera, un jour, en pleine figure ? Sous l'effet de l'exaspération,
la haine et la rancoeur surgiront de leurs entrailles, et se dirigeront vers la
société qui ne veut pas admettre son échec, qui est
pourtant visible à l'oeil nu.
5-A- Les enfants délinquants
Comment apparaît la délinquance ? Comment
diminuer de son intensité ? Ni le fait de passer son enfance dans un
taudis, et ils sont des centaines de milliers, ni le dysfonctionnement de la
famille, et ils sont quelques 3 millions, ni la violence à la
télévision, ni la violence dévastatrice vécue dans
les années 90, ne peuvent fournir une explication nécessaire et
suffisante, complète et réaliste aux problèmes
vécues par la société Algérienne.
Les facteurs sociopolitiques, socio-économiques et socio
éducationnels sont à l'origine de la défaillance
psychologique de « l'enfant-sujet ».
Aucun peuple, à travers l'histoire universelle et
contemporaine, n'a vécu ce qu'à vécu le peuple
Algérien. La conquête des phéniciens, des Romains des
Arabes, des Ottomans, et enfin le colonialisme français. Sous le poids
de ces conquêtes caractérisées par la barbarie et
l'oppression, nous avons appris, malgré nous, à apprivoiser la
brutalité et la violence qui sont devenues par la force des choses une
des caractéristiques qui définissent l'Algérien.
Cette violence qu'on croyait effacée de notre
mémoire, a réapparu à travers les conflits politiques, qui
ont atteint l'invraisemblable dans les années 90.
Le deuxième facteur est l'aspect
socio-économique. Les pouvoirs successifs ont toujours
privilégié l'aspect économique au détriment de
l'aspect humain et social. C'est à dire que leur insolence est telle
qu'ils ont mis « le sujet Algérien dans une équation
mathématique » reléguant l'aspect social au second plan, en
donnant la priorité au politique et au sécuritaire.
Enfin, le troisième facteur, est l'aspect socio
éducationnel, par le biais de l'école, le système
éducatif a formé des « sujets bêtes et
disciplinés» au lieu de former des «citoyens actifs et
responsables ».
Ce sont ces trois facteurs, qui expliquent le comment et le
pourquoi de la violence. Ces trois facteurs façonnent et obligent
l'enfant à se préoccuper de son comportement futur. Si on ne
s'attaque pas à ces facteurs à travers une stratégie
globale le fléau de la délinquance s'amplifiera et prendra des
proportions énormes dans un futur proche. Les indices de la
décadence commencent à apparaître à travers tout le
territoire national.
A-1- Prostitution des enfants et des jeunes filles.
Introduction :
A/ Bref récapitulatif.
Après l'indépendance, l'Algérie a
vécu pendant une trentaines d'années sous La férule d'un
régime socialiste. La plupart des personnes se sont
félicités que la démocratie a mis fin à
l'ère socialiste. Donc elle est considérée comme un pays
en transition du point de vue politique et socio-économique. Dans divers
domaines, cette transition a, sur les enfants, des incidences qui ne sont pas
toujours positives. B/ Quelques questions préoccupantes.
B/1. Dépendance à l'égard du jeu
De source non gouvernementale, de graves
préoccupations ont été exprimées. La montée
de la passion du jeu chez les jeunes enfants, provoquée par l'ouverture
des salles de jeu. Le besoin crée par le démon du jeu est l'une
des nouvelles causes de la prostitution des enfants, en particulier les
garçons.
B/2. La toxicomanie.
La liberté de fraîche date, dont jouissent les
jeunes, les incite à abuser des drogues, phénomène
également inquiétant, car il peut mener à la
prostitution.
B/3. Perméabilité des
frontières.
La perméabilité des frontières, surtout
celles du sud et de l'ouest, font que de plus en plus d'individus, notamment
des jeunes, surtout les filles, venant du Niger, du Mali, du Maroc et
même du Burkina-Faso, où ils éprouvent ensuite de grandes
difficultés à survivre à travers des sources de revenus
légitimes, n'ont d'autres ressources que la prostitution et la vente de
la drogue.
B/4. Economie libérale.
Ayant vécu plusieurs décennies sous un
régime socialiste, les parents attirés par les modes de vies
occidentaux, se livrent de plus en plus à des activités
commerciales afin d'améliorer leur niveau de vie. De ce fait, ils sont
moins en mesure de superviser leurs enfants et de s'en occuper.
B/5.
Transformation radicale du système
éducatif.
Toute la société regrette l'effondrement du
système éducatif, qui se chargeait d'organiser des
activités pour les enfants après l'école. Le fait que les
enfants disposent de plus de temps libre, surtout pendant la période des
grandes vacances sans aucune supervision scolaire ou parentale, les rend plus
vulnérables à des influences des douteuses.
B/6. Liberté sexuelle.
La liberté sexuelle est considérée comme
l'un des nouveaux acquis que l'économie de marché peut offrir en
regard du puritanisme de l'ère socialiste. Ainsi, filles et
garçons se livrent plus facilement à la prostitution, la plupart
du temps sans même réellement savoir à quoi ils
s'exposent.
A-2- Prostitution des enfants.
Il convient de rappeler qu'avant les années 80, il y
avait une politique précise concernant la prostitution des adultes.
Après cette date, les autorités n'ont pratiquement plus
donné d'importance à ce phénomène. Pire, ils ont
procédé, sous la pression de la montée de l'islamisme,
à la fermeture des endroits où elle était autorisée
sans aucune étude ou une politique de «rechange ». Quant au
devenir des prostituées, livrées à elles-mêmes,
elles se sont éparpillées ici et là. Le résultat
est que ce fléau s'est amplifié étendant ses ramifications
à presque tout le territoire national. On assiste, aujourd'hui
même à l'exportation «des Jeunes filles » à
l'étranger : Algérie-Doubaï Via la Tunisie et la Syrie.
Typiquement la prostitution s'exerce dans la rue, les boites
de nuits, les hôtels, les maisons clandestines, les bars et mêmes
à l'université. Les prostituées les plus exposées
sont celles qui font le trottoir ou sur les routes nationales. Tandis que les
prostituées professionnelles, qualifiées aussi de
prostitués de luxes et qui jouissent d'une protection d'un réseau
très organisé, elles courent moins de risque.
Lors de notre enquête, nous avons remarqué que
les routes nationales Constantine-Batna, Béjaia-Setif, et Alger-zeralda
étaient bordées de prostituées offrant leurs services. Les
riverains, nous avons dit qu'auparavant la situation était moins pire.
Les prostituées sont plus visibles actuellement, parce que les maisons
closes sont interdites par la loi, et la situation sécuritaire y est
pour beaucoup. En plus, les usagés de ces routes nous ont fait part d'un
marché illégal qui est entrain de
s'installer tout autour des grandes villes sus citées.
Aujourd'hui, il n'y a que les filles majeures qui fréquentent les
routes, les filles adolescentes sont moins visibles vu que les souteneurs les
recrutent pour les verser ensuite dans les « maisons closes » qui se
sont multipliées le long de ces routes et dans les cités,
où les prostitués professionnelles exercent leurs «
métier ».
A-3- dépistages de la prostitution des enfants
3-1. Secteur où s'exerce la prostitution des
enfants.
On s'est heurté, lors de notre enquête, au
principal problème qui se pose lorsque l'on aborde la prostitution en
général, et celle des enfants en particulier, à savoir
l'absence des données et des statistiques fiables. En outre, le droit
algérien fait problème en ce qui concerne la définition de
l'enfant. La majorité est prévue à l'article premier de la
convention des droits de l'enfant du 20.11.1989, qui fixe la règle et
apporté l'exception. Cet article stipule : « au sens de la
présente convention, un enfant s'entend de tout être humain
âgé de moins de 18 ans, sauf si la majorité est atteint
plutôt en vertu de la législation qui lui est applicable
».
En effet à la lecture de notre législation, on
se retrouve devant une multitude de majorités qui déroute
l'enfant, et qui crée en son « statut » une
divisibilité contraire à la lettre et à l'esprit de la
convention. D'après les juristes, l'article 40 du code de la famille
fixe la majorité à 21 ans, pour le garçon et à 18
ans pour la femme pour contracter mariage. Le code de la nationalité
à 21 ans.
Ce qui est surtout surprenant, c'est le fait que le code
électoral fixe la majorité à 18 ans, c'est à dire
qu'à cet âge, un individu engage l'avenir de la nation par le
choix de ses représentants alors qu'au même âge, il ne peut
disposer d'un bien aussi minime soit-il, que par l'intervention de son tuteur.
On peut certes évoquer la volonté du législateur pour
comprendre l'origine de ses différentes majorités. Mais sur quoi
repose cette volonté ? Quel est son fondement ?
Nous ne pouvons répondre à ces questions.
Néanmoins, nous pouvons dire que la convention des droits de l'enfant
est le fruit d'une coopération étroite entre le
législateur et les différents spécialistes en sciences
humaines et sociales. Et, qu'il serait judicieux de s'aligner sur la convention
plutôt que d'invoquer des arguments d'ordre politiques ou religieux.
Nous n'avons remarqué sans restriction aucune que le
nombre d'enfants impliqués dans la prostitution, surtout les petites
filles, est monté en flèche. Cette situation, avec son
cortège de conséquences désastreuses (absentéisme
et décrochage scolaires précoce, petite et grande
délinquance, banditisme, drogue, rupture des liens avec la famille et
grossesses prématurées) créé des problèmes
d'ordre sanitaire et social.
La prostitution est devenue conventionnellement, un moyen
acceptable de gagner sa vie, et à cette vitesse, on arriverait peut
être à l'institutionnaliser. Elle touche des enfants, dont le
niveau social est inférieur à la norme, (09 millions de personnes
selon CNES). Cette catégorie est de plus en plus marginalisée par
les pouvoirs publics, L'autre catégorie, et là nous ne risquons
pas de tomber dans l'erreur, est en train de s'engloutir dans la
pauvreté caractérisée. Le danger nous guette et
l'explosion sociale pourrait avoir lieu à tout moment.
Il est intéressant de noter aussi que la
majorité des politiciens prétendent que la prostitution des
enfants ne revêt qu'un caractère marginal. Or l'enquête
confirme que les enfants entre 12-18 ans sont impliqués dans ce type de
fléau. Certes, la prostitution ne s'accroît pas au même
rythme dans les divers régions du pays, celles qui posent
problèmes, sont les régions que nous avons sillonnées.
Alger, Bejaia, Constantine, Annaba, Guelma, Sétif, et Tamanrasset.
La prostitution des enfants devra être
considéré comme un problème grave dans ces régions,
et il en va de même dans les zones frontalières, surtout parmi les
populations de l'extrême Sud.
Dans le constantinois, les prostituées mineures
racolent le long de la nationale Constantine-Alger vers le Sud, Constantine
Annaba vers l'Est, et Constantine-Alger vers le Nord. A l'intérieur de
la ville, la prostitution est concentrée dans la zone de loisir de
Djebel Ouahch, et les pizzerias de la ville.
On a rencontré deux filles de moins de 16 ans, La
mère de ces deux filles, rencontrées les avait emmené sur
la route pour les obliger à se prostituer. L'argent ainsi gagné
lui servirait - d'après ses filles - à acheter de la drogue. Elle
se droguerait en présence de ses filles.
Questionnés, les usagés de ces routes
déclarent, qu'il y a un boom de la prostitution des enfants, surtout les
filles, dans la ville de Constantine qui s'est ensuite propagé à
l'Est vers Annaba, Skikda, Guelma, vers le nord Sétif, Bougie, vers le
Sud Batna (...) En somme la ramification de ce fléau prend des
proportions énormes, inquiétantes et, dangereuses. Le principal
problème que pose ce cercle fermé (prostitués et leurs
souteneurs) est son manque de coopération quant aux conseils qu'on
pourrait lui donner sur les dangers qu'encourent les enfants. Malheureusement,
ce cercle fermé ne croit en rien. L'augmentation des adeptes de ce
cercle nous laisse perplexe, avec la liberté des mass medias, ils sont
au courant de tout, rien ne leur échappe, ils sont conscients des
risques et des dangers qu'ils encourent. Ils sont insensibles aux discours,
qu'ils qualifient de démagogiques, ils croient en une seule chose :
le concret.
Effectivement, que pourrait-on répondre à cette
fille qui nous développe, cette argumentation : « Mon père,
après tant d'années de services loyaux, se trouve actuellement
sans travail, marginalisé, exclu sans ressources aucunes. Il n'ose plus
me regarder en face. Sa dignité est bafouée,
piétinée, par cette fille qui se prostitue, C'est normal, il
aimerait me voir bien habiller, fréquentant l'université, mais
(...). Ma mère, au foyer, des frangins, tous au chômage, je n'ai
aucune qualification. Malheureusement, le seul moyen de gagner ma vie est de
vendre mon corps au plus offrant ». Sans commentaire ! ...
En général, ces filles souffrent
déjà de toxicomanie et de solitude. Un autre sujet de
préoccupation est l'absentéisme scolaire qui touche de plus en
plus ces couches vulnérables. Les marchands du secteur, pour la plupart
des repris de justice, engagent des jeunes filles pour s'occuper du recrutement
de leurs paires, pour les versées ensuite dans la prostitution.
L'Etat ne fait pas preuve d'une grande vigilance en ce qui
concerne les enfants de moins de 18 ans et, surtout nous déplorons
l'absence des services d'aide sociales qui devront descendre sur terrain et se
rapprocher de ces enfants, ne serait- ce que pour un soutien moral, ou une
visite médicale afin de prévenir des maladies sexuellement
transmissibles.
La plupart des filles impliquées dans la prostitution
ont, entre 15 et 18 ans, encore que l'ont ait vu apparaître des filles de
moins de 15 ans. La plupart de ces filles se sont enfuies des centres de
rééducations. Dans la plupart des cas, elles se prostituent pour
gagner de l'argent ou pour trouver à se loger,
généralement, chez leur souteneurs, ou les femmes adultes
prostituées, ayant des appartements, qui leur servent de maisons closes,
et où elles peuvent recevoir, sans aucune inquiétude les quelques
personnalités locales, où même nationales, pour abuser des
petites filles de moins de 18 ans. Ces prostituées professionnelles, en
collaboration étroite avec les souteneurs, qui représentent
actuellement, « un certain danger », par les
pressions qu'ils exercent notamment sur certains responsables et à ce
titre, ils peuvent être tenu pour responsables de la catastrophe que vit
actuellement l'Algérie d'aujourd'hui. Pour ce qui est des pouvoirs
publics, on pourrait avancer que leur complicité est devenue
évidente. Les endroits, où opèrent ces prostituées
professionnelles et leurs souteneurs sont connus par tout le monde. Mais la
question, qu'on se pose est : où est l'Etat ?
Depuis 1995, on constate un essor prodigieux d'hôtels de
luxe, où la prostitution fleurit légalement, or il est
illégal pour les filles de moins de 18 ans de travailler dans de tels
endroits. Par ailleurs, ces hôtels luxueux sont des territoires
réservés aux professionnelles, aux souteneurs et leurs clients
fortunés. Les souteneurs de seconde zone n'ont pas trouvé mieux
que d'envahir les lieux légaux (Pizzeria, Bar, restaurant) et où
on remarque l'absence totale de l'Etat.
L'emploi des jeunes filles de 15 à 18 ans est
formellement interdit par la loi, et tombe sous le coup des dispositions du
code pénal qui incrimine les activités mettant en danger le
développement moral des jeunes. Or on relève qu'un grand nombre
d'enfants, surtout les filles y travaillent, non seulement comme serveuses mais
aussi comme prostituées.
Les jeunes, fréquentant ces endroits, sont unanimes
quant à la question : N'avez-vous pas peur de la police ? La
réponse est négative : « non la police ne s'intéresse
pas à ces endroits, vu leurs caractères légaux ».
Chaque endroit, selon leurs dires, bénéficie d'une protection et
de couverture. Nous avons essayé de comprendre la portée de leurs
propos, mais on s'est rendu compte que même ces jeunes n'en savent pas
plus.
En ce qui nous concerne, nous prenons ces propos pour une
stratégie, une forme de propagande développée par les
souteneurs afin de mettre en confiance ces jeunes filles mineures qui se
donnent à coeur de joie à la boisson alcoolisée et
à la cigarette (...) ou ils faudra prendre leurs propos, pour une
vérité, dans la mesure ou ils n'ont jamais été
inquiétés. La réponse exacte pourrait se trouver chez les
pouvoirs publics. Car s'aventurer à vérifier ces deux
hypothèses revient à se condamner à des
représailles.
L'Etat devra prendre ce problème au sérieux. Les
filles de moins de 18 ans prises entrain de travailler dans ces endroits,
devront être ramenées dans leurs familles qui sont civilement
responsables, ou dans des centres de rééducations, mais avec
instruction ferme de les accepter. Quant aux responsables de l'implication de
ces enfants dans la prostitution, ils doivent être poursuivis.
3-2. Prostitution des garçons.
Dans la rue, des centaines et des centaines de garçons
se prostituent comme à Constantine par exemple au niveau de la route de
Sétif. La plupart de ces garçons ne sont pas forcément
homosexuel. Ce sont en majorité des garçons de 15-20 ans qui se
sont enfuis de chez eux et sont venus des villages avoisinants dans la
perspective de gagner de l'argent facilement. Ils n'ont été
poussés à la prostitution que par la pauvreté.
Les témoignages des garçons confirment que la
prostitution des garçons est bel et bien établie. La
majorité d'entre eux a 16 ans, tous sont hétérosexuels et
ils sont pour la plupart issus de familles dysfonctionnelles. Il s'agit soit de
fugueurs, soit d'enfants rejetés par l'école, ou par les parents.
La plupart d'entre eux travaillent en ville.
Tous les garçons ont dit qu'ils avaient peur de la
maladie et de la solitude. Certains avaient peur du SIDA. Pour ce qui est des
préservatifs, les enfants ont déclaré que les clients
n'acceptaient pas de les utiliser, le refus est catégorique, quitte
à payer plus. En plus, ils nous ont déclaré que la
pédophilie existe surtout dans l'extrême Sud du pays.
Un petit nombre de garçons a déclaré ne
pas avoir peur du SIDA, Mais par contre, beaucoup d'entre eux affirment que
cette maladie existe, surtout à Tamanrasset, où ils auraient vu
des garçons mourir d'une mort suspecte.
La préoccupation croissante que suscite la
dépendance à l'égard du jeu semble tout à fait
justifiée. Car l'enquête établit également que la
plupart de ces garçons ont un grand besoin d'argent, non pas pour
survivre, mais plutôt pour assouvir leur passion du jeu.
L'augmentation de la prostitution des garçons, tout
particulièrement dans les grandes agglomérations, nous a
été signalée par notre échantillon. Cela est
dû, selon nous, à ces dix années de guerre, où
l'Etat s'est mobilisé à éradiquer le terrorisme,
reléguant ainsi le social et le culturel au second plan, ce qui aura
provoqué l'augmentation des problèmes sociaux, dont la
prostitution de plus en plus croissante d'enfants mineurs. Ce que nous
remarquons aussi, c'est que malgré cette marginalisation apparente,
jamais le social n'a été au coeur des débats politiques
comme cette année 2000.
En ce qui concerne la toxicomanie, dans notre enquête,
on note que le lien entre toxicomanie et prostitution n'est pas bien
établi. Il semble que les toxicomanes préfèrent voler de
l'argent ou fabriquer leurs propres stupéfiants plutôt que de se
livrer à la prostitution. En outre les souteneurs n'acceptent pas les
prostitués toxicomanes parce qu'elles leur coûtent plus
chères. En revanche, notre inquiétude est très grande,
quant à la pauvreté, qui commence à devenir un facteur
influent. La corrélation entre la pauvreté et la prostitution
ressort clairement chez l'échantillon sur lequel on a travaillé,
surtout chez les jeunes filles attirées par les habits de luxe qu'on
expose dans les vitrines et qui se trouvent tentées à rêver
qu'un jour elles pourront porter ces effets, cette paire de souliers ou encore
ce beau manteau dont le prix est souvent exorbitant. Pas moins de 10.000 dinars
l'article. Or il se trouve que toute la famille réunie n'arrive pas
à faire 10.000 dinars par
mois, dont 60% va pour la nourriture. Alors, faisant les
comptes et voyons sérieusement et en toute objectivité autour de
nous. Ces jeunes filles, toutes habillées « made in », alors
que la majorité des familles ne boucle pas la fin du mois. Je vous
laisse tirer vos conclusions ! (...)
A-4- Exploitation sexuelle des enfants :
prévention et protection
4-1- Initiatives publiques et privées.
Les ONG, qui s'occupent des enfants, devraient être
dotées d'un « numéro vert » exclusivement
réservé aux enfants et viserait essentiellement à leur
donner la possibilité de s'exprimer. Ces enfants disent, qu'ils ont
envie de parler, ils veulent évoquer l'amour, l'école, la
famille, l'Etat «si on nous écoute, nous leur parlerons de nos
problèmes, qui sont complexes et graves : sévices sexuels et
physiques, drogues et toxicomanie, la brutalité, dont nous sommes
victimes ; et nous dénoncerons les agents en causes : la famille, la
collectivité, l'école, nos camarades, nos enseignants et toute la
société ».
A la question. Pourquoi vous n'allez pas vous plaindre
à la police ? Ils nous ont répondu que : «la police et les
professionnels en cause ne nous traitent pas toujours avec suffisamment de
délicatesse ».
Le fait que l'Etat n'offre pas de mécanismes suffisants
pour s'occuper des enfants maltraités est un sujet de
préoccupation. La maltraitance des enfants est
généralement considérée comme une affaire de
famille et par ailleurs il est impossible d'intervenir sans mandat. En
l'absence de mécanismes de réactions adaptées, l'objectif
n'est donc pas de criminaliser la maltraitance, mais de renforcer la famille.
Au lieu de recourir à des poursuites dans tous les cas, tout
particulièrement dans les cas ou les preuves ne sont pas convaincantes,
on tente des mesures extrajudiciaires. Par exemple en confiant le
règlement du problème à un organisme, tel que la direction
de l'action sociale, que l'Etat devrait créer cela permettrait
d'éviter de faire des victimes supplémentaires.
Ces enfants nous ont fait part de certaines lacunes de la
politique algérienne à leur égard, notamment les suivants
:
a. Il n'existe pas de centre d'accueil suffisant.
b. Il n'existe pas de coordinateur chargé des questions
relatives aux enfants.
c. Les enfants de moins de 15 ans et ceux ayant plus de 15 ans
ne sont pas traités de la même manière dans les centres qui
existent sur le territoire
d. Le placement en institution est généralement la
première mesure à laquelle recourt l'Etat.
A-le système éducatif.
Nous estimons que le système éducatif est l'un
des trois catalyseurs, (famille, école, masse médias) de la
prévention de toutes violences dont sont victimes les enfants. Nous
proposons aux autorités en ce qui concerne l'exploitation sexuelle et la
maltraitance des enfants, qu'elles privilégient les initiatives de
prévention et d'éducation sur la répression.
Les enseignants du fondamentale et du secondaire devront
recevoir une formation adéquate. La nécessité d'une telle
formation se fait sentir tout spécialement dans les grandes villes et
les régions frontalières. On constate aussi la
nécessité d'établir des programmes spéciaux
à l'intention des adultes.
Nous pensons qu'il est temps qu'au cours de son
éducation à l'école, l'enfant devra être
informé de tous les dangers qu'il encourt. Cependant, on est conscient
que ce n'est pas suffisant. Il faut former des professionnels : «
l'Algérie aura besoin, dans les dix prochaines années, plus de
psychologues que toutes autres spécialistes », afin de
créer les conditions permettant d'aider une société
aliénée.
Toute la société devra coordonner son
activité avec l'appui du parlement et du sénat pour
établir un rapport sur les véritables conditions d'existence des
enfants. En Juin 1999, le ministère de la solidarité a
parrainé un séminaire portant sur les problèmes des jeunes
filles victimes de violences avec la participation des
représentants de la « société civile
», des universitaires chercheurs, des juristes et des psychiatres. Les
recommandations de ce séminaire, malheureusement restent, à notre
avis, des déclarations d'intentions.
Ce qu'il faudra faire, c'est mettre sur pieds, un projet
préscolaire pour tous, visant l'intégration sociale des enfants
issus des familles à problèmes, avec la participation de leurs
familles. Ce projet se concentrera sur la mise en place de programme
d'éducation dans les écoles et de programme de prévention
de la criminalité. Un centre communautaire implanté dans un grand
ensemble fournira une assistance sociale à l'intégration. La
police sera appelée à donner des conférences dans les
classes pour les lycéens, notamment, ceux qui sont passés
à la criminalité du fait de leurs statuts
socio-économiques et culturels.
Toutes les écoles ne possèdent pas de garderies
situées dans l'établissement même où les enfants
pourront pratiquer des activités extrascolaires, artistiques ou
musicales. L'objectif sera de maintenir les enfants occupés dans
l'environnement protégé de l'école, loin de la rue et de
ses tentations. Ils convient de noter qu'il n'existe pas encore dans les
écoles, des spécialistes formés à la
détection de la maltraitance des enfants. On pourra mettre en place un
programme à cet effet, incluant une formation à la
détection de la toxicomanie. Dans la pratique, lorsqu'un enseignant
soupçonne fortement qu'un enfant est victime de maltraitance, il est de
son devoir de citoyen d'informer la police ou au moins la direction de
l'établissement.
Comportement, malheureusement, rare de nos jour. Le motif
invoqué par les enseignants est « la peur des représailles
». Il convient aussi de noter que l'éducation sexuelle n'est pas
induite dans les programmes scolaires. Connaître son corps c'est
lui faire éviter beaucoup de tracas.
A-5- Education sexuelle dans le milieux scolaire :
comment ? Pourquoi ?
L'éducation sexuelle devra être induite dans les
programmes scolaires du collège au lycée. Elle sera
assumée par un service de santé scolaire, médecins et
psychologues. Cette éducation sexuelle sera
intégrée à l'éducation pour la santé ce qui
permettra d'utiliser un concept basé sur les possibilités
d'apprentissages et les compétences du public cible. La
prévention des grossesses chez l'adolescente fera partie du mandat et
s'inscrira dans une approche tout à la foi globale et spécifique,
en tenant compte de l'âge et des motivations des élèves
à entrer en matière.
Toutefois, le problème des grossesses précoces
en Algérie n'atteint pas l'ampleur des pays occidentaux. Mais, si cette
situation persiste, ce problème s'amplifiera et aura des incidences
très graves sur la santé des jeunes filles.
Donc, nos effort devront tendre à la sensibilisation
voire à l'amélioration de la situation actuelle étant
donnée la souffrance intime et souvent dommageable, même à
long terme, pour l'adolescente, lié soit à une interruption de
grossesse, soit à la naissance d'un enfant qui même
désiré, peut poser une série de difficultés
psychologiques et sociales tant pour lui-même que pour sa mère,
voilà pourquoi, on devra inclure cette matière dans nos
écoles.
Pour ce qui est du comment ? l'éducation sexuelle fera
partie des programmes globaux d'éducation pour la santé qui
devront être élaborés à partir des mandats
confiés au ministère de la santé dans lequel des
infirmières, des médecins, des psychologues, des
éducateurs se partageront les tâches de prévention et de la
promotion de la santé.
Ces programmes s'adresseront aux jeunes, à leurs parents
et aux enseignants, soit lors des visites individuelles, soit par des
leçons collectives en classe.
Les stratégies et les moyens pour réaliser ces
objectifs :
a. prévenir les maladies sexuellement transmissibles
MST/SIDA
b. prévenir les grossesses dites non
désirées
c. prévoir les abus sexuels.
d. Prévenir l'abus de produits toxiques
e. Promouvoir et protéger la santé des jeunes
en général, ainsi que l'adaptation des programmes correspondants
qui seront déterminés en fonction de l'éducation et des
priorités.
f. Le tout sera conditionné par les ressources humaines
et financières à disposition.
Les programmes de l'éducation sexuelle devront
être fortement orientés vers la prévention du SIDA et des
abus sexuels, mais la contraception reste elle aussi, une priorité.
Le concept d'éducation sexuelle dans lequel ces
interventions auront lieu devront permettre à l'intervenant de tenir
compte des besoins des élèves, mais aussi de leurs
compétences dans la mesure où l'approche de l'enfant ou de
l'adolescent, même si celui est en difficulté, devra placer
l'adulte dans une position de respect d'écoute et de valorisation. En
éducation sexuelle, il sera peut utile d'aborder les jeunes en mettant
en évidence leurs défauts, leurs difficultés, voire leur
impuissance à se responsabiliser.
L'expérience du terrain démontre chaque jour que
l'exploitation des compétences des publics cibles (enfants et
adolescents), est un pari à ne pas manquer à condition que les
adultes proches des jeunes et des moins jeunes veuillent bien y adhérer
et c'est probablement à ce niveau qu'il faut travailler avec plus de
détermination. Ils est donc utile d'en parler
régulièrement avec eux et de montrer que malgré des
rapports sexuels décriés, l'adolescent et surtout l'adolescente,
méritent respect et confiance, que des connaissances sont utiles
là comme ailleurs, car à un moment donné elles pourront
aider à prendre des décisions qui lui éviteront
d'être la perpétuelle victime d'une succession de
fatalités.
5-1- Les masse médias
Conscients des critiques formulées sur les incidences
négatives de la violence et du sexe à la
télévision, nous avons eu l'occasion de discuter avec les
professionnels de l'information. Nous placerons les médias en
troisième position après la famille et l'école que nous
considérons comme un instrument prioritaire de lutte contre
l'exploitation sexuelle des enfants.
Ces professionnels de la presse écrite nous ont dit :
« qu'après trois décennies d'un régime socialiste et
totalitaire, vouloir imposer toute sorte de censure de contrôle est une
question très délicate ». Cependant, en raison de
l'importance de la question pour les enfants, le pouvoir publics pourraient
imposer
quelques restrictions aux émissions, qui promouvoir la
violence et qui font l'apologie des actes inhumains ou cruels sur les ondes.
Mais la question pertinente qui reste sans réponse est,
qu'en est-il des chaînes étrangères ? Et que pourrait faire
l'Etat devant ce danger qui envahit tous les foyers Algériens ? Et que
faire pour protéger les enfants, surtout les adolescentes, qui
s'accrochent chaque nuit à la télévision pour voir les
films pornographiques ? La réponse de ces professionnels est : «
Qu'il appartient à l'Etat de prendre ses responsabilités
».
B-1- Répression de l'exploitation sexuelle des
enfants.
Au cours de notre entretien avec les juristes, il ressort un
besoin pressant quant à la création d'un institut de la
prévention sociale qui fera des recherches en criminologie et
prévention sociale, notamment sur les questions relatives aux jeunes
enfants. Ces futurs spécialistes fourniront des statistiques touchant
à la maltraitance des enfants et autres délits. Ces
données donneront un aperçu sur les dangers qui guettent toute la
société. Pour ce qui des poursuites en matière de
prostitution des enfants, selon les juristes, la police se heurte à
divers difficultés notamment le fait que « dans la plupart des cas,
il n'existe pas de document ni de preuves solides, et les enfants, tout
particulièrement les filles, répugnent à témoigner,
car ils craignent davantage les souteneurs que la police. »
Les réseaux de la prostitution sont très bien
organisés, bénéficient d'une/ou des couvertures, et
utilisent du matériels très perfectionnés, ils ont peut
être plusieurs années d'avance sur la police quant à la
technologie à laquelle ils ont accès, et aussi les moyens
financiers colossaux, dont ils disposent.
Les policiers, doivent aussi compter avec l'ambivalence de la
loi en ce qui concerne la majoration ? Les policiers, qu'on a
interviewés, ont noté que les cas de sévices sexuels
signalés avaient considérablement diminués en 1994, mais
qu'une recrudescence se dessinait. L'augmentation des cas signalés de
prostitution infantile est attribuée, par la police, à l'intense
compagne menée par la brigade des moeurs, dont le résultat est
que plus d'affaires sont révélées. Cela ne veut pas dire,
selon eux, qu'il y a eu une augmentation effective du nombre d'affaire. Le fait
que
la police soit très stricte en ce qui concerne la
prostitution d'enfants mineurs, dissuade fortement les souteneurs de
s'intéresser à eux. La plupart des personnes, que nous avons
interrogées, ont estimé que pour contrôler la prostitution
et réprimer plus efficacement la prostitution des mineurs, la
prostitution des adultes devrait être légalisée.
Ces prostituées professionnelles pourraient être
imposées par l'Etat et obligées de se soumettre à des
visites médicales, ce qui contribuerait à réduire
l'incidence des maladies transmissibles sexuellement MST/SIDA.
Dans la situation actuelle, il est très difficile de
dépister les prostitués, qui ont contaminé des clients ou
qui ont été contaminées par des clients, car celles-ci
refuse de se soumettre à des contrôles médicaux. D'autres
part, elles n'ont pas d'assurances médicales, si bien que les
médecins ne veulent pas les examiner.
Conclusion et recommandations
A. Conclusion.
Nous notons, avec amertume, que le tableau
général qu'offre l'Algérie n'est pas encourageant. Nous
tenons à remercier tous les jeunes qui ont eu l'amabilité de
coopérer et l'ouverture dont ils ont fait preuve afin de nous aider
à comprendre comment et pourquoi ces jeunes se prostituent et quel sont
les agents causales qui contribuent directement à ce fléau.
Nous apprécions beaucoup également les
activités menées par les rares ONG pour s'attaquer à la
question des enfants en situation délicate.
Il existe cependant un sujet de préoccupation que nous
tenons particulièrement à évoquer, le cas des filles
handicapées. Cette minorité est maltraitée et
violée. Elle est marginalisée et ne fait l'objet d'aucune
protection. Nous regrettons beaucoup, faute de techniques appropriées et
des moyens pour ce genre d'enquête, que nous n'ayons pu avoir d'entretien
avec ces filles.
B. Recommandations
Nous souhaitons faire les recommandations suivantes :
a/ il conviendrait de mettre en place un organe central
chargé de coordonner les activités concernant tous les enfants, y
compris ceux appartenant à une minorité d'enfants
handicapés et les activités des diverses institutions de la
république.
B/ les lois nationales devraient être
révisées en vue d'éliminer toute ambiguïté
possible concernant la majoration ? Qui fait que bon nombre
d'enfants sont privées de leurs citoyenneté et donc de protection
de la loi.
C/ dans les grandes villes, la situation des enfants, qui se
prostituent mérite une attention particulière. Des patrouilles de
police devraient être constamment effectuées dans les endroits
où l'on sait qu'ils opèrent habituellement. Les responsables de
l'application des lois devraient toujours manifester une présence
visible pour dissuader les enfants et leurs clients potentiels.
Il conviendrait d'organiser « des opérations
balayage » et de donner une large publicité, à travers les
médias, aux arrestations qui seraient ainsi effectuées, afin
d'adresser un avertissement énergique aux clients éventuels.
D/ pour lutter contre le phénomène croissant du
jeu chez les jeunes enfants, et compte tenu de fait qu'il est établi que
ce phénomène est l'une des causes d'implication des enfants tout
particulièrement, les garçons dans la prostitution, il
conviendrait d'interdire strictement l'entrée des enfants de moins 16
ans dans ces endroits en prévoyant des peines à l'encontre de
ceux qui les autorisent à fréquenter de tels endroits. Les
galeries de jeux vidéo et de jeux d'attraction devraient
également faire l'objet de contrôles périodiques pour
vérifier que les enfants ne font pas de paris.
E/ Il conviendrait de resserrer la collaboration entre les
organes du gouvernement et les quelques rares ONG s'occupant des enfants, et
d'établir une meilleure coordination et répartition des
responsabilités afin de traiter l'intégralité des
problèmes touchant les enfants.
f/ la proportion élevée d'enfants s'étant
enfuis d'institutions qui en avaient la garde, semble confirmer la
nécessité de superviser plus étroitement ces
établissements publics pour s'assurer que les enfants n'y subissent pas
de représailles.
5-B- Les enfants du divorce
L'article 09 de la convention stipule que « l'enfant ne
doit pas être séparé de ses parents contre son grès
sauf en vertu d'une décision prise par les autorités
compétentes dans l'intérêt supérieur de l'enfant
».
Dans la législation Algérienne, les articles de
62 à 72 stipulent que : «la prise en charge de l'enfant issu des
parents séparés, ou orphelin de l'un des deux ou du père
et de la mère est prévu par le code de la famille dans le cadre
de la «Adana » (droit de garde) ».
* Le droit au recouvrement de la pension alimentaire est garantie
par la même loi qui organise et réglemente son attribution.
Où est l'intérêt suprême de l'enfant
? L'article 52 du code de la famille est une entrave qui viole cet
intérêt supérieur : le droit à un toit, qui le
sécurise et le met à l'abri de la rue et de ses tentations. Au
fait c'est l'intérêt des deux conjoints qui est
préservé en cas de divorce.
Le divorce dans notre société est devenu par la
faiblesse du droit, un facteur de pression et de chantage utilisé par
l'homme, pour imposer sa dictature et assouvir son «ego» meurtri, par
les pressions tant internes qu'externes. Le comble, la loi dans toute sa
majesté l'aide à concrétiser ce côté pervers
de sa personnalité masochiste.
Ceci dit, il ne faut pas considérer le divorce comme
une fatalité bien au contraire et, dans l'intérêt de
l'enfant une mesure qui pourrait le délivrer des mesquineries des
parents qui ne veulent pas divorcer à cause des considérations
sociales, dont il sera la permanente victime. On comprend à la lecture
de cette réflexion, les dires du docteur J.G Lemaire « Si le
divorce peut, sans équivoque être redouté dans ses effets
sur l'évolution affective des enfants, c'est à dire qu'il est
parfois considéré comme étant la pire situation. Des
études statistiques ont confirmé ce que psychiatres d'enfants et
psychologues avaient remarqué : les troubles les plus fréquents
sont constatés dans les foyers où la haine et la souffrance se
font jour ouvertement, mais où cependant les parents continuent à
coexister. C'est dans cette atmosphère passionnée et hautement
conflictuelle que les perturbations affectives des enfants sont à leur
maximum avec toutes leurs conséquences » (29).
Il est évident que ce climat de haine, de
rivalité pour la possession morale et affective de l'enfant cette hargne
quotidienne entre époux, traumatise l'enfant et brise ses besoins
d'identification. Il n'est pas contesté que 70 à 80% des enfants
délinquants ont des parents désunis.
De même que la plupart des névroses infantiles
trouvent leur source dans la profonde mésentente du couple, non dans le
divorce. Mieux vaut un «bon divorce» que l'enfer d'un couple
qui se déchire.
« D'ailleurs, les incidences psychosociologiques de la
dissociation conjugale sur les enfants dans un pays où le divorce est
interdit sont plus graves que dans ceux qui l'autorisent. Ceci s'explique
facilement par le fait que le divorce ne fait que traduire juridiquement une
situation conjugale préexistante qui déséquilibre
l'enfant.... le divorce peut donc, si les autorités et les parents le
veulent, ne pas être un désastre pour l'enfant. Il n'est ni un
bien, ni un mal. Il est seulement ce que des adultes conscients, lucides,
responsables peuvent en faire. Préserver sa dignité d'homme et de
femme c'est donner à l'enfant une leçon utile et qu'il
appréciera » (30). Une analyse objective qu'on pourrait attribuer
à une société respectueuse des valeurs et des principes du
mariage : «L'union pour le bien et pour le pire».
Sans polémiquer, nous dirons que, grâce à
l'effondrement des valeurs ancestrales et la situation socio-économique
désastreuses, de nouvelles moeurs institutionnalisées
conventionnellement, sont apparu. Beaucoup de nouveaux riches aux allures
farfelues, aidés par la loi et par leur situation économique
favorable attirent dans leurs griffes des centaines de milliers de femmes. Ces
dernières, sous le poids de la misère caractérisée,
se laissent obnubiler par cette vie facile qui, malheureusement, engendre
d'énormes problèmes d'ordre psychosociologiques.
Ce qu'il faudra savoir, c'est qu'avec le nombre ascendant de
couples divorcés nous devrions nous attendre à une progression
effarante de la délinquance juvénile en Algérie. Tout ceci
grâce à l'irresponsabilité partagée entre l'homme et
la femme.
Une chose est sûre, c'est qu'il ne faudra pas qu'ils
soient fiers de leurs comportements. Aucune circonstance atténuante ne
peut leur être attribuée, car par leur divorce, le nombre
d'enfants délinquants potentiels sera élevé. Et il est
grand temps qu'on fasse passer le droit des enfants sur le droit des
parents.
En conclusion, on pourrait avancer que bien que l'homme est
favorisé par la loi, la femme en contre partie ne fait pas beaucoup
d'efforts pour préserver sa dignité. Actuellement, que peut-on
dire : beaucoup de femmes mariées sont entretenues par des amants dans
ce pays, et où, paradoxalement tout le monde réclame et se bat
pour la dignité.
5-C- Les enfants battus.
Bien qu'il soit difficile d'obtenir des chiffres
précis, on peut dire que le nombre d'enfants battus serait très
élevé. Et il est temps que les mass medias consacrent des
émissions télévisées à ces enfants
martyrisés pour que l'opinion publique puisse se rendre compte de
l'ampleur du danger et surtout des conséquences désastreuses dues
aux tortures infligées par les parents, les enseignants, les proches,
les camarades et les voisins (...).
Malheureusement, toute la société ne se rend pas
compte que le problème est très grave, qu'il est plus profond et
qu'il ne dépend pas seulement des comportements aberrants, mais aussi de
structures sociales et économiques qui amènent des parents
à être à bout de nerfs, « exaspérés par
leurs situation économique du fait du chômage, de
l'exiguïté du logement, de la pauvreté, si bien qu'ils ne
trouvent plus qu'à verser leur colère et leur
exaspération, en battant leurs enfants ».(31)
Exception faite de quelques cas de sadisme, les parents qui
martyrisent leurs enfants sont des gens comme tout le monde, mais qu'à
un moment donné à cause d'un état de surexcitation, ils
perdent leur maîtrise d'eux même. Cependant, malgré le
calvaire vécu, par l'enfant. Il est déconseillé d'arracher
l'enfant à sa famille... c'est plutôt la cellule familiale
entière, qui doit être aidée.
La convention des droits de l'enfant stipule que : «les
Etats doivent prendre toutes les mesures tendant à protéger les
enfants contre les brutalités physiques, mentales, la négligence,
la violence sexuelle, les abandons et l'exploitation» (articles 19 et
34.).
Dans la réalité, l'enfant dans sa faiblesse et la
victime de l'adulte. Ce dernier trouve chez lui, la victime facile qui lui
permet d'assouvir son agressivité ou ses désirs. Ceci se
produit dans le cadre social général, ou bien dans le cadre
familial. « La morale de la violence » commence souvent avant
l'école dans le spectacle des « mères battues » et
c'est dans ce cadre, qu'elle se consolide sous toutes ses formes. Le premier
uniforme que revêt l'enfant est celui de la violence, de
la «Redjla». Etre un homme est une qualité
réservée à ceux qui ont appris l'art
de détruire. C'est peut être là, une façon de se
préparer à se soumettre aux violences
infligées par ses proches, son père en particulier,
qui est à ses yeux et qui doit le rester, l'homme exemplaire que tout le
monde craint.
A leur tour, les enseignants terrorisent
l'élève, l'humilient, parce que mal formés,
recrutés, sans avoir eu accès à la psychologie de
l'enfant. Les enseignants se cachent sous la vision de l'enfant tyran,
turbulent et étourdi « le syndrome des enfants battus et
maltraités» entraîne l'intervention du médecin
expert.
5-C- Les formes de maltraitances des enfants en
Algérie. A L'aspect médico-légal
(32)
Il s'agit d'une étude rétrospective
réalisée, auprès des services de médecine
légale CHU Constantine, portant sur les enfants agressés.
I- Matériels et méthodes.
a. Sources de données : Les
informations nécessaires à cette étude ont
été recueillies à partir des observations médicales
issues de 631 dossiers disponibles aux archives de services de médecine
légale au C.H.U de Constantine.
b. Méthode d'études et
moyens
· Type d'étude : étude
rétrospective ayant couvert les 02 années (1998-1999) et se
proposant la description du phénomène «agression des enfants
dans notre société
7,6
Protocole : pour ce faire, les étudiants
ont procédé à :
1/ Une répartition des cas, selon l'âge et le sexe
de la victime.
2/ Une répartition des cas, selon l'occupation des
victimes
3/ Une répartition des cas, selon la nature de l'agent
causal
4/ Une répartition des cas, selon les lésions
provoquées et leur siège topographique. 5/ Une répartition
des cas, selon l'auteur des agressions.
6/ une répartition des cas, selon les saisons et selon les
horaires dans la journée.
« TABLEAU: 1 ANNÉE 1998
Age
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Moyenne
|
|
|
|
|
0 -15 ans
|
19
|
40
|
20,65
|
13,88
|
17,26
|
6 - 10 ans
|
38
|
107
|
41,30
|
37,15
|
39,22
|
11 - 15 ans
|
35
|
141
|
38,04
|
48,95
|
43,67
|
Total
|
92
|
288
|
100
|
100
|
100
|
GRAPHE 01 :
Densité
De fréquence (%)
Densité De fréquence (%)
28,2
21,
8
3,8
7
5 10 15
|
Classe d'âge (Années)
|
5 10 15 Classe d'âge
(Années)
|
Nombre de cas par tranche d'âge et par année
+ la fréquence augmente au fur et à mesure qu'on
avance dans l'âge.
+ on constate que la fréquence des garçons battus
est trois fois plus élevée que chez les filles et ce ci pour
toutes les tranches d'âge.
TABLEAU: 2 ANNÉE 1999
Densité De fréquence (%)
|
|
|
|
|
|
|
**
|
|
|
|
|
|
Age
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Moyenne
|
|
|
|
|
0 -15 ans
|
13
|
15
|
20
|
08,06
|
14,03
|
6 - 10 ans
|
23
|
68
|
35,38
|
36,55
|
35,96
|
11 - 15 ans
|
29
|
103
|
44,62
|
55,37
|
49,99
|
Total
|
65
|
186
|
100
|
100
|
100
|
GRAPHE 02 :
Densité
De fréquence (%)
28,2
13,6
3
**
6
5 10 15
|
Classe d'âge (Années)
|
5 10 15 Classe d'âge
(Années)
|
Nombre de cas par tranche d'âge et par année
+ la fréquence augmente au fur et à mesure qu'on
avance dans l'âge.
+ on constate que la fréquence des garçons battus
est trois fois plus élevée que chez les filles et ceci pour
toutes les tranches d'âge.
Profession
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Moyenne
|
|
|
|
|
Sans
|
28
|
75
|
30,43
|
26,04
|
28,23
|
Scolarisé
|
64
|
213
|
69,56
|
73,95
|
71,75
|
Ouvrier
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
Libérale
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
Total
|
92
|
288
|
100
|
100
|
100
|
Réparation selon la profession
Les enfants scolarisés représentent la plus grande
proportion vu que la majorité est scolarisée.
TABLEAU : 4 ANNEE 1999
Profession
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Moyenne
|
|
|
|
|
Sans
|
14
|
22
|
21,54
|
20,19
|
20,86
|
Scolarisé
|
51
|
164
|
78,46
|
79,80
|
79,13
|
Ouvrier
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
Libérale
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
Total
|
65
|
186
|
100
|
100
|
100
|
Réparation selon la profession
Les enfants scolarisés représentent la plus grande
proportion vu que la majorité est scolarisée.
Agent causal
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Moyenne
|
|
|
|
|
Naturel
|
|
54
|
195
|
53,46
|
67,94
|
60,7
|
|
Improvisé
|
43
|
76
|
42,57
|
26,48
|
34,52
|
Préparé
|
00
|
01
|
00
|
0,34
|
0,17
|
Tranchant
|
03
|
13
|
02,97
|
04,52
|
03,74
|
Autre
|
01
|
02
|
0,99
|
0,69
|
0,84
|
Total
|
101
|
287
|
100
|
100
|
100
|
Réparation selon la nature de l'agent causal
On note une prédominance de l'agent contondant surtout
naturel
TABLEAU: 6 année 1999
Agent causal
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Moyenne
|
|
|
|
|
Naturel
|
|
45
|
114
|
68,18
|
63,68
|
65,93
|
|
Improvisé
|
15
|
51
|
22,72
|
28,49
|
25,60
|
Préparé
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
Tranchant
|
02
|
08
|
03,03
|
04,46
|
03,74
|
Autre
|
04
|
06
|
06,06
|
03,35
|
04,70
|
Total
|
66
|
179
|
100
|
100
|
100
|
Réparation selon la nature de l'agent causal
On note une prédominance de l'agent contondant surtout
naturel
Siège des lésions
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Moyenne
|
|
|
|
|
Membre >
|
31
|
58
|
25,89
|
18,29
|
22,09
|
Membre <
|
19
|
29
|
15,83
|
09,14
|
12,48
|
Thorax
|
08
|
17
|
06,66
|
05,14
|
06,01
|
Abdomen
|
06
|
19
|
05
|
05,99
|
05,49
|
Tête
|
56
|
194
|
46,66
|
61,19
|
53,92
|
Total
|
120
|
317
|
100
|
100
|
100
|
Réparation topographique des lésions
provoquées
On remarque une prédominance des lésions au
niveau de l'extrémité céphalique, ceci pour les deux
sexes.
Tableau : 8 année 1999
Siège des lésions
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Moyenne
|
|
|
|
|
Tête
|
28
|
139
|
57,14
|
67,47
|
62,30
|
Membre >
|
07
|
33
|
14,28
|
16,01
|
15,14
|
Membre <
|
09
|
14
|
18,36
|
06,79
|
12,57
|
Thorax
|
01
|
07
|
02,04
|
03,39
|
02,71
|
Abdomen
|
04
|
13
|
08,16
|
06,31
|
07,23
|
Total
|
49
|
206
|
100
|
100
|
100
|
Réparation topographique des lésions
provoquées
On remarque un prédominance des lésions au
niveau de l'extrémité céphalique, ceci pour les deux
sexes.
Tableau : 9 année 1998
Nature des lésions
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Moyenne
|
|
|
|
|
Syndrome subjectif isolé
|
06
|
17
|
10,52
|
06,51
|
08,511
|
Plaie superficielle
|
24
|
106
|
42,10
|
40,61
|
41,35
|
Plaie profonde
|
05
|
24
|
08,77
|
09,19
|
08,98
|
Lésion osseuse
|
02
|
21
|
03,50
|
08,04
|
05,77
|
Lésion organique
|
00
|
03
|
00
|
01,14
|
00,57
|
|
20
|
90
|
35,08
|
34,48
|
34,78
|
Total
|
57
|
261
|
100
|
100
|
100
|
Réparation selon la gravité des lisions.
- on note que si 8/10 enfants présentent des
lésions minimes, 1/15 enfant présentent des lésions graves
(osseuses ou organiques).
- Les enfants de sexe masculin sont battus beaucoup plus
violemment que les enfants de sexe opposé.
TABLEAU : 10 ANNEE 1999
Nature des lisions
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Moyenne
|
|
|
|
|
Syndrome subjectif isolé
|
06
|
32
|
05,04
|
09,16
|
07,10
|
Plaie superficielle
|
50
|
150
|
42,01
|
42,97
|
42,49
|
Plaie profonde
|
10
|
27
|
08,40
|
07,73
|
08,06
|
Lésion osseuse
|
04
|
24
|
03,36
|
06,87
|
05,11
|
Lésion organique
|
02
|
01
|
01,68
|
0,28
|
0,98
|
|
47
|
115
|
39,49
|
32,95
|
36,22
|
Total
|
119
|
349
|
100
|
100
|
100
|
Réparation selon la gravité des lésions.
- on note que si 8/10 enfants présentent des lisions
minimes, 1/15 enfant présente des lésions graves (osseuses ou
organiques). Les enfants de sexe masculin sont battus beaucoup plus violemment
que les enfants de sexe opposé.
Auteur
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Moyenne
|
|
|
|
|
Parent direct
|
05
|
02
|
05,43
|
00,73
|
03,08
|
Parent indirect
|
09
|
03
|
06,52
|
01,10
|
03,81
|
Enseignant
|
08
|
14
|
08,69
|
05,14
|
06,91
|
Autres
|
70
|
253
|
76,08
|
93,01
|
84,54
|
Total
|
92
|
272
|
100
|
100
|
100
|
Réparation selon l'auteur des agressions.
- 1/11 enfants est battus par son enseignant.
- Plus de 8/10 enfants sont battus par des personnes n'ayant
aucune autorité sur eux.
TABLEAU : 12 ANNEE 1999
Auteur
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Moyenne
|
|
|
|
|
Parent direct
|
07
|
05
|
16,66
|
02,76
|
09,71
|
Parent indirect
|
01
|
01
|
0,003
|
0,55
|
0,27
|
Enseignant
|
03
|
13
|
7,14
|
07,18
|
07,14
|
Autres
|
31
|
162
|
73,81
|
89,50
|
81,65
|
Total
|
42
|
181
|
85,18
|
100
|
100
|
Réparation selon l'auteur des agressions.
- 1/11 enfants est battus par son enseignant.
- Plus de 8/10 enfants sont battus par des personnes n'ayant
aucune autorité sur eux.
Horaire
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Moyenne
|
|
|
|
|
Matin
|
31
|
64
|
37,80
|
34,40
|
36,10
|
Après midi
|
42
|
105
|
51,21
|
56,45
|
53,83
|
Soir
|
09
|
17
|
10,97
|
09,13
|
10,05
|
Total
|
82
|
186
|
100
|
100
|
100
|
Réparation des agressions tout au long de la
journée
- Il y a une prédilection des agressions au cours de
l'après-midi.
TABLEAU : 14 ANNEE 1999
Horaire
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Moyenne
|
|
|
|
|
Matin
|
12
|
65
|
33,13
|
43,33
|
38,23
|
Après midi
|
22
|
73
|
61,11
|
48,66
|
54,88
|
Soir
|
02
|
12
|
05,55
|
08
|
06,77
|
Total
|
36
|
150
|
100
|
100
|
100
|
Réparation des agressions tout au long de la
journée
- Il y a une prédilection de l'agression au cours de
l'après-midi.
Nombre
J F M A M J J A S O N D
67
53
33
25
23
21
18
16
15
13
8 5 3 1
Nombre
67
37
35
28
28
11
10
8
5
3
1
Saisons
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Moyenne
|
|
|
|
|
Hivers jan
|
03
|
18
|
03,26
|
06,25
|
|
Fev
|
02
|
15
|
02,17
|
05,20
|
09,69
|
Mars
|
02
|
01
|
02,17
|
00,34
|
|
|
08
|
16
|
08,69
|
05,55
|
|
Printemps Avril
|
02
|
05
|
02,17
|
01,73
|
13,67
|
|
05
|
08
|
05,43
|
02,77
|
|
Mai
|
|
|
|
|
|
Juin
|
|
|
|
|
|
|
13
|
53
|
14,13
|
18,40
|
|
Eté juill
|
04
|
25
|
04,34
|
08,68
|
40,38
|
Août
|
11
|
67
|
11,95
|
23,26
|
|
Sep
|
|
|
|
|
|
|
33
|
36
|
35,86
|
12,50
|
|
Automne Octo
|
03
|
21
|
03
|
07,29
|
36,70
|
Novem
|
06
|
23
|
06,52
|
07,98
|
|
Dec
|
|
|
|
|
|
Total
|
92
|
288
|
100
|
100
|
100
|
GRAPHE 15:
Nombre de cas par saison
La moitié des garçons sont battus en période
estivale avec un pic au mois de septembre. Les 3/4 des filles sont
agressées durant la période estivale et l'automne, avec un net
pic au mois d'Octobre.
TABLEAU : 16 ANNEE 1999
Saisons
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Moyenne
|
|
|
|
|
Hivers jan
|
05
|
11
|
07,69
|
05,91
|
|
Fev
|
10
|
28
|
15,38
|
15,05
|
26,89
|
Mars
|
06
|
01
|
09,223
|
00,53
|
|
|
01
|
01
|
01,53
|
00,53
|
|
Printemps Avril
|
10
|
35
|
15,38
|
18,81
|
28,39
|
|
13
|
01
|
10
|
00,53
|
|
Mai
|
|
|
|
|
|
Juin
|
|
|
|
|
|
|
01
|
01
|
01,53
|
00,53
|
|
Eté juill
|
03
|
01
|
04,61
|
00,53
|
15,11
|
Août
|
01
|
40
|
01,53
|
21,50
|
|
Sep
|
|
|
|
|
|
|
00
|
05
|
00
|
02,68
|
|
Automne Octo
|
07
|
25
|
10,76
|
13,44
|
29,53
|
Novem
|
08
|
37
|
12,30
|
19,89
|
|
Dec
|
|
|
|
|
|
Total
|
65
|
186
|
100
|
100
|
100
|
GRAPHE 16:
J F M A M J J A S O N D
Nombre de cas par saison
On note une prédominance des agressions en Automne
chez les garçons
Les filles sont très peu agressées en
été.
I,T,T
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Moyenne
|
|
|
|
|
0-7 jours
|
70
|
211
|
75,26
|
73,26
|
74,26
|
8-15 jours
|
13
|
50
|
13,97
|
17,36
|
15,66
|
16-25 jours
|
09
|
14
|
09,67
|
04,86
|
07,26
|
> 25 jours
|
01
|
13
|
01,07
|
04,51
|
02,79
|
Total
|
93
|
288
|
100
|
100
|
100
|
Réparation selon la durée de l'incapacité
temporaire totale
Les 3/4 des incapacités temporaires totales ne
dépassent pas les sept jours cependant 10 % Des incapacités
temporaires totales sont évaluées à plus de quinze
jours.
TABLEAU : 18 ANNEE 1999
I.T.T
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Moyenne
|
|
|
|
|
0-7 jours
|
58
|
126
|
89,23
|
67,74
|
78,48
|
8-15 jours
|
04
|
36
|
06,15
|
19,35
|
12,75
|
16-25 jours
|
02
|
12
|
03,07
|
06,45
|
04,76
|
> 25 jours
|
01
|
12
|
01,53
|
06,45
|
03,99
|
Total
|
65
|
186
|
100
|
100
|
100
|
Réparation selon le durée de l'incapacité
temporaire totale
Les 3/4 des incapacités temporaires totales ne
dépassent pas les sept jours cependant 10 % Des incapacités
temporaires totales sont évaluées à plus de quinze jours.
» (28)
Conclusion :
Au terme de cette étude rétrospective sur le
problème « des violences envers les enfants », ayant couvert
les deux années 1988-1989, on n'a abouti aux constations suivantes : ces
agressions intéressent toutes les tranches d'âges avec une nette
prédominance chez l'adolescent du sexe masculin (03 fois plus).
Les violences commis sont polymorphes allant des
sévices psychologiques jusqu'aux agressions physiques engendrant un
pourcentage non négligeable de lésions osseuses et organiques
(1/15) attestant toujours leur gravité, pouvant se produire tout au long
du calvaire de l'enfant des lésions occasionnées sont le plus
souvent le fait d'agents contondants (9/10) : de coup de poings, coups de pied,
gifle, projection au sol, bâton, tisonnier, ceinture, couteau,
fourchettes, ... touchant généralement l'extrémité
céphalique dans 6 cas/10.
A noter que le nombre des enfants agressés, selon les
auteurs de l'enquête, augmente considérablement pendant la
période estivale où l'enfant se trouve livré à
lui-même ainsi que durant la rentrée scolaire et que l'enfant est
victime de violence à n'importe quel moment de la journée,
notamment dans les après-midi.
Enfin cette étude à montré que la
majorité des lésions provoquées n'atteint pas le seuil
d'incapacité temporaire totale (ITT) 15 jours engageant une poursuite
judiciaire de l'auteur
B- L'aspect psychologique de l'enfant martyrisé
(33).
Nous avons vu, précédemment, que l'enfant subi
des tortures physiques inimaginables, ces dernières laisseront des
traces indélébiles dans son vécu psychosociologique. Une
mauvaise prise en charge entraînera cet enfant-adulte dans le futur
à perpétrer ce geste agressif, auquel il a été
soumis.
Ceci dit, nous allons nous pencher sur l'impact de l'agression
sur le vécu psychologique de l'enfant ? En terme simple, nous disons
comment l'enfant perçoit cette violence, quelle est sa
représentation de l'agresseur ?
Le 1er cas : M.B, Agé de 10ans,
élève, en cinquième année.
Fondamentalement, cet enfant dont le père est
enseignant en mathématique et dont la mère au est au foyer
présente les signes d'agressions perpétrés par son
père. Ces agressions ont commencé à l'âge de (3
ans). Le moyen utilisé est une canne en bois. D'après l'enfant,
son père est devenu agressif après la perte de son frère.
Après cette date, il s'emportait à n'importe quel comportement
émanant de l'enfant. Il agresse même sa femme.
Résumé de l'entretien.
De l'entretien, on peut clairement tirer les conclusions
suivantes :
a. l'enfant souffre d'un problème relationnel.
b. Ces punitions ont laissé des traces
indélébiles sur le plan psychologique. Angoisse, peur, complexe
d'infériorité, la représentation du père est
entachée de haine, de rancoeur, l'enfant souffre de ne pouvoir
communiquer avec les autres.
c. Le sujet vit dans un milieu familial
caractérisé par des conflits intermittents, ces conflits ont eu
des répercussions négatives sur son développement
psychologique, et même cognitif, car cet enfant souffre d'un retard
scolaire par rapport à ses pairs sachant que son père est
universitaire.
Le 2me cas : G.H, âge de 10ans,
élève en quatrième année
fondamentale.
Son rendement scolaire est entre moyen et faible. Il
présente des signes d'agressions apparentes, ses mains et son, corps
présentent des hématomes (zones bleues), en plus ses doigts
portent des marques de cigarettes. Cet enfant présente des signes
d'angoisse, il ne peut se tenir convenablement sur une chaise.
Son père et fonctionnaire dans l'hôtellerie, il
présente des signes de nervosité, agresse tout les membres de la
famille, ne se soucie guère du sort de ses enfants, que lors des
résultats scolaires, qui, semble t-ils, sont faibles. Sa réaction
et de martyriser ses enfants, selon les dires de la mère qui est une
femme au foyer.
Résumé de l'entretien.
De l'entretien il ressort les conclusions suivantes :
a. le côté relationnel père-enfant est
caractérisé par l'agressivité poussée à
l'extrême.
b. aucune affection
c. une famille dysfonctionnelle
d. rendement scolaire entre moyen et nul.
e. éprouve de la haine et de la rancoeur pour le
père
f. éprouve une grande difficulté à
communiquer «introvertis »
g. tendance suicidaire.
Le 3me cas : A.F, âgé de 08 ans,
élève en 3me année fondamentale.
Fils unique, ne parle pas, n'a pas d'amis. Les signes de
l'agression apparaissent sur son épaule (zones bleues). Son père
est fonctionnaire dans une société de publicité sa
mère fonctionnaire dans une institution spécialisée. Selon
les dires de la mère, son mari a eu de mauvaise relation avec ses
frères, on le méprisait, d'où son excès de
nervosité. Son père le traitait avec agressivité.
Résumé de l'entretien.
Il ressort de l'entretien que malgré la situation
économique aisée, cela n'a pas empêché que cette
famille vive dans une atmosphère électrique due essentiellement
au traumatisme apparent dont souffre le père, ayant vécu lui
même dans une atmosphère d'agressivité, ayant pour
résultat la haine et la rancoeur. Mais cette fois, cette haine et cette
rancoeur sont dirigées vers ses enfants et sa femme.
Nous pouvons dire que si le père a eu la chance
d'être pris en charge par les services concernés, la situation que
vit actuellement sa famille serait autre, c'est à dire une
atmosphère conviviale.
Pour ce qui est de l'enfant on peut tirer les conclusions
suivantes :
a. l'enfant ne communique plus, ou rarement.
b. Introverti
c. Eprouve de la haine et de la rancoeur envers son
père
d. Représentation de l'image du père
négative.
e. Résultats scolaires médiocres.
4me cas : L.A. âgé de 11 ans,
élève en cinquième année
fondamentale.
Situation économique faible, résultats scolaires
faibles depuis la première année fondamentale. Son père
chômeur, sa mère au foyer. Les signes de violence sont apparents
aux visages, à l'abdomen et sur ses mains. La relation familiale entre
le père et sa famille n'est basée que sur l'agressivité et
l'humiliation, d'après la mère, la nervosité du
père est due, aux nombreuses années passées en prison.
Résumé de l'entretien.
De l'entretien, il apparaît que la famille vit le
marasme économique au quotidien, ceci a eu une influence négative
sur le coté relationnel. En plus de la vie dure qu'avait subit le
père pendant les années de prison, laissant sa famille sans
aucune prise en charge. S'il y'avait des centres spécialisés qui
s'occupaient de ces prisonniers, qui passent un nombre d'années en
prison en vue de leur réinsertion, ou du moins l'existence d'une
assistance psychologique à l'intérieur de ces prisons, peut
être que l'intensité de cette agressivité
caractérisée serait diminuée et qu'elle n'aurait pas
à resurgir aujourd'hui. Pour ce qui est de l'enfant, les
répercussions de cette agressivité sont :
a. l'enfant est introverti
b. il est angoissé, traumatisé
c. son rendement scolaire est très faible
d. la représentation de l'image du père est
négative.
Conclusion
Cette étude psychologique, démontre clairement
l'impact de l'agressivité paternelle sur le développement
psychosociologique, affectif et cognitif de l'enfant. Il apparaît
clairement que les comportements nuisibles des parents « inconscients
», laisseront des séquelles indélébiles,
généralement dramatiques, sur l'avenir de l'enfant. Encore
faudrait-il rappeler qu'il s'agit d'aider son environnement familial, afin que
celui-ci lui permette de vivre et d'appréhender l'avenir avec
sérénité.
5-6- Les enfants désavantagés : enfants
handicapés.
La convention des droits de l'enfant stipule que « les
enfants, ont droit à un traitement, une éducation et des soins
spéciaux et bénéficient d'une aide à chaque fois
que possible compte tenu des mesures financières de leur parents »
(article 23). D'emblée, on peut déduire le caractère
diversifié de l'aide à apporter à ces enfants en fonction
de la situation financière de leurs parents. C'est à dire :
point de place à l'uniformisation de l'aide et de financement.
« Le peu d'argent », dont dispose, l'Etat devra être
acheminé vers les familles les plus vulnérables, ayant des
enfants désavantagés, handicapés.
Dans la législation Algérienne, on peut lire
à travers le décret n° 80-59 du 08 mars 1980 portant
création, organisation et fonctionnement des centres médico-
pédagogiques et des centres d'enseignements spécialisés
pour l'enfance handicapée. Ce décret a favorisé la mise en
place de structures de prise en charge psychologique et médicale des
différents handicaps.
Un dispositif législatif et réglementaire de
soutien aux enfants a été mise en place et consiste en :
- l'exonération de IRG (Impôt sur revenu globale)
- la gratuité et les réductions sur les tarifs de
transport
- l'attribution d'une pension pour handicapés lourds.
- L'attribution d'une allocation forfaitaire de la
solidarité (AFS)
- l'exonération des taxes de douanes sur les importations
de matériels, véhicules aménagés, appareillage
destinés aux invalides.
- L'exonération de TVA (taxes sur la valeur
ajoutée).
- Mise en place d'un dispositif en facteur de l'insertion
professionnelle des handicapés.
La réalité sur terrain.
Dans les années fastes, la famille n'avait guère
besoin de l'aide de l'Etat, mais le passage brusque d'une économie
dirigée vers une « économie de marché » a eu des
conséquences néfastes sur les couches défavorisées.
« Estimée à 1989 à quelque 800.000
nécessiteux, cette catégorie est passée en 1999 à
plus de 1.900.000 personnes. Dans dix ans, ce chiffre sera revu à la
hausse et atteindra 3.600.000 personnes, demandeurs de protection sociale.
Estimé à quelque 02 millions, la population
handicapée vit dans une situation déplorable, plus de 1.200.000
infirmes sont délaissés par l'Etat. Ce dernier ne peut prendre en
charge que 800.000 handicapés. Quelques 210.000 handicapés
bénéficient d'une aide directe de l'Etat, dont 8600
enfants» (34).
Prenant le dernier chiffre, puisque c'est de l'enfant dont il
s'agit. D'après le ministère de la solidarité en 1999, le
nombre d'enfants handicapés entre (0-15 ans) est de 140.000 soit 1.2% de
la population globale. Répartie comme suit :
- le taux des non - voyants est de 16.5%
- la taux des mal - entendants et de 47.1%
- le nombre d'enfants en danger moral est de 12.000
- le nombre d'enfants illégitime est de 3000
A en croire ces chiffres, il se trouve qu'il y'a [140.000
(chiffre officiel) - 8600 (chiffre donné par l'organe de presse
Liberté)] donc, on a 131 '400 enfants, qui ne sont pas pris en charge et
oubliés par l'Etat.
Actuellement, on peut avancer que la société
pour diverses raisons, dont l'effondrement des valeurs ancestrales est
certainement le facteur le plus déterminant, est
caractérisée par le rejet pur et simple de l'enfant
handicapé. Cette attitude, on l'a trouve chez les sociétés
du moyen âge et dans la politique du troisième REICH.
De telles pratiques n'ont surgi que récemment.
L'attitude humanitaire et solidaire, qui caractérisait la
société traditionnelle, s'est transformée en une attitude
individualiste, laissant à l'Etat le soin de s'occuper des handicapes
mentaux et physiques et, de les prendre en charge.
Or l'Etat dans toute sa majesté, d'après les
officiels, n'a plus les moyens de faire face à cette catégorie
d'handicapés d'une manière particulière, et celle des
enfants d'une manière particulière.
Nous ne cherchons nullement à incriminer, ni l'Etat, ni
les élus du peuple, nous tenons simplement, en termes simples, à
démontrer que les moyens qu'on pourrait mettre à la disposition
de ces 140.000 enfants handicapés, ne sont pas du tout impossible
à trouver.
Les représentants du peuple, savent très bien,
que le budget alloué pour les festivités par les communes et les
wilayas, se chiffre en milliards de dinars. Ils savent aussi, que les
assemblées populaires communales et les assemblées wilayales, et
pour des calculs purement politiciens, déboursent annuellement des
milliards de centimes pour soutenir et financer des clubs de football. Et
enfin, ils savent très bien que cet argent est utilisé dans des
transactions et transferts douteux.
Il serait juste de mettre cet argent au service des centres
spécialisés et au service des familles, ayant des enfants
handicapés, afin de subvenir à leur besoin. Aussi, nous tenons
à lancer un appels aux âmes charitables, aux institutions
privées, qui ont énormément d'argent, d'investir dans ces
centres, avec un contrôle rigoureux de leur part, et pourquoi pas devenir
un membre d'honneur au sein de l'administration de ces centres. Au lieu
de sponsoriser un gala, il serait mieux de collaborer à
l'éclosion sur les visages de ces enfants du sourire et du bonheur, de
la santé et de la paix.
Nous ne sommes pas du tout contre les activités
sportives, artistiques ou culturelles, mais nous estimons qu'il faudrait
d'abord assurer le mangé et la santé à ces milliers
d'enfants. Plus tard, on pourra réfléchir sérieusement
à l'art, au sport et à l'éducation.
Ce qu'il faudra savoir, c'est que l'enfant handicapé
n'a pas besoin de notre pitié, qui n'a d'autre effet que de le blesser
au plus profond de lui même et de le décourager. Aussi, « si
l'enfant paralysé se sent constamment objet de curiosité, il peut
développer un complexe d'infériorité avec les
séquences psychologiques qu'il entraîne : angoisse, perte de
confiance en soi, repli sur soi, attitudes. Antisociales »
(35).
Ce que l'enfant handicapé attend de la
société, c'est tout juste sa place, ni plus ni moins, c'est
à dire de la considération de la même manière que
les autres enfants, avec le peu de droits dont ils disposent. Il ne demande
rien d'autre que sa dignité soit respectée. La
collectivité, ainsi que l'Etat, ont le devoir de prendre en charge
l'enfant handicapé pour qu'il cesse d'être un paria de la
société. En terme simple, il réclame le droit de
cité, le droit à la citoyenneté. C'est exactement
ce que ressentent les enfants victimes des conflits armés.
5-7- Les enfants victimes du conflit
armé.
7-A- L'héritage de la guerre.
L'article 38/4 de la convention stipule que « les Etats
parties sont tenus de prendre toutes les mesures possibles pour que les enfants
touchés par un conflit armé bénéficient d'une
protection et de soins ».
La législation Algérienne stipule que « les
enfants victimes d'actes terroristes sont régulièrement et
immédiatement prise en charge par les pouvoirs publics au double plan
physique et psychologique au niveau des centres conçus à cet
effet ».
A ce sujet, nous ne cherchons pas à faire le
procès des pouvoirs publics caractérisés par leur lenteur
remarquée quant à la prise en charge de ces milliers d'enfants,
ayant étaient témoins des scènes d'horreurs et de barbarie
indescriptible. Ces scènes d'horreurs ont dépassé, de par
leurs atrocités et leur intensité, ce qu'avait enduré le
peuple algérien à travers toutes les conquêtes.
Ces scènes atroces ont laissé des traces
indélébiles et pour longtemps, sur les enfants. Ce conflit
armé nous a légué une très lourde tribu. Environ
7000 enfants orphelins, dont les parents ou le père est terroristes,
plus de 40.000 enfants victimes du terrorisme, plus de 3000 femmes ou jeunes
filles violées, et 20 milliards de dollars de dégâts
matériels.
Ces milliers d'enfants sont en réalité une
« bombe à retardement » prête à exploser si les
pouvoirs publics et la « société civile » ne redoublent
pas d'efforts quant à la prise en charge de ces enfants, car cela
relève de leurs droits.
7-B- Les enfants des terroristes.
Comment se sentent-ils ? Comment se représentent-ils
l'image de la société ? Comment la société les
perçoit-elle ? Quelle perspective pour ces milliers d'enfants ? Tant de
questions, qui trouvent des réponses explicites, dans l'attitude de la
société elle- même.
« Gênés par le regard de la
société, les enfants issus de familles des terroristes, vivent au
quotidien le mépris et la haine. Sont-ils responsables des actes de
leurs parents ? Méritent-ils ce sort du «bannissement» ?
Montrés du doigts. Ils s'en vont sous un poids lourd
à porter sur des chemins qui n'augurent rien de bon. Un avenir
bâti sur la haine, le mépris, la Hogra engendrera à coup
sûr une ère de violence et de terrorisme, s'ils ne sont pas pris
en charge. Ne dit-on pas que l'histoire à tendance à se
répéter. Après l'indépendance, on n'a rien fait
pour canaliser la haine et la rancoeur nourries, par un discours
démagogique développé envers les enfants des Harkis. Pire,
on leur a collé l'étiquette de l'enfant du traître à
qui il ne faut pas faire confiance, le résultat : ces enfants, se sont
mis sur la défensive jusqu'au jour où cette rancoeur envers le
peuple, et grâce au climat politique des années 90, a
réapparu au grand jour. Eh bien ! Là Aussi nous sommes entrain de
refaire la même erreur. Ils sont oubliés dans leur détresse
et leur tristesse. Mais qui se rappellent que ces enfants existent ? Qui a
prévu dans son programme une place pour eux ?
« Saddek 14 ans, courbe l'échine sous le poids du
cageot de pommes de terre qu'il transporte sur son dos. Il courbera
l'échine, quand ses camarades lui rappelleront sans cesse que son
père est terroriste. Son histoire commence en Juin 1991 quand son
père est élu sur la liste des candidats du front islamique du
salut (FIS) dans une circonscription de l'Est Algérien, depuis la vie de
cet enfant, âgé de 07 ans et bon élève à
l'école, prend une nouvelle dimension. Petit à petit, il voit le
milieu dans lequel il grandit se métamorphoser. Sa mère opte pour
le «Djelbab» (voile islamique) et commence à lui corriger son
vocabulaire,
ainsi «El Machina» (le train) devient «Et
Quitar », et « tomobile » (la voiture) devient
«Essayara». Sa soeur, plus jeune que lui de quatre ans, est
ficelée comme dans un paquet dans un semblant de hidjab gris.
Saddek regarde ce drôle de père qui laisse
pousser sa barbe et ne met désormais plus que des pantalons qui
s'arrêtent au mollet sur des chaussettes de Nylon et une sorte de tunique
du même ton que le pantalon.
L'enfant a conscience que ses parents attirent l'attention dans
la rue par leur accoutrement, mais il est loin de se douter qu'un jour ils vont
être traquées (...).
Saddek ne dit rien de la mort de son père. Mais, au
désespoir de sa mère, il quitte l'école. Par ailleurs,
cette famille, s'est retrouvée dans une situation délicate, sa
mère n'a jamais travaillé et ne peut pas subvenir aux besoins de
ses enfants. Son mari ne lui a rien laissé, sauf une lourde charge.
Les gens se sont détournés d'eux et seul un ami
de son père et voisin a offert un petit travail à saddek «
tu dois faire attention à ton fils ! Fais en sorte qu'il ne suive pas
les traces de son père !» dit le voisin à la mère.
Mais comment peut on protéger un enfant si tout lui est refusé ?
» (36).
Saddek fait partie de ces milliers d'enfant, dont les parents
sont des terroristes, que le sort n'a pas gâté. Leurs seules
erreurs c'est d'être né sous une mauvaise étoile. Le sort
en a décidé ainsi. Mais est-ce juste de les rendre coupables des
crimes commis par leurs parents. Est-ce juste de les condamner dans le
mépris et l'ignorance ? N'ont-ils pas assez bavé, durant ces dix
dernières années de guerre, pour que cette «
société civile » en rajoute, à leur malheur et
à leur marasme ? Ce mépris et cette brutalité
poussés à l'excès créeraient en leur
«intérieur » un fatalisme qui les dirigerait tout droit vers
l'exaspération. Une autre étincelle dans un futur proche
embrasera de nouveaux cette Algérie, fracturée de bout en bout,
et ces enfants seront les premiers à faire le maquis.
« L'histoire qui va suivre s'est passée, lors d'une
réunion d'association d'enfants dans un milieu hospitalisé :
Les discussions allaient bon train sur la façon et les
moyens d'aider efficacement les enfants victimes du terrorisme, un membre d'une
association prend la parole : « je suis prêt à apporter ma
contribution à vos projets, mais il est hors de question que j'aide les
enfants des terroristes ». Une assistante sociale se lève, et
quitte la salle, pour revenir plus tard, dans ses bras un enfant, elle le hisse
dans les aires, et lui dit en colère « bouffe-là, si tu veux
ou si tu peux » (37).
Comment peut-on qualifier ce qui s'est passé dans cette
réunion. Tout simplement, et évitant de prendre partie prie, nous
disons simplement que c'est de l'invraisemblable
B-1- Le vécu psychologique des enfants des
terroristes (38).
Du point de vue méthodologique, nous avons
utilisé l'entretien semi directif, l'analyse du contenu logico
sémantique afin de répondre à la problématique
suivante : quel est le vécu psychologique de ces enfants ? Comment se
représentent- ils l'image de la société ? Il ressort de
l'enquête effectuée sur 40 enfants (20 enfants dont les parents
sont terroristes, et 20 enfants dont, les parents sont victimes du terrorisme),
et par le biais de l'analyse du contenu de l'entretien, (04) concepts
caractérisent la personnalité de ces enfants : l'angoisse de mort
100%, l'angoisse de l'avenir 100%, l'envie de se venger 75%, la haine envers la
société 100%.
Cela démontre clairement, à travers
l'enquête, que d'une part l'enfant vit un traumatisme intense, et d'autre
part, que la société tout entière, inconsciente de ce qui
se passe en son intérieur, est entrain de couver une «autre
génération » d'un autre temps et d'une autre ère et,
qu'elle serait prête, quand tout les «ingrédients »
seront réunis, pour se soulever encore une fois. Mais à la
différence de la première crise, le second soulèvement
sera plus violent, plus intense. Pire, il touchera cette fois-ci toute la
société. Vu le nombre élevé d'enfants, dans notre
enquête, nous prenons quelques exemples :
Cas n°1
Prénom : Chihab
Age : 8 ans
Entretien :
Question : qu'est ce qu'il fait ton père ?
Réponse : il est dans le maquis.
Q : Où ?
R : A Collo
Q : La date à laquelle il a rejoint le maquis ?
R : 1990.
Q : Comment est-il mort ton père ?
R : Mort assassiné ... l'armée l'a
assassiné.
Q : Où ?
R : Ils l'ont assassiné au « HAOUCH »
Q : Cela remonte à combien ?
R : Cela fait trois ans.
Q : Tu veux nous raconter ?
R : Moment d'hésitation - j'étais
présent, quand ils l'ont amené à la maison. Il
était enchaîné, puis ils l'ont assassiné devant
nous... puis ils ont insulté ma mère ... et ils l'ont
emmené en prison.
Q : Toi et tes frères qu'êtes vous devenus ?
R : On est resté là sans dire un mot... sauf que
mon petit frère de 3 ans pleurait... quand ils sont parties, les voisins
sont venus et ils nous ont emmenés avec eux... ils ont contacté
nos grand parents, qui sont venus aussitôt et nous sommes partis avec
eux.
Q : Et ta mère pourquoi ils l'ont arrêtée
?
R : Ils lui reprochent de ne pas dénoncer mon
père.
Q : Combien de temps ta mère est restée en prison
?
R : Une année et demie.
Q : Chihab, qu'est ce que tu veux faire, quand tu sera grand ?
R : Comme mon père .... Un moudjahid... et je me vengerais
de l'armée.
Q : Pourquoi ?
R : Notre père nous a conseillé de suivre ce
chemin... et il nous a dit que ce chemin est juste... maman aussi. Parce que
l'armé est impie.
Q : Qu'espère tu devenir ?
R : Je veux devenir docteur
Q : Quoi encore ?
R : Que mon père revient et que nous vivions comme nous
étions avant.
Q : Penses-tu à ton père ?
R : Je le vois dans mes rêves... j'ai peur... je me
réveille chaque nuit et je pleurs.
Analyse de l'entretien
Il ressort de l'entretien, que cet enfant a vécu dans
un environnement caractérisé par les idées
fondamentalistes. Il a été emmitouflé et
enrôlé par une éducation qui le rend fataliste et lui
procure une assurance, que les idées et les actes commis par son
père sont justes et justifiés. Il va jusqu'à
qualifié son père de Moudjahid sans aucune hésitation, ni
peur. Au contraire, il est très fière de son père et il a
envie qu'il revienne.
Il ressort de l'entretien, que l'enfant a un sentiment
d'ambivalence. L'envie de suivre les conseils de son père, et l'envie
d'une indépendance, devenir médecin, symbole de l'aide et de la
solidarité. Etre tout simplement au service de la
société.
Ce coté humanitaire réapparaît clairement
et surplombe ce côté masochiste. Ce message est destiné
à cette «société civile » et les pouvoirs
publics. Ce message se veut comme un cri d'alarme. En des termes simples,
Chihab représente deux personnalités : Celui d'une machine de
guerre prête à faire «table rase », si l'on ne canalise
pas cette énergie destructive due au traumatisme. Et celle d'une
énergie constructive, prête à service la
société, qui a besoin de tous ces enfants, pour se relever au
rang des Nations civilisées respectueuses des valeurs humanitaires et
universelles.
Commentaire de l'entretien.
La conclusion que nous pouvons tirer, est que cet enfant a
vécu un drame d'une intensité violente, surtout quand on sait que
cet enfant a été « convié » a participer,
malgré lui, à l'exécution de son père, c'est ce qui
lui a donné une certaine confiance en soi, et une autorité et une
assurance de ce que faisait son père est juste. C'est ce que lui donne
le courage de se venger quand ils sera grand.
Sa vie est alimentée par le scepticisme, et le
mépris envers l'autorité, et l'esprit de vengeance grandit en lui
de jour en jour.
Cet enfant a peur, il est angoissé, il est convaincu qu'un
jour l'armée, impie d'après les dires de son père,
l'exécutera comme elle l'a fait avec son père.
Cas n°2
Prénom : Taki Eddine
Age : 12 ans
Entretien :
Question : Que faisait ton père ?
Réponse : Il travaillait chez « El houkouma »
(l'Etat)
Q : Quand est-ce qu'il est mort ?
R : Il y a 3 ans
Q : Il est mort où ?
R : Il est mort devant nous.... l'armée l'a
assassiné !
Q : Raconte nous comment il est mort ?
R : J'ai rien vu ...
Q : Pourtant tu étais présent ?
R : J'ai oublié.
Q : L'armée, est-elle venue chez vous ?
R : Un jour, ils sont venus tôt le matin,... on est
sortie moi, mes frères et ma mère... mon père est
resté à l'intérieur... il y a eue un échange de
coups de feu ... et il est mort. Il a blessé trois de ces gens...
Q : Où étiez- vous ?
R : Nous ... dans le jardin... ils ont fait sortir mon
père... mort... couvert de sang... ils tiraient des coups de feu... et
rigolaient... puis ils ont fait exploser une bouteille de gaz à
l'intérieur de la maison... ils ont pris les affaires de mon
père.
Q : Qu'est ce qui te fais peur ?
R : J'ai peur de l'armée... j'ai peur qu'ils reviennent
pour nous assassiner... je ne peux pas rester seul à la maison... je
rêve de mon père... je crie et je pleure.
Q : Quand tu seras grand, qu'est ce que tu feras ?
R : Je veux devenir « T'bib » (médecin)
Lors de notre entretien avec la mère, il ressort que
son fils Tarek s'est métamorphosé. Avant la mort de son
père, Tarek était ouvert et épanoui. Mais après, il
s'est subitement introverti, il est devenu silencieux, on a l'impression qu'il
vit dans son «monde» à lui. Il était très
attaché à son père... il est devenu instable,
angoissé en l'absence de son père. Il ne peut plus resté
seul, et si on frappe à la porte, il vient tout de suie se mettre
derrière sa mère.
Elle essaye, tant bien que mal, à ne pas relater les
événements qui sont à l'origine de l'éclatement de
la famille. Et elle tient à ce que ses enfants ne se remémorent
pas le calvaire vécu il y a 3 ans. Mais cet événement, est
en « eux ». Il est dans leur « intérieur ».
A travers leurs jeux. On remarque qu'ils
«s'identifient» aux rôles des services de
sécurité, et celui de leurs pères. Ils fabriquent les
armes, des fois, avec la galette. La mère est angoissée à
l'idée que ses enfants développent un esprit de haine et de
vengeance. Elle a perdu son mari, et elle ne veut pas perdre ses enfants.
A la question, quant à leurs réactions, quand
ils retournent sur les lieux du drame. Elle répond, quand on retourne
là-bas, ils vont directement près de l'endroit où le corps
de leur père a été déposé. Ils se penchent
jusqu'à sentir son sang, qui n'a pas encore disparu.
Cette femme sous le poids de la responsabilité, sans
ressource aucune, essaye, tant bien que mal, a élever ses enfants dans
cette esprit de paix et de concorde. Et son intention tel que nous l'avons vu
et suivi et vraiment sincère. Sauf que, elle seul, ne pourra
élever ses enfants sans l'aide immédiate des pouvoirs publics.
L'analyse de l'entretien.
Cet enfant a vécu dans ses moindres détails
l'assaut donné par les services de sécurité pour mettre
hors d'état de nuire le père. Cet événement
traumatisant a laissé des traces indélébiles, qui sont
dramatiques pour son avenir.
La fragilité, tant physique que morale, qui
caractérise cet enfant nous incite à l'entourer de la meilleure
protection possible.
Tarek est introverti, il a fallu plusieurs séances pour
qu'il ait accepté de parler. L'impact de l'événement est
apparent, (j 'ai oublié). Cette expression explique son envie de fuir.
En plus, il est angoissé à l'idée que les services de
sécurité reviennent un jour pour le tuer, lui, et sa famille.
Il manifeste une grande peur, quand on frappe à la
porte et n'aime pas rester seul. Ce comportement démontre clairement
l'intensité du traumatisme, marqué par des cauchemars, où
il voit son père couvert de sang. Cette image atroce est bien
ancrée dans son « intérieur », malgré les
efforts de sa mère et de l'équipe psychopédagogique. Cet
enfant n'est pas encore arrivé à sortir du
«gouffre».
Ce sujet éprouve une haine et une vengeance d'une
très grande intensité, qu'il faudra canaliser et verser dans des
activités sportives et artistiques, seul moyen d'éviter que
l'enfant, verse dans le terrorisme.
Résultats et commentaires.
Il ressort de l'entretien , que le vécu psychologique
de Taki est caractérisé par la peur, l'angoisse de mort, la haine
et la vengeance, la régression et l'inadaptation affective. Ces traits
de sa personnalité ne sont que les résultats de ce traumatisme,
auquel il a été soumis.
Pour ce qui est de la représentation de l'avenir, on
peut remarquer qu'il y a une ambivalence : l'envie de devenir médecin et
l'envie de se venger. Comme on peut le remarquer. Ce traumatisme a fait
basculé ses rêves et ses projets d'une extrémité
à l'autre : du médecin à celui de l'assassin.
Conclusion :
Toutes les mères, de notre enquête, se sentent
coupables de ne pas prendre leurs responsabilités au moment voulu.
Aujourd'hui, ces mères sont unanimes, elles sont toutes convaincues
qu'elles auraient pu fuir, elles et leurs enfants de cette atmosphère de
terreur et de haine, et éviter à leurs enfants tout contact avec
leurs pères et avec les groupes armés.
Ces femmes sont unanimes quant à leurs
responsabilités et à ce qui arrive à leurs enfants :
« Notre égoïsme, notre opportunisme, et non la peur, ont fait
que nous sommes restées et soutenues nos maris, pire à encourager
leurs actes, et à initier nos enfants aux idées fondamentalistes
destructives... . Aujourd'hui, voilà que nous récoltons la
tempête et, ce qui est désolant dans toute cette tragédie,
c'est que nous sommes toutes seules, après un semblant de
solidarité de la part des « amis » de nos maris et quelques
groupes, qui s'empressaient à l'époque de nous prêter de
l'aide. Maintenant, nous sentons que nous «sommes conjuguées au
passé ». Voilà le sentiment de ces femmes
délaissées, avec leurs progénitures, aux abois sans aucune
aide, ni ressources.
Où est la société civile ? Où sont
les politiciens de tous bords ?... Sur terrain, on a remarqué que
l'Etat, malgré le retard enregistré, suppléait à
tout ce «beau monde». Une prise en charge totale de ces enfants,
ayant des parents terroristes, exige de nous, non pas de la pitié, mais
une aide, tant sur le plan matériel que psychologique.
Ces enfants, à l'instar des enfants victimes du
terrorisme, vivent les mêmes problèmes psychosociologiques et
psychiatriques. Ils ne demandent pas de la compassion, ni de la
compréhension, ni de l'amour. Ils demandent leurs droits
inaliénables tels que prévu pour la convention des droits de
l'enfant, ni plus ni moins.
7-C- Les enfants victimes du terrorisme.
Combien sont-ils ? Dix milles... trente milles... 40.000
milles. Le chiffre importe peu. Ce qu'il importe de savoir, c'est que ces
enfants ont droit à une prise en charge totale, ainsi que leur
environnement, où ils vivent.
Cette revendication de leurs droits, dans sa formulation
lapidaire semble à la société toute entière
inutile, car évidente. Mais la réalité semble contredire
ce droit qui est évident. La majorité de ces enfants sont
livrés à eux-mêmes, sans aucune assistance.
Est-ce que nous pouvons juger cette société
sévèrement, sans aucunes circonstances atténuantes ? Ou,
essayons-nous de lui donner un alibi, en disant que son oubli est du à
cette culture orale où nous sommes entrain d'évolués ?
A notre humble avis, aucune circonstance atténuante
n'est permise, surtout quand il s'agit des enfants, toute la
société a failli à sa mission. L'échec est
total. Chaque Algérien, digne de ce nom, et qui se respecte,
doit savoir qu'il a participé, qui par son silence, qui, par peur, qui,
par lâcheté, qui, par sa fuite à l'étranger, qui,
par son égoïsme. À l'éclatement de l'Algérie.
Sauf les personnes, qui ont payé de leur vie, pour crier leur
indignation, leur désaccord, quant à là planification
machiavélique perpétrée depuis l'année 1976. A ces
personnes, nous rendons un grand hommage... .
Cette catastrophe, que nous avons vu venir depuis les
années 80, que nous avons berné, que nous avons encouragé
par notre silence, a entraîné chez les enfants des
séquelles physiques et psychologiques indélébiles, qui
seront dramatiques à leur épanouissement et aussi pour l'avenir
de la Nation. Ceci dit, et malgré cette tragédie, la
société ne cesse de démontrer son incapacité quant
à la prise en charge des ces enfants et de leur environnement.
Nos investigations démontrent qu'à coté
de la dynamique familiale et des aspects psychosociologiques dans
l'inadaptation des enfants, le conflit intérieur des catastrophes
vécues paraissent essentielles. Cela nous rappelle que l'amour ne suffit
pas, dans bien des cas, à créer pour les enfants un
équilibre de vie.
Ces enfants ne peuvent prendre conscience de ces «
connexions de la crise », qui ont fait basculer leur vie d'une
manière radicale, et de leur place tant qu'ils ignorent ce qui s'est
passé réellement. C'est-à-dire le comment et le pourquoi
de
cette violence, de cette guerre, de cette tragédie ? Ne
connaissant rien, ils ne peuvent se connaître eux-mêmes et
s'établissent dans une longue crise d'identité. Outre ces
problèmes, il faut faire une place importante à ces enfants
déracinés.
Cette tragédie a déclenché d'immenses
paniques dans les populations rurales, surtout, qui se jetaient dans de
tragiques transhumances : les exodes, le nombre de ces fuyards n'a jamais
été aussi élevé qu'au cours des années
93-97. Ils se compteraient par dizaines de milliers. Ces personnes
déplacées, devenues encombrants à la suite de cette
tragédie pleine de violence, d'atrocité et de barbarie
indescriptible, attendent encore d'être prises en charge par les pouvoirs
publics...
Ces personnes déracinées, ne sont pas
prêtes à revenir sur les lieux d'horreur. Ce pouvoir en place n'a
rien trouvé de mieux à leur offrir que la concorde. Beaucoup sont
installées dans les bidonvilles et les taudis, autour des villes
déjà asphyxiées et où leurs enfants grandissent
dans un environnement indescriptible sauf si on les compare à ceux qui
existaient au moyen âge. Au nord à l'Est ou à l'ouest, la
cohorte de ces réfugiés vient grossir le prolétariat
misérable des villes. Aucun travaille possible pour eux, ils vivent dans
des conditions moralement et socialement inadmissible, et leur nombre ne cesse
de croître.
Parmi ces enfants, victimes du conflit armé,
provoqué par le fondamentalisme orchestré, planifié, et
généré par le biais de l'école, que je qualifie de
dogmatique et sanctuaire des années 80. Combien sont proches de nous,
ceux de Bentalha, de Rais, de Jijel, de Relizane, de Médéa, de
Sidi Belabes, de Oum-El-Bouaghi , de Bechar, de Boumerdes, de Bouira, de
Tizi-Ouzou et ... tant d'autres régions d'Algérie.
« Moi, raconte Salah, je suis venu de mon propre
gré avec ma femme et mes quatre enfants. Je ne suis pas de la
région d'Alger, mais de Jijel (El Aouana). J'avais vécu le
calvaire pendant les premières années de la tragédie
92-93. J'en avais assez. Mes enfants, Chétifs et mal nourris, n'en
pouvaient plus. Aujourd'hui, je suis là, dans ce taudis. Ils (les
terroristes) ne m'ont jamais rien dit, rien fait. La région où
j'habitais, était paralysée (on l'appelait zone libre).
Après un long silence, il dit... vous pensez que le chômage n'est
pas une raison suffisante pour fuir la région ? Je n'ai aucune
qualification, je vivait de mes bras... je suis avec celui qui me nourrit, qui
me procure un logement, un travail... quand on a commencé à
avoir
faim, quand on voit ses enfants s'éteindre sous ses yeux,
à petit feu, on cesse d'être nationaliste. On oublie
l'Algérie
C'est mon cas, et je l'avoue humblement. La faim et
l'humiliation sont les pires ennemies de l'homme. Je sais ce que vous devez
pensez. Il est toujours facile de jeter la pierre quand on n'est pas
soi-même éprouvé». Voilà donc le calvaire de ce
monsieur et tant d'autres, malgré, qu'il n'a pas subi les affres du
terrorisme, se trouve touché de plein fouet par cette crise. Que dire
alors des familles victimes du terrorisme !...
En Novembre 1995, Bentalha et Rais à l'Est d'Alger.
Après la tragédie, qui a fait énormément de
victimes et qui a traumatisé l'ensemble de la population des deux
localités, avec une très grande intensité chez les couches
vulnérables, les enfants et les femmes (...) En somme cette
tragédie a laissé une population exsangue. Nous nous sommes
déplacés sur ces lieux, le but de notre visite est de relater
avec objectivité le vécu psychosociologique de ces enfants
martyrs, et, que nous sommes convaincus, qu'après le passage de «la
tempête» la société oubliera... mais pour ces milliers
d'enfants, le calvaire continue. Ecoutons la petite Narimane :
Q : Tu étais ici quand les terroristes sont venus ?
R : Narimane secoue la tête, signe de peur et de
l'affirmative.
Q : Tu veux nous raconter ?
R : Nous nous sommes enfuis en direction des vergers, mon
papa, lui, est resté pour défendre nos bien ... nous nous sommes
cachés toute la nuit ... un lourd silence ... ensuite elle continua.
J'entendais des cris des personnes que j 'ai tout de suite reconnu.
Q : Tu n'étais pas loin ?
R : Si, mais ... tout le monde criait, il y'avait
énormément de personnes qui sont restés là bas...
comment voulez vous qu'on n'entende pas... impossible ... Impossible.
Q : Quoi Narimane ? Qu'est ce que tu veux dire par impossible
?
R : Un regard furtif. Puis c'est le silence... on pourrait
nous entendre de la CHINE ! ... même avec une nuit dense, les terroristes
nous ont vu. Ils nous disaient restez ou vous êtes, nous allons venir
vous tuer tous... mais ils ne sont pas venus.
Q : Tu es resté toute la nuit dans les champs ?
R : Ce n'est qu'au matin, que nous sommes revenus. Il n'y avait
plus rien. Toutes nos maisons étaient saccagées... c'est normal
ils étaient nombreux...
ils avaient beaucoup d'armes... et ils sont restés presque
toute la nuit. Narimane, aussi jeune soit-elle, raconte l'histoire -à
bon entendant - comme s'il s'agissait du récit de la vie de tous les
jours.
Q : Et ton père Narimane ? On a tout de suite compris
et remarqué notre indécence. Cette question a rendu son visage
terne, elle nous fixa longuement ... ces beaux yeux bleus étaient pleins
de larmes ... avec une très grande humilité. Elle se retint.
R : maman l'a trouvé devant la porte couvert de sang...
on l'a assassiné avec un sabre ... ici nous sommes une très
grande famille... j'appelle Salim (fils de notre voisin) mon frère...
son père Taher (Ami) (mon oncle)... nous sommes tous frères et
soeurs, cousins et cousines. Vous comprenez... nous avons tous perdus des
frères, des cousins... puis silence total.
En visitant les différents endroits, où la mort
et la destruction étaient visibles, nous avons été
attiré par ces enfants, qui souffrent de malnutrition, notre attention
s'est dirigée vers cette association, malheureusement, il n'y en a pas
beaucoup, les autres, apparaîtront lors des prochaines élections
électorales.
Nous avons constaté aussi, chez ces enfants, l'immense
désire de vivre et d'oublier cette tragédie. Dans le calme et la
sérénité nous avons senti que quelque part, il y `avait
dans cette région de la «Mitidja» un « sentiment de
culpabilité ». Aujourd'hui, ces personnes rêvent et
espèrent que la violence appartiendra un jour au passé et
demandent, qu'avant de les juger, il faudra les comprendre. C'est exactement ce
que disent les grands magistrats «avant de juger, il faut comprendre et
quand on comprend, il sera difficile de juger ». Nous allons suivre ce
conseil et éviter de les jugées.
La responsabilité de l'Etat : De la Rancoeur
à la rupture.
« Rescapée du massacre de Bentalha. Nabila garde
encore des séquelles indélébiles. Un manège dans le
couloir avait attiré notre attention. Des curieux se bousculaient pour
voir le bout de chaire de 8 ans endormi sur son lit et qui est devenu une
« attraction » du fait que ses parents sont des terroristes... lors
des massacres de Bentalha et Rais, beaucoup de gens traversent ce couloir,
juste pour voir, les enfants de l'AIS, comme ils disent ». Toute cette
solidarité, dont on bénéficiée les habitants
rescapés des massacres collectifs ont dévoilé un peu cet
état d'esprit.
Le père de FK a été tué par les
forces de l'ordre. Le reste de sa famille a péri dans le massacre de
RAIS. Le garçon âgé de 9 ans est conscient du drame. Il
sait que son père était terroriste. Il sait que désormais,
il est seul, juste avec sa soeur et une vieille tante sans aucune ressource ni
aide pour survivre.
Les deux associations, qui activent dans cette région,
ont refusé toute aide à cette famille, et aux autres familles,
sous prétextes que leur père, oncle ou frère était
terroriste... Mais qui donne le droit à des associations à
caractère social de juger et de condamner ? Est-ce que F.K, est
responsable des actes de son père, pour être privé de ses
droits ? Pour être affamé, écarté et
marginalisé ? N'a t-il pas payé un lourd tribut en voyant sa
mère et ses autres frères engorgés sous ses yeux ?...
Moloud craintif et fragile refuse de rejoindre l'école.
Il est montré du doigt, car ses oncles et son père, qui ont
basculé dans le camp des terroristes ont été tués
par les forces de l'ordre. Ces enfants ne veulent plus jouer. Ils n'ont jamais
été pris en charge, ni participé aux nombreuses sorties en
plein aire ou festivités organisées par les associations. Plus
grave, certains voisins affligent à ces enfants un traitement
sévère : « par sa faute, les nôtres sont morts »
disent-ils.
Mais ce qu'ils n'arrivent pas à admettre, c'est que
à un moment donné, tout les villageois, qui habitaient dans les
fiefs de l'AIS (Armé Islamique du Salut) ont soutenu, par peur ou par
conviction, les terroristes dans leur folie meurtrière. N'oublions pas,
que pendant l'année 90-9 1, le FIS a raflé la majorité des
sièges, lors des élections municipales. N'oublions pas que
pendant les années 9 1-92 et 92-93 les
majorités des personnes, de l'intellectuel à
l'ignorant, appelait ces terroristes des Moudjahiddines. N'oubliant pas, que
beaucoup de personnes servaient de « logistique » au vu et au su de
tout le monde. N'oublions pas, que la majorité des va-nu-pieds, les
voyous, les souteneurs, les bandits, qui soutenaient ces groupes armés,
sont aujourd'hui riches et respectables. N'oublions pas que des
énergumènes font la pluie et le beaux temps, chacun dans son
douar, son village, sa commune, sa Daïra et sa Wilaya. Tout le monde les
connaît. Ces va-nu-pieds, qui étaient pauvres, n'ayant aucun sou
en 1990, se retrouvent aujourd'hui, en l'an 2000, comme par miracle, à
la tête de sommes faramineuses. Qui de nous ne connaît pas cette
vérité ... ces individus, qui ont aidé les terroristes,
n'ont jamais été inquiétés, ni par les services de
sécurité, ni par les groupes armés.
Ecoutons le témoignage de cet adolescent
rencontré, par une journaliste, lors d'un reportage à Ouled Allel
« tout les habitants de Ouled Allel avaient à un moment
donné soutenu les groupes armés. Certains ont donné de
l'argent, de l'or, des armes d'autres ont été indicateurs.
D'autres n'ont rien dit. Ils savaient, mais n'ont rien dit. Se rendant ainsi
complices qu'ils le veulent ou pas (...) pourquoi s'en prendre aux enfants
maintenant ? » (33). La plupart d'entre eux ont vu leurs parents, ou
pères tués par les militaires lors de l'opération Ouled
Allel. Ils ont alors fui avec leur familles. C'est à se demander parfois
ce que sont devenus ces dizaines d'enfants, qui vivaient ici. Se sont des
déracinés qui vivent dans l'anonymat total... les enfants de RAIS
et de Bentalha, de Ouled Allel ont cette « chance » d'appartenir
à la région Algéroise, où toutes, ou presque la
majorité des associations activent - politique oblige-, et surtout quand
on sait que cette région a fait l'objet d'une visite de son excellence
l'ambassadeur des Etats Unis d'Amérique SVP ! Que dire des enfants, qui
vivent en fin fond de l'Algérie ? Cette Algérie profonde, que les
pouvoirs successifs ont toujours reléguée au second plan, et ne
s'intéressent à elle, ne la sollicitent, que pendant les
périodes électorales. Nous citerons les enfants de la
région de Rélizane, de Bel Abbés, de Laghouat, de
Constantine, de Jijel, d' Oum El Bouaké, de Bechar, de
Médéa... ces régions, qui ont vécu le terrorisme,
avec toute sa barbarie laissant, derrière elle, « une masse
d'enfants » oubliée, marginalisée. La déprime,
l'angoisse, la peur sont les seuls facteurs qui «nourrissent » leur
«ego». Ces êtres fragiles meurtris dans leurs chairs ne
rêvent que d'une seule «chose», la
vengeance. La rancoeur dans toute son intensité nourrie
par le mépris, les poussera dans un futur proche à se venger de
toute la société.
Où est l'état ?
La marginalisation existe déjà dans l'entourage
immédiat de l'enfant. Mais, pire encore, il est au sein de
l'administration chargée pourtant d'aider ces enfants.
Devant ce constat de faillite de la «
société civile ». L'enfant est moins souvent
protégé que le plus modeste des sujets algériens. Peut-on
admettre que même dans la société qui revendique et
valorise la Rahma et la concorde, la condition de l'enfant reste
inchangée ? L'Etat devrait se substituer à cette «
société civile » défaillante pour apporter tous les
soins et protection à l'enfant.
Au risque de nous répéter, cela relève du
droit de l'enfant. L'Etat doit, aussi collaborer avec les instances
internationales l'UNICEF, l'UNESCO et écouter les spécialistes
algériens et non les associations. Les subventions allouées
à ces dernières devront être distribuées aux
équipes de recherches en sciences humaines et sociales. Les
résultats auxquels vont aboutir ces recherches aideront l'Etat à
planifier des stratégies et contrecarré d'autres fléaux
sociaux, que les 10 années de guerre, ont laissés...
Un lourd tribu nous a été légué,
une fois cette guerre terminée, le plus difficile est à craindre
: la pauvreté, le chômage, la prostitution avec son lot de
problèmes, la toxicomanie, le banditisme, l'aliénation etc.
C'est-à-dire que dans un futur proche, si l'Etat ne prend pas ses
responsabilités, ces enfants se sentiront marginalisés, trahis et
oubliés, et pourront, par haine recréer une autre forme de
terrorisme : le banditisme et le crime organisé.
C-1- Le vécu psychologique des enfants victimes
du terrorisme.
Cas n° 1 : Sophiane
Age : 13 ans
Niveau scolaire : 5me année fondamentale
L'entretien clinique.
Q : Tu habites où maintenant ?
R : Dans le centre.
Q : Pourquoi on t'a ramené au centre ?
R : Maman est en prison, mes frères aussi, mes soeurs sont
dans un autre centre (le Chalet / Constantine) !
Q : Pourquoi ta mère et tes frères sont en prison
?
R : Ma mère préparait la nourriture pour les
terroristes .... Ils ont trouvé les armes sur eux (mes
frères).
Q : Et ton père, où est-il ?
R : Mort... Ils l'ont assassiné.
Q : Tu veux nous raconter comment ?
R : Il s'est pendu au tronc d'un arbre.
Q : pourquoi s'est-il suicidé ? Un très long
silence, il se noie dans son monde. Il semble perdu. Sofiane veux-tu qu'on
arrête ?
R : Ils sont venus, ils l'ont engorgé, ils l'ont suspendu
à l'arbre.
Q : Qui on ?
R : Les terroristes... ils sont venus pour l'emmener avec eux
aux maquis (Djebel). Il a refusé. Ils l'ont menacé... puis ils
l'ont égorgé avec un sabre.... Ils l'ont traîné et
l'ont suspendu à l'arbre de notre jardin « Haouch ».
Q : Tu étais présent quand ils sont venus ?
R : Oui.
Q : tu peux nous raconter ?
R : On était tous à la maison, les terroristes,
nous ont fait sortir de la maison, mon père, mes frères, mes
soeurs, et maman dans le jardin, puis ils l'ont ligoté, lui ont
bandé les yeux et avec un sabre, ils lui ont coupé la gorge, puis
suspendu à l'arbre.
Q : Et après que s'est-il passé ?
R : Ils ont dit à mes frères Djamel et Mouloud, la
prochaine fois sa sera votre tour.
Q : Qu'est ce que vous avez fait, une fois qu'ils sont partis
?
R : Rien, on pleurait.
Q : Comment ta mère et tes frères ont
été arrêtés par les services de
sécurité ?
R : sous la menace, ma mère a commencé à
préparer les repas aux terroristes, quand l'armée a pris
connaissance, ils sont venus et ils l'ont emmené. Mes frères
aussi ont été arrêtés parce qu'ils cachaient des
armes. Ensuite ils ont brûlé notre maison.
Q : Toi et tes soeurs vous êtes resté où ?
R : On est resté chez mes grands parents. Puis ils nous
ont ramenés aux centres.
Q : Sofiane. Qu'est ce que tu veux faire, une fois grande ?
R : Rien, je ne sais pas.
Q : Est ce que tu as un souhait ?
R : Rien je veux rentrer chez moi... moi, mes soeurs mes
frères et ma mère. C'est-elle qui m'a dit qu'elle a construit
pour nous une nouvelle maison.... Mais j 'ai peur que les terroristes
reviennent pour nous assassiner... comme ils l'ont fait avec mon
père.
Commentaire de l'entretien.
Cet enfant a été témoin de l'assassinat
de son père par les terroristes. Notre première impression est
que cet enfant souffre, suite à ce traumatisme. On perçoit
clairement l'impact de cet événement sur l'aspect psychologique :
son silence perçant lors de l'entretien, introverti très timide
et surtout méfiant. Car malgré, le climat convivial que nous
avons créé, cet enfant ne nous a jamais dévoilé le
viol collectif subit par ses soeurs, perpétré par les
terroristes, et surtout l'inceste commis sur ses soeurs par ses frères.
Tout ces événements aussi catastrophiques les uns que les autres
ont laissé des traces indélébiles sur sa
personnalité fragile : il aime l'isolement, très timide et parle
peu.
Cet enfant est très angoissé, il a peur de la
réaction de la société... il sait qu'autour de lui
l'environnement est toujours hostile, qu'il y'a de la haine, de la rancoeur, de
la vengeance, du mépris. C'est pour cette raison qu'il est
méfiant. Il cache la vérité, il ne veut pas que l'ont
sache que son père a été assassiné par les
terroristes, il ne veut pas qu'on sache qu'il est une victime... Il a peur de
tout le monde. Il y'a une crise de confiance qui s'est cristallisée
à « l'intérieur » de tous les enfants de notre
enquête et la société. Les enfants des terroristes
craignent la société et les services de sécurité.
Les enfants victimes du terrorisme craignent les terroristes et disent
répugner des mesquineries de la société.
L'un comme l'autre, ont un sentiment commun. La crise
de confiance s'est installée entre eux et la société.
Cette crise de confiance est apparente chez Sofiane : il essaye de
cacher la vérité sur la mort de son père par peur des
terroristes, symbole de l'horreur et, évite de parler de sa mère
par crainte des services de sécurité : symbole de
l'autorité. Pour lui les terroristes ont assassiné son
père. Et l'armée a brûler leur maison et mis sa mère
et ses frères en prison. Cette crise de confiance le rend
méfiant, de tous ce qui l'entoure, et a entraîné chez cet
enfant la perte de confiance, la perte de l'espoir, le futur pour lui, ne
signifie rien. Son souhait c'est de retrouver cette affection maternelle perdu
il y'a 3 ans. Tout en gardant en son « intérieur » cette peur,
une fois rentré chez lui, les terroristes débarqueront et les
assassineront. Ceci prouve que l'angoisse de mort, la terreur, la peur sont
« le pain quotidien de Sofiane »
Résultats et commentaires.
De l'entretien, en remarque clairement que Sofiane vit le
calvaire dans son « intérieur », malgré les trois
années passées loin du lieu du drame. Et cela malgré les
efforts louables de l'équipe psychopédagogique du centre. Cela
est dû à l'intensité de cette « somme »
d'événements aussi catastrophiques les uns que les autres.
L'assassinat de son père, sa mère ses frères en prison,
ses soeurs violées par les groupes armés, puis par ses
frères. Ce qui provoque en lui, une perte d'identification, de
régression et développe une personnalité
mélancolique, d'où une personnalité suicidaire. Sofiane
donne l'impression d'être calme, mais à travers le dessin, on voit
clairement le côté caché de sa personnalité.
En conclusion : on peut dire que Sofiane et tant d'autres
enfants ayant vécu un double événements, doit
bénéficier d'une prise en charge spéciale. Ces enfants
tout comme Sofiane éprouvent de la haine envers les groupes armés
et les services de sécurité.
Cas n°2 : Amina
Agé : 10 ans.
Le contenu de l'entretien.
Q : Qu'est ce qu'il faisait ton père ?
R : policier.
Q : Il exerçait où ?
R : A Ziadia.
Q : Comment est-il mort ?
R : Ils l'ont assassiné, alors qu'il rentrait à la
maison.
Q : Tu l'as vu, quand ils l'ont assassiné ?
R : Oui, je l'ai vu, ils l'ont assassiné devant notre
bâtiment. On était au balcon. Chaque soir, ma mère et moi,
faisant le gué. On voit, et on inspecte les lieux pour voir s'il n'y a
pas quelqu'un, étranger à la cité... Mais ce jour
là, ils étaient cachés derrière un mur. Quand mon
père est arrivé, avec son collègue... ils ont tiré
sur lui et son collègue... ils étaient trois... ils ont pris les
armes et ils sont partis.
Q : Qu'est ce que tu as fait ?
R : Je suis descendu avec ma maman et mes frères en bas,
j'ai vu mon père couvert de sang, lui et son collègue.
Q : Quand tu vois les terroristes, à la
télévision, qu'est ce que tu fais ?
R : J'ai peur... je n'aime pas les voir.... Si je vois un
terroriste je le tuerais.
Q : Est-ce que tu penses à ton père ?
R : Oui chaque jour... je pleure à chaque Aïd El
Kabîr.
Q : Quant tu seras grande, qu'est ce que tu feras ?
R : Devenir policière comme mon père... je veux
tuer tous les terroristes.... Mais, ma maman tient à ce que je fasse des
études à l'université ... elle veut me voir médecin
ou avocate. Avant je voulais bien être médecin, mais....
Maintenant je m'engagerai dans la police... je dois être comme mon
père.
Q : Qu'est ce que tu espères du futur ?
R : Rien ... l'Algérie sortira vainqueur de cette
guerre.... Que mes frères et ma mère ne soient pas
assassinés par les terroristes.... Je veux plus entendre parler
d'eux.
Commentaire de l'entretien.
Le sujet âgé de 10ans, dont le père a
été assassiné par les terroristes, vit un état
traumatique, malgré les 03 années passées. Le sujet semble
affecté et très marqué par cet événement.
Elle relatais l'assassinat avec des détails (voir le dessin), que
même un professionnel en criminologie ne pourrait égaliser,
malgré son âge précoce (elle avait 7 ans le jour de
l'assassina).
De l'entretien, on peut tirer les conclusions suivantes : la
haine et le mépris envers les terroristes, le besoin d'identification,
la peur et l'angoisse à l'idée de perdre ses frères,
surtout sa mère.
Il se trouve aussi que cet assassinat a fait basculer ses projets
d'avenir d'une extrémité à une autre. L'envie de devenir
médecin à l'envie de devenir policière.
Conclusion et commentaires
De l'entretien , on peut tirer les conclusions suivantes : il
y'a un paradoxe entre le tempérament calme du sujet lors de l'entretien
et le dessin libre qui démontre clairement qu'elle souffre
énormément dans son intérieur. On sent qu'il y'a vraiment
un bouillonnement dans son «intérieur» plein de haine, de
mépris, de vengeance, de peur et d'angoisse. Tout ces facteurs influent
d'une manière directe sur son «coté fragile de petite
fille», qu'elle est.
Cette fille demande de l'aide, demande que cette «
énergie destructrice » soit transformée en une «
énergie constructive ». C'est- ce que font les spécialistes
en psychologie clinique malgré les moyens limités dont ils
disposent.
Résultats de l'enquête proprement
dite.
L'enquête s`est portée sur (40) enfants
âgés de (08 à 13 ans). L'objectif de notre recherche
était de connaître le vécu psychologique de ces enfants,
dont les parents sont terroristes ou victimes du terrorisme. Et quelle est leur
représentation de la société ?
Ces 2 groupes, (20 enfants, dont les parents son terroristes,
et 20 enfants victimes du terrorisme), présentent les mêmes signes
de souffrances d'ordre psychologiques : l'angoisse de mort, la peur, la
vengeance, et la haine. Ces facteurs ont généré chez tous
les sujets, la régression, la mauvaise identification, le mépris
et la méfiance envers la société. Cette pression,
poussée à l'exaspération, entraînera dans un futur
proche l'embrasement de l'Algérie, cette fois ci, d'une intensité
inimaginable.
Aussi, les résultats de l'enquête, nous ont
révélé que les séquelles dues aux
événements ont laissé des traces indélébiles
chez tous les sujets malgré le temps passé (3 à 6 ans). Ce
qui laisse supposer que la prise en charge n'est pas efficace, vu le manque de
moyens dont dispose les équipes psychopédagogiques.
Il faut donc veiller à donner les moyens
matériels et financiers aux professionnels, afin qu'ils puissent mener
leurs missions convenablement. Encore faudrait-il signaler au passage, que tout
le monde doit participer à cette opération. Pour que cette
mission soit efficace, deux acteurs seulement devront intervenir, l'Etat, avec
ses moyens logistiques, et les professionnels : psychologues, psychiatres,
pédiatres, psychanalystes, et sociologues.
Avant de juger un événement, disent les grands
juristes de ce monde, il faut d'abord le connaître. Et quand on le
connaît, il nous est difficile de le juger... Mais dans le cas de la
guerre d'Algérie 199 1-2000. Force est de croire qu'aucune argumentation
d'ordre politique, philosophique, scientifique ou religieuse, soit elle ne peut
justifier les actes barbares que la société algérienne a
subit.
Tout le monde sait que les pouvoirs successifs, d'une
manière consciente et, avec une complicité directe pendant les
années 80, ont berné, encouragé, aidé l'islamisme
à s'enraciner à travers une planification minutieusement
perpétrée par le biais d'un système éducatif, du
primaire jusqu'à l'université...
Mais en contre partie, presque la majorité du peuple
Algérien -le peu qui reste de femmes et d'hommes, qui se sont
soulevés pendant les années 80, ont été
malheureusement marginalisé, ou assassiné- nie qu'elle a
donné sa bénédiction durant les années 80,
jusqu'à nos jours. Qui, par sa collaboration directe, qui, par sa
collaboration indirecte, qui, par son opportunisme, qui, par son esprit de
vengeance et de rancoeur, qui, par son silence, qui, par sa
lâcheté, qui, par la fuite à l'étranger tout en
sachant qu'ils auraient pu stopper : CETTE OPERATION CHIRURGICALE : METTRE
L'ALGERIE A GENOUX.
On peut dire, comme disaient les imminents juristes du
siècle, «Il nous est difficile de juger ». Mais aller
jusqu'à justifier la barbarie, en couvrant d'éloges les acteurs
de cette tragédie, ou du moins justifier leurs actes, relève tout
simplement de l'absurde et de l'invraisemblable.
On ne se rend pas compte, qu'on est entrain «
d'institutionnaliser la violence » sous toutes ses formes.
Institutionnaliser la violence, revient à légitimer le crime
organisé, à légitimer le crime contre l'humanité,
à légitimer le blanchissement des sommes colossales d'argent et
d'or amassées par les acteurs de la violence et les mafieux
sanguinaires, lesquels profitant de cette situation dramatique, sont devenus en
un temps record des milliardaires « respectables », à
légitimer la prostitution des mineurs, à légitimer la
« profession » des souteneurs. Ces derniers deviendront une force de
pression dans ce pays, car ils gèrent des
milliards de dinars récoltés par la
prolifération de la prostitution et la vente de la drogue. Nous sommes
réellement en danger. C'est la désarticulation sociale.
Ce sujet que nous avons développé émane
d'une recherche académique, qui n'est certes pas exhaustive. C'est pour
cette raison que nous avons voulu la considérée comme
étant une réflexion à haute voix, afin d'apporter une
petite contribution aux préoccupations des enfants et de leur devenir.
Comptez autour de vous les enfants angoissés victimes du terrorisme, les
victimes du divorce... comptez autour de vous les enfants privés
d'affections, les abandonnés, les orphelins, les martyrisés, les
marginalisés, les exclus, les enfants handicapés, les
délinquants, les toxicomanes, les enfants prostitués.
En voyant les conditions de l'enfant, nous allons apercevoir
le paradoxe qui gère notre société. D'une part, nous
revendiquons la dignité, l'égalité, la justice. Et d'autre
part, nous collaborons tous, aux piétinements de ces valeurs, en
méprisant, en battant, en terrorisant, en marginalisant les futurs
citoyens de la Nation.
Des centaines de milliards de dinars investis dans le domaine
de la santé. Et pourtant, jamais autant d'enfants n'ont
été touchés par la malnutrition et les maladies. Des
centaines de milliards de dinars investis dans le domaine de
l'éducation. Et pourtant, jamais autant d'enfants n'ont
été victimes d'analphabétisme. Ces progrès
méthodologiques et didactiques semblent trop souvent servir la mise en
condition idéologique et culturelle.
Des centaines de milliards de dinars mises aux services de la
solidarité. Et pourtant, jamais autant de familles n'ont
été victimes de la pauvreté, ces dernières
acceptent leur sort avec fatalisme.
Notre politique, qui se veut éminemment sociale et
« développe » ses services dans ce sens, a réussi
à séparer ce que fut toujours uni, la famille, à
l'atomiser au maximum. Quand la notion de respect de l'enfant paraît et
croit à notre horizon, la carence d'autorité saine, ferme et
bienveillante plonge le jeune dans le désarroi et la
déréliction. Au sein de ses contradictions où triomphent
l'hypocrisie morale et le conformisme sur la tutelle du dieu argent
reconnaissant avec René Maheu « le besoin absolu de la jeunesse
s'accommode moins que jamais des injustices et du désordre du monde ....
».
Ils nous appartient à tous de prendre nos
responsabilités, parce que tout est encore possible, le meilleur, et le
pire, et parce que l'homme, pour son salut ou sa perdition, reste capable
d'étranges et imprévisibles sursauts. Nous pouvons, grâce
à ce qui nous reste comme dignité, créer des conditions
nécessaires et suffisantes pour sortir de l'impasse : faire sortir ces
êtres fragiles, vulnérables, innocents, minés par la
misère, la malnutrition, l'analphabétisme, abrutis par la
corvée de survivre.
Nous pensons qu'une prise de conscience de cette situation
inadmissible peut, seul, provoquée le sursaut tant attendu, et tant
espéré.
Quand la volonté politique existe, fortement,
sincèrement, l'histoire avance. Il est intolérable qu'elle
continue d'avancer en foulant les plus faibles. Elle doit les porter à
bout de bras, comme gerbes d'espérance, vers un avenir de réel
épanouissement humain....
Enfin, comme le disait si bien Peter Ustinov, «
Peut être devrions nous songer à éviter à
nos enfants qu'ils se perdent en chemin comme nous l'avons fais-nous-
mêmes ».
BIBLIOGRAPHIE
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12. Statut général du travailleur, Ibid.
13. Statut général du travailleur, Ibid.
14. Statut général du travailleur, Ibid.
15. Statut général du travailleur, Ibid
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Cité par Hotstein, in dossier du divorce, Ed, universitaire, Paris,
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30. Rosenstheil, La séparation, in
l'ouvrage pour enfant.
31. Le docteur Strauss, La cité, 9
Novembre 1978
32. Maltraitances des enfants : « aspect
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médecine, CHU de Constantine, dirigé par Dr. Benharkat (A). Juin
1991.
33. « le vécu psychologique des enfants
battus » recherche effectuée par M. Oukaci Lounis.
34. L'Algérie dans tous ses
états, In journal Liberté, Mars 2000. P.3.
35. L'assemblé général de l'ONU a
adopté une résolution en faveur du déficient mentale.
Décembre 1971. Courrier de l'UNESCO, Mars 1974.
36. Les enfants des terroristes. In journal La
nouvelle république.
37. In journal La Nouvelle République, Ibid.
38. « Le vécu psychologique des enfants
victimes du terrorisme et des enfants des terroristes »,
recherche effectuée par M. Oukaci Lounis - Septembre 1999.
SOMMAIRE PP
3
Introduction
Une Algérie agonisante 4-8
9-10
11-16 17-18
19
20
21
21-26 27-29 30-34 35-41
42
43
44-60 61-63 64-81
82-85
86-113
114-115 116-117
Les conditions de vie et l'épanouissement des
enfants
2-1- Le travail des enfants et des adolescents
Les enfants de la ville
... ...
Le enfants des
bidonvilles
4-1 - Pour une prise en charge réelle de l'enfant
Une société mise devant ses responsabilités
...
5-1 - L'éducation à la citoyenneté dans le
milieu scolaire
5-2- L'enfant et sa famille
5-3- La relation mère enfant
5-4- L'enfant et l'Etat
5-5- Les enfant en danger moral
5-A - Les enfants délinquants
A-1- prostitution des enfants et des jeunes filles
5-B- Les enfants de divorce
5-C- Les enfants battus
C-1- L'aspect médico-légal
C-2- L'aspect psychosocial ...
5-6- Les enfants désavantagés : enfants
handicapés
5-7- Les enfants victimes du conflit armée
7-A- L'héritage de la guerre ....
7-B- Les enfants des terroristes
B-1- Le vécu psychologique des enfants des terroristes
7-C- Les enfants victimes du terrorisme
C-1- Le vécu psychologique des enfants victimes du
Terrorisme
- Conclusion
- Bibliographie
Regardez autour de vous. Vous allez vous apercevoir que
vous êtes entrain d'hypothéquer l'avenir de la Nation.
En violentant, en traumatisant, en marginalisant, en
excluant ces millions d'enfants, vous mettez l'Algérie en danger. Car,
son avenir dépendra de la position qu'occupera l'enfant. Or, «
l'enfant sujet » ne demande rien, sauf sa place, juste sa place, son droit
à la CITOYENNETE. Car le principe qui guide la démocratie est
celui de la citoyenneté.
Dans les pays respectables et respectueux des valeurs
humanitaires : l'amour, le bonheur, la dignité, l'honneur, la
solidarité, ne s'achètent pas. Or, il se trouve qu'en
Algérie, avec l'éclatement des valeurs ancestrales, avec de
l'argent on peut tout acheter. Voilà le drame qui caractérise la
société Algérienne, en pleine décadence.
Réalité qui demande méditation et réflexion...
.
Peter Ustinov disait » : peut-être
devrions-nous songer à éviter à nos enfants qu'ils se
perdent en chemin comme nous l'avons fais nous-mêmes. »
OUKACI LOUNIS
Docteur d'état en sciences de
l'éducation Maître de conférence. Faculté
des sciences humaines et sciences sociales Université de
MENTOURI Constantine AL GERIE
|