Conclusion partielle
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La variation du climat, couplée aux actions humaines,
contribuent à dégrader la forêt. L'implication de la
population riveraine à la gestion a été de courte
durée. Six ans après le projet, les structures villageoises
peinent à se crédibiliser sur le terrain. Le plan
d'aménagement élaboré lors de la gestion
intégrée tarde à être appliqué. De ce fait,
les populations ont une faible capacité de gestion de la forêt car
n'ayant pas pu pérenniser les acquis du PGFIG. De plus, leur
méconnaissance des textes et leur faible implication constitue un vrai
handicap pour une gestion durable des ressources forestières de
Gonsé.
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CONCLUSION GENERALE
La variabilité climatique est un
phénomène d'envergure mondiale. Bien qu'elle soit naturelle,
l'évolution du climat est de nos jours sujet à polémique.
La concentration des gaz à effet de serre dans l'atmosphère
accentue actuellement les effets du climat mondial d'où le changement
climatique. L'observation et l'analyse de ce phénomène sont
beaucoup plus pertinentes durant une longue période et sur une
échelle plus grande. Néanmoins les effets de la
variabilité climatique sont perceptibles dans la vie des êtres
vivants.
L'analyse des éléments climatiques dans la
station de Ouagadougou, couvrant la zone d'étude a permis
d'apprécier l'évolution des paramètres climatiques durant
une période de trente ans. L'irrégularité des
éléments du climat (les plus perceptibles) entre 1980 et 2009 est
une réalité. L'observation et l'interprétation des images
Landsat TM 1986 et Landsat ETM+ 2006, ont permis de soutenir que
l'évolution des paramètres climatiques a eu un impact sur
l'évolution du couvert végétal de la forêt de
Gonsé durant cette période. Cependant on ne peut exclure la
pression anthropique et animale sur les ressources.
Malgré une légère amélioration, la
dégradation de la forêt reste importante. Elle a été
plus perceptible dans les années 1986 où les zones nues ont
été importantes. La mise en place de la gestion concertée
en 1994 a été une stratégie pour stopper ou amoindrir la
progression de la dégradation. La reprise pluviométrique dans les
années 90, couplées aux séries de reboisement entre
1989-1993, a occasionné le reverdissement de certaines parties de la
forêt. Les zones nues ont connu également une diminution. Cette
gestion concertée a eu des résultats satisfaisants même si
cela n'a été que d'une courte durée. La réussite
éphémère de la gestion a occasionné la frustration
des populations riveraines. Celles-ci ont cru à une amélioration
continue de leurs conditions de vie à travers les retombées
salariales des travaux d'exploitation des ressources forestières. Et
cela a davantage compliqué la gestion durable de la forêt.
De ce fait, les trois hypothèses secondaires
formulées au départ peuvent être analysées au regard
des résultats atteints.
La première hypothèse qui affirme que la
variation des paramètres climatiques (la pluie et les
températures) s'est accrue occasionnant des incidences sur la gestion
des ressources naturelles de la forêt de Gonsé s'avère
partiellement confirmée. Les paramètres climatiques ont connu une
évolution en dents de scie notamment la pluviométrie et la
température. La baisse de la pluviométrie
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dans les années 80 a entrainé la
réduction de la végétation mais sa reprise à partir
des années 90 accompagnées des actions de reboisement ont permis
le reverdissement de la forêt.
Le manque de gain salarial n'encourage plus les populations
à s'engager pleinement dans la gestion. La baisse des rendements
agricoles due à la mauvaise répartition des pluies dans le temps
et dans l'espace complique davantage la gestion de la forêt.
De ce fait, la deuxième hypothèse qui
spécifie qu'en dépit de la mise en place d'approches
participatives aux fins de rétrocession de la gestion aux structures
locales, la population confrontée à l'absence de sources de
revenus voit dans l'exploitation de la forêt un moyen de survie est
confirmée. En effet la population est de nos jours confrontée
à une baisse continue des rendements due aux aléas climatiques et
à l'infertilité des sols. Cette situation plonge ces populations
dans une paupérisation accrue. Par manque ou insuffisance d'autres
alternatives pour faire face aux contraintes, elles s'investissent dans
l'exploitation frauduleuse des ressources forestières.
Enfin, la troisième hypothèse qui présume
que les effets de la variabilité climatique et le faible engagement de
la population riveraine à la gestion compliquent davantage la gestion de
la forêt classée de Gonsé est partiellement
confirmée. Les impacts de la variabilité du climat sur
l'évolution de la végétation sont perceptibles par les
populations à travers la dégradation continue de leur
environnement et la réduction des rendements agricoles.
L'interprétation des images des deux dates (1986 et 2006) a permis de
faire une comparaison de l'état du couvert végétal. Cette
interprétation, combinée avec l'analyse des paramètres
climatiques entre ces deux périodes, montre une différence dans
l'occupation des terres de la forêt. Les zones nues ont
régressé mais restent importantes dans la forêt.
Cependant la dégradation de la forêt ne saurait
être seulement due à la variation du climat. Le manque
d'implication et le désintérêt de la population est
également perçu. Ceci contribue en grande partie à
l'échec de la mise en place de l'approche participative. Certaines
populations considèrent la forêt comme leur patrimoine
confisqué par l'État. Elles affirment que les retombées
économiques de la gestion sont partagées entre les services
forestiers. Ainsi leur exploitation anarchique des ressources
forestières est la réparation de cette présumée
injustice.
En effet, la dégradation de la forêt de
Gonsé reste importante et elle prend des proportions inquiétantes
surtout avec les effets de la variabilité climatique qui ne cessent de
s'accentuer. La nouvelle approche de gestion consistant à
aménager la forêt à vocation touristique qui intègre
l'ensemble des acteurs peut être une solution si elle est bien comprise
et acceptée par tous.
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