II. LE ROLE DU FACTEUR ANTHROPIQUE SUR LA FORET
II.1. Les activités dégradant les ressources
forestières
Les activités humaines contribuent largement à
la dégradation des ressources naturelles. La forêt classée
de Gonsé a été longtemps pourvoyeuse de divers produits
forestiers ligneux et non ligneux à la population locale et à la
ville de Ouagadougou. Sa proximité avec la capitale serait une
64
entrave pour la réussite des différents
programmes et projets mis en place pour sa surveillance. Le service forestier
rencontre d'énormes difficultés pour empêcher les
nombreuses agressions que la forêt subit chaque jour. Les travaux de
terrain ont permis de recenser certaines activités illégales
pratiquées dans la forêt au nombre desquelles : la coupe abusive
du bois, le ramassage des agrégats, les feux de brousse, etc. De nos
jours les populations privilégient la recherche de gain pour la
satisfaction de leur besoin à la protection de la forêt. Les
agressions sur les ressources forestières justifient le manque de
collaboration entre les populations et le service forestier.
Planche de Photos n° 4: Illustrations diverses de la
dégradation de la forêt de Gonsé
Ph 3 :Arbre fraîchement abattu
Ph 5 : Trous de fabrication de charbon
Ph 1 : Transport du bois par portage
Modes de transport du bois
Pratiques néfastes dans la forêt
Ph 2 : Transport du bois à vélo
Ph 6 : Bois de jeunes arbres abattus
Ph 4 : Transport du bois en charrette
Clichés : SANKARA T. Bakari, novembre
2009
II.1 .1. La coupe frauduleuse du bois
Les chapitres précédents ont montré
l'ampleur des crises climatiques qui affectent la région du Centre en
général et les riverains de la forêt de Gonsé en
particulier. Pour ces populations désoeuvrées en saison
sèche et qui peinent à couvrir leur besoins alimentaires, il
n'existe aucun moyen de se procurer des ressources financières. La seule
source potentielle est l'exploitation des ressources de la forêt. La
coupe du bois (frais) est très fréquente et prend des proportions
inquiétantes. D'énormes quantités de bois frauduleusement
coupées sont acheminées vers Ouagadougou. Selon les estimations
faites sur le terrain, 30 à 50 vélos et 10 à 15 charrettes
chargés de bois frauduleusement acquis partent de la forêt chaque
jour (planche de photos). Ces coupes anarchiques sont organisées par les
artisans et les charbonniers.
II.1.1.1. L'exploitation de bois de
service
Dans ce groupe d'exploitants anarchiques, on retrouve les
femmes cherchant le bois de feu, les exploitants de bois de construction, les
traditherapeutes etc. Un grand nombre de personnes parcourent la forêt
à la recherche de leur « pitance quotidienne ». La
dégradation des conditions de vie des populations contribue à
l'exploitation exagérée des ressources forestières.
En dépit des contrôles inopinés du service
forestier pour décourager la coupe frauduleuse, l'exploitation du bois
dans la forêt est importante et très fréquente. Les
populations riveraines qui ont eu l'habitude d'exploiter les produits
forestiers pendant les phases de projets continuent cette pratique
malgré l'interdiction stricte. Les ligneux sont utilisés comme
source d'énergie. Les artisans utilisent également le bois pour
la fabrication des chaises, les manches des outils. La destruction de la
forêt est ainsi énorme et nécessite une prise de
décision immédiate.
II.1.1.1. La fabrication du charbon
Ce groupe d'exploitants est beaucoup plus discret. Le plus
souvent, leurs activités s'effectuent la nuit
(généralement à partir de 19 heures et même parfois
à 4 heures du matin). Ils sont très bien organisés de
sorte qu'il est difficile pour le service de surveillance de les
appréhender. L'exploitation du charbon est un procédé qui
consiste à détruire une importante quantité de bois. Elle
consomme d'énormes quantités de troncs d'arbre dans la
forêt. Selon les exploitants, un four de charbon (plein) peut contenir 4
pieds d'arbres et produire en moyenne sept sacs de 50 kg. L'entretien avec
certains producteurs a révélé que chaque exploitant
produit le charbon en moyenne 4 fois par semaine. Selon l'estimation, la
production varie entre 21 et 28 sacs par exploitant par
semaine soit entre 84 et 112 sacs par mois. Sur la base de
cette estimation, la quantité de bois qu'un exploitant peut consumer
s'élève approximativement à 112 pieds d'arbre par mois
soit 1.344 pieds d'arbres par an pour un revenu annuel de 772.800 FCFA. Pour
une production simultanée de 10 exploitants, on estime à peu
près 13.440 pieds d'arbre détruits par an. Au regard de la faible
capacité de régénération de la forêt, cette
pratique contribue en grande partie à sa destruction même si elle
est une source de revenu pour la population.
La forêt classée de Gonsé regorge
d'énormes potentialités. En dehors des produits forestiers
ligneux et non ligneux, on trouve une quantité importante de
matériaux de construction. Ces produits sont collectés pour
approvisionner la ville de Ouagadougou et Saaba qui connait un boom immobilier.
Le développement des périphéries occasionne une forte
demande de ces produits.
Pour cette raison, des exploitants frauduleux s'acharnent sur
les matériaux de construction que sont les agrégats, le sable,
etc., vendus sur place aux camionneurs. Cette pratique contribue à
dégrader la forêt. Généralement, le sable est
ramassé dans le lit des cours d'eaux ; le gravillon et les cailloux
sauvages sur les flancs des collines. Pour OUEDRAOGO G. et al., (2001),
l'exploitation minière des sols (le gravillon, le sable, et les cailloux
sauvages) représente 13% des flux sortant de cette forêt.
L'activité est génératrice de revenus pour la population
mais présente un danger de dégradation et de
déséquilibre des écosystèmes de la forêt. Le
récurage des sols déjà dénudés
accélère l'action des eaux de ruissellement.
|