RESUME
Depuis la sécheresse des années 70, les
problèmes environnementaux se posent avec acuité dans le monde en
termes de dégradation et de surexploitation des ressources naturelles.
Les variabilités climatiques combinées à l'action
anthropique mettent en péril le fonctionnement des
écosystèmes et des aires protégées en
particulier.
Au Burkina Faso, la forêt classée de
Gonsé, malgré la mise en place de projets d'aménagement et
de développement dans les années 70, est confrontée
à une dégradation progressive.
Pour y remédier, une des solutions a consisté dans les
années 90 à impliquer les populations riveraines dans la gestion
de cette forêt, notamment dans la perspective d'un retrait des bailleurs
de fonds.
Cependant les populations riveraines ont-elles les moyens et
les aptitudes nécessaires pour garantir une meilleur gestion de la
forêt ; de surcroit dans un contexte de changement climatique ? Cette
problématique a justifié la réalisation de cette
étude dont l'objectif est de mesurer l'ampleur de la dégradation
de la forêt.
De ce fait dans le but d'apprécier les aptitudes
locales de gestion des ressources naturelles après la phase projet et
notamment dans un contexte de changement climatique, des entretiens
auprès des riverains et l'analyse des paramètres climatiques on
été conduits. Des images satelitales (Landsat TM 1986, ETM+ 2006)
ont été également interprétées.
Il ressort des analyses que les riverains de la réserve
n'arrivent pas à pérenniser les bonnes pratiques de gestion de la
phase projet. La récurrence des sécheresses et les
problèmes d'organisation et de motivation des acteurs sont les causes de
cette situation.
La gestion intégrée constitue cependant une
alternative pour une gestion rationnelle et durable des ressources de la
forêt de Gonsé. Ainsi elle se veut être comprise et
adoptée par tous les acteurs intervenant dans l'aménagement et
l'exploitation de la forêt. La nouvelle forme de cogestion en partenariat
avec le privé, donnant une nouvelle orientation à but touristique
pourrait être une des solutions.
Mots clés : Burkina Faso,
forêt classée de Gonsé, gestion participative,
variabilitéclimatique
INTRODUCTION GENERALE
Depuis quelques décennies, les pays sahéliens
sont confrontés à un problème de péjoration
climatique entrainant de graves crises environnementales. La période
humide de 1930 à 1960, les sécheresses de 1970 à 1980 et
la reprise de la pluviométrie dans les années 1990 et 2000 ont
montré à quel point le climat est une donnée dynamique.
Le climat de la terre a déjà subit plusieurs
modifications et autres évolutions cycliques au cours des âges
géologiques comme l'attestent de nombreuses études paléo
climatiques (IPCC, 2007). Par ailleurs, le climat est animé par des
cycles de durée variable, alternant entre périodes froides et
périodes chaudes. Selon les analyses du Groupe Intergouvernemental
d'Experts sur l'Évolution du Climat (GIEC, 2007), les mesures terrestres
de températures réalisées entre 1906 et 2005 montrent une
élévation générale de 0,74°C. Ce
réchauffement a été plus important ces cinquante
dernières années ; la hausse ayant atteint 0,13°C par
décennie. Les années 1998 et 2005 enregistrent les
températures de surface les plus élevées depuis 1850.
Cette tendance semble de plus corrélée à l'augmentation
dans l'atmosphère de la concentration de gaz à effet de serre
tels que le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) et l'oxyde
nitreux (N2O). Ces gaz seraient les principaux responsables du
réchauffement global.
L'augmentation future de ces émissions de gaz à
effet de serre accroîtra le réchauffement global et induira de
multiples effets sur le système climatique mondial. Selon les
scénarios développés, la température moyenne
mondiale augmentera de 1, 8°C à 4°C (de 1,1 à
2,9°C pour le scénario minimum ; de 2,4 à 6,4°C pour le
scénario le plus élevé) et le niveau des océans
montera de 18-38 cm à 26-59 cm d'ici à la fin du siècle,
avec une généralisation de vagues de chaleur et épisodes
de fortes précipitations (GIEC, 2007). De ce fait, les continents
subiront les effets de ce changement climatique à des degrés
divers.
Selon les scientifiques, le continent africain est le plus
vulnérable car n'ayant pas suffisamment de moyens pour s'adapter. Dans
son dernier rapport, le GIEC confirme qu'au cours du XXIème
siècle, le réchauffement climatique en Afrique serait plus
important qu'au niveau mondial. Ce constat semble se confirmer au regard de
l'intensification des cycles de sécheresses depuis les années
1970, en particulier au niveau des régions tropicales et subtropicales.
Ces crises climatiques ont des répercutions graves sur l'environnement
déjà sous l'emprise des mauvaises actions de l'homme. En effet,
les changements climatiques tels qu'analysés par les scientifiques,
indiquent des tendances futures susceptibles d'engendrer de nouveaux enjeux et
risques pour la
gestion des ressources naturelles. Déjà,
l'accélération des variabilités climatiques a des
influences sur les surfaces agricoles exploitables et sur la
sécurité alimentaire des populations entrainant donc une
fragilisation des écosystèmes. Selon le Centre Technique de
Coopération Agricole et Rurale (CTA., 2008), la pression
démographique, conjuguée aux effets de la variabilité
climatique, a contribué à saper la capacité
régénératrice des zones forestières dans de
nombreux pays. Les terres cultivables dégradées sont souvent
abandonnées au profit de nouvelles terres plus fertiles. Ainsi, les
principales activités des zones sahéliennes que sont
l'agriculture et l'élevage supportent difficilement ces
variabilités climatiques. Les phénomènes extrêmes,
favorables ou non, modifient la quantité et la qualité des
pâturages naturels et donnent lieu à de nouvelles formes de
parcours d'élevage dans certains milieux qui sont sources de conflits.
Les travaux du GIEC démontrent avec une quasi-certitude une tendance de
réchauffement global accéléré par les
activités humaines.
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Le Burkina Faso, pays sahélien, a enregistré
également des sécheresses récurrentes qui sont sans doute
consécutives aux changements climatiques (SP/CNGE., 2001). La
pluviométrie annuelle a connu une baisse sensible avec un
déplacement latitudinal des isohyètes moyennes vers le sud en
l'espace de trois normales (période de 30 années
consécutives) 1951-1980 ; 1961- 1990 et 1971-2000 OUEDRAOGO L. (2009).
GROUZIZ M. (1986), a noté également des fluctuations importantes
des isohyètes 500 et 900 mm au cours de la période 1970-1984, ce
qui a entraîné en 1984 un déficit pluviométrique
dans le pays tout entier. Le SP/CONEDD (2007), ajoute que les effets les plus
néfastes de la variabilité climatique au Burkina Faso se
manifestent par une baisse tendancielle de la pluviométrie et
l'accroissement de sa variabilité, l'élévation de la
température, la violence des vents et la pollution atmosphérique.
Par conséquent, les secteurs d'activités les plus
vulnérables sont la gestion des ressources en eau, l'agriculture,
l'élevage et la foresterie car dépendant directement de la
pluviométrie et de la température. Le pays enregistre une
dégradation accélérée de ses ressources naturelles
par l'effet de la variabilité climatique et de la pression humaine.
D'après le Programme des Nations Unies pour le Développement
(PNUD., 1998), au Burkina Faso, entre 1980 et 1993, environ 1,26 millions
d'hectares de forêt ont disparu, soit un taux de régression de 8%.
De nos jours, même si les causes naturelles de la dégradation des
ressources naturelles ne peuvent pas être totalement
écartées, il n'en demeure pas moins qu'elles soient
insignifiantes, comparées à l'action anthropique. Alors, arriver
à maintenir une forêt dans les environs d'une ville n'a pas
toujours été évident au regard de la forte pression.
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