II. La nature des risques de crédit bancaire
:
Les fonds à la disposition de la Banque Islamique
proviennent de ses clients sous forme de dépôts et elle les
prête aux agents en déficit de financement soient des
micro-entreprises/microassurances, soient les autres intuitions
financières et bancaires de la place Iqbal (1988), il existe une
différence fondamentale entre deux modèles de Banques Islamiques
: le premier est celui de la double Moudharaba qui remplace le taux
d'intérêt par les modes de participation au niveau de l'actif et
du passif des banques. Dans ce modèle, tous les actifs sont
financés par le mode de financement Moudharaba.
Pour (Chapra 1985, P. 154), le second modèle est celui de
la simple Moudharaba avec plusieurs outils d'investissement, pour
faire face aux problèmes d'ordre opérationnel et pratique.
Nous allons tout d'abord, examiner la nature de ces risques et
ensuite nous finirons par analyser les enjeux bancaires et financiers que ces
risques entrainent.
La Banque Islamique doit gérer une multitude de risques
bancaires à savoir: le risque de crédit, le risque
opérationnel, le risque de solvabilité, le risque de
marché, le risque de liquidité, le risque de portefeuille, etc.
La Banque Islamique en collaboration avec la BRI n'utilise pas les ratios
imposés par les autres établissements financiers et bancaires
conventionnels pour accorder de crédits, ni même utiliser
certaines techniques de gestion comme les instruments financiers.
En outre, « Le métier de banquier islamique repose
à l'inverse sur un partage à posteriori des risques,
justifiés par la fidélité des clients musulmans à
leurs banques et par leurs liens de confiance mutuelle (renforcés par
des convictions religieuses communes), de nature à éviter
également les comportements opportunistes. Dans les services aux
particuliers, cet usage limite peu en pratique la latitude d'action des
banquiers islamiques »6
6 La gouvernance de la banque islamique, 2009, page
9
Néanmoins, il existe deux financements de nature de risque
de crédit bancaire, le financement Moudharaba et le financement
Moucharaka. Le financement Moudharaba est un financement d'opérations
commerciales avec marge de bénéfice
prédéterminée. Et le financement Moucharaka est un
financement avec payement anticipé, sans autant que l'emprunteur ne
supporte une charge.
La Banque Islamique dispose d'une alternative pour se couvrir
contre les risques bancaires à travers ces outils et instruments
financiers que les autres banques conventionnelles ne disposent pas.
Enfin, la banque dispose d'un montant assez important (son
capital et de 65 milliards de GNF) pour réaliser ces opérations
commerciales sous forme d'un Morabaha, laissant à la banque des profits
intéressants et à moindre risque. Ce mode de financement qui
constitue une réelle alternative aux risques de contrepartie sur les
crédits classiques.
a) Le risque de crédit :
Le risque lié aux crédits bancaires c'est la
difficulté de recouvrement dû à plusieurs
facteurs : soit par manque de garantie du débiteur, soit
de l'insolvabilité du débiteur, soit encore une manque de
garantie au moment de la mise en place du concours. C'est ce qu'on appelle des
actifs fictifs car le débiteur a perdu son emploi donc il n'arrive plus
à rembourser son emprunt auprès de l'établissement
bancaire. Par exemple la crise subprime ou encore celle du crédit
immobilier espagnol.
Par ailleurs, le banquier cherche à étudier,
analyser le risque avant d'octroyer un prêt à une entreprise
sollicitant un crédit pour relancer ses activités. Cette analyse
vise surtout à « étudier le passé pour
diagnostiquer le présent et prévoir l'avenir »
(Vernimmen, 1998, p.162). Le banquier fait une évaluation sur la
santé financière de l'entreprise à partir des informations
recueillies sur les données passées et présentes de
l'entreprise, avant d'engager sa responsabilité et celle de la
banque.
La Banque Islamique est confrontée aux mêmes
catégories de risques que les autres banques conventionnelles et ce
risque ; est strictement propre à la Banque Islamique, compte tenue de
la nature du métier qu'elle exerce qui est différent des autres
banques conventionnelles. Le risque de crédit est aussi important pour
la Banque Islamique car elle finance des micro-entreprises en
développement /croissance, ou leurs risques de faillite sont très
élevés. Au cas où elle ne dispose
pas d'un système de gestion efficace pour assurer son
épanouissement et atteindre ainsi la phase de maturité.
Le risque de crédit est la cause fondamentale de la
faillite des établissements bancaires et financiers c'est le cas par
exemple de la crise de subprime aux USA en 2007, qui a entraînée
la faillite de lehman brothers en Septembre 2008. La Banque Islamique est
particulièrement touchée par le risque de crédit, d'autant
plus que le montant qu'elle emprunte, aux particuliers et aux entreprises
clientes continue de peser lourd sur ses activités.
Le risque de crédit se subdivise en 4 catégories
:
Le risque de défaut du client, le risque de
dégradation de la qualité de sa signature (risque de transition
de rating), le risque de marché sur la qualité de sa signature
(ou risque de spread) et le risque de contrepartie sur les contrats
dérivés avec une contrepartie risquée7.
L'octroi d'un crédit à un client nécessite
d'abord, l'examen approfondie et surtout l'importance du dossier par le
département de crédit Trading et ensuite soumis à une
approbation de la Direction Générale.
C'est ainsi que la banque, fait un arbitrage entre rendement
et risque, elle n'accorde le crédit au client que lorsqu'elle estime que
la probabilité de remboursement du prêt est largement couvert par
le client (garantie en immobiliers, terrains bâti ou non bâti
etc....) qui est supérieur au non remboursement.
Cependant, le risque de crédit ne peut jamais être
totalement écarté, car la banque ne fonctionne pas si elle ne
prend pas de risque, celui qu'elle prend constitue son bénéfice
s'il ne tourne pas à l'envers.
7 Gestion des risques et risque de crédit
Vivien BRUNEL This version: January 28, 2009, page 5
Sources: BCRG/2010/crédits bancaires 72,77% 81,25%
Secteur public Secteur public
Société privées Société
privées
Entrepreneurs individuels Entrepreneurs individuels
Particuliers et divers Particuliers et divers
Non Résidents Non Résidents
8,30% 8,39% 0,82% 12,48% 13,59% 0,96%
0,24% 0,23%
Graphique de répartition : les risques des
crédits bancaires à CT entre les agents économiques
: 2010-2011
NB : Les crédits accordés aux secteurs
économiques est de GNF 7 653,197 milliards contre GNF 7 620,137
milliards en 2010 on a une diminution de 4% à cause de la contraction
des crédits accordés aux ménages et aux entreprises
à court terme qui représente 13,07%.
Par contre, les crédits à moyen terme sont en net
augmentation à hauteur de GNF 2 194, 416 milliards en 2011 contre 1 945,
336 milliards en 2010, augmentent de 14,18%.
Quant aux crédits à long terme, ils
s'élèvent à GNF 44,888 milliards soit 68% en 2010 et GNF
86, 921 milliards en 2011. Mais leur part de marché dans le total des
crédits qui sont accordés aux agents économiques reste
très faible en raison de la contraction de l'activité
économique en 2010 (hausse de l'inflation, dette publique
élevée, faible mobilisation des ressources internes, promesse non
tenue par la BM, FMI pour l'obtention du PPTE, le club de Paris et de Londres)
: 0,87% en 2010 contre 1,39 % en 2011.
Les crédits accordés aux agents économiques
à long terme montrent à suffisance que les banques
hésitent à financer les activités liées à
l'investissement, ce qui a provoqué la contraction de l'économie
en 2010.
Les différents crédits distribués par les
agents économiques à court terme, montrent une augmentation 2011,
sauf les non résidents et les sociétés privées qui
ont connue une baisse nette en 2010.
b) Le risque de taux d'intérêt:
Le Comité de la Réglementation Bancaire et
Financière (CRBF) définit le risque de taux
d'intérêt, comme « le risque de taux d'intérêt
global est le risque encouru en cas de variation des taux
d'intérêt du fait de l'ensemble des opérations de bilan et
hors-bilan, à l'exception, des opérations soumises aux risques de
marché ». 8
Ce risque de taux d'intérêt est parmi d'autres
risques que les banques font face aujourd'hui, il apparait souvent lorsque la
conjoncture est mauvaise. Par exemple, si la situation du marché est
défavorable et cela peut conduire à affecter négativement
les résultats de la banque.
Pour la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), il
existe deux types de risque de taux d'intérêt : le risque de taux
intérêt pour les investisseurs et le risque de taux
d'intérêt pour les emprunteurs.
Le risque de taux intérêt pour les investisseurs
:
1' Il s'explique par la perte de la valeur du patrimoine
financier et non financier de la banque ;
1' La baisse des taux de placement des investisseurs à
cause de l'incertitude du marché,
plus généralement ils transfèrent leurs
comptes ailleurs où ils plus sont plus rémunérés ;
1' La baisse du taux d'intérêt à court ou à long
terme à cause de la variation des taux
d'intérêt si la conjoncture est mauvaise;
Le risque de taux d'intérêt pour les emprunteurs
:
1' Il s'explique par l'augmentation de la valeur du patrimoine
financier et non financier de la banque, autrement dit, si les emprunteurs
retrouvent la confiance du marché s'ils peuvent emprunter à des
taux raisonnables pour pouvoir investir ;
8 Règlement de CRBF N° 97- 02 du 21 février
1997, THP/BRI
v' L'augmentation des taux de placement des emprunteurs à
cause de la confiance retrouvée du marché. Si la conjoncture est
bonne les emprunteurs rédomicilient leurs comptes à la banque
où ils sont susceptibles d'être bien
rémunérés ;
v' L'augmentation du taux d'intérêt à court
ou à long terme à cause de la variation à la hausse des
taux d'intérêt si les emprunteurs ont beaucoup de confiance sur le
marché.9
c) Les risques de marché:
Le risque de marché autrement appelé risque de
contrepartie, c'est un risque par lequel le débiteur ne respecte pas ses
engagements à l'échéance, tel que prévu dans le
contrat, donc, le débiteur est défaillant. Ce risque, peut
affecter l'ensemble des activités de la banque, pour l'éviter, la
banque peut faire une diversification de son portefeuille pour se couvrir
contre le risque de marché. Confère cours M. « Musseau
Dominique », IES012
Ce sont des risques issus d'une évolution
défavorables du prix d'un actif négocié sur un
marché. On distingue trois catégories de risque de marché
correspondant habituellement aux actifs détenus par une banque :
Le risque de taux issu de l'évolution à la
hausse ou à la baisse des taux d'intérêt attachés
à une créance ou à une dette.
Le risque de change résulte d'une
évolution défavorable du cours d'une devise dans laquelle la
banque détient des créances et des dettes.
Le risque de position sur actions lié à
l'évolution défavorable du cours des actions figurant dans le
portefeuille --titres d'une banque.10
Le risque de marché regroupe en son sein tous les autres
risques : de change, de crédit et de taux d'intérêt.
L'augmentation du volume des prêts bancaires ces dernières
années à augmenter le risque de marché. Les banques
doivent faire attention à ces risques pour éviter la faillite,
car si, ces risques ne sont pas maîtrisés ils peuvent entrainer la
banque et tout le système financier en
« bank-route ».
9 Banque Ouest Africaine de Développement
(BOAD)
10 Options, contrats à terme et gestion des
risques : analyse et évaluation et stratégie,
2éme édition,
Bellalah MONDHER, Simon YVES Novembre 2006, PHM2
Ces risques de marché nécessitent de disposer des
fonds propres importants pour amortir les chocs en cas de crise ou de manque de
liquidité (les accords de Bâle III recommande aux banques de
disposer 16% des fonds propres aujourd'hui à 18% à l'horizon
2018).
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