I. La méthodologie de recherche :
La méthodologie de recherche utilisée s'articule au
tour de deux parties essentielles: Les outils qui sont à la disposition
de la BIG pour maîtriser les risques de crédits bancaires et
l'analyse des conditions d'octroi de crédit aux clients. Dans cette
partie on parlera d'abord des concepts, des outils et des instruments de
crédit bancaires et ensuite on évoquera la gestion des risques de
crédit bancaire par la relation entre l'Intelligence Economique et la
gestion de risque de crédit à la Banque Islamique.
B. Les outils à la disposition de la BIG pour
maîtriser les risques de crédit bancaire:
La BIG à l'instar des autres institutions
financières islamiques, est confronté à une multitude de
risques : financiers et non financiers. Le risque financier est celui qui est
lié au risque de marché ou risque de crédit et le risque
non financier est constitué principalement par le risque juridique ou
risque de régulation bancaire.
La forte augmentation du taux de risque de crédits
bancaires ces dernières années a conduit la Banque Islamique a
développée des outils et des concepts pour une bonne gestion de
ces risques de crédit.
A partir de ces différents risques, nous allons
étudier et analyser les concepts et les instruments qui permettent
à la BIG de réduire l'impact de ces risques sur son bilan en se
posant cette question :
Quels sont les outils qui sont à la
disposition de la BIG pour une maîtrise efficace des risques de
crédits bancaires ?
Schéma sur la répartition des
modalités des risques bancaires
Appréciation Maîtrise
des risques bancaires
5
Identification
1
Evaluation / Mesure
4
Contrôle
2
Gestion
3
Source : Business Financial Times, 2009
NB : Le département de crédit
Trading fait une évaluation sur le crédit sollicité avant
de donner son appréciation sur l'octroi d'un crédit à un
client ou à une entreprise. Bien entendu il ne peut que donner son avis,
mais la dernière décision revient à la Direction
générale. L'objectif du département de crédit
Trading, c'est de détecter les clients ou entreprises risqués par
une analyse approfondie des documents qu'ils vont fournir pour avoir un
prêt bancaire.
Par cette analyse la banque peut anticiper les risques potentiels
qui peuvent toucher les fonds propres de la banque (la finance islamique :
Analyse des produits financiers islamiques de CHERIF, Karim en 2007) en
utilisant les instruments financiers comme les produits dérivés
par exemple les contrats à terme, Swapes, les forwards, les options et
les ventes à terme.
Tableau1 : Les modalités de répartition et
de maîtrise des risques des crédits bancaires
Les étapes de maîtrise de risques bancaires
BIG
|
Les moyens mis en oeuvre pour maîtriser les
risques bancaires au sein de la BIG
|
Appréciation des risques
bancaires
|
v En matière bancaire l'appréciation du risque
revient au responsable du département de crédit Trading.
+ Il doit motiver sa décision pour l'appréciation
de la Direction Générale afin d'accélérer la mise
en place du concours de caution d'avance de démarrage et de bonne fin
d'exécution.
|
Evaluation/mesure des risques bancaires
|
v Le banquier doit évaluer tous les risques qu'en cours
le client s'il n'arrive pas à rembourser le prêts, en demandant
par exemple une garantie suffisante avant l'octroi du pret.
v La mesure du risque doit se reposer exclusivement sur les
principes et les produits de la banque islamique.
|
Gestion des risques bancaires
|
v Le responsable financier doit s'assurer que le métier
qu'exerce son client n'expose pas la banque à la faillite.
v La banque doit suivre sa stratégie de gestion des
risques pour identifier et évaluer toutes les alternatives possibles
pour minimiser le risque.
|
Contrôle
|
v Le département de crédit Trading doit être
indépendant de la direction Générale, pour éviter
toute immixtion de la hiérarchie en matière octroi du
crédit à un client.
v Le département de crédit Trading doit avoir
toutes les informations nécessaires avant d'octroyer un crédit
aux particuliers et aux entreprises.
|
Identification des risques bancaires
|
v Pour maîtriser les risques bancaires, le banquier doit
identifier et définir ces risques pour la prise de décision
spécifique.
v L'identification du niveau des risques prises par la BIG doit
être fondée selon la stratégie mise en place par la
banque.
|
|
Source : Analyse des produits financiers islamiques : Financial
Islamique 2007, actualisé par la BIG
a) Concepts et outils de base:
Selon le Modèle d'Evaluation des Actifs Financiers MEDAF,
repris par Sharpe en 1964 il a introduit deux concepts de base sur les risques
de crédits bancaires : le risque systémique et le risque
résiduel. Pour le risque systémique, il résulte d'un
risque lié au cours de l'évolution du marché financier et
le risque résiduel est propre à la spécificité
interne d'un établissement financier.
Par ailleurs, la Banque Islamique est dotée des outils
nécessaires pour prendre de décisions dans le cadre d'octroi d'un
emprunt bancaire.
La méthode du Risk adjusted rate of return (PAROC) a mis
en place des outils efficaces pour maîtriser les risques de crédit
bancaires. Elle fournit une base économique pour mesurer d'une
manière consistante tous les risque et dote les managers des outils
nécessaires pour prendre des bonnes décisions concernant le
couple de choix : risque/bénéfice des différents
éléments d'actifs2.
Le diagnostic financier est un outil d'analyse important pour
voir la santé financière de la banque, voire si elle a la
possibilité d'octroyer des crédits aux particuliers ou aux
entreprises pour l'exercice de leurs activités.
C'est ainsi, qu'à travers ce diagnostic financier, on
pourra juger les performances financières de la BIG. Les outils de
l'analyse financière constituent des instruments de travail très
efficace pour voir l'évolution des activités de la banque
à savoir : sa trésorerie, sa performance financière, sa
structure, sa stratégie, son équilibre budgétaire, la
rentabilité des capitaux propres, les charges fixes, les charges
variables et son bilan.
Ces différents outils constituent des concepts de base
pour une parfaite analyse financière de l'évolution des
activités de la Banque Islamique, ces informations comptables sont
fournies par la banque elle-même.
[...] Ainsi, l'analyse financière se fixe un certain
nombre d'objectifs en vue d'éliminer plusieurs risques incombant sur la
banque les objectifs du diagnostic financier : Pour les prêts à
court terme, les bailleurs des fonds sont essentiellement
intéressés par la liquidité de l'entreprise, c'est
2 La gestion des risques analyse de certains aspects liés
à l'industrie de la finance islamique : Méthode PAROC 2000 Page
47
à dire par son aptitude à régler ses
échéances à court terme, sans pour autant négliger
l'équilibre financier à long terme. Dans le cas de crédit
à long terme, ils s'intéresseront à la solvabilité
et à la rentabilité de l'entreprise, qui conditionne le paiement
des intérêts et le remboursement du capital. [...]3
Malgré ces instruments et ces outils d'analyse, la
Banque Islamique n'est pas totalement couverte pour éviter voire
diminuer les risques bancaires qu'elle court, dans le cadre de l'exercice de
son métier.
La position de la BIG et le développement de ses
activités, dépendent également de sa proportion ou de sa
stratégie à pouvoir se doter des ressources humaines qui ont une
compétence nécessaire et suffisante ; pour pourvoir les postes
clés de l'activité commerciale, et à faire de la formation
continue de son personnel un véritable levier de son
développement.
b) Les instruments de gestion de risques
bancaires :
La Banque Islamique a mis en place des procédures et des
instruments de gestion de risques bancaires avant tout octroi d'un financement
afin de veiller sur le risque ainsi que le type d'instrument utiliser. Elle
doit avoir toutes les informations nécessaires qui lui permettent de
faire une évaluation objective sur la nature du risque, de même
que les instruments appropriés avant qu'elle ne donne son accord pour un
financement.
C'est ainsi que, par le biais des certains principes islamique,
la BIG a développée des instruments financiers pour mieux
contrôler le risque lié à l'octroi d'un crédit
« En raison des particularités de chaque instrument financier, le
risque de crédit doit être analysé pour chacun d'eux. Ceci
facilitera la mise en place d'un système de contrôle interne et de
gestion des risques
»4
Pour Islamic Financial Services (IFS), « Chaque IFI est
censée mettre en place un système de gestion des risques
permettant l'identification, la mesure, les instruments, le suivi, le reporting
et le contrôle du risque de crédit. L'IFS doit considérer
le risque de crédit de manière holistique et
3 Le diagnostic financier comme outil d'analyse des
crédits d'investissement à la Banque Populaire,
Comptabilité & finances 2010, P 7, CHD/ ed 2010/11/02 PFE-Ly-01
CURTH, Concepts et outils d'analyse de la fiance islamique.
4 Institutions (other than Insurance Institutions) offering only
Islamic Financial Services Guideline to IFI de l'IFSB Principe22. La finance
islamique : Analyse des produits financiers islamiques CHERIF, Karim Page 51
s'assurer que la gestion du risque de crédit prenne part
à une approche intégrée de la gestion de l'ensemble des
risques financiers »5
Cependant, selon (First Conférence on Risk Management in
Islamic Finance Paris), le développement d'instrument de gestion et de
transfert de risques charia compatibles, tels que: L'assurance takaful, la
titrisation des droits de propriété d'actifs tangibles, le
recours au Salam et à l'istisna parallèles. La prise de
sûretés réelles pour circonvenir aux situations de mauvaise
gestion, d'abus et de fautes grave des gestionnaires des fonds Moucharaka ou
Moudharaba et des mandataires.
Le Transfert des risques inhérents à la
propriété des actifs à travers: La vente à terme de
la nue propriété sans l'usufruit et la vente à terme de
l'actif à la condition d'être l'intermédiaire pour sa
revente.
Par contre, pour CHERIF, Karim de la finance islamique (Analyse
des produits financiers islamiques), les Sukuk sont des instruments
obligataires islamiques adossés à un actif tangible ou à
un investissement dans une firme. Mais la Banque Islamique utilise actuellement
le Mudaraba et Murabaha qui sont les principaux instruments financiers
islamiques.
Cependant, les outils financiers produits par les Banques
Islamiques en général sont attractifs pour les usagers, à
plusieurs titres selon Lachemi Siagh « leur aspect éthique, mais
aussi l'argument choc de la finance islamique qui consiste à affirmer
que l'évaluation des risques est incomparablement meilleur sur un
capital matérialisé et ensuite, l'engagement participatif de la
banque qui ne se contente pas de collecter des fonds d'épargnants pour
leurs diverses opérations mais partage les pertes et les profits ».
Lachemi Siagh 2003 RNPH/01TH
Il faut noter que la Banque Islamique du Sénégal,
dispose déjà de beaucoup d'instruments financiers, parmi lesquels
l'Ijara qui est une obligation bancaire émise par la Banque Islamique du
Sénégal (BIS) qui permet d'améliorer la liquidité
à très court terme.
5 Guideline to IFI de l'IFSB principe 24, La finance islamique :
Analyse des produits financiers islamiques CHERIF, Karim, p.52, Risk Adjusted
Return On Capital.
Tableau 2 : Les principaux instruments bancaires
islamiques
appellations
|
caractéristiques
|
correspondance avec des instruments
occidentaux
|
Mudaraba*
|
Financement d'un projet par la banque avec partage des P&P
selon un ratio préétabli
|
Capital-investissement
|
Musharaka* Mizaka
|
Co-financement par la banque et les promoteurs avec partage des
P&P selon un ratio préétabli
|
Capital-investissement
|
Kard hasan
|
Prêt sans intérêt avec couverture des frais
bancaires réels par l'emprunteur
|
Prêt mutualiste
|
Bay'mu'ajjal
|
Achat d'un actif par la
banque puis revente à son client avec paiement
différé
|
Vente à terme ou forward
|
Bayassalam
|
Achat d'un actif du client par la banque puis revente à
terme à ce dernier
|
Cessions-bails
|
Ijara
|
Achat d'un actif par la banque puis location à son client
avec promesse de vente à terme
|
Crédit-bail
|
Murabaha
|
Prêt sans intérêt à court terme avec
marge bancaire préétablie
|
Micro-crédit
|
Sukuk
|
Emprunt obligataire adossé à un contrat de
crédit-bail
|
Emprunt obligataire
|
Source :*instrument impliquant un partage de
profits & pertes (P&P). Source : Errico & Farahbaksh,
1998, adapté par les auteurs de la recherche.
Explication 2:
Voici les 3 principaux instruments financiers utilisés par
la Banque Islamique : l'Ijara, la Murabaha et la Sukuk ces instruments se
transforment souvent en contrats entre la Banque
Islamique et le client. Ces contrats permettent aux deux parties
de partager les bénéfices et éventuellement les pertes
potentielles qui peuvent arriver à court ou à long terme.
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