PROJET PROFESSIONNEL
L'utilisation de la distraction
Aux urgences pédiatriques
Copyright - Association SPARADRAP -- Distraction des enfants lors
des soins
FRERY Émilie
École de Puéricultrices
Année 2012
R!M!rci!M!NTs
Je tiens dans un premier temps à remercier Madame
Véronique Sarda, Formatrice à l'IFRASS, pour sa
disponibilité, ses idées et ses conseils, ainsi que pour son aide
précieuse au cours de cette année.
Je tiens à remercier Madame Chantal Borde, Directrice du
pôle Petite Enfance à l'IFRASS, pour son aide et ses
précieux conseils.
Je remercie Madame Catherine Samat, Documentaliste à
l'IFRASS, de m'avoir accompagnée dans mes recherches
bibliographiques.
J'aimerais adresser un remerciement particulier au personnel
du service des urgences pédiatriques pour leur accueil, pour avoir mis
à ma disposition l'ensemble des informations nécessaire à
la bonne réalisation de ce travail et pour leur participation à
mes entretiens exploratoires.
Ces remerciements ne seraient pas complets sans une pensée
pour d'anciennes collègues et amies, qui ont su m'aider et
m'encourager.
Un immense merci à Myriam qui a eu la gentillesse de lire
et corriger ce travail.
Mes dernières pensées iront vers ma famille, qui
m'aura soutenu et encouragé tout au long de cette année
d'étude.
« Le droit aux meilleurs soins possibles est un
droit
fondamental, particulièrement pour les enfants
»
Unesco
« La distraction tient à une grande passion
où à une
grande insensibilité. »
Antoine Rivaroli, dit comte de Rivarol
SOMMAIRE
INTRODUCTION 1
LE CONSTAT ET LA QUESTION DE DÉPART
4
LE CADRE EXPLORATOIRE 7
1. LE CONTEXTE 8
2. LA REVUE DE LITTERATURE 9
2.1. L'ENFANT 9
2.1.1. SON DEVELOPPEMENT PSYCHO-AFFECTIF 9
2.1.2. SON DEVELOPPEMENT INTELLECTUEL 10
2.1.3. SON DEVELOPPEMENT MOTEUR 11
2.1.4. LES BESOINS PSYCHOSOCIAUX DE L'ENFANT 13
2.2. LES PARENTS : PARTENAIRES DU SOIN 14
2.3. LES SOIGNANTS 16
2.3.1. LE POSITIONNEMENT DE CHAQUE PROFESSIONNEL 16
2.3.2. LA COLLABORATION AU SEIN DU BINOME 17
2.4. LE SOIN 18
2.4.1. LE SOIN RELATIONNEL 19
2.4.2. LE SOIN TECHNIQUE 20
2.4.3. LE SOIN EDUCATIF 20
2.4.4. LA DOULEUR 20
2.4.5. L'INQUIETUDE GENEREE PAR LES SOINS 22
2.5. LA DISTRACTION 23
2.5.1. DEFINITION 23
2.5.2. LES DIFFERENTES TECHNIQUES 24
2.5.3. LES OBJECTIFS 25
3. LES ENTRETIENS EXPLORATOIRES 26
3.1. PRESENTATION DES SOIGNANTS INTERROGES 26
3.2. METHODOLOGIE DE L'ENQUETE 27
3.3. ANALYSE DES ENTRETIENS 27
3.4. SYNTHESE DE L'ANALYSE 39
LA QUESTION DE RECHERCHE ET LE CADRE CONCEPTUEL
40
1. LE CONCEPT DE PRENDRE SOIN 42
2. LE CONCEPT DE COMMUNICATION 45
LA PROBLÉMATIQUE ET LES HYPOTHÈSES
48
CONCLUSION 50
BIBLIOGRAPHIE 52
ANNEXES 56
INTRODUCTION
En France, un enfant sur deux est hospitalisé avant
l'âge de 15 ans.
Pour ces enfants et leurs parents, un séjour à
l'Hôpital ou une simple visite sont souvent synonyme de crainte et de
détresse, pouvant parfois entrainer des problèmes d'acceptation
des soins. Par ailleurs, bien que les soins n'entraînent pas tous une
douleur, ils procurent pour la plupart une angoisse.
Dans un contexte d'humanisation et de qualité des
soins, ce problème de santé publique est de plus en plus pris en
compte. Différentes associations traitent du sujet et des moyens qui
peuvent être mis en place pour répondre à ce
problème de société.
L'association Pediadol est impliquée depuis de
nombreuses années autour de la prise en charge de la douleur de
l'enfant, pour changer les pratiques soignantes. A ce titre, chaque
année, des journées nationales sont organisées, avec de
nombreux apports, tant théoriques que pratiques, notamment sur les
méthodes distractives.
Par ailleurs, une association visant au mieux-être des
enfants malade hospitalisés, l'association Sparadrap a organisé
un concours national ouvert aux professionnels de santé, sous le
patronage du Ministère de la Santé et de la Jeunesse. Les
objectifs de ce concours étaient de promouvoir l'utilisation des moyens
de distraction dans la prise en charge de la douleur de l'enfant et de
valoriser les initiatives des professionnels de santé pour
améliorer la prise en charge des enfants lors d'examens
inquiétants ou de soins douloureux. Cette association a également
réalisé un film de formation sur le sujet intitulé «
A vous de jouer ! La distraction des enfants lors des soins »,
également parrainé par le Ministère de la Santé.
Dans le cadre de ma spécialisation en vue de
l'obtention du Diplôme d'État de Puéricultrice et face
à ce problème majeur, je me suis interrogée sur ce qui
pourrait modifier le vécu de l'enfant vis-à-vis d'une
hospitalisation. Ainsi, j'ai choisi d'élaborer ma réflexion
personnelle autour de la place de la distraction pendant les soins dans le but
de diminuer la douleur et le stress induit par ces derniers et aussi pour
dédramatiser les différents événements, ainsi que
la perception et le souvenir que l'enfant en gardera.
Pour étudier ce sujet, j'exposerai d'abord le cheminement
qui m'a amené à ma question de départ.
Je développerai ensuite mon cadre exploratoire dans
lequel j'exposerai le contexte de mon sujet d'étude. Je
présenterai également les lectures qui permettent de
définir les mots-clés de
ma question de départ : l'enfant, ses parents, les
soignants, le soin et la distraction à l'Hôpital. Je continuerai
par l'analyse des entretiens exploratoires qui apporteront la
réalité de terrain. Ensuite, je présenterai ma question de
recherche qui sera l'évolution de ma question de départ suite
à l'exploration de celle-ci. Cette nouvelle question sera le
préalable à mon cadre conceptuel dans lequel je vais aborder la
notion de << prendre soin » et celle de << communication
».
Pour conclure, j'exposerai les différentes
problématiques en lien avec mon sujet et une hypothèse de travail
qui en émane.
LE CONSTAT
ET LA QUESTION DE
DÉPART
Au cours de mon expérience professionnelle, j'ai eu
l'occasion d'observer différentes façons d'aborder les enfants
lors de la réalisation des soins.
En effet, lors de mon exercice professionnel en
onco-hématologie pédiatrique, j'ai été
confrontée à différentes situations où l'enfant
soigné appréhendait les soins, quels qu'ils soient. J'ai pu
constater que pleurs et appréhension pouvaient se transformer en sourire
et joie lorsque j'utilisais un moyen de distraction (jeux, TV, contes,
chansons, clown, aménagement de la salle de soin) afin d'attirer
l'attention de l'enfant vers une activité lui apportant plus de plaisir
que la situation de soin.
Ainsi, j'ai choisi d'élaborer ma réflexion
professionnelle autour de la question de l'intérêt d'utiliser des
méthodes distractives au cours des soins douloureux, inquiétants
ou impressionnants.
Constat
Par exemple, j'ai pris en charge à plusieurs reprises
un enfant de 4 ans, Thomas, pour la pose d'un gripper sur sa chambre
implantable. Les soins se déroulent à chaque fois avec la
présence de sa maman. Thomas connait ce soin et son déroulement
car il est répété régulièrement. Toutefois,
au moment de l'installation pour le soin, Thomas pleure, refuse tout contact et
entre en opposition en se débattant. Il se met dans un état
d'anxiété important malgré qu'il ait eu un patch
anesthésiant sur le point de ponction, sa maman pour le rassurer, son
doudou et mes explications. Il est alors nécessaire de le contenir
fermement pour réaliser le soin.
Après discussion avec Thomas et sa maman, j'apprends
qu'il aime regarder le dessin animé Tchoupi. De ce fait, lors d'une pose
de gripper ultérieure, je réalise ce soin dans sa chambre, avec,
en plus des moyens utilisés précédemment, un DVD de son
dessin-animé favori qui passe à la télévision. Lors
de ce soin, Thomas était concentré sur l'aventure de son
héros préféré. Il a donc laissé faire le
soin sans montrer de signe d'opposition ou d'anxiété.
Question de départ
Par le biais de ce travail de recherche, je souhaite me
positionner en tant que future professionnelle de la petite enfance. Pour moi,
il est important de prendre soin du patient et de ne pas faire uniquement
l'acte technique, hormis dans le cas d'une urgence vitale.
Ayant pour projet professionnel de travailler en service
d'urgences pédiatrique, je souhaite découvrir si la distraction
peut être réalisable et si elle peut faciliter les soins dans ce
service. Par conséquent, je m'intéresse à la question de
la prise en charge d'un enfant lors de la réalisation de soins
infirmiers en tant que puéricultrice aux urgences
pédiatriques.
Je pose ma question de départ dans les termes suivants
:
En quoi la distraction peut-elle être un outil de
soins pour la puéricultrice aux urgences pédiatriques
?
LE CADRE EXPLORATOIRE
1. Le contexte
Je choisis d'orienter mes recherches dans le cadre de soins
réalisés à l'hôpital, plus précisément
au service des urgences pédiatriques du CHU de Toulouse.
Ce service accueille des enfants de la naissance à
l'âge de 15 ans. Il se divise en différents secteurs selon les
problèmes médicaux des enfants : consultations médicales,
consultations chirurgicales, zone d'hospitalisation de courte durée et
déchoquage.
L'unité compte environ 100 passages par jour mais la
fréquentation est en constante augmentation (environ + 10% entre 2010 et
2011). Toutefois la répartition des besoins restent stables : les soins
externes représentent 75% de l'activité contre 25% pour les
hospitalisations.1
Le personnel paramédical se compose
d'infirmiers2, de puériculteurs3 et d'auxiliaire
de puériculture.
Enfin, il n'existe pas de projet spécifique sur la
distraction lors des soins dans cette unité. Toutefois, de ce que j'ai
pu voir au cours de mon stage, le personnel l'utilise
régulièrement.
A son arrivée, chaque enfant est d'abord pris en charge
par un Infirmier d'Accueil et d'Orientation (IAO). Celui-ci accueille l'enfant
et son accompagnant, identifie la demande et le besoin de soins, évalue
son état (prise des paramètres, douleur), réalise les
premiers soins (administration d'antalgique selon protocole du service,
pansements légers...) et oriente sur le secteur adapté aux
besoins de l'enfant et du degré d'urgence.
L'enfant est ensuite pris en charge par l'infirmier en poste sur
le secteur concerné, en collaboration avec le médecin et
éventuellement une auxiliaire de puériculture.
Je m'interroge sur la prise en charge lors des
différents soins auxquels peuvent être confrontés les
enfants au long de leur parcours aux urgences, qu'ils soient douloureux,
inquiétants ou impressionnants.
1 Cf. Annexe A : Fréquentation du service des
urgences pédiatriques du CHU de Toulouse
2 Lire partout : infirmier/infirmière
3 Lire partout :
puériculteur/puéricultrice
2. La revue de littérature
2.1. L'enfant
L'enfant est défini comme << garçon ou fille
dans l'âge de l'enfance »4 en sachant que l'enfance est
<< la période de la vie humaine, de la naissance à
l'adolescence »5.
Afin de comprendre l'enfant, il importe de développer
avec lui une approche globale qui tient compte de son intégrité
comme personne humaine. Il est donc nécessaire de connaitre les
différents stades de développement par lesquels il passe puisque
des besoins et désirs différents en découlent.
Le développement psycho-affectif de l'enfant est
étroitement lié au développement moteur par des
interactions complexes. Il faut donc considérer le développement
de l'enfant dans sa globalité.
2.1.1. Son développement psycho-affectif
Le développement psycho-affectif est un processus de
structuration et de maturation psychique par lequel l'enfant passe de la
dépendance totale au niveau adulte.
A travers leurs travaux de recherches en psychologie, J.
Piaget et S. Freud, ont reconnu l'importance de la petite enfance, de l'enfance
et de l'adolescence dans la structuration de l'individu. De nombreux autres
psychologues, comme D.W. Winnicott, J. Bowlby ou M. Klein, ont aussi
étudié l'enfant.
Le théoricien S. Freud a décrit plusieurs stades
de développement psycho-affectifs. Selon lui, le corps a une grande
importance dans la construction de la personnalité. La théorie
freudienne se déploie en cinq phases libidinales qui vont évoluer
en même temps que l'individu.
De la naissance à un an, il est question du stade oral.
Cette étape constitue l'organisation psychique du premier lien. La zone
orale est prédominante, elle est la principale source de plaisir de
l'enfant.
4 VINCIGUERRA, M., Dictionnaire le petit Larousse
compact, Larousse, Paris, 2002, p.380.
5 Ibid., p.380
Ensuite, entre 1 et 3 ans environ, l'enfant entre
progressivement dans la phase anale. Pendant cette phase, liée au
plaisir de contrôler ses voies d'excrétion, il est question des
notions de contrôle, de pouvoir, d'opposition et d'échange.
Viennent ensuite le stade phallique de 3 à 6 ans
pendant lequel le complexe d'OEdipe intervient puis la phase de latence de 6
ans à la préadolescence. Cette latence correspond au
déclin du complexe d'OEdipe.
D'autres périodes spécifiques ont
été proposées par d'autres auteurs tels que M. Klein, D.W.
Winnicot, R. Spitz mais elles s'intègrent pour la plupart aux stades du
développement décrits par Freud.
Si Freud pense que le développement affectif est
lié au développement physique, Bowlby dit que les besoins
affectifs sont présents dès l'origine. Ainsi, il définit
l'attachement comme tout comportement qui favorise le contact ou la
proximité d'un jeune enfant avec sa mère, afin de répondre
au besoin de sécurité de l'enfant. Pour lui, le comportement
d'attachement est inné. Il distingue les enfants selon leur type
d'attachement : secure, insecure ou ambivalent.
Ce comportement d'attachement évolue au fil du
développement de ses moyens d'expression. Il s'agit donc d'un facteur
clef de la socialisation.
2.1.2. Son développement intellectuel
L'enfant fait chaque jour de nouvelles acquisitions à
travers son développement cognitif. Il évolue et se construit en
périodes successives afin de s'adapter à son milieu.
Le développement intellectuel de l'enfant est
décrit à travers différentes étapes par J. Piaget.
La première étape est le stade sensorimoteur (jusqu'à 2
ans), il aboutit à la construction de conduites de plus en plus
structurées et complexes à partir de réflexes simples et
d'habitudes acquises. Le corps revêt une extrême importance. Ce
stade se caractérise par la présence continue des personnes ou
des personnes de relation, par la création d'un environnement rassurant
et l'utilisation de l'objet transitionnel.
La période suivante est le stade
pré-opérationnel (2 à 7 ans). Cette étape se
caractérise par l'arrivée des notions de quantité,
d'espace, de temps, de la fonction symbolique, du langage, etc... La
pensée de l'enfant se constitue en tant qu'intelligence
représentative et n'englobe pas encore les opérations
réversibles. La vie imaginaire tient une grande place, les enfants
jouent
à des situations de la vie (jouer au docteur...). Par
ailleurs, ils ont une crainte de la séparation et de la mutilation
corporelle.
Les deux derniers cycles sont le stade opérationnel
concret (7 à 11 ans) et le stade opérationnel formel (12 à
15 ans). Ils correspondent au développement de la pensée logique
et à une moindre dépendance aux parents.
2.1.3. Son développement moteur
Il correspond à l'acquisition progressive des
mouvements, de la coordination et témoigne de la maturation progressive
du système nerveux central. La motricité évolue et se
complexifie au fil de la croissance de l'enfant, le développement n'est
pas continu ni uniforme.
Même si l'ordre d'apparition des comportements est
semblable pour tous les enfants, le rythme de développement
diffère d'un enfant à l'autre. Cette progression peut se traduire
par des évolutions rapides mais aussi par des stagnations ou même
un déclin puis le développement peut continuer.
À la naissance, le nouveau-né présente
des réflexes archaïques et donc involontaires. Hormis le
réflexe de succion, tous les réflexes vont disparaitre avec la
maturation du système nerveux central.
Les conduites motrices sont soumises aux lois de
différenciation, de variabilité et de succession. Au
départ, le bébé a une motricité globale dont les
actions sont généralisées à la totalité du
corps puis il passe par de nombreux enchainements pour parvenir à
élaborer des mouvements volontaires, précis, organisés et
efficaces.
L'action motrice se développe selon une succession de
redressements, de maintiens, d'enchaînements et de déplacements
qui sont régis par deux lois fondamentales.
Le développement céphalo-caudal s'effectue du
haut vers le bas du corps et permet à l'enfant de réaliser une
série d'étapes dans la coordination statique. La loi de
progression proximodistale traduit le développement des mouvements en
partant du centre du corps jusqu'aux extrémités des membres. De
ce fait, elle amène progressivement à une coordination fine.
Par ailleurs, différents facteurs extérieurs
tels que l'environnement familial et la vie relationnelle influencent
l'activité motrice. Les parents doivent donc offrir à leur enfant
un milieu adapté à ses besoins, lui assurer sa
sécurité affective et respecter son rythme.
Pour faciliter la compréhension, j'ai choisi de
réaliser un tableau récapitulatif du développement moteur
de l'enfant en fonction de l'âge, bien que le rythme dépende de
chacun.
De 0 à 1 mois
|
- Réflexes archaïques
- Hypotonie axiale, hypertonie des membres en flexion
|
De 1 à 5 mois
|
- Tonicité musculaire
- Mouvements involontaires
|
De 6 mois à 2 ans
|
- Préhension volontaire
- Déplacements volontaires
|
De 2 à 3 ans
|
- Maîtrise encore mal ses mouvements.
- Commence à enchaîner et associer des gestes
différents.
- Manipule beaucoup de petits objets, il est capable d'utiliser
un crayon.
- Monte normalement les escaliers mais descend encore marche
par
marche.
- Difficulté à ralentir sa course, à changer
de direction, à accélérer, à
associer différentes vitesses (passe souvent par
l'arrêt).
|
De 3 à 4 ans
|
- Passe de la marche à la course en un mouvement plus ou
moins
enchaîné.
- Peut marcher sur la pointe des pieds.
- Apparition du sens de l'équilibre (mouvement
compensateur).
- Ses gestes et mouvements sont plus habiles et rapides.
- Acquisition en cours : boutonner, déboutonner, visser,
dévisser,
découper suivant un trait, marcher à reculons,
faire des sauts avec détente.
- Commence à être capable de gestes
dissociés.
|
De 4 à 6 ans
|
- Bondit, saute, se balance.
- Peut tenir sur un pied pendant une courte durée.
- Peut attraper un ballon.
- Descend un escalier normalement.
- Peut rester immobile.
- Devient capable de gestes précis et adaptés :
peut frapper sur un clou,
scier et couper.
|
De 6 à 8 ans
|
- Fait des gestes de plus en plus précis.
|
De 8 à 12 ans
|
- La coordination des mouvements est en fin d'acquisition.
- L'équilibre s'assure.
- L'attention peut être soutenue.
- L'immobilité voulue devient possible pendant un assez
long moment.
|
Après 12 ans
|
- Comportement moteur maladroit, allure gauche et
empruntée,
- Réapparition fréquente de mouvements parasites,
de petits signes
d'incoordination
|
2.1.4. Les besoins psychosociaux de l'enfant
La prise en charge efficiente d'un enfant passe par la prise
en compte de ses besoins dans les dimensions affectives, cognitives et
sociales. D'ailleurs, la Charte Européenne des Droits de l'Enfant
Hospitalisé6 y fait référence.
Tout enfant a des besoins émotionnels qui doivent
être satisfaits dès sa naissance et qui devront être
satisfaits jusqu'au cours de l'âge adulte. Ces besoins et leur
satisfaction varient en fonction du stade de développement.
Il est donc important de connaitre ces besoins afin de les
satisfaire du mieux possible. En effet, un enfant dont les besoins ne sont pas
comblés va chercher à les satisfaire par un autre moyen. Dans ce
cas, il adoptera souvent un comportement inapproprié (pleurs,
colères, cris....). Dans le cas d'un enfant dont les besoins sont
satisfaits, celui-ci se sent bien intérieurement, et adopte de fait des
comportements plus adaptés et coopère bien plus facilement.
Mia Keller Pringle a décrit quatre besoins de base : la
besoin d'amour et de sécurité, le besoin de nouvelles
expériences, le besoin d'éloge et d'estime et le besoin de
responsabilité. Plusieurs d'entre eux sont impactés lors d'une
consultation ou hospitalisation en urgence. D'abord, l'enfant a besoin d'amour
et de sécurité. Sa satisfaction permettra la réalisation
de son identité personnelle et l'acquisition d'une maîtrise de
soi. A ce titre, la présence de figures d'attachement (parents, doudou)
est indispensable pour offrir un environnement sécurisant. Par ailleurs,
les rapports à l'enfant doivent être tendres et attentifs. Les
soignants devront être dans une disponibilité affective et devront
adopter une attitude d'encouragement et de valorisation. Il est
nécessaire de sécuriser l'enfant par le contact physique (bercer,
masser...) , en le rassurant et en l'informant : se présenter,
expliquer... Si ce besoin de sécurité affective et physique n'est
pas satisfait, l'enfant pourra présenter un état de
protestations, de pleurs, de colère ou de stress.
Le besoin d'éloge et d'estime est également
touché et agit sur la confiance en soi de l'enfant. Pour franchir les
obstacles qu'il rencontre, l'enfant est particulièrement sensible
aux encouragements des adultes. Le soignant doit donc avoir une attitude
positive et optimiste et
6 Cf. Annexe B : Charte Européenne des Droits
de l'Enfant Hospitalisé
valoriser au maximum l'enfant, quel que soit le résultat.
Sans ces encouragements, l'enfant aura un sentiment d'échec et ne
persévèrera pas.
2.2. Les parents : partenaires du soin
<< Pour accueillir l'enfant et sa famille dans un
service de pédiatrie, il est nécessaire de construire un
partenariat entre les parents et les professionnels. Ces derniers doivent
être à l'écoute et s'adapter à chaque situation.
>>7
Lors d'une hospitalisation, les besoins psycho-affectifs de
l'enfant sont perturbés, il est donc nécessaire de lui apporter
un sentiment de continuité au travers du lien d'attachement qu'il
partage avec ses proches. En effet, cette source d'insécurité
qu'est l'hospitalisation ne peut être apaisée que par ses
parents.
La présence des parents au côté de leur
enfant hospitalisé s'est imposée petit à petit depuis le
début des années quatre-vingt. Deux articles de la <<
Charte Européenne des Droits de l'Enfant Hospitalisé >>
précise le droit des enfants à avoir leurs parents auprès
d'eux pendant leur hospitalisation.
Cette présence parentale peut faciliter la prise en
charge de l'enfant soigné si les parents sont rendus acteurs. Selon
Didier Cohen-Salmon, <<si les parents sont présents, il convient
de leur proposer un rôle actif : caresser, tenir la main de l'enfant,
compter ou chanter avec lui, l'aider à souffler des bulles
>>8. Les parents doivent comprendre quel rôle et quelle
place ils peuvent avoir pendant le soin, leur présence doit être
encadrée. Ils doivent avoir une posture soutenante pour leur enfant et
ne sont pas là pour aider le soignant à assurer la contention de
l'enfant.
L'information a aussi un grand rôle. << L'information
doit être double : du médecin et de l'équipe soignante vers
les parents et des parents vers le médecin et l'équipe soignante
>>9.
7 BOURDES, D., Le rôle du cadre de santé
et la place des parents en pédiatrie, In Soins
pédiatrie/Puériculture, février 2008, n°240,
p.41
8 COHEN-SALMON, D., Utilisation des techniques de
distraction et de jeu lors des douleurs aiguës provoquées par les
soins chez l'enfant, p.9 [en ligne]
http://www.cnrd.fr/Utilisation-des-techniques-de.html
9 ERNOULT, A., Les parents, acteurs du lien entre tous
les intervenants, à l'intérieur et à l'extérieur de
l'hôpital, In Parents d'enfants hospitalisés : visiteurs ou
partenaires ?, Sparadrap, Paris, 2004, p.62
Il est donc nécessaire de faciliter la
compréhension des parents en expliquant les soins de façon
pertinente. << Plus la compréhension des parents est claire, mieux
ils peuvent communiquer avec leur enfant, l'aider et intervenir utilement [...]
»10.
De la même façon, il faut que les soignants
prennent en compte les informations que peuvent donner les parents sur les
habitudes et préférences de leur enfant, sur ses
réactions... afin que s'installe une relation de confiance pour
améliorer la prise en soins de l'enfant malade. Les parents doivent
être partenaires dans les décisions prises pour l'enfant.
Par ailleurs, << les attitudes parentales
spontanées qui permettent de prédire le coping (moyen de faire
face) chez l'enfant sont la conversation non procédurale, l'humour
partagé avec l'enfant, et l'incitation à utiliser des techniques
de distraction (respiration)»11. Il est donc important
d'être en lien avec les parents, de les écouter et de prendre en
considération leurs éventuelles difficultés puisque les
réactions de l'enfant sont conditionnées par son milieu
familial.
La présence des parents comme partenaire de soins
implique des règles précises permettant aux parents de conserver
leur rôle de parent et aux soignants d'effectuer normalement leur
travail. Il est donc nécessaire de déterminer des règles
de cohabitation entre soignants et parents. Par ailleurs, il est important
qu'existe un projet d'équipe autour de la présence des parents
afin que les parents ressentent une cohérence dans la prise en charge de
leur enfant.
Le partenariat parent/soignant permet une approche globale de
l'enfant, en incluant son environnement familial et social. De plus, <<
en matière de soins médicaux, l'augmentation du pouvoir des
"intéressés", [...] a pour conséquence l'augmentation de
la qualité des soins dispensés. »12. En
favorisant ces relations entre parents et soignants, le bénéfice
est alors pour tous et principalement pour l'enfant.
10 ERNOULT, A., op.cit., p.62
11 COHEN-SALMON, D., op.cit., p.8
12 COHEN-SALMON, D., Et maintenant ? Conclusions et
perspectives. In Parents d'enfants hospitalisés : visiteurs ou
partenaires ?, Sparadrap, Paris, 2004, p.94
2.3. Les soignants
Le personnel soignant doit assurer des soins relationnels et
techniques adaptés à la personne soignée et doit le faire
dans un environnement conforme aux bonnes pratiques en vigueur.
Son rôle est d'accompagner les enfants et leurs parents
dans leur parcours fait d'imprévu, de souffrance, mais toujours de
singularité.
2.3.1. Le positionnement de chaque professionnel
La profession infirmière est réglementée
par deux décrets l'un du 16 février 1993, le second du 11
février 2002 contrairement à la profession d'auxiliaire de
puériculture qui n'a pas de décret de compétence.
L'utilisation des méthodes distractives fait partie des
compétences de l'infirmière puéricultrice.
Elle est régie par différent articles du
décret 2004-802 du 29 juillet 2004 du Code de la santé publique
relatif aux actes professionnels infirmiers.
L'article R4311-2 de ce décret notifie que : « Les
soins infirmiers, préventifs, curatifs ou palliatifs, intègrent
qualité technique et qualité des relations avec le malade. [...]
Ils ont pour objet [...] de participer à la prévention, à
l'évaluation et au soulagement de la douleur et de la détresse
physique et psychique des personnes. [...] >>13.
La distraction entre aussi dans le rôle propre infirmier
comme l'indique l'article R4311-3 du même décret : «
l'infirmier ou l'infirmière a compétence pour prendre les
initiatives et accomplir les soins qu'il juge nécessaires [...] Il
identifie les besoins de la personne, [...] met en oeuvre les actions
appropriées et les évalue [...] >>14.
La puéricultrice peut réaliser toutes les
méthodes distractives à son initiative et peut également
les déléguer, sous sa responsabilité, à
l'auxiliaire de puériculture.
Le travail avec les parents est également
identifié dans deux articles de ce même décret. D'abord,
dans l'article R4311-5, il est noté que « l'infirmier ou
l'infirmière accomplit les
13
http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?idArticle=LEGIARTI000006913889&cidTexte=LEGITE
XT000006072665&dateTexte=20080310&fastPos=1&fastReqId=1038277619&oldAction=rechCodeArticle
14
http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006072665&idArticle=LEGIAR
TI000006913890&dateTexte=&categorieLien=cid
actes ou dispense les soins [...] comprenant son information
et celle de son entourage » et l'article R4311-13 indique que le suivi de
l'enfant dans son milieu de vie est réalisé par
l'infirmière puéricultrice.
Même si la profession d'auxiliaire de
puériculture n'est pas réglementée, plusieurs
compétences sont exigées pour le diplôme. Parmi ces
compétences, on retrouve le fait d'accompagner un enfant dans les
activités d'éveil et de la vie quotidienne et aussi la
nécessité d'établir une communication adaptée
à la personne et son entourage.
Leur rôle est également d'aider, d'accompagner et de
conforter les parents dans leur rôle éducatif en
développant leur autonomie pour les associer aux soins.
Enfin, pour avoir une prise en charge de qualité, les
soignants doivent avoir conscience des besoins de l'enfant et ceux de la
dynamique familiale afin d'aider ou de maintenir le lien parent/enfant. Par
ailleurs, en plus de veiller à la satisfaction des besoins fondamentaux
de l'enfant, la puéricultrice doit développer un climat de
sécurité autour de lui.
2.3.2. La collaboration au sein du binôme
La collaboration est un « processus oil plusieurs
personnes s'associent pour réaliser un travail avec des objectifs
communs, chacun selon ses compétences et dans les limites de
réglementation »15 .
« Dans le cadre du travail du personnel soignant, le
binôme plAVAllitIIQIIFRP P e "une association de deux
personnes ayant des compétences complémentaires afin d'atteindre
un objectif commun" (Seigneur, Centre Hospitalier de Dreux)»
16
L'auxiliaire de puériculture occupe une place de
collaborateur privilégié du puériculteur. Les limites et
rôles de chacun sont déterminés dans un objectif
d'amélioration du service rendu au patient et à ses proches. Les
membres du binôme sont acteurs à part entière et chacun
doit y trouver sa place, ils sont complémentaires.
15 DELZERS, F., Exercice professionnel : le champ
de la collaboration entre infirmiers et aides-soignants, auxiliaires de
puériculture, aides medico-psychologiques [en ligne]
http://www.infirmiers.com/pdf/collaborationide-as-ars.pdf
16 DUMAIS-PICARD, L., Le binôme dans le
secteur des services à la personne. [en ligne]
http://www.servicesalapersonne.gouv.fr/Public/P/ANSP/Bibliotheque/Emploi%20et%20professionnalisation/bin
%C3%B4me%20dans%20les%20SAP.pdf
Comme le souligne M-C Fontaine, la collaboration entre le
puériculteur et l'auxiliaire de puériculture peut se faire de
différentes façons, notamment << en participant à
l'accompagnement physique et psychologique de l'enfant et de sa famille tout au
long de son hospitalisation et lors d'examens [...], en l'installant en rapport
avec son autonomie, et en assurant son bien-être et sa
sécurité ainsi que celui de sa famille »17
La collaboration au sein du binôme permet donc
l'humanisation des soins en sécurisant la prise en charge et en se
préoccupant du bien-être et du confort de la personne
soignée. L'enfant est placé au centre du soin et
considéré comme une personne dans sa globalité.
2.4. Le soin
De façon générale, les soins peuvent se
définir de plusieurs façons.
Selon le contexte, ils correspondent aux actes par lesquels on
veille au bien-être de quelqu'un, aux actes de thérapeutique qui
visent à la santé de quelqu'un, de son corps, aux actes
d'hygiène, de cosmétique qui visent à conserver ou
à améliorer l'état de la peau, des ongles, des cheveux, ou
encore aux actes qui visent à entretenir, préserver quelque
chose.18
Pour l'Organisation Mondiale de la Santé, << la
mission des soins infirmiers dans la société est d'aider les
individus, les familles et les groupes à déterminer et
réaliser leur plein potentiel physique, mental et social et à y
parvenir dans le contexte de l'environnement dans lequel ils vivent et
travaillent, tout cela en respectant un code de déontologie très
strict. »
Le Conseil International des Infirmières définit
quant à lui les soins infirmiers comme << les soins
prodigués, de manière autonome ou en collaboration, aux individus
de tous âges, aux familles, aux groupes et aux communautés -
malades ou bien-portants - quel que soit le cadre. »19
Pour Walter Hesbeen, << le soin infirmier est l'attention
particulière portée par un(e) infirmier(e) à une
personne et à ses proches en vue de leur venir en aide dans leur
situation en
17 FONTAINE, M-C., La collaboration
puéricultrice et auxiliaire de puériculture, Cahiers de la
puéricultrice, décembre 2001, n°152, p.10
18 VINCIGUERRA, M., op.cit., p.947
19 CONSEIL INTERNATIONAL DES INFIRMIÈRES,
Définition des soins infirmiers, [en ligne]
http://www.icn.ch/fr/about-icn/icn-definition-of-nursing/
utilisant, pour concrétiser cette aide, les
compétences et les qualités qui en font des professionnels
infirmiers. Le soin infirmier s'inscrit ainsi dans une démarche
interpersonnelle et comprend tout ce que les infirmiers font dans la limite de
leurs compétences pour prendre soin des personnes. »20
Les soins infirmiers contribuent donc à répondre
aux besoins de santé d'une personne et prennent différentes
dimensions, souvent en interrelation.
Le but absolu des soins aux enfants est de favoriser des
relations harmonieuses afin que ces derniers se développent et puissent
affronter toutes les situations dans lesquelles ils peuvent se trouver.
2.4.1. Le soin relationnel
Bien que le terme de << soin relationnel »
n'apparaisse dans le référentiel de formation relatif au
Diplôme d'Etat d'Infirmier qu'en 2009, ce type de soin existe dans la
pratique depuis bien longtemps.
Il correspond aux échanges verbaux et non verbaux entre
le soignant et le patient lorsqu'ils sont en contact et est
considéré comme la base de la prise en charge globale du patient,
sans nécessaire objectif thérapeutique et correspond en fait
à la théorie de la << relation d'aide » définit
par le psychologue humaniste Carl Rogers.
La relation d'aide et de soutien s'applique à toutes
les situations de soin. Elle suppose la capacité à accueillir les
émotions et à mettre en place une attitude ajustée
à ce que vit la personne, c'est à dire à faire
émerger des ressources, une prise de conscience, des perspectives. Elle
permet à toutes personnes en difficulté de mobiliser ses
ressources pour mieux vivre une situation. D'après le concept du
caring de J. Watson qui correspond au fait de prendre soin, il
convient au soignant d'adopter des attitudes thérapeutiques telles que
l'empathie, l'authenticité, l'écoute active et la
reformulation.
La dimension relationnelle du soin accompagne le soin
technique. Elle reste fondamentale et permet au patient de
bénéficier d'une prise en charge globale et d'un accompagnement
de qualité de la part des soignants. La qualité relationnelle est
le coeur du soin.
20 HESBEEN, W., Prendre soin à
l'hôpital, inscrire le soin infirmier dans une perspective
soignante, Masson, Paris, 1997, p.43
2.4.2. Le soin technique
Il désigne un savoir-faire, une compétence
technique ou une connaissance acquise par l'infirmier au cours de ses
études.
Il peut faire référence au rôle propre de
l'infirmier régit par le Code de Santé Publique à travers
la réalisation des soins fondamentaux, permettant de répondre
à une perturbation des besoins primaires de la personne soignée.
Il peut s'agir de soins d'hygiène, de bien-être, visant à
maintenir l'hygiène de vie d'une personne.
Le soin technique renvoie aussi à la réalisation
d'un acte en collaboration. Par exemple, il peut s'agir d'une prise de sang,
d'une pose de voie veineuse périphérique, de la réfection
d'un pansement, ...
2.4.3. Le soin éducatif
Les soins éducatifs « sont des interventions qui
consistent à offrir à une personne ou un groupe de personnes des
informations, conseils ou assistance pour leur permettre de comprendre ce qui
peut maintenir, restaurer, promouvoir sa santé et modifier ses
comportements. »21
Ces soins se pratiquent dans un but préventif mais aussi
curatif.
L'éducation des patients leur permet de devenir
autonomes en prenant conscience de leur capacité. Ainsi, une
réduction des facteurs de risque en découle et les patients ont
une meilleure chance de maintenir plus longtemps leur état de
santé.
Par ailleurs, la relation soignant / soigné est
renforcée autour de cette activité enrichissante.
2.4.4. La douleur
Les soins que nous pratiquons aux enfants peuvent provoquer une
douleur.
21 DIRECTION DE L'HOSPITALISATION ET DE L'ORGANISATION
DES SOINS, Terminologie des soins infirmiers, Guide du service
infirmier, Série soins infirmiers, France, 1986, 67 pages
La douleur est une expérience subjective propre
à chaque individu, dépendant de variations multidimensionnelles
telles que la culture, les origines, la signification de la douleur, les
expériences antérieures...
L'International Association for the Study of Pain
définit la douleur comme « une sensation désagréable
et une expérience émotionnelle en réponse à une
atteinte tissulaire réelle ou potentielle ou décrite dans des
termes impliquant une telle lésion ».
Cette définition explique donc que l'élément
physiologique seul est insuffisant, il faut prendre en compte la dimension
psychique, affective et émotionnelle de cette douleur.
Au vu de ce phénomène multifactoriel si personnel
et subjectif, il est important de l'évaluer pour la prendre en charge
efficacement.
Le soignant dispose de différents outils
d'évaluation22 à adapter en fonction de l'âge du
patient, du type de douleur (aigüe ou chronique) et du mécanisme
générateur de la douleur. Pour les enfants en âge de parler
et de s'évaluer, il existe des méthodes d'auto-évaluation.
Par
exemple, l'échelle visuelle analogique (EVA) permet
à l'enfant d'indiquer avec un curseur oüil situe sa
douleur sur une ligne droite. L'échelle des visages est aussi beaucoup
utilisée pour
l'auto-évaluation des enfants de 4 à 6 ans,
l'enfant doit identifier le visage qui correspond le plus à ce qu'il
éprouve.
Lorsque les enfants sont dans l'incapacité de
s'auto-évaluer du fait de leur jeune âge, d'un handicap, d'une
barrière linguistique..., le soignant doit alors avoir recours à
une hétéroévaluation. Différentes échelles
comportementales existent en fonction du type de douleur. Cette
évaluation se base sur deux catégories de comportements : les
signes émotionnels (détresse comportementale : agitation, pleurs,
cris ; expression spécifique du visage ; stress physiologique et
biologique) et l'inertie psychomotrice (réduction de l'activité
motrice ; réduction des autres activités de base : jouer, dormir,
parler, manger).
Comme le souligne l'article L1110-5 du Code de Santé
Publique en référence aux droits des malades et à la
qualité du système de santé, « toute personne a le
droit de recevoir des soins visant à soulager sa douleur. Celle-ci doit
être en toute circonstance prévenue, prise en compte et
traitée ».
22 Cf. Annexe C : Échelles d'évaluation
de l'intensité douloureuse chez l'enfant
L'administration d'antalgiques ne répond pas
entièrement à la prise en charge de la douleur. En effet, de
nombreux moyens existent pour soulager l'enfant, qu'ils soient
médicamenteux (Emla®, MEOPA, antalgiques palier I, II ou III) ou
non (saccharose, allaitement, matériel adapté, distraction...)
D'ailleurs, l'ANAES rappelle que « la prise en charge de la
douleur peut comporter, en plus des antalgiques, des moyens non
pharmacologiques (distraction, relaxation, hypnose) »23.
La mémorisation des expériences se fait
dès le plus jeune âge et la douleur éprouvée lors
d'un soin à un impact sur la douleur éprouvée lors de
soins ultérieurs. Il est donc important de tout mettre en oeuvre pour
prévenir la douleur afin que l'enfant garde des souvenirs les plus
agréables possible.
2.4.5. L'inquiétude générée
par les soins
Dans un contexte de soins, les besoins psycho-affectifs de
l'enfant, tel le besoin de sécurité ou de confort, sont
perturbés.
De ce fait, la situation engendre de l'anxiété,
parfois majorée par celle des parents. L'anxiété est donc
un facteur d'adaptation permettant de faire face aux situations de danger et
d'urgences.
Lors d'un soin, l'enfant est soumis au stress lui faisant
parfois perdre ses repères. Par ailleurs, comme je l'ai abordé
précédemment, une expérience antérieure difficile
peut aussi influencer le vécu de l'enfant.
L'enfant va alors présenter une appréhension qui
pourra s'exprimer à travers différents registres : physiologiques
(tachycardie, sueur...), psychologiques (inhibition, mutisme...),
émotionnels (pleurs, cris...), comportementaux (opposition...).
Toutes ces peurs peuvent envahir l'enfant à des
degrés variables et venir perturber le soin.
Il est donc indispensable de prendre en compte ces craintes en
mettant en place des techniques de distraction.
23 DUROCHER, A., Evaluation et stratégie de
prise en charge de la douleur aiguë en ambulatoire chez l'enfant de 1
à 15 ans, Agence Nationale d'Evaluation et d'Accréditation
en Santé, Paris, 2001, p.30
2.5. La distraction
Les prémices de la distraction voient le jour en 1971,
avec un jeune médecin, Dr Hunter << Patch >> Adams, qui
prône, entre autres, les vertus thérapeutiques du rire. L'un de
ses principes est de réaliser les soins pour procurer du plaisir et de
la joie.
En 1988, Caroline Simonds, intègre une <<
unité de soins clown >> à New-York. Trois ans après,
elle décide de créer l'association Le Rire médecin afin
que des clowns professionnels permettent aux enfants et à leur famille
de mieux vivre les hospitalisations.
Depuis, cette association s'est développée au
niveau national et d'autres ont vu le jour. A Toulouse, l'association
Hôpital sourire s'inscrit dans le même projet depuis 15 ans.
En parallèle, et depuis plusieurs années,
l'association PEDIADOL (association pour le traitement de la douleur de
l'enfant) aborde le thème de la distraction dans les soins au cours de
séances thématiques et d'ateliers de formation à travers
ses journées annuelles sur la douleur de l'enfant.
Cette année, une conférence aura lieu sur la
distraction virtuelle (le 6 décembre 2012) et deux ateliers seront
proposés sur le thème : << la distraction pour les soins
>> et << De la distraction à l'hypnoanalgésie pour
les soins >>
2.5.1. Definition
La distraction a plusieurs significations. Celle que je
retiendrai est << l'action de détourner l'esprit d'une occupation
ou d'une préoccupation : diversion >>24.
Dans le cadre des soins, distraire un enfant n'est pas le
faire rire ou le faire simplement jouer mais détourner son attention de
façon efficace. La distraction est une médiation
éducative, une animation ludique qui permet à l'enfant d'avoir
son attention ailleurs et d'avoir du plaisir qui primera sur l'angoisse ou la
douleur.
24 VINCIGUERRA, M., op.cit., p.341.
La distraction comprend << [...] toute technique ou
approche qui vise à diriger l'attention de l'enfant vers un
événement ou un stimulus non agressif de l'environnement
immédiat >>25. Les 5 sens (vision, odorat, toucher,
ouïe, gout) sont exploités pour diversifier les perceptions.
2.5.2. Les différentes techniques
La distraction peut être utilisée lors des soins
douloureux, inquiétants ou impressionnants.
La distraction doit être une démarche
individualisée, en adaptant la méthode utilisée à
l'âge de l'enfant26, à son développement
psychomoteur et à ses préférences. Il faut
également prendre en compte son état de santé, sa
sensibilité à la douleur et son expérience
antérieure face aux soins. Le choix d'une technique dépend aussi
de la pratique du soignant, des ressources disponibles et surtout de la
réponse de l'enfant. Le soignant doit employer un ton calme, chaleureux,
il doit utiliser des suggestions positives et adopter une attitude
bienveillante.
Les moyens de distraction sont très variés et se
regroupent en 2 catégories :
- La distraction active :
Elle implique une participation de l'enfant. Elle doit être
attractive pour l'enfant, compatible avec son niveau d'énergie et
d'attention et son aptitude à se concentrer.
Les stratégies de distraction doivent pouvoir s'adapter.
Elles sont regroupées sous le nom de << de techniques
psychocorporelles >>.
Elle peut prendre de nombreuses formes : utilisation de
jouets, s'appuyer sur la personne clé pour rassurer l'enfant (parents,
soignants...), souffler des bulles, technique du rêve accompagné,
conte, chant, jeu...
- La distraction passive :
Elle est liée à différents
éléments extérieurs à l'enfant: décoration
(mobile, kaléidoscope...) ; aménagement de la salle ; habillage
du matériel médical (tensiomètre, toise, bouteille de
MEOPA); ambiance calme, musicale ; odeur (huiles essentielles...) ;
éclairage particulier ; respect de l'intimité de l'enfant.
25 COHEN-SALMON, D., op.cit., p. 2
26 Cf. Annexe D : Approches distractives en fonction
de l'âge de l'enfant
2.5.3. Les objectifs
L'intérêt de l'utilisation d'un support ludique
est de permettre à l'enfant de dépasser son angoisse, << de
lui permettre de devenir acteur dans le soin >>27, et de lui
permettre << de s'amuser, de se détendre, de mieux vivre les
moments tels que les soins, les examens, les séparations, la solitude ou
l'attente grâce à différents moyens couramment
utilisés dans les services >>28
En effet, s'appuyer sur une animation permet à l'enfant de
mieux vivre la situation de soin et entraine donc une meilleure acceptation du
soin et pour les soins ultérieurs.
Lorsqu'elle est utilisée dans une situation de soin, la
distraction devient alors pour la puéricultrice un outil de soin au
même titre que son matériel médical (aiguille, seringue...)
puisqu'elle a aussi un objectif soignant.
L'utilisation de la distraction permet aussi de diminuer
l'anxiété des parents et de favoriser leur participation s'ils le
souhaitent.
L'objectif de l'utilisation de méthodes distractives
durant les soins est de laisser un souvenir moins traumatisant à
l'enfant, en potentialisant les effets des antalgiques pour son confort.
Ainsi, la distraction devrait permettre un meilleur ajustement
aux situations de soins et une prévention des conduites
d'évitement des soins. Par ailleurs, les enfants pourront
eux-mêmes l'utiliser dans une stratégie << d'empowerment
>>.
27 LOMBART, B., et THIBAULT, P., Utilisation des
techniques de distraction et de jeu lors des douleurs aiguës
provoquées par les soins chez l'enfant [en ligne]
http://www.cnrd.fr/Utilisation-des-techniques-de.html
28 GALLAND, F., et MINGUET, B., Présentation du
film "Informer par le jeu à l'hôpital. Pour préparer les
enfants à un soin, un examen, une opération..." [en ligne]
http://pediadol.org/IMG/pdf/Actes2005_105.pdf
3. Les entretiens exploratoires
J'ai choisi de réalisé mon enquête
exploratoire auprès d'infirmiers, éventuellement
spécialisés en puériculture, et auprès
d'auxiliaires de puériculture exerçant aux urgences
pédiatriques. En effet, infirmiers et auxiliaires de puériculture
travaillent en étroite collaboration et participent tous à la
prise en charge des enfants hospitalisés.
J'ai pu interroger une puéricultrice, deux infirmiers et
deux auxiliaires de puériculture exerçant au sein du service des
urgences pédiatriques présenté
précédemment.
3.1. Présentation des soignants
interrogés
|
Entretien n°1
|
Entretien n°2
|
Entretien n°3
|
Entretien n°4
|
Entretien n°5
|
Fonction
|
Infirmière
|
Auxiliaire de Puériculture
|
Auxiliaire
de Puériculture
|
Infirmier
|
Puéricultrice
|
Date d'obtention du diplôme
|
2008
(3 ans 1/2)
|
2008
(3 ans 1/2)
|
2008
(3 ans 1/2)
|
2008
(3 ans 1/2)
|
IDE : 2004 (7 ans 1/2) PDE : 2008 (4ans 1/2)
|
Ancienneté au sein du service des urgences
|
3 ans 1/2
|
3 ans
|
3 ans
|
1 an 1/2
|
1 an
|
Expériences professionnelles antérieures
|
Aucune
|
Grossesses pathologiques (2 mois)
|
Maternité (3 mois)
Pool
(2 mois)
|
Réanimation pédiatrique (18 mois)
|
Médecine adulte (2ans)
Pédiatrie Générale (2 ans)
Néonatalogie (2 ans)
|
Formations autour de la distraction
|
Non
mais formation sur les adolescents hospitalisés
|
Non
|
Non
|
Non
|
Non
|
Les différents professionnels rencontrés sont
tous de jeunes professionnelles avec en moyenne 3 ans d'expérience
professionnelle, majoritairement aux urgences pédiatriques. Seule la
puéricultrice a une expérience plus importante, et a
exercé au sein de différents services de soins.
Pour tous, travailler dans le service d'urgence
pédiatrique est un choix personnel.
Aucun de ces soignants n'a suivi de formation sur le
thème de la distraction. Toutefois, une infirmière a suivi une
formation sur la prise en charge des adolescents hospitalisés et le
sujet a été rapidement abordé.
Malgré les différences de fonction et
d'expérience des personnes interrogées, les propos recueillis
pendant les entretiens tendent vers les mêmes pratiques, reflétant
bien une cohérence des pratiques professionnelles et une cohésion
d'équipe.
3.2. Méthodologie de l'enquête
Je m'intéresse aux pratiques professionnelles de ces
soignants dans le but de recueillir différentes méthodes de
travail et leurs représentations ainsi que pour me positionner en tant
que future infirmière puéricultrice.
Dans ce sens, j'ai choisi de conduire des entretiens
semi-directifs pour la proximité qu'ils permettent et la richesse des
éléments qu'ils peuvent potentiellement produire. En effet, la
personne interrogée peut approfondir sa pensée en l'illustrant
d'exemple.
Toutefois, malgré les avantages de ce type d'entretien,
j'ai rencontré quelques difficultés, notamment pour l'analyse de
leur contenu qui s'avère dense.
3.3. Analyse des entretiens
Suite aux entretiens réalisés avec les
professionnels, j'ai décidé d'organiser mon analyse autour de 2
thèmes principaux et de sous-thèmes qui découlent de leurs
réponses :
+ Les représentations des soignants sur la
distraction 1' Une place importante aux urgences
pédiatriques
v' La distraction : l'affaire de tous
+ La distraction comme outil de soin v' Une
prise en charge individualisée v' Une meilleure acceptation des soins
THÈME 1 : Les représentations des
soignants sur la distraction 1' Une place importante
aux urgences pédiatriques
|
Entretien n°1
|
Entretien n°2
|
Entretien n°3
|
Entretien n°4
|
Entretien n°5
|
|
Toujours une
petite place
|
Important
|
Important
|
Pierre angulaire de l'acte
|
Très important
|
e place ?
|
|
|
Très grosse
part
|
|
Toute sa place
|
|
|
|
Complète le
soin
|
|
Fait partie du
soin
|
|
|
|
Outil de soin
|
|
|
Quand utiliser des methodes distractives ?
|
Absent sur la
|
Pas au
|
|
Pas si urgence
|
Sauf urgence
|
prise en charge au déchoquage
|
déchoquage
|
|
vitale
|
vitale
|
Dépend du
|
Dépend du
|
|
|
Dépend de
|
degré d'urgence
|
contexte de
soin
|
|
|
l'urgence
|
|
|
|
Fonction de
|
Dépend de
|
Pas toujours le
|
|
|
l'activité du
|
l'activité du
|
temps
|
|
|
service
|
service
|
En consultation
|
|
|
|
Dès le départ
|
En chambre
|
|
|
|
Premier contact
|
Dans tous les
soins
|
Dans tous types de soins
|
|
Tous soins
|
Tous soins
|
|
Pas de soins
spécifiques
|
|
|
|
Perfusion
|
Prise de tension
|
Perfusion x2
|
Soins
|
Soins
|
Prise de sang
|
Température
|
Pose de SNG
|
douloureux
|
douloureux
|
Meopa®
|
Surveillance de
|
Déplacement
|
Emla®
|
Pansement
|
|
douleur
|
d'enfant
|
|
Suture
|
|
Emla®
|
fracturé
|
|
Perfusion
|
|
|
|
|
Pesée
|
Tous les professionnels interrogés s'accordent à
dire que l'utilisation de la distraction aux urgences pédiatriques
est « importante » et qu'elle y a « toute sa place ». La
distraction est une « pierre angulaire » du soin, elle est un
véritable « outil de soin » à utiliser «
dès le
départ », dès le << premier contact
». La puéricultrice rappelle que les urgences sont le premier
endroit, après le médecin, où les enfants vont quand ils
sont malades et ajoute que << s'ils nous sentent déjà nous
trop stressés et trop stricts, trop sérieux dans le soin, cette
première fois-là, ce premier contact, ben c'est des enfants qui
vont peut-être appréhender de venir à nouveau à
l'hôpital ». Ces propos montrent donc le caractère
prioritaire de la distraction sur le ressenti des enfants. Je
développerais l'impact de l'utilisation de la distraction sur le
vécu de l'enfant dans une prochaine partie.
On peut également noter que la distraction est
utilisé pour tous types de soins, qu'ils soient douloureux ou non. En
effet, même si la notion de << soins douloureux » revient
à plusieurs reprises, d'autres soins, peu invasifs, sont aussi
cités : << prise de tension, de température, surveillance
de douleur», << pesée ». D'autre part, au cours des
réponses de certains professionnels, il est question d'une association
à des moyens thérapeutiques de lutte contre la douleur (<<
Emla® », << Meopa® »).
Même si les différents soignants accordent une
place prioritaire à la distraction, le critère d'urgence entre en
compte, l'utilisation de méthodes distractives << dépend du
degré d'urgence » et la majorité l'exclue en cas d'urgence
vitale avérée. Dans ce contexte, l'enfant est de toute
façon souvent inconscient et la priorité va à son
état physique. Ils évoquent également le manque de
disponibilité comme limite lorsqu'ils disent que << ça
dépend de l'activité du service ».
Ces différentes réponses confirment mes lectures
traitant de l'utilisation de la distraction au cours des soins. En effet, il
était question de ne pas l'utiliser seulement pour les soins douloureux
mais aussi pour ceux inquiétants ou impressionnants tout en tenant
compte de l'état de santé du patient.
1' La distraction : l'affaire de tous
|
Entretien n°1
|
Entretien n°2
|
Entretien n°3
|
Entretien n°4
|
Entretien n°5
|
De nombreux acteurs
|
Équipe
|
On participe
|
Soignant
|
Tout le monde
|
Tout le monde
|
Binôme
|
toutes
|
AP : rôle
|
Soignant
|
Pluridisciplinaire
|
Soignant
|
Soignant
|
d'accompagnement
|
|
Important d'en
|
Médecin
|
|
dans le programme
|
|
parler en équipe
|
Infirmier,
|
|
|
|
Binôme
|
Puériculteur
|
|
|
|
|
Auxiliaire de puériculture
|
|
|
|
Clown
|
Kiné
|
|
|
|
|
Rôle propre
|
Rôle pas défini
|
|
Rôle
|
Chacun à son
|
du soignant
|
Fonction du
|
|
équivalent
|
rôle à jouer
|
Pas de place particulière, arrêtée
C'est un
échange
|
soignant
|
|
|
Chacun est à sa place
Chacun apporte ce qu'il a
Pas de statut
particulier à avoir
|
|
|
|
|
Parler de ça en équipe
|
|
|
|
|
Se donner des
petits tuyaux
|
|
|
|
|
Chacun apprend avec ses collègues
|
Parent
|
Parent
|
Parent
|
Parent
|
Parent
|
|
|
|
|
Famille
|
Aide l'enfant
|
On fait
|
Plus détendus
|
Un peu plus
|
Besoin d'être
|
à répondre à
|
participer les
|
Discutent
|
rassurés
|
rassuré
|
des questions
|
parents
|
Relation de
|
Moins de
|
|
Participe aux
|
Aide l'enfant
|
cohésion
|
pression
|
|
chansons
|
Stressent
|
|
Se détendent
|
|
Relation de
|
moins
|
|
Peuvent
|
|
confiance
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Interagir
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participer aux soins
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De nombreuses personnes interviennent auprès de
l'enfant au cours d'une prise en charge aux urgences. Médecins,
infirmiers, auxiliaires de puériculture,
kinésithérapeute... sont amenés à prendre en charge
les enfants. Dans ce service d'urgences pédiatriques, infirmiers et
auxiliaires de puériculture forment un binôme pour la plupart des
soins.
Lorsqu'il est question de savoir si cette pratique incombe
plus à une personne qu'à une autre, les soignants
interrogés ont répondu à l'unanimité que <<
tout le monde >> pouvait utiliser des méthodes distractives, il y
a une approche << pluridisciplinaire >>, << que ce soit du
médecin [...] à l'auscultation parce que parfois [...] faut
savoir user de petites astuces >> au << kiné qui va passer
faire une aspi >> en passant par << l'infirmière et
l'auxiliaire [...] pendant les soins >>.
La notion de << binôme >> montre un travail
en collaboration entre l'auxiliaire de puériculture et l'infirmier. Ce
travail en duo leur permet d'avoir plus de ressources afin de proposer des
solutions adaptées à l'enfant en fonction des perceptions
ressenties par les soignants.
Il y a aussi les notions << d'équipe >> et
<< d'échanges >> qui apparaissent dans les entretiens. Ces
dernières montrent que l'utilisation de la distraction est une pratique
commune au service et pas seulement individuelle.
D'ailleurs, une infirmière dit qu'elle << se
complète avec les idées des unes et des autres pour faire rigoler
>> et la puéricultrice dit qu'il est << important dans
l'équipe de pouvoir [...] parler, [...] de se donner des petits tuyaux
>>. Les échanges entre les professionnels de santé
permettent une complémentarité pour optimiser les prises en soin
des enfants.
Aucune profession n'est plus apte à distraire l'enfant
qu'une autre selon ces professionnels. L'une des soignantes indique qu'il
s'agit << du rôle propre soignant >> et une auxiliaire de
puériculture souligne que le << rôle d'accompagnement
>> fait partie de ses compétences et de son programme de
formation.
Majoritairement, les soignants ne définissent pas de
rôle spécifique à chacun. Pour eux, le << rôle
[de chacun est] équivalent >>, << chacun est à sa
place >> et << apporte ce qu'il a >>, << chacun apprend
avec ses collègues aussi >>. Il n'y a pas de << place
particulière, arrêtée >> mais c'est plutôt en
<< fonction du soignant >>, s'il est à l'aise ou non, s'il
est disponible ou non.
La puéricultrice souligne que certaines personnes,
comme << les clowns de l'Hôpital Sourire >> ont une fonction
spécifique, ils << viennent vraiment pour faire rire >>. Ces
intervenants n'ont pas été cités par d'autres soignants,
certainement parce qu'ils ne peuvent passer que peu de temps au sein du
service.
Les professionnels évoquent de façon unanime les
parents comme acteurs de la distraction. D'abord, même si ça
n'a pas été abordé lors des entretiens, j'ai pu constater
durant mon stage que tous les parents sont conviés à rester
auprès de leur enfant, y compris pendant les soins,
sauf au déchoquage et sans y être obligé.
Ces pratiques répondent donc aux préconisations de la Charte
Européenne des Droits de l'Enfant Hospitalisé qui énonce
le droit des enfants à avoir leurs parents auprès d'eux pendant
leur hospitalisation. De plus, la présence des parents répond au
besoin de sécurité de l'enfant, ils sont une présence
rassurante pour leur enfant.
Lors de soins, la distraction permet de faire << participer
les parents », plus ou moins activement.
L'ensemble des soignants évoque le fait que l'enfant
ressent le stress de son parent et relève le fait que l'utilisation de
méthodes distractives, quelles qu'elles soient, va détendre le
parent. Cela l'aide à se dégager de son inquiétude,
inquiétude qui rejaillit sur l'enfant. Ainsi, il va pouvoir à son
tour << rassurer » son enfant.
Parfois, << les mamans participent » aux chansons,
d'autres parents aident l'enfant à répondre à des
questions, d'autres << discutent ». Les parents apportent un
environnement sécurisant à l'enfant.
Le partenariat avec les parents permet d'instaurer une <<
relation de confiance » au sein de la triade enfant- parent-soignant.
THÈME 2 : La distraction comme outil de
soin
1' Une prise en charge
individualisée
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Entretien n°1
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Entretien n°2
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Entretien n°3
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Entretien n°4
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Entretien n°5
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Comment ?
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Poser des
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Faire raconter
|
Dépend de
|
Fonction de
|
Fonction de
|
questions
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leur vie, les
|
l'âge
|
l'âge, de ses
|
l'âge
|
Recentrer sur la
|
copains, le sport
|
Dépend du
|
centres
|
Pas de méthode
|
famille
|
Réceptif ou pas
|
contexte
|
d'intérêt
|
figée
|
Recentrer le
|
|
Dépend de la
|
Cibler sur ce
|
Tout un tas de
|
soin sur
|
|
culture
|
qu'il aime
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méthode
|
l'enfant
|
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Parler de la
|
S'adapter au
|
Apprendre à
|
|
|
famille, des
animaux
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mieux
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connaitre l'enfant
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|
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|
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Regarder
|
|
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|
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S'intéresser à
lui
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|
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|
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Trouver ce qui les attire
|
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|
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Mettre en
oeuvre ce qui
peut amuser l'enfant
|
Les différents professionnels relèvent qu'il
existe différents moyens de distraction, qu'il n'y a pas une «
méthode figée » mais qu'au contraire il est
nécessaire de « s'adapter aux mieux » à l'enfant et
à sa famille.
Pour eux, différents critères sont à
prendre en compte. Ils disent adapter leur technique de distraction en fonction
de l'âge de l'enfant, de sa personnalité, de son comportement, de
sa culture et du contexte de soin. Une auxiliaire de puériculture
souligne le fait qu'il est important que l'enfant soit « réceptif
» à la méthode utilisée.
Pour avoir une approche la plus personnalisée possible,
en plus de le leurs connaissances sur le développement psychomoteur de
l'enfant et les capacités qui y sont liées, les soignants
observent et apprennent à découvrir l'enfant qu'ils prennent en
charge. Dans ce sens, la puéricultrice dit qu'il faut « apprendre
à connaitre l'enfant [...] regarder comment il est habillé [...]
s'il a des petits bracelets, des petites choses [...] qui peuvent nous faire
amener le sujet ». Les informations recueillis au cours de cette
observation rapide vont pouvoir être la
base de sujet de conversation intéressant l'enfant. Par
ailleurs, pour la puéricultrice, les enfants sont moins stressés
lorsqu'il voit que le soignant s'intéresse à eux.
Une autre façon pour les soignants de connaître
les centres d'intérêts de l'enfant est de lui poser des petites
questions sur l'enfant, sa famille, les frères et soeurs,
l'environnement >>, de lui faire << raconter >> sa <<
vie, les copains, le sport >> ou de << parler de dessins
animés qu'il connait >>. Ces questions vont également
permettre d'intégrer le parent au soin. En effet, si l'enfant ne veut
pas répondre ou a oublié, le parent va être
sollicité pour lui venir en aide et va ainsi participer à la
conversation. Pour les plus petits, c'est << les parents qui du coup
viennent répondre et ça laisse la place aux parents. >>
Selon l'infirmière, le fait de << recentrer sur la
famille >> permet à l'enfant d'être << bien ailleurs,
ils pensent un petit peu moins à ce [...] qui est en train de se passer
>>.
La connaissance de l'enfant permet de << trouver chez
chaque enfant [...] ce qui peut l'amuser >> et de << le mettre en
oeuvre lors du soin >>. Ainsi, le soignant adapte la distraction en
fonction de l'enfant qu'il prend en charge.
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Entretien n°1
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Entretien n°2
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Entretien n°3
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Entretien n°4
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Entretien n°5
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Quelles methodes ?
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Discussion
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Discussion
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Chansons
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Utiliser les
|
Parler
|
Chansons
|
Pas de silence
|
Lecture
|
jouets de
|
Pas de silence
|
Blagues
|
Chansons
|
Sophrologie
|
l'enfant
|
Rire
|
Humour
|
Utiliser les
|
Massages,
|
Blagues
|
Parler de
|
Embellir le
|
doudous
|
gestes
|
Jeu
|
dessins animés
|
soin sous forme
|
Dessins aux
|
Contenir
|
Marionnettes
|
qu'il connait
|
d'histoire
|
murs
|
l'enfant pour
|
Jeux de rôle
|
Chansons
|
Jeu des
|
Bulles
|
qu'il se sente
|
Imiter les
|
Sourire
|
lumières
|
Souffle
|
apaisé
|
animaux de la
|
Petits outils
|
Bulles
Poème
Diplôme du
courage
On fait avec ce qu'on a
|
Lecture
|
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ferme
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Stylos rigolos
avec le bout qui s'allume Montre
grenouille Couleurs
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Détailler le
soin en
adaptant les
mots
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Souffle
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Livre
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Dessin
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L'encourager
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Diplôme du
courage
|
D'autre part, les soignants peuvent aussi être
amenés à utiliser l'environnement connu de l'enfant afin que
l'enfant puisse se reconnaître et s'identifier à des choses qu'il
connaît et qui font partie de son univers. Ainsi, une auxiliaire de
puériculture a dit qu'elle utilisait << les doudous » des
enfants, l'infirmier souligne qu'il peut utiliser << leurs propres jouets
». L'utilisation de l'objet transitionnel permet ainsi de rassurer
l'enfant puisqu'il est une figure qui répond au besoin de
sécurité de l'enfant.
Parmi les méthodes distractives citées par les
professionnels au cours des entretiens, on peut remarquer qu'elles font appel
à plusieurs sens.
L'un des sens utilisé par les soignants
interrogés est l'ouïe. Tous ont parlé de techniques en lien
avec ce sens. << La discussion » et << le chant » sont
les plus cités mais certains ont parlé de << blagues
», << d'humour », de << poèmes », de jeux de
rôle et d'imitation.
La vision est également très sollicitée
par les soignants lors de leurs distractions. Par exemple, l'infirmière
détourne la << lampe pour les pupilles » pour l'utiliser en
tant que << jeu des lumières ». << Les dessins qu'il y
a aux murs » et << les couleurs » sont aussi des moyens qui
servent à distraire les enfants tout comme de nombreux autres <<
petits outils » tels que les jeux de << bulles », << les
marionnettes » ou encore << des petits stylos rigolos avec le bout
qui s'allume ». La puéricultrice dit qu'elle se sert aussi d'une
<< montre avec une grenouille » afin << de l'attirer ».
Des techniques faisant appel au toucher sont également citées par
une auxiliaire de puériculture. Elle évoque << les gestes
de massage, les gestes [...] pour contenir un petit peu les enfants pour qu'ils
se sentent apaisés et que le soin se passe le mieux possible ».
Ces nombreuses techniques amènent un environnement
sécurisant pour l'enfant.
Un autre moyen de répondre au besoin d'amour et de
sécurité de l'enfant est de << l'encourager » et de le
féliciter en lui donnant un << diplôme du courage »
à la fin du soin.
L'imaginaire de l'enfant est également mis en
éveil lorsque les soignants racontent le soin sous forme d'histoire pour
<< l'embellir » ou en détaillant le soin en adaptant les
mots. Par exemple, pour une pose de cathéter, l'infirmière
explique qu'il s'agit d'un << petit papillon qui se pose ». Pour
décrire les étapes d'une détersion, la
puéricultrice dit qu'elle << savonne, d'abord c'est comme la
douche on savonne après on rince, après on sèche et
après on met le parfum, euh l'antiseptique ».
L'observation et la connaissance de l'enfant ainsi que
l'adaptation des actions et du positionnement du soignant à l'enfant
permet une prise en charge globale et personnalisée de celui-ci.
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Entretien n°1
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Entretien n°2
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Entretien n°3
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Entretien n°4
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Entretien n°5
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Quelles limites ?
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Pas d'accès à la
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Enfant pas
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Pas beaucoup
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On a
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Pas forcément
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ludothèque
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réceptif
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de matériel
|
quasiment rien
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les moyens
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Pas de
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|
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ou en mauvais
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On n'a pas le
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télévision
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|
|
état.
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matériel donné
|
On aimerait
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Ils [les jouets]
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par l'hôpital
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avoir plus de
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ont tendance
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Nous l'achetons
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distraction, de
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|
parfois soit à
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Offerts par des
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jeux
|
|
|
disparaitre soit
à être en très
mauvais état
après plusieurs
utilisations.
|
personnes extérieures au CHU.
|
Les soignants rencontrent parfois des difficultés
à mettre en place une distraction, notamment lorsqu'il y a une
barrière linguistique ou lorsque l'enfant n'est pas réceptif. Une
autre difficulté évoquée majoritairement est le peu de
moyens à disposition des professionnels, la puéricultrice dit que
les << petits outils » utilisés sont personnels, ce sont les
soignants qui se les achètent.
Toutefois, malgré ces limites, les différents
professionnels font avec ce qu'ils ont et ils essaient << quand
même au maximum [...] de mettre en place cette distraction, le mieux
possible ».
v' Une meilleure acceptation des soins
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Entretien n°1
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Entretien n°2
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Entretien n°3
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Entretien n°4
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Entretien n°5
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Pourquoi utiliser la distraction ?
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Détourner
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Changer les
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Faire oublier au
|
Faire rigoler
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Distraire, jouer
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l'attention du
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idées
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patient qu'on
|
|
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soin
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lui fait un soin
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Pour qu'il se
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Faire penser à
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Prise en compte
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sente à l'aise
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autre chose
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Limiter la
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de la douleur
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Pour s'évader
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|
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douleur
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autrement
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Pour rendre les
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Attirer
|
|
|
Pour ne pas
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choses plus
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l'attention de
|
Rassurer
|
Apaiser certaines
|
penser au soin
|
faciles
|
l'enfant pour
qu'il ne se fige
|
Centrer le soin
|
tensions
|
Pour que le
|
Pour mettre en
|
pas sur ce qu'on
|
sur l'enfant
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Ne se rendent
|
soin se passe le mieux possible
|
confiance
|
lui fait
|
Intégrer les
parents
|
pas compte
|
Pour se calmer
|
Rassurer
|
Rassurer
|
|
Interagir
|
|
Montrer que
|
Moins
|
Instaurer une
|
ensemble
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Dédramatiser
|
l'hôpital n'est
|
d'appréhension
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relation de
|
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le soin
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pas qu'un lieu
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|
confiance
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Un meilleur
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de souffrance
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Détendre
|
|
vécu
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Pour qu'il se
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et de pleurs
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parents et
|
Acceptation du
|
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sente apaisé
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enfant
|
soin
Mieux vivre le
|
Souvenir
|
|
Permet
d'établir un
contact avec
|
Vont sourire
|
soin
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|
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l'enfant
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Apprivoiser l'enfant
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Diminution de
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Peuvent
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l'anxiété et de
|
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participer au
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Pour qu'ils
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la peur
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soin
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aient confiance
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Moins la peur des blouses blanches
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Ils se laissent
faire
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De meilleurs
souvenirs
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Se figent moins sur la douleur
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Beaucoup plus
avenants, moins opposants aux soins
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Les soignants définissent unanimement la distraction
comme le fait de << détourner l'attention du soin », de
<< faire penser à autre chose », de << changer les
idées » pour que l'enfant soigné ne se fige pas sur ce qui
lui est fait.
Ainsi, son utilisation va permettre d'agir sur
différents paramètres qui vont avoir un impact sur la perception
du soin. En effet, tous les professionnels ont noté des effets
bénéfiques chez l'enfant lorsqu'il est distrait pendant le
soin.
Les différents professionnels soulignent que l'emploi
de méthodes distractives permet << d'apprivoiser l'enfant >>
et de le << rassurer >>, lui et sa famille en lui permettant de
<< s'évader >>, de << se calmer >> et de ne pas
penser au soin afin qu'ils << ne se rendent pas compte >>.
La triade enfant - parent - soignant << interagit ensemble
>>, ce qui participe à l'instauration d'une << relation de
confiance >> entre les différents partenaires.
La prise en soin de l'enfant par le biais de la distraction
favorise une << diminution de l'anxiété et de la peur
>> des parents et de l'enfant, tous sont << beaucoup plus
détendus >>.
Le fait de << dédramatiser >> contribue
à << apaiser certaines tensions >> liées à la
peur des soins permet de << mieux vivre les soins >> et conduit
souvent à << l'acceptation des soins >>. Ainsi, l'enfant
sera moins opposant aux soins et va << se laisser faire >>,
certains vont même << sourire >>.
Par ailleurs, plusieurs soignantes font un lien entre la
distraction et la douleur. L'une d'elle indique qu' << on prend en compte
finalement un peu plus la douleur qu'on va gérer d'une autre
manière >>, une autre parle de << limiter la douleur
>> et la dernière ajoute que l'enfant << se fige moins sur
la douleur >>. La distraction peut donc avoir un effet sur la perception
de la douleur.
La distraction au cours d'un soin participe également
à ce que l'enfant est << moins peur des blouses blanches >>
et à ce qu'ils se rendent compte que << l'hôpital n'est pas
qu'un lieu de souffrance et de pleurs >>. Les enfants ayant une
mémoire des expériences dès le plus jeune âge, il
est important de leur laisser << de meilleurs souvenirs >>. Ainsi,
ils auront moins la crainte de revenir si nécessaire. << Quand ils
doivent revenir, ils sont beaucoup plus avenants et moins opposant aux soins
>>.
3.4. Synthèse de l'analyse
Dans la pratique soignante, la distraction occupe une place
importante lors de la réalisation des soins, qu'ils soient douloureux ou
non, et a pour objectif de diriger l'attention de l'enfant et de sa famille sur
autre chose que le soin.
En ce sens, elle contribue de façon large à un
meilleur accueil de l'enfant et de sa famille.
La distraction est un outil relationnel pour tous les
soignants, quelle que soit leur profession. Elle permet d'instaurer une
relation de confiance au sein de la triade enfant - parent - soignant et
propose un milieu sécurisant, répondant au besoin fondamental de
sécurité affective, dans le but de rassurer et diminuer
l'anxiété.
De nombreuse méthodes existent, qu'elles se servent du
corps comme médiateur (souffle, toucher...) ou de l'activité
mentale de l'enfant (histoire, jeu visuel...). D'ailleurs, les soignants
déploient une créativité toute particulière pour
diversifier les différentes approches distractives auprès des
enfants hospitalisés, tout en respectant leur individualité. La
pluridisciplinarité et la complémentarité des soignants
permettent aussi des approches différentes, selon les
spécificités du soignant et de l'enfant qu'il prend en soin.
Dans une volonté d'humanisation et de qualité
des soins, l'enfant et sa famille sont placés au centre du soin. Les
professionnels considère l'enfant comme une personne dans sa
globalité et se préoccupe de son bien-être et de son
confort, afin de répondre à l'ensemble de ses besoins. Au travers
de cette démarche distractive, ils s'intéressent aussi au
côté bienportant de l'enfant.
Le fait de diriger l'attention de l'enfant sur d'autres sujets
que le soin lui-même modifie la perception de la douleur.
Par ailleurs, l'utilisation de méthodes distractives
apporte une autre approche de l'hospitalisation qui, pour l'enfant, est
déstabilisante. Elle permet de dédramatiser un certain nombre
d'actes et de moments difficiles, entrainant ainsi une meilleure acceptation
des soins. Enfin, il existe un impact à long terme sur le souvenir que
l'enfant gardera des soins et sur la facilité qu'il aura à
envisager une future venue.
LA QUESTION De
RECHERCHE ET LE
CADRE CONCEPTUEL
Au cours de la recherche documentaire et de l'analyse des
entretiens que j'ai effectué dans la partie précédente
dans le cadre de ma question de départ, j'ai pu déterminer que la
distraction au cours des soins est réalisée dans une
démarche d'humanisation et de qualité des soins.
Ces éléments m'ont conduit à me
questionner sur les bénéfices de l'utilisation de la distraction
dans la pratique soignante, et plus particulièrement au sein de la
relation soignantsoigné.
Par conséquent, je pose la question de recherche suivante
:
En quoi l'utilisation de la distraction peut-elle
être un facteur clé de la relation soignantsoigné
?
Afin de répondre à mon questionnement, j'ai choisi
d'étudier deux concepts.
J'aborderai la notion du << prendre soin » dans une
première partie car il doit être à la base des pratiques
soignantes et tout soignant doit le prendre en compte.
Je développerais la << communication » dans un
second temps. En effet, la communication fait partie de la relation puisque
entrer en relation c'est aussi communiquer avec le patient.
1. Le concept de prendre soin
Ce concept s'est fondé sur la philosophie de <<
l'humanitude >>, lancé en 1980 par F. Klopfenstein et repris en
1986 par le scientifique français Albert Jacquard.
Walter Hesbeen a particulièrement étudié
le concept de << prendre soin >> et attache une grande importance
à développer la pratique soignante et notamment la qualité
de celle-ci. Pour lui, il est nécessaire que la perspective soignante
soit aidante et porteuse de sens pour la personne soignée.
Cet auteur, mais néanmoins soignant, définit ce
concept comme une << attention particulière que l'on va porter
à une personne vivant une situation particulière en vue de lui
venir en aide, de contribuer à son bien-être, de promouvoir sa
santé. On voit ainsi combien la concrétisation de cette aide sera
tributaire de la représentation que le soignant a de la santé.
>>29. Par ailleurs, il ajoute que << l'attention
s'inscrit dans la perspective d'apporter de l'aide à une personne, donc
d'apparaître comme un professionnel aidant pour elle, dans sa situation
singulière et en utilisant les compétences professionnelles qui
caractérisent les acteurs de telle ou telle profession.
>>30
Une << excellence technique saupoudrée de
quelques propos humanisants, même profondément sincères
>>31 ne suffit pas à prendre soin de l'autre. Ainsi,
<< prendre soin est un art, il s'agit de l'art du thérapeute,
celui qui réussit à combiner des éléments de
connaissance, d'habileté, de savoir être, d'intuition qui vont
permettre de venir en aide à quelqu'un, dans sa situation
singulière >>32.
Prendre soin est donc une action complexe qui apparait dans le
cadre d'un rapport soignantsoigné caractérisé par
l'unicité de la relation. L'intérêt est d'accroitre cette
tonalité soignante par essence humaniste qui concerne tous les
protagonistes de la relation, que ce soit la personne soignée, son
parent ou le soignant.
Cette perspective de soin s'inscrit dans une démarche
soignante fondée sur la rencontre et l'accompagnement des personnes
soignées.
29 HESBEEN, W., op.cit., p.8
30 Ibid., p.8
31 Ibid., p.2
32 Ibid., p.35
Le but de la rencontre est d'instaurer une relation de
confiance en prenant en compte la personne dans sa globalité et dans sa
singularité. Il ne suffit pas d'axer sa prise en charge uniquement sur
le problème somatique qui amène le patient à consulter. Le
soignant n'est pas uniquement une personne maîtrisant les pratiques
techniques avec des connaissances théoriques, mais c'est
également et surtout, une personne remplie d'humanité qui doit
prendre soin de personnes en situation de vulnérabilité. Pour
cela, il faut également établir des liens avec la personne
soignée et prendre en compte le ressenti du patient au moment
présent. Les professionnels doivent distinguer et identifier les
différents besoins exprimés ou non de cette personne afin de les
satisfaire dans la mesure du possible. Les besoins sont multiples et
différents selon les individus, ils concernent tout autant le corps que
la dimension psychoaffective et la vie sociale de la personne. Dans le contexte
de mon sujet d'étude, cette étape correspond au temps
d'observation et de connaissance de l'enfant.
Cette rencontre permettra au patient d'être quelque peu
rassuré par rapport à son nouvel environnement parfois
impressionnant. Ainsi, la rencontre et les liens de confiance qui se
créent sont les paramètres initiaux qui oeuvrent pour prendre
soin d'une personne dans une perspective de santé. De plus, cette
relation de confiance va permettre au patient d'adhérer à ses
soins.
Après le période de rencontre et de
découverte de l'autre, vient le temps de l'accompagnement. Le soignant
accompagne le soigné selon les désirs de celui-ci. Le
professionnalisme du soignant intervient lorsqu'il s'agit de « tenir
conseil » avec la personne, c'est-à dire d'aborder les
différentes solutions qui s'offrent à elle, l'éclairer et
quelquefois la soutenir à faire un choix adapté pour elle.
Cet accompagnement dépend de chaque situation de vie
rencontrée et ne peut donc être prédéterminé.
La nécessité de personnaliser la prise en charge a d'ailleurs
été décrite par les professionnelles qui ont
répondu à mon enquête exploratoire. D'autre part, chaque
soignant contribue différemment à ce « prendre soin »
selon ses propres ressources. Ainsi, le travail en équipe permet
d'apporter de nombreuses compétences aux personnes soignées. En
ce sens, W. Hesbeen a souligné que « l'atmosphère
d'humanité dans un lieu de soin n'est pas l'apanage d'un seul groupe
professionnel mais relève d'un état d'esprit »33.
Le travail en
33 HESBEEN, W., op.cit., p.99
binôme, comme c'est le cas au sein du service d'urgence
pédiatrique concerné par mon sujet d'étude, permet cette
complémentarité des soignants.
Le << Prendre Soin » fait également appel
à la << capacité d'inférence »34 du
soignant. Il s'agit de sa capacité à établir des liens
entre plusieurs éléments et à agir de façon
éclairée, subtile et adaptée aux personnes
rencontrées.
Ce concept est issu de l'expérience et du questionnement
des acteurs de la santé et implique que ceux-ci développent une
réflexion éthique sur leurs pratiques.
Le << prendre soin » induit donc une dimension
humaine dans la relation soignant-soigné et de prise en compte de
l'individu à qui l'on prodigue des soins par une individualisation des
pratiques professionnelles.
Dans cet objectif, et comme le souligne d'ailleurs l'analyse
de mes entretiens, les professionnels portent un intérêt tout
particulier à l'accueil, à la présence, à
l'écoute, à la disponibilité, à l'empathie, au
respect, à l'information, à la lutte contre la douleur et
à l'accompagnement dans la maladie. Ainsi, ces valeurs professionnelles
permettent la satisfaction des besoins de chaque individu, afin de les
considérer dans leur globalité.
La relation d'aide est un soin qui fait partie intégrante
de la démarche de prendre soin.
Il s'agit d'un soin relationnel qui a pour objectif d'amener
et d'accompagner toute personne en difficulté à diminuer son
anxiété, à mobiliser ses ressources personnelles, afin de
vivre au mieux une situation.
Avec ce concept, la singularité des personnes est mise
en avant dans le soin infirmier. De plus il permet une cohésion et un
lien entre les différents acteurs du soin, c'est-à-dire le
soigné, son entourage et le soignant. Walter Hesbeen l'exprime par :
<< Bien ensemble pour aller loin ensemble »
La notion de bientraitance fait écho à ce
concept. En effet, la bientraitance vise à promouvoir le bien-être
de l'usager en gardant présent à l'esprit le risque de
maltraitance. Elle correspond à un mouvement d'individualisation et de
personnalisation permanente de la prestation. Elle passe donc par le respect de
la dignité humaine en donnant une place active à la personne
soignée, sans disqualifier le soignant.
34 HESBEEN, W., op.cit., p.102
2. Le concept de communication
La communication peut se définir comme << le fait de
transmettre quelque chose >>35 et comme << l'action de
communiquer avec quelqu'un, d'être en rapport avec autrui
>>.36
Les notions de relation et d'échanges apparaissent dans
cette définition. La communication a donc pour objectif principal de
faire passer un message (une connaissance, une émotion, son
identité, sa personnalité) et de tisser des liens relationnels
avec les autres.
La communication implique donc qu'il y ait au moins deux
personnes dont un émetteur, qui produit une information et un
récepteur qui reçoit cette information via des voies de
communication les reliant. Ils entrent en relation et interagissent avec leur
singularité, leur sensibilité, leurs attentes, leurs
émotions.
Carl Rogers évoque trois dimensions pour
caractériser la communication et le langage. Ces dimensions sont de
véritables savoir-être et savoir-faire nécessaires au
soignant pour établir une communication adaptée.
Il décrit d'abord la notion de << congruence
>> comme une cohérence et une authenticité entre les
paroles (langage verbal) et la pensée (langage non verbal).
Ensuite, il aborde la dimension << d'empathie >>
comme la capacité de ressentir les émotions d'autrui. L'empathie
s'exprime par une communication verbale ou non.
Enfin, C. Rogers évoque le concept de <<
considération positive >>. C'est le fait d'être capable de
percevoir le vécu d'une personne selon son cadre de
référence à elle et de faire abstraction de nos propres
conceptions. Il ne faut pas juger la personne.
Outre, ces aspects << Rogeriens >> qu'il est
important de connaitre, la communication implique de se connaitre et de
connaitre ses limites afin de mieux communiquer avec les autres. De plus, la
communication répond aux besoins fondamentaux de l'enfant, elle est donc
indispensable.
La communication revêt essentiellement deux formes :
verbale et non verbale. Ces deux modes d'expression sont complémentaires
et rarement dissociables.
La communication verbale s'exprime par le biais de la parole,
à travers des mots. Elle représente le moyen d'expression le
plus spontané et constitue la méthode volontaire de
35 VINCIGUERRA, M., op.cit., p.273
36 Ibid., p.273
communication avec les autres la plus employée. Le
langage a une portée symbolique qui évoque des images mentales
dans l'esprit de celui qui l'entend. Il est important que le soignant tende au
discernement et qu'il n'émette pas de jugement de valeur.
Dans le contexte hospitalier, la parole est essentielle aux
soignants pour l'explication des soins effectués aux patients. Elle
permet de mettre en mot les gestes qui vont être effectués.
Le professionnel doit fournir au patient des renseignements
à sa portée qu'il soit en mesure de comprendre et d'accepter.
Ainsi, en pédiatrie, la puéricultrice va adapter son langage au
développement de l'enfant et à son niveau de
compréhension.
La communication ne se limite pas uniquement à
l'expression verbale, elle est aussi non verbale. La communication non verbale
correspond à l'élaboration et au partage d'éléments
signifiants, sans usage de la parole et est le support privilégié
de l'émotion.
Elle se révèle au travers de la gestuelle, des
aspects extérieurs. Ce langage non verbale témoigne la
transmission des impressions et des réactions, souvent de façon
inconsciente et à notre insu, dévoilant nos sentiments profonds.
Au cours d'interactions, le soignant doit être attentif à ces
expressions qui sont susceptibles de donner de précieuses
informations.
De nombreux éléments appartiennent à la
communication non verbale : le comportement spatial et cinétique, les
expressions du visage, le langage paraverbal et le toucher.
Le comportement spatial est en lien avec la distance entre les
personnes. Il peut indiquer un désir de proximité et
d'échanges ou au contraire une volonté de mise à
distance.
Le comportement cinétique rassemble les postures et la
gestuelle. Il est souvent révélateur de l'état
intérieur de la personne et permet de noter une évolution ou non
de l'état émotionnel au cours de l'interaction. Par ailleurs, il
donne des indications sur le type de relation que la personne cherche à
établir.
Les expressions du visage englobent les mimiques et le regard.
Elles traduisent les émotions (joie, douleur, colère, tristesse)
et ont souvent un impact important sur la relation. Le regard est essentiel
dans la relation. Il permet de transmettre une qualité de
présence relationnelle, c'est une manière de s'impliquer dans la
relation. Le sourire constitue un appel au lien mais d'autres mimiques peuvent
au contraire provoquer un état émotionnel négatif. Dans le
cadre des soins, il est donc important d'apprendre à modérer ses
mimiques.
Le langage paraverbal correspond à la qualité de
la voix (intonation, articulation, vitesse d'élocution) et aux
vocalisations (pleurs, rire, soupirs, intensité, silence...). Ces
différents paramètres ont un impact sur l'auditeur, provoquant de
l'intérêt ou au contraire de l'ennui. Ils permettent aussi
d'appréhender l'état d'esprit de celui qui parle.
Enfin, le toucher est un sens important car il contribue
à la communication à travers les soins quotidiens. De nombreux
soins font inévitablement intervenir le toucher du patient par le
soignant. Le toucher n'est pas anodin puisqu'il permet d'entrer dans
l'intimité de l'autre. Il peut être utilisé à
visée diagnostique ou à visée relationnelle.
En pédiatrie, la communication non verbale a une grande
place, il est donc important que le soignant temporise ses expressions. Le
soignant devra ajuster ses propos et son langage non verbal en fonction des
réactions de la personne soignée.
La communication est donc un ensemble de moyens d'expression
en lien permanent. La communication non verbale peut accentuer ou
complémenter la communication verbale, voire même se substituer
totalement au verbal.
Une communication adaptée lors d'un soin consiste en la
mise en place d'une relation de confiance entre le soignant et le
soigné, grâce à la capacité d'ajustement du soignant
à son interlocuteur.
LA PROBLÉMATIQUE
ET LES HYPOTHÈSES
L'utilisation des méthodes distractives au cours des
soins apparait au cours de mon enquête exploratoire comme faisant partie
des pratiques soignantes. La distraction est un outil de soin pour
l'infirmière tant informatif que distractif qui diminue
l'appréhension du soin chez l'enfant et donc le facilite. Il permet
d'établir une relation de confiance au sein de la triade enfant - parent
- soignant.
Toutefois, certains professionnels évoquent des limites
dans son usage au quotidien.
En effet, la distraction n'est pas utilisée
systématiquement comme médiateur du soin. Le manque de temps et
de disponibilité sont évoqués à différentes
reprises. De plus, certains se heurtent à la réceptivité
de l'enfant vis-à-vis des méthodes distractives et abandonne
ainsi ce soin relationnel pour se consacrer uniquement à la technique.
Enfin, un autre obstacle rencontré par les soignants est le manque de
moyens.
De fait, la problématique se situe ici dans les
difficultés éprouvées par les professionnels à
utiliser la distraction comme outil de soins. L'enjeu est de comprendre
pourquoi l'usage de méthodes distractives n'est pas
systématique.
Même si l'utilisation de techniques de distraction fait
partie du rôle propre de l'infirmier ou du puériculteur, elle
reste à l'initiative du soignant. Ainsi, chacun intègre
différemment cette pratique à son quotidien. Le plus souvent, les
professionnels utilisent généralement les mêmes
méthodes, celles qu'ils maîtrisent. Il est nécessaire
qu'ils développent les possibilités d'utilisation de plusieurs
méthodes afin de répondre au mieux aux envies et aux besoins de
tous les enfants. Je pense qu'il est utile de renforcer des stratégies
de distraction à l'aide d'une formation spécifique.
Au regard de mon travail, l'hypothèse de recherche est la
suivante :
L'utilisation de la distraction lors des soins
à l'enfant doit être intégrée au sein du cursus de
formation menant au Diplôme d'Etat de Puéricultrice afin qu'elle
s'intègre à la pratique soignante quotidienne, permettant une
prise en soin humanisante et de qualité.
CONCLUSION
La distraction au cours des soins permet une prise en charge de
qualité et individualisée de l'enfant soigné.
En effet, distraire un enfant pendant un soin douloureux ou
inquiétant permet de diminuer efficacement la douleur et agit
également sur l'anxiété lié au soin. La distraction
n'empêche pas la douleur mais elle agit sur sa composante
émotionnelle et cognitive. Il faut l'associer aux médicaments
antalgiques qui agissent sur la composante sensorielle, pour potentialiser son
action.
En outre, dès le plus jeune âge les
expériences sont mémorisées, une hospitalisation constitue
donc une expérience capitale. Selon qu'elle aura été
positive ou négative, heureuse ou traumatisante, cette expérience
va influencer significativement la suite de la vie de l'enfant et son attitude
face aux problèmes qu'il rencontrera ultérieurement. Elle est une
manière ludique de diminuer le stress et de dédramatiser le soin,
donnant ainsi des conditions de travail optimales pour le soignant.
Il est nécessaire de choisir la technique de
distraction utilisée en fonction du développement individuel de
l'enfant, de son environnement, de sa situation pathologique et de ses centres
d'intérêt.
L'utilisation de la distraction a également des
bienfaits sur de la relation triangulaire enfant - parent - soignant. Elle
offre des pistes pour mieux communiquer avec l'enfant et elle permet de faire
entrer humour, rêve et fantaisie à l'Hôpital et a un impact
à long terme sur le souvenir et l'acceptation des soins
ultérieurs.
Ce travail de fin d'étude en lien avec ma future
fonction de Puéricultrice a été très enrichissant.
Il m'a beaucoup apporté, que ce soit sur le plan des connaissances ou,
sur le plan de la pratique professionnelle. J'ai pu constater qu'il est
indispensable d'allier les compétences infirmières que sont le
savoir, le savoir-être et le savoir-faire pour avoir une prise en charge
personnalisée et de qualité.
D'autre part, l'élaboration de cet écrit est un
travail d'une grande densité, demandant un grand investissement
personnel. Il m'a fallu de nombreuses recherches pour mener à bien ce
projet.
Enfin, j'aimerais ouvrir ce travail sur les autres approches
psychocorporelles du soin, telles que la sophrologie ou l'hypnose. Il serait
aussi important de faire découvrir aux enfants le milieu hospitalier en
amont, notamment au cours d'information faites dans les écoles, afin de
lever les premières appréhensions.
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages
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BAY, S., et DUMONT, B., L'expérience distractive aux
urgences pédiatriques, Cahiers de la puéricultrice, mars
2012, n°255, pp.17-19
BILLOT, F., La distraction, une place à part
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2012, n°255, pp.10-13
FABREGAS, B., Le binôme infirmière / aide-soignante,
quelle réalité ?, Soins, octobre 2004, n°689,
pp.29-34
FONTAINE, M-C., La collaboration puéricultrice et
auxiliaire de puériculture, Cahier de la puéricultrice,
Décembre 2001, n°152, pp.10-11
LOMBART, B., La distraction lors des soins en pédiatrie,
Cahiers de la puéricultrice, avril 2010, n°236,
pp.26-28
MANSUY, L., L'intérêt des méthodes non
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n°255, p.14
ROYER, I., et BILLOT, F., Des stimuli sensoriels pour
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Documents audiovisuels
GALLAND, F., A vous de jouer ! La distraction des enfants
lors des soins, Sparadrap, Paris, 2011, 56 minutes
Cours théoriques
Le développement psychomoteur de l'enfant. Cours
de E. BIRE, formation des puéricultrices, promotion 2012, IFRASS
Toulouse
Les besoins de l'enfant. Cours de V. SARDA, formation
des puéricultrices, promotion 2012, IFRASS Toulouse
Aspects psychologiques de la douleur. Cours de D.
CAYZAC, formation des puéricultrices, promotion 2012, IFRASS Toulouse
Evaluation de la douleur chez l'enfant. Cours du
réseau Enfant-Do, formation des puéricultrices, promotion 2012,
IFRASS Toulouse
Psychologie du développement. Cours de S.
ALBINET, formation des puéricultrices, promotion 2012, IFRASS
Toulouse
ANNEXES
Annexe A : Fréquentation du
service des urgences pédiatriques du CHU de Toulouse.
Annexe B : Charte Européenne des
Droits de l'Enfant Hospitalisé
Annexe C : Échelles
d'évaluation de l'intensité douloureuse chez l'enfant
Annexe D : Approches distractives en
fonction de l'âge de l'enfant
Annexe E : Autorisation de reproduction
d'image
Annexe F : Enquête exploratoire
Fréquentation du service des urgences
pédiatriques du CHU de Toulouse.
Nombre de passage par an selon l'orientation Source : CHU
Toulouse
|
2010
|
2011
|
Soins externes
|
Hospitalisation
|
Soins externes
|
Hospitalisation
|
Médecine
|
14705
|
6189
|
17054
|
6586
|
Chirurgie traumatologique
|
11786
|
2563
|
12480
|
2470
|
Chirurgie viscérale
|
776
|
936
|
818
|
1044
|
TOTAL
|
27267
|
9688
|
30352
|
10100
|
TOTAL GLOBAL
|
36855
|
40452
|
ANNEXE C
Échelles d'évaluation de
l'intensité douloureuse chez l'enfant
Type de douleur Âges
Échelles
d'hétéro-évaluation
NFCS simplifiée : Néonatal Facial
Coding system
DAN : douleur aigue du nouveau-né
EDIN : échelle de douleur et d'inconfort
du nouveau-né
Amiel Tison inversée
CHEOPS : Children's Hospital Of Eastern Ontario
Pain Scale
FLACC : Face, legs, Activity, Cry,
Consolability
EVENDOL : évaluation enfant douleur (aux
urgences)
OPS : Objective Pain Scale
PPPM : Parents' Post-operative Pain Mesure (au
domicile)
DEGR : échelle douleur Gustave Roussy
HEDEN : hétéro-évaluation douleur
enfant
Douleur aiguë
Douleur aiguë
Douleur et inconfort permanent
Douleur post-opératoire
Douleur post-opératoire, salle de réveil
Douleur post-opératoire ou liée aux soins Douleur
aiguë aux urgences
Douleur post-opératoire Douleur
post-opératoire
Douleur prolongée chez l'enfant atteint de
cancer Douleur prolongée chez l'enfant atteint de cancer
0 - 18 mois
Prématuré - 3 mois 0 - 3 mois
1 - 7 mois
1 - 6 ans
4 - 18 ans 0 - 6 ans
6 mois - 13 ans
2 - 12 ans
2 - 6 ans 2 - 6 ans
Échelles d'hétéro-évaluation
pour enfants handicapés
|
Douleur enfant San Salvadour Douleur chez
l'enfant polyhandicapé
GED-DI : Grille d'évaluation de la
Douleur Douleur post-opératoire et douleur de base chez -
Déficience Intellectuelle l'enfant polyhandicapé (2 versions)
Échelles d'auto-évaluation
Échelle des visages Douleur aiguë et
chronique À partir de 4 ans
EVA : échelle visuelle analogique Douleur
aiguë et chronique À partir de 6 ans
EN : échelle numérique Douleur
aiguë et chronique À partir de 6 ans
Approches distractives en fonction de l'âge de
l'enfant
|
Méthodes physiques
|
Méthodes de distraction
|
De 0 à 2 ans
|
- caresses
- gestes enveloppant
- présence des parents
- sucette, doudou
- allaitement
|
- berceuses, musique douce
- comptines
- marionnettes
- eau sucrées, saccharose
- objet transitionnel
- enveloppement rassurant
- cube bruit d'animaux
|
De 2 à 4 ans
|
- caresses
- bercements
- massage
- sucette, doudou
- contact
|
- jeux de souffle : bulles de savon, moulin à vent
- instrument de musique, bâton de pluie...
- cube bruit d'animaux
- comptine, contes
- marionnette
- hochets
- livres en relief
- dessin animé- kaléidoscope
- jouets animés
- mobiles au plafond
|
De 4 à 8 ans
|
- caresses, câlins
- massages
- objet transitionnel
|
- jeux de souffle
- Musique : instruments, chanter ensemble
- Donner un rôle dans le soin
- Sculptures de ballons
- Livres en relief, dessin animé- Raconter une histoire
sur le thème de super héros,
contes
- Scénarios imaginaires
- Kaléidoscope
- Toupie
|
De 8 à 12 ans
|
- relaxation
- respiration
- massage
|
- Jeux de souffle
- Musique, chant ensemble
- Kaléidoscope
- Balle anti-stress
- Livre, BD
- Dessin animé- Imagerie mentale
- Explication du soin
|
Après 12 ans
|
- relaxation
- respiration
|
- musique
- explication du soin
- imagerie mentale
|
Enquête exploratoire
Objectifs
- Identifier les caractéristiques socioprofessionnelles de
la population interrogée. (question 1). - Déterminer les
connaissances des professionnelles sur la distraction. (question 2 et 3)
- Repérer les représentations des soignants sur la
distraction pendant les soins (questions 4, 6 et 7)
- Repérer la place de la distraction dans les pratiques
professionnelles des soignants. (question 5)
- Connaître les limites de l'utilisation de la distraction
en tant qu'outil de soin (questions 8). Grille
d'entretien/questionnaire
1. Pouvez-vous vous présenter ?
- Catégorie socioprofessionnelle ? - Expérience
dans le service ?
- Expérience antérieure ?
- Formations réalisées ?
2. Qu'est-ce que le terme de distraction évoque pour vous
? - Est-ce plutôt le rôle du soignant ou le rôle de l'EJE
?
3. Quelles formes prend la distraction ? - Jeu ?
- Outil de médiation ?
- Activité ludique ?
4. Pour vous, quelle place a la distraction aux urgences
pédiatriques et dans ce contexte de soin ? - Outil de soin ?
5. Utilisez-vous des méthodes distractives pendant les
soins ? - Lesquelles ?
- Pour quels soins ?
- Rôle de la Puéricultrice ?
- Rôle de l'AP ?
- Place de chacun dans le binôme ?
6. Selon vous, qu'apporte l'utilisation de la distraction au
cours des soins dans la relation EnfantParents-Soignant ?
7. Selon vous, quel est l'impact d'une prise en soin par la
distraction pour l'enfant, dans son vécu de l'hospitalisation ?
8. Voyez-vous des limites à l'utilisation de la
distraction, comme outil de soin au quotidien, dans votre service ?
- Matériel ?
- Disponibilité ?
- Formation ?
RE!uME
Pour une prise en soin de qualité et dans une
démarche d'humanisation des soins, les méthodes distractives
jouent un rôle important.
Elles permettent de prendre en compte l'enfant dans sa
globalité physique et psychique, en associant tous les acteurs du soin :
l'enfant, sa famille et les soignants.
En détournant l'attention de l'enfant, cette
perspective soignante permet de réduire l'angoisse et l'impact
douloureux des soins. Ainsi, elle induit une meilleure acceptation des soins
par l'enfant et laisse un meilleur souvenir de l'Hôpital, milieu de soins
qu'ils seront amenés à fréquenter à diverses
reprises, pour eux ou non.
L'utilisation de la distraction a donc un enjeu majeur, elle est
d'une grande richesse et ses bienfaits sont indéniables lors d'un soin
chez un enfant.
|