Analyse pragmatique du discours de Barack H. Obama à Accra. Approche énonciative( Télécharger le fichier original )par Rigobert MUKENDI Institut facultaire des sciences de l'information et de la communication Kinshasa RDC - Licence 2010 |
Section II : Assises théoriquesNotre problématique tourne autour de la pragmatique. Selon J.L. Morgan, ce terme est jugé de « fourre-tout », « catch all » et tout récemment, de « poubelle de la linguistique » par Paolo Babbri. Partant des sciences du langage, Catherine Kerbrat Orecchioni, définit la pragmatique comme l' « étude du langage en action ».59(*) Cette définition ouvre la voie à l'étude des problèmes du langage sous deux éventualités : - le premier concerne le langage en situation ou en fonctionnement ; c'est l'énonciation. Celle dont la parole est l'actualisation de la langue ou mieux comment le sujet transforme son langage en discours ou introduit sa marque dans ses énoncés ; ce sont les déictiques également nommés les indiciels, les embrayeurs ou les shifters ; c'est selon les auteurs. Ce sont les marques d'énonciation liées au temps et/ou à l'espace tels que là, ici et maintenant, depuis, aujourd'hui, mais aussi les pronoms personnels ou pronoms d'interlocution, les temps des verbes, les modalisateurs et les évaluatifs, dont le déchiffrement impose de considérer le contexte de l'énonciation et de savoir qui parle à qui et avec quelle intention. Cette approche théorique nous concerne dans ce travail pour autant que nous recherchons à savoir le statut du destinataire et celui du locuteur dans le discours de Barack Obama à Accra. Cela, en repérant bien le positionnement de l'énonciateur dans ce discours. - le second aspect concerne le langage comme action, soit la pragmatique illocutoire. Cette théorie des actes du langage couvre tout le champ de l'énoncé en lui permettant de fonctionner comme un acte spécifique, ses aspects performatifs et illocutoires. Celle-ci ne semble guère nous intéresser à juste titre dans ce travail, mais elle peut nous être d'une certaine utilité lorsque nous évoquons les modalités dans l'énonciation. 2.1. La théorie de l'énonciationC'est à Emile Benveniste que l'on doit la première formulation de la théorie de l'énonciation. En 1946, il publie un article.60(*) Ici, Benveniste s'intéresse au langage en fonctionnement par un acte individuel. Ce qui s'oppose à l'immanentisme de Ferdinand de Saussure du fait que l'appareil formel de l'énonciation comprend : les indices des personnes (le rapport entre JE et TU), les indices de l'ostentation (CE, CECI...) et les formes temporelles déterminées par rapport à l'Ego. Si dans une première approche, on définit l'énonciation comme l'acte individuel de l'utilisation de la langue pour l'opposer à l'énoncé, objet linguistique résultant de cette utilisation, on sera immédiatement tenté d'affirmer que la linguistique moderne sous ses formes dominantes ne reconnaît guère que l'énoncé pour champ d'investigation. La linguistique structurale semble s'être intéressée avant tout à l'établissement d'un inventaire systématique des unités distinctes réparties sur plusieurs niveaux hiérarchisés, tandis que la grammaire générative et transformationnelle apparaît à beaucoup comme une algèbre syntaxique soucieuse seulement d'énumérer les séquences des morphèmes qui sont grammaticales. De ce fait, si tout acte d'énonciation est bien un événement unique, supporté par un énonciateur et un destinataire particuliers dans le cadre d'une situation particulière, et si la parole c'est précisément le domaine de l'individuel, de chaque événement historique que constitue un acte de communication accompli, ne doit-on pas renvoyer l'énonciation au domaine de la parole, puisque la linguistique moderne se réclame du couple saussurien langue/parole ? * 59 ORECCHIONI, C. K., Sciences de l'information et de la communication, Larousse, Paris, 1993, p. 179. * 60 Repris plus tard dans les Problèmes de linguistique générale, 1966. |
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