c- Anzieu : Les 5 phases du travail créateur
- Anzieu dans Le corps de l'oeuvre relève quant
à lui cinq phases du travail créateur :
1- « Le saisissement créateur »
C'est à dire que Devenir créateur, c'est
laisser se produire, au moment opportun d'une crise intérieure, une
dissociation ou une régression, partielle, brusque et profonde : c'est
l'état de saisissement qui est partiel et temporaire.
2- « La prise de conscience de représentation
psychiques inconscientes. »
Cet à dire que c'est la lumière de la conscience,
qui exerce une remontée vers le préconscient22.
3- « Instituer, élir un code » c'est à
dire un mode de pratique et lui faire prendre corps.
4- « La composition proprement dite » consistant
à faire prendre corps à la composition de l'oeuvre.
5- « Produire l'oeuvre au dehors » : Déclarer
l'oeuvre terminée, la détacher de soi, l'exposer à un
public, affronter les jugements, les critiques...
A noter : Le travail créateur peut ne pas
dépasser les trois premières phases. Il peut aussi y avoir des
retours à une phase antérieure et l'ensemble du processus devra
être parcouru plusieurs fois par le créateur avant que son oeuvre
ne soit achevée.
22 Dans la métapsychologie de Sigmund Freud, le
préconscient désigne une instance équivalente à la
mémoire.
d- Winnicott et la notion d'espace potentiel
Le psychanalyste défini la créativité
comme étant le « faire qui dérive de l'être »,
pour qu'une personne puisse créer elle doit exister et sentir qu'elle
existe. Elle montre que celui qui crée est vivant. En effet dans toute
situation il y a toujours moyen pour une personne de vivre créativement
sans forcement avoir de talent particulier. La créativité serait
selon cet auteur une conservation d'une partie de l'expérience de la
première enfance qui est la capacité de créer le monde. En
effet si la mère est suffisamment bonne (s'adapte à ses
besoins) et ai dans de bonne conditions ambiantes (sécurité,
protection), le potentiel créatif de l'être humain va pouvoir se
développer. « A la première tétée le
bébé est prêt à créer et la mère lui
rend possible l'illusion que son sein a été crée par une
impulsion originaire de son besoin. » . La créativité
serait donc la capacité de moyenner l'expérience par l'illusion
et de considérer qu'il vaut la peine de vivre la vie. L'objet
transitionnel ferait partie du processus mental à la
créativité et serait solution à l'angoisse lorsqu'il
s'aperçoit qu'il y a un espace physique et temporel entre lui et sa
mère. Cet espace appelé espace potentiel serait
dès lors rempli par la création afin d'inventer quelque chose, de
créer pour ne pas souffrir.23
Winnicott dans « Jeu et réalité »,
utilise le concept d'espace potentiel, ou dénommé encore
espace transitionnel et aussi espace de création comme
étant un lieu de création où s'y trouverait une aire
intermédiaire d'expérience qui est un lieu d'où
naît l'expérience culturelle permettant l'expression de
ce qui n'est ni au dehors, ni au dedans, à la limite du dehors et du
dedans. Le jeu libre et l'activité créatrice s'y
déploieraient alors.
« La place où se situe l'expérience
culturelle est l'espace potentiel entre un individu et son
environnement. On peut en dire autant du jeu. L'expérience culturelle
commence avec un mode de vie créatif qui se manifeste d'abord dans le
jeux.24 »
La capacité a créer cette aire
intermédiaire d'expérience servirait donc à accepter la
réalité par l'intermédiaire du jeu. Ce dernier
posséderait donc une fonction thérapeutique et donnerait sens
à la vie car il se situe entre la réalité
intérieure et la réalité extérieure, il est
23 DA SILVA Nilce, Winnicott et Vygostsk : un dialogue
possible au moyen de la « créativité » sur le «
jeu » dans la construction des savoirs individuels, p. 2.
24 WINNICOTT Donald W., Jeu et réalité, p.
139.
donc indispensable à la vie psychique, le jeu permet donc
d'imaginer un nouveau monde et d'enrichir la réalité.
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