II.5. BIOCHIMIE PATHOLOGIQUE (38)
Les pathologies en rapport avec les lipides ont pour
étiologie :
- Une hyperproduction des apolipoprotéines ;
- Une métabolisation anormale des lipoprotéines,
par manque d'une enzyme, par défaut d'un transporteur ou par
défaut d'un récepteur ;
- Une mauvaise métabolisation des lipides.
Etant donné le lien étroit qui unit les lipides aux
lipoprotéines, le niveau du danger présenté par un lipide
donné va dépendre de l'association
"lipide-lipoprotéine".
II.5.1. Maladies génétiques
a) L'hypercholestérolémie essentielle
Elle se caractérise par une élévation
anormale du taux du cholestérol et des phospholipides sanguins qui se
trouvent respectivement dans les taux de 350 ~ 750mg/dl et 200 #177; 600mg/dl.
Le cholestérol se dépose dans les tissus.
(V.N. cholestérol : 140 #177; 250 mg/dl ; phospholipides
: 175 #177; 275 mg/dl).
b) Les hyperlipémies essentielles ou
hyperlipoprotéinémies familiales C'est un syndrome qui regroupe
différentes affections héréditaires
caractérisées par une mauvaise métabolisation des lipides
et une augmentation des taux plasmatiques des lipoprotéines.
Les hyperlipémies essentielles sont plus
fréquentes chez la femme que chez l'homme. Le symptôme
extérieur des hyperlipémies, notamment dans les cas
avancés est la présence des xanthomes (éruption
cutanée infiltrée de cellules riches en graisse).
II.5.2. Les lipidoses
Maladies rares caractérisées par une accumulation
tissulaire généralisée de sphingomyéline, de
cholestérol ou de cérébroside.
> Les hyperlipoprotéinémies
secondaires
Un nombre important d'affection s'accompagnent, d'un moment
à un autre de leur évolution, d'une augmentation du taux des
lipides circulants :
- Hyperlipoprotéinémie secondaire au
diabète, caractérisé par l'hyper-VLDL ;
- Hyperlipoprotéinémie secondaire aux affections
thyroïdiennes : augmentation de LDL donc de cholestérol.
- Hyperlipoprotéinémie secondaire à prise
de contraceptifs oraux, due à l'induction de la synthèse de VLDL
dans les hépatocytes ;
- Hyperlipoprotéinémies secondaires aux affections
hépatobiliaires :
a) Certaines glycogénoses s'accompagnent d'une
augmentation de VLDL ;
b) Les obstructions biliaires ou extra hépatiques
entrainent l'augmentation des phospholipides et de cholestérol non
estérifiés ;
- Hyperlipoprotéinémies secondaires aux
affections rénales. Le syndrome néphrotique s'accompagne d'une
augmentation des VLDL et surtout des LDL. Il ya donc une forte augmentation de
triglycérides et de cholestérol.
> L'athérosclérose et
l'évaluation du risque athérogene
a) L'athérosclérose
Maladie des parois des artères due, d'une part,
à la prolifération des cellules graisseuses dans la paroi
vasculaire et, d'autre part, au dépôt de lipides (surtout
cholestérol) sur l'épithélium artériel. Les deux
phénomènes aboutissent Jà l'épanouissement et
à la perte d'élasticité de la paroi vasculaire, en m~me
temps qu'à la diminution du calibre de l'artère.
C'est donc un état pathologique consécutif aux
hyperlipémies. La diminution de la lumière de vaisseaux peut, aux
endroits critiques, aboutir à une thrombose. Une thrombose qui se
produirait dans une branche du système coronaire peut occasionner un
infarctus du myocarde. La même étiologie peut également
amener à un accident vasculaire cérébral. L'un et l'autre
étant cause de mort brusque.
L'athérosclérose ne doit pas rtre confondue avec
l'artériosclérose qui désigne l'ensemble des troubles des
artères provoqué par l'induration (accroissement anormal de la
dureté d'un tissu) et par la sclérose (destruction lente et
progressive d'un tissu qui devient dur) des parois des vaisseaux sanguins.
L'artériosclérose n'est pas nécessairement
due aux lipides, mais l'athérosclérose est une
artériosclérose.
b) Evaluation du risque athérogène
Le principal lipide responsable d'athérosclérose
est le cholestérol. L'évaluation du risque
athérogène consistera donc à mesurer les paramètres
qui objectivent le métabolisme du cholestérol. Il s'agira
notamment de doser les apolipoprotéines A et B, le cholestérol
plasmatique total, le cholestérol incorporé dans les HDL et dans
le LDL, et d'estimer le rapport cholestérol total sur le
cholestérol-HDL.
L'information fournie par le dosage séparé du
cholestérol-HDL et du cholestérol-LDL est particulièrement
précieuse. En effet, il est bien établi aujourd'hui que :
- Le cholestérol incorporé dans les HDL est
transporté des tissus périphériques vers le foie pour y
être métabolisé. On le dit bon cholestérol ;
- Tandis que le cholestérol des LDL est
transporté du foie vers les tissus, avec risque de dépôt
athérogène. C'est donc le mauvais cholestérol. Sa
concentration doit être la plus faible possible.
Tableau IV: Valeurs indicatives du risque
athérogène (en mg/dl).
Niveau du risque
|
Cholestérolémie (mg/dl)
|
HDL- Cholestérol (mg/dl)
|
HDL- Phospholipide (mg/dl)
|
LDL- cholestérol (mg/dl)
|
LDLphospholipide (mg/dl)
|
Risque faible
|
< 200
|
35 #177; 54 (H) 45 #177; 64 (F)
|
75 -120
|
<130
|
< 80
|
Risque modéré
|
200 #177; 250
|
Si < 35
|
Ou < 75
|
130 #177; 160
|
80 #177; 100
|
Risque élevé
|
> 250
|
Si < 35
|
Ou < 75
|
> 160
|
> 100
|
|
Rapport cholestérolémie/HDL-cholestérol :
3,5 #177; 4,5 (H) et 3,39 #177; 4,39 (F)
Au niveau du métabolisme lipidique nous observons deux
aspects importants :
- Les acides gras repris par le foie est remis en circulation
sous forme de lipoprotéines, il y aura donc hyperlipémie qui peut
aller jusqu'à 20 a 30 g/l au lieu de 4,5 #177; 7,5 g/l. Il faut craindre
alors l'athérosclérose.
- Les cellules ne pouvant plus utiliser le glucose comme
source d'énergie, vont cataboliser abondamment les acides gras. Cette
dégradation aboutit à l'acétylCoA mais, le cycle de Krebs
étant défaillant par manque de coenzyme d'oxydoréduction,
l'acétyl-CoA va suivre la voie de la cétogenèse ou de la
formation de cholestérol. Cependant, la formation du cholestérol
sera limitée, car nécessite beaucoup de NADPH, qui manque
justement. Il s'en suivra une cétogenèse accrue. L'accumulation
des corps cétoniques (acide acétoacétique, acide
hydroxyacétone), conduit à l'acidose métabolique. Cette
situation pouvant amener au coma diabétique. Les corps cétoniques
éliminés par les urines augmentent la polyurie.
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