Le secteur financier affecte le taux de croissance de
long terme a travers deux principaux canaux : le taux d'investissement et la
pro ductivite marginale du capital.
· Le taux d'investissement
Toute evolution de ce taux est fonction d'une part du
taux d'epargne et d'autre part de la proportion d'epargne allouee aux
investissements.
Le taux d'epargne :
Dans le modèle de Pagano (1993), le
developpement des interme diaires financiers permet une meilleure protection
des menages, ce qui peut les inciter a diminuer leur epargne de precaution. En
outre, les effets de la diversification du portefeuille sur le taux d'epargne
depen dent du coefficient d'aversion pour le risque des menages. Japelli et
Pagano (1994)
Contribution du financement bancaire a la croissance
economique en Afrique subsaharienne : l'experience
Malienne
demontrent que ce desserrement de la contrainte de
liquidite, decoulant du developpement des interme diaires financiers incite les
jeunes menages a moins epargner.
Gregorio (1994) souligne que les contraintes de
liquidites dues au faible developpement des interme diaires financiers ou leurs
imperfections ont une influence positive sur le taux d'epargne des menages, et
donc sur le taux de croissance de l'economie. Cepen dant, si les difficultes
d'emprunt des menages con duisent a une moin dre accumulation du capital
humain, le taux de croissance de l'economie pourrait etre negativement
affecte.
Part de l'epargne allouee a l'investissement
La part de l'epargne qui parvient effectivement aux
investissements regroupe plusieurs effets :
Du point de vue des entreprises, le developpement des
interme diaires financiers augmente la part des ressources orientees vers
l'investissement. En effet, les entreprises gar dent moins d'epargne de
precaution car elles peuvent se tourner vers les banques en cas de crise de
liqui dite ou en cas d'opportunite d'investissement (Bencivenga et Smith,
1991). De plus, en raison de l'existence d'un contrat de dette, les dirigeants
des entreprises sont surveilles par les preteurs, et la probabilite que des
ressources soient detournees est plus faible.
Du point de vue des menages, grace au developpement
des interme diaires financiers, la part de l'epargne qu'ils deposent dans les
circuits financiers est plus elevee. En effet, les interme diaires financiers
permettent d'allier le besoin de detenir des liqui dites et le desir de
constituer une epargne longue.
· La productivite marginale du
capital
L'evolution de cette pro ductivite est egalement
fonction : soit de la gestion du risque de liqui dite, soit du financement
d'investissements pro ductifs.
La gestion du risque de liqui dite
Bencivenga et Smith (1991) presentent un mo
dèle intergenerationnel a trois perio des ou l'economie comporte deux
actifs. Le premier, liqui de rapporte un ren dement r pour une unite
investie a la perio de t, quelle que soit la date de liquidation. Le
second, illiquide, rapporte n unites a la perio de t+2 et x
unites si l'investissement est liqui de a la perio de t+1. Les interme
diaires financiers ont un impact positif sur le taux de croissance grace a
deux
Contribution du financement bancaire a la croissance
economique en Afrique subsaharienne : l'experience
Malienne
mécanismes : tout d'abord, ils entrainent un
accroissement du taux de rentabilité du capital en dirigeant
l'épargne collectée vers des investissements peu liqui des mais
pro ductifs ; enfin, ils évitent des liquidations
prématurées du capital. Sans intermé diaires financiers,
un agent ayant un besoin de liqui dité en t+1 ; vend les actifs
de l'entreprise dans laquelle il a placé son épargne en
t, et le taux de croissance est moins important en
t+0.
L'orientation de l'épargne vers des placements
plus pro ductifs
Berthélémy et Varou dakis (1994)
construisent un mo dèle dans lequel la principale fonction des banques
est de collecter des informations sur les projets d'investissements. Comme les
couts de recherche des informations sont in dépen dants des masses
financières traitées par le secteur financier, plus le montant de
l'épargne est important ; plus la pro ductivité du travail dans
les banques est élevée. Le développement du secteur
financier entraine une plus gran de concurrence bancaire, une augmentation de
la taille des banques et un accroissement de l'épargne allouée
aux investissements. Lorsque le secteur financier est faiblement
développé ; en raison de l'existence de couts fixes et d'effets
d'apprentissage ; la pro ductivité marginale du travail est moin dre.
Cette situation correspond a l'équilibre « bas » de
piège de pauvreté oil le démarrage du processus de
croissance est bloqué. Pour que l'économie converge vers
l'équilibre « haut », la taille du secteur financier doit
dépasser un seuil critique.