La question de la contribution du financement
bancaire a la croissance economique a ete abor dee par plusieurs auteurs. Les
resultats sont d'un grand interet puisque dans la plupart des cas, un lien
positif se degage entre le volume du financement bancaire et la creation de
richesse d'une nation. En effet le rapport credit bancaire a l'economie sur le
Pro duit Interieur Brut (PIB) est, selon certaines etudes, un tres bon in
dicateur.
L'un des premiers economistes a aborder la question
de l'importance du secteur financier dans le developpement d'une economie est
Schumpeter (1911) qui observe : «on ne peut devenir entreprise qu'en
ayant ete prealablement un debiteurD. Il montre ici que l'accession a la
croissance et au developpement se realise en grande partie par l'interme
diation des credits bancaires.
Dans le meme ordre d'i dee, Levine (1996) recense cinq
arguments qui fon dent theoriquement l'existence d'un lien positif entre le
financement bancaire et la croissance economique :
· Le systeme financier faciliterait la protection
contre le risque ;
· Il permettrait une allocation optimale des
ressources ;
· Il permettrait un meilleur contrôle des
dirigeants et de l'entreprise par les actionnaires ;
· Il faciliterait la mobilisation de l'epargne
domestique ;
· S'il est suffisamment developpe, il faciliterait
l'echange des biens et services.
En fournissant un service de depôts a
l'epargnant et en realisant un mixage judicieux entre actifs liqui des et
illiqui des, la banque ameliore le bien-être des deposants en leur
garantissant un ren dement in depen dant de l'etat du monde connu par
l'emprunteur (Bencivenga et Smith, 1991).
Cette hypothese est egalement presente dans les
modeles de liberalisation financiere
developpes par McKinnon et Shaw (1973).
Ces modeles estiment qu'on peut accroitre le niveau
Contribution du financement bancaire a la croissance
economique en Afrique subsaharienne : l'experience
Malienne
d'investissement interne en stimulant l'accumulation
de l'epargne qui aboutit a un meilleur octroi des credits et une incitation a
la concurrence des institutions financieres. De meme le modele de stock flux
expose par Godley et Cripps (1985) base sur le circuit de la finance, de
l'investissement et de l'epargne intro duit la finance dans le processus de
multiplication pour expliquer comment l'epargne est generee a travers la
creation des revenus. Ce modele permet de developper une approche systematique
du role des institutions de financement dans le processus de croissance
economique ; ces institutions etant principalement des banques dans les pays
d'Afrique Subsaharienne.
Selon ces auteurs, dans de nombreux pays en voie de
developpement, il n'existe que peu ou pas de marches financiers d'actifs
publics ou prives. En consequence, le secteur bancaire est amene aujour d'hui a
joue un role important dans le processus d'allocation des ressources. A ce
titre, les gouvernements le considerent comme un secteur strategique cherchant
ainsi a exerce un contrôle direct ou indirect sur lui. Ces
contrôles prennent des formes diverses et variees, comme exemple : la
nationalisation pure et simple du secteur con duisant a un ralentissement de la
croissance.
D'autres auteurs comme Matouk (1991) affirment que
les banques et les bourses « sont en effet des institutions necessaires a
la production de la valeur et a sa circulation, elles sont in dispensables a
l'accumulation du capital et a sa repartition entre les secteurs et les
entreprises ». Ce role primordial a aussi ete souligne par Aglietta (2001)
: selon lui, « Les banques jouent un role central et specifique dans les
economies monetaires parce qu'elles peuvent fournir aux emprunteurs des liqui
dites en gros montant aux moments deman des, sans que ces liqui dites soient
prelevees sur une epargne existante (pouvoir de creation monetaire). Ainsi,
elles permettent a l'accumulation de capital de s'affranchir de l'epargne
»
De faRon empirique, plusieurs economistes ont tente
d'analyser le lien entre financement bancaire et croissance
economique.
Sen deniz et Yiincii (2006) ont etu die, dans 11 pays
de l'OCDE, le role du credit bancaire dans le secteur reel. Sur la base d'une
analyse de causalite au sens de Granger, ils ont demontre que dans la plupart
des pays de l'echantillon, le secteur bancaire joue un role moteur dans le
secteur reel.
L'impact des chocs de liqui dite bancaire a ete
analyse par Mian et Khwaja (2006). Selon leur
analyse, le probleme de liqui
dite bancaire diminue la probabilite de preter aux anciens clients
Contribution du financement bancaire a la croissance
economique en Afrique subsaharienne : l'experience
Malienne
(entreprises) et d'eten dre aux nouveaux clients.
Cette incapacite affecte ainsi toute l'economie de faRon significative.
Contrairement aux petites entreprises, les gran des entreprises compensent cet
effet en diversifiant leur source de financement.
Meagon (2005) a etu die l'impact du financement
bancaire sur la croissance economique au Senegal. Il a utilise des variables
comme le niveau de credit a l'economie, le formation brute du capital fixe, le
taux d'escompte, les depots totaux, le taux d'inflation. Il ressort de son
analyse que la croissance au Senegal s'explique principalement par le niveau du
credit a l'economie et les depots totaux.
Dans l'etu de de Ngono (2003), sur l'interme diation
bancaire et croissance economique au Cameroun, la croissance s'explique par la
masse monetaire, la marge d'interme diation financiere et non par les credits
accordes au secteur prive.
Les etudes prece dentes, pour expliquer le lien entre
le financement bancaire et la croissance economique, n'ont fait recours au
modele a equations simultanees (MES). Or, au regard de la complexite du theme
et du caractere endogene du credit a l'economie nous ne pouvons nous passer de
l'usage d'un MES pour illustrer le lien entre les deux agregats.
Cepen dant, le système bancaire pour affecter
positivement la croissance economique passe par des canaux de transmission que
nous allons developper avant de preciser le choix du modèle de
croissance economique.