CONLUSION GENERALE
Au cours de ce travail de recherche, notre objectif principal
était de vérifier l'impact macroéconomique des
fluctuations des prix des produits pétroliers. Ainsi, pour y parvenir,
nous nous sommes proposés de vérifier si la hausse des prix des
prix des produits pétroliers exerce une influence sur les variables
macroéconomiques choisies.
Dans cette perspective, nous avons organisé le travail
autour de trois chapitres :
Le premier chapitre a passé en revue les
différentes théories relatives aux prix et sur l'historique des
produits pétroliers. Les deux crises pétrolières nous ont
révélé l'importance des produits pétroliers dans
les économies et les marchés par les conséquences qu'elles
ont causées aux pays non producteurs du pétrole à cette
époque (importateurs nets).
Le deuxième chapitre quant à lui a porté
sur l'importation et la consommation des produits pétroliers au Burundi
et comment sont fixés leurs prix. Ces prix sont donc fixés par
les pouvoirs publics (Ministère du commerce, de l'Industrie et du
tourisme). Le constat est que l'Etat enregistre un gain élevé sur
les produits pétroliers, un gain qui est de loin supérieur
à celui des importateurs ; Ce qui augmente les prix de gros et de
détail.
Ainsi, le gouvernement est en quelque sorte à
l'origine de la montée des prix des carburants suite aux taxes
très élevées qu'il impose aux sociétés
pétrolières. L'autre facteur qui grêve les prix des
produits pétroliers est le trafic long que ces produits prennent pour
arriver au Burundi.
Enfin, le troisième et dernier chapitre a traité
les données par des tests économétriques afin de pouvoir
confirmer ou infirmer nos hypothèses de travail.
Ainsi, la théorie économétrique
recommande le test de stationnarité des séries afin
d'éviter des régressions fallacieuses. Les résultats de
ce test ont révélé que la variable Taux de Change
n'était pas stationnaire en différence première et donc a
été éliminée des variables de notre
étude.
L'analyse des relations de causalité au sens de Granger
a révélé une relation de causalité entre les
variables macroéconomiques et les prix des produits pétroliers.
Cependant, l'effet de ces derniers sur le PIB est faible car ne se manifestant
que pour le PG seulement. Cela peut être expliqué par le fait que
leur influence n'est pas directe, autrement dit les effets de ces prix touchent
d'abord les composantes du PIB.
La décomposition de la variance a montré
qu'à long terme, l'IPC et le PIB sont plus expliquées par leurs
propres innovations (respectivement de 66,6% et 62,04%) que les RF (26,06%).
Cela signifie que les prix des produits pétroliers améliorent les
recettes fiscales mais détériorent l'Indice des prix à la
consommation. De là, nous avons confirmé notre première
hypothèse tandis la deuxième hypothèse a été
infirmée.
En effet, nous avons conclu que les prix des produits
pétroliers influencent les variables macroéconomiques (IPC, PIB
et RF). Donc, la flambée des prix des produits pétroliers cause
l'inflation par l'augmentation des prix des autres produits. Les autres
variables sont améliorées surtout les RF étant
donné que les prix des produits pétroliers sont alourdis par les
charges fiscales qui les grêvent. Les tests de réponses impulsives
aux chocs ont montré que pour certaines variables, les effets des chocs
sur les prix des produits pétroliers se produisent après un
certain retard (10 périodes ou plus).
Le test de CUSUM et CUSUM of Squares a été aussi
mené pour tester la stabilité. Les résultats ont
révélé que notre modèle est stable sur toute la
période d'étude. Enfin, nous ne saurions prétendre avoir
épuisé tous les contours du sujet, il pourrait y avoir d'autres
variables explicatives du modèle utilisé. Aussi, l'utilisation
des données annuelles n'est pas aussi rassurante quant à la
fiabilité des résultats ; mais, faute de la
disponibilité des données mensuelles ou trimestrielles pour
toutes les variables, nous n'avions pas d'autre choix.
Nous invitons donc d'autres chercheurs à approfondir ce
sujet en utilisant d'autres variables macroéconomiques que celles que
nous avons utilisées afin de vérifier les variables qui sont
beaucoup sensibles aux fluctuations des prix des produits pétroliers.
Au regard des résultats obtenus, nous aimerions
proposer les suggestions suivantes :
v Au Gouvernement :
§ Engager des discussions avec ses partenaires
régionaux dans le cadre de l'East African Community par exemple, et
plaider en vue d'une réalisation des investissements régionaux ou
sous-régionaux, d'interconnexion d'infrastructures de stockage en
produits pétroliers et ainsi créer des capacités de
stockage stratégique situées au sein de la sous-région.
§ Réorganiser le marché national de
commercialisation des produits pétroliers. En effet, le marché
d'approvisionnement en produits pétroliers a une configuration qui ne
répond pas aux nécessités stratégiques du pays. Les
différents intervenants dans le système d'approvisionnement ont
un pouvoir de marché limité qui ne parvient pas à couvrir
les besoins en stock stratégique du pays. Le Gouvernement devrait
favoriser l'émergence, le développement ou l'entrée sur le
marché burundais des groupes pétroliers au pouvoir de
marché pouvant répondre aux besoins stratégiques du pays.
Ceci pourrait se réaliser de deux manières : faciliter les
intervenants locaux à atteindre une taille critique ou intéresser
les compagnies internationalement reconnues à entrer sur le
marché Burundais.
§ Une politique fiscale et douanière plus efficace
devrait permettre à l'Etat d'augmenter ses recettes et ainsi d'exercer
moins de pression fiscale sur la structure des prix du carburant. Deux
approches complémentaires pourraient être
privilégiées à savoir l'insertion du secteur de non
structure dans le système fiscal et l'extension de l'assiette
fiscale.
§ Il faut s'efforcer à utiliser les produits
pétroliers efficacement en développant par exemple le transport
en commun et en privilégiant aussi l'importation des véhicules
qui consomment moins de carburant.
§ La hausse des cours du pétrole devra être
perçue comme un signal fort devant amener à réduire la
forte dépendance à l'égard du pétrole et à
améliorer de ce fait l'équilibre extérieur. L'Etat devra
envisager une politique de substitution progressive et partielle du
pétrole. A cette fin, le Gouvernement devra s'informer sur les
technologies pouvant être utilisées et à moindre coût
comme ce qui se fait en Afrique de l'Est et au Brésil en ce qui concerne
les biocarburants. Mais il importe qu'il veille à ce que de telles
politiques ne compromettent la sécurité alimentaire qui demeure
encore une bataille difficile à remporter par le Burundi.
v A L'ISTEEBU :
L'Indice des prix à la consommation actuellement
disponible concerne seulement les ménages de Bujumbura. En plus, il est
calculé à partir des coefficients de pondération
établis en 1991. Il faut donc effectuer une enquête
budget-consommation pour établir un Indice des prix à la
consommation couvrant tout le pays avec des coefficients de pondération
actualisés issus de cette enquête.
v Aux autorités
monétaires :
La Banque Centrale pourrait être tentée de
resserrer la politique monétaire en réaction aux poussées
inflationnistes induites par la hausse des prix du pétrole. Cette
politique qui devrait passer par de fortes hausses des taux
d'intérêt peut s'avérer inefficace car elle peut fragiliser
l'investissement intérieur, pousser davantage les pays dans la
récession et provoquer la stagflation. De même, l'augmentation du
prix du pétrole étant analogue à un choc
d'approvisionnement, une politique monétaire d'accompagnement
favoriserait l'inflation. Les autorités monétaires devraient
adopter une politique non inflationniste, afin d'éviter l'inflation
galopante et de préserver la crédibilité monétaire.
Elles sont donc appelées à plus de prudence face au choc
pétrolier pour lequel elles ne disposent pas de marge de manoeuvre.
|