2. les modalités d'octroi des financements du
FMI : les conditionnalités de la
libéralisation
Le FMI dans sa démarche de banquier des Etats membres
en difficultés financières a intégré la
nécessité d'introduire des réformes structurelles dans les
économies des PVD. Pour l'ensemble ces réformes tournent autour
de deux principaux concepts : la privatisation et la libéralisation. La
privatisation repose sur le postulat de la rationalité des
décisions privées. Le FMI proscrit ainsi l'intervention
économique de l'Etat car elle conduirait à des distorsions dans
l'allocation des ressources. L'intervention de l'Etat est nocive à
plusieurs égards. Les subventions et autres soutiens aux entreprises
déficitaires maintiennent en vie des activités non rentables. Il
s'opère un détournement des ressources au détriment des
secteurs productifs. En ce qui concerne l'agriculture une politique
sensée maintenir artificiellement les prix des produits agricoles
à un bas niveau conduirait à une chute des revenus des
agriculteurs
La libéralisation quant à elle se
caractérise par l'ouverture du pays aux échanges internationaux.
Ici l'intervention étatique par le biais de mesures de protection du
tissu local est décriée par le FMI et la Banque mondiale. Les
mesures protectionnistes (contingentement ; hausse des tarifs douaniers ;
surévaluation du taux de change) faussent la concurrence et accroissent
le déficit de la balance de commerciale.
Pour remettre les économies en difficultés sur
le chemin de la croissance et du développement, le FMI propose d'ajuster
les pays considérés à l'aune des concepts de
libéralisation et privatisation. Le FMI a ainsi conçu un ensemble
d'exigences que le pays doit satisfaire pour bénéficier des
ressources du FMI. Il s'agit d'une série de conditionnalités
budgétaires et monétaires. Au départ
elles se limitaient à des aspects purement économiques mais
à ce jour elles intègrent aussi bien des questions
administratives que politiques à savoir l'exigence de la bonne
gouvernance et de la démocratie. Dans le cadre de cet exposé nous
nous limiterons aux aspects économiques de la conditionnalité de
l'ajustement structurel.
a. Les aspects budgétaires de la
conditionnalité de la libéralisation
Ils concernent la nécessité de contrôler
la demande par la compression des indicateurs budgétaires. Face au
constat du déséquilibre de la balance de paiement, l'ambition de
restaurer l'équilibre s'opère à travers deux choix : Au
niveau interne le choix s'opère entre recettes et dépenses. Au
niveau externe c'est la balance entre exportation et importations qui doit
être gérée. Le choix de l'instrument budgétaire pour
ce qui concerne les pays africains s'explique par la faiblesse du
système bancaire incapable d'actionner efficacement les instruments
classiques de gestion de la liquidité bancaire (open-market,
réserves obligatoires). Dès lors un certain nombre de
critères et objectifs de gestion budgétaire seront fixés
par le FMI à l'encontre des pays demandeurs de ses ressources.
Les critères retenus concernent presque toujours le
plafonnement du crédit bancaire à l'Etat. Il s'agit de limiter
les tendances à l'expansionnisme économique et endiguer les
dérapages de la demande interne qui sont néfastes à
l'équilibre de la balance de paiement.
Les objectifs quant eux sont assez précis il s'agit de
déterminer un volume de recettes et de dépenses à
atteindre. Il faut ainsi déterminer un montant permettant de
rééquilibrer les agrégats économiques. Cet objectif
s'opère soit par une hausse des impôts soit par une baisse des
dépenses publiques. Les moyens choisis par le FMI reflètent sa
philosophie économique à savoir la confiance en la
rationalité des décisions privées. Ainsi l'option retenue
est normalement la réduction des dépenses publiques et la
rationalisation de l'assiette fiscale existante (mode de recouvrement etc.
...). L'essentiel dans ce cadre est la diminution du ratio dépense
publique / PIB. Le FMI conseille la compression du budget de fonctionnement de
l'Etat et le gel du budget d'investissement (crédits
d'équipement). Ces impératifs passent par la maîtrise de la
masse salariale des fonctionnaires à savoir le gel des salaires,
l'ajournement des augmentations prévues ou simplement des augmentations
inférieures au taux d'inflation. Dans le secteur de l'emploi, on doit
procéder à des gels de poste dans la fonction publique ou la
modification des conditions d'accès à la fonction publique ; les
mesures les plus difficiles socialement seront les réductions voire les
suppressions des transferts sociaux.
b. Les conditionnalités monétaires de la
libéralisation
Elles sont liées à l'approche libérale
des problèmes de l'offre ; il s'agit d'instaurer un système de
prix relatifs le plus favorable à la croissance et à
l'équilibre extérieur. Le but est d'agir sur les prix pour
améliorer la rentabilité des activités privées.
Cette action monétariste porte sur plusieurs types de prix :
L'action sur les prix intérieurs concerne le niveau de
salaires ; il s'agit d'opérer un ralentissement des salaires
réels soit par une diminution de la progression des salaires soit par
une baisse pure et simple des rémunérations. L'objectif
visé à ce niveau est la meilleure rentabilité des
entreprises, le renforcement des incitations à l'investissement dans des
secteurs créateurs d'emplois afin de favoriser une attraction des
Investissement directs étrangers. D'où l'option pour des
législations moins contraignantes en ce qui concerne l'embauche et le
licenciement.
Les taux d'intérêts sont aussi concernés
par cette action sur les prix. La hausse de taux d'intérêts est
ainsi préconisée pour encourager l'épargne
intérieure et fournir une contre incitation à la fuite des
capitaux.
La deuxième action concerne le taux de change ; la
dévaluation est encouragée pour réduire la demande
globale. Le FMI pense que diminuer la valeur de la monnaie locale
exprimée en devise contribuerait à réduire le pouvoir
d'achat et à réduire de facto la demande sur les biens
importés.
De plus, un supplément de compétitivité
est aussi visé ; il s'agit de diminuer les prix des biens nationaux sur
les marchés extérieurs. Le but est de relancer les
activités d'exportations. Ces deux effets permettront de réduire
le déficit de la balance de paiement. Toutes ces mesures seront suivies
d'une application accélérée dans le secteur agricole au
Cameroun.
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