1.2. PROBLEMATIQUE
De 1960 jusqu'au milieu des années 1980, les caisses de
stabilisation accumulent des excédents qui alimentent le Budget
Spécial d'Investissement en Côte d'Ivoire et des subventions
à la production au Cameroun. Mais faute d'une gestion rationnelle, elles
sont incapables de soutenir les prix aux producteurs lorsque les cours mondiaux
s'effondrent à la fin des années 1980.
Depuis la fin des années quatre vingt, une cascade de
crises financières et socioéconomiques au Cameroun s'enchainent
et entraînent le démantèlement de l'organisation des
filières d'exportation (café et cacao) et la mise en place de
reformes dans le cadre des accords avec le fonds monétaire international
(FMI) (Alary, 1996). Mais l'un des résultats majeurs des réformes
a été soit la liquidation (FONADER, SODECAO, ONCPB, SODEBLE,
MIDEVIV, OFFICE CEREALIER, CELLUCAM, CENADEC, MIDO, ONAREF, ONDAPB, SCT,
SODENKAM, SOFIBEL, UNDVA, WADA, ZAPI-EST), soit la privatisation (SOCAPALM,
CAMSUCO, OCB, CENEEMA, COCAM, HEVECAM) soit la mise en léthargie (SNAR,
CENADEFOR) de la quasi totalité des organismes publics d'appui au
secteur agricole. Cette situation s'est accompagnée d'une augmentation
des prix des intrants aux producteurs, d'une qualité des produits
parfois douteuse faute d'un contrôle des pouvoirs publics, d'une
utilisation sensiblement réduite des engrais (moins de 5 kg/ha) et des
produits phytosanitaires avec des conséquences importantes sur le niveau
et la qualité de la production.(Tsafack Nanfosso, 2006) . La
libéralisation s'est aussi accompagnée d'une
détérioration plus ou moins prononcée selon les
productions et les régions, des conditions de commercialisation des
produits agricoles. Face à un petit nombre d'entreprises privées
puissantes et bien organisées, les producteurs ne sont guère en
position favorable pour écouler leur production à des prix
suffisants pour valoriser convenablement leurs efforts et renouveler leurs
plantations (Bamou et Mkouonga, 2002).
La libéralisation laissait supposer qu'à terme
les grandes structures régionales d'encadrement et de commercialisation
comme l'UCCAO à l'Ouest et la NWCA dans le Nordouest allaient perdre
leur monopole au profit d'acheteurs privés. Or comme le note
FarkGrüninger (1995), l'UCCAO connaît une faveur que les autres
coopératives de café n'ont pas: le droit d'exporter directement
sur le marché mondial sans les prélèvements
opérés par
l'ONCPB. Cela lui a donné une grande stabilité
et des possibilités plus importantes dans l'appui aux paysans.
Considérant donc cette mutation survenue au sein du système
agricole dans la région de l'Ouest, il est intéressant de nous
arrêter et de faire un bilan .Celui ci ne pourra être possible que
si nous répondons à la question de savoir quels sont les effets
de la libéralisation sur le monde agricole dans la région de
l'ouest Cameroun ? Autrement dit, comment est-ce que le monde agricole dans la
région a évolué après qu'il a été
libéralisé ?
De façon plus claire il sera question de savoir :
1) Quelle est l'influence de la libéralisation sur la
caféiculture à l'Ouest Cameroun ?
2) Quelle est l'influence de la libéralisation sur les
activités d'encadrement des coopératives ?
3) Quel comportement le producteur a-t-il adopté
après la libéralisation ?
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